LE PICARD UN BERGER FRANCAIS

On a tendance à lui attribuer une origine celtique surtout par le fait qu’il est porteur d’une fourrure rêche et dure comme certains Lévriers (Wolfhounds ou Deerhounds) comme le Bouvier des Flandres, son voisin, ou comme le Berger Hollandais, le Berger Belge (Laekenois) ou le Berger Allemand à poil dur.

Alors peut -être que cela signe l’invasion au IXe siècle par les celtes des grandes plaines du Nord, en attendant la France va ignorer la race pendant longtemps puisque Pierre Megnin ne mentionne pas le Berger Picard parmi les races connues en 1893.

C’est en 1897 qu’un conducteur de bestiaux lui décrira les races de chiens de Berger du Nord et de l’Est, en particulier celui de Picardie “ ce chien vigoureux et bien charpenté a été jusqu’à présent confondu avec le Beauce.

Il en diffère par la longueur de son poil. Certains affirment que le nom de “ Pick – haar ” est incontestablement d’origine Flamande, d’autant plus que le Bouvier était appelé en Flandre “ Pikhaar ” à l’époque, appellation qui signifie tout simplement “ poil dur ”.

On trouvait à alors en Picardie un chien de berger différent, qu’on disait “ bleu de Picardie ”, dont Megnin publiera la photo d’un sujet nommé Tambour dans son livre “ Le chien et ses races ”. Ce type là allait disparaître pour laisser la place au poil dur d’aspect hirsute portant les oreilles droites et n’ayant pas d’ergots surnuméraires.

La race avait du mal a s’implanter et, en 1899, le Président du Club Français du chien de berger qui jugeait une exposition refusa d’admettre les 12 sujets qui étaient présentés.

En 1921 dans son ouvrage “ Le chien ”, le professeur Dechambre le décrit ainsi: “Le Berger Picard ressemble beaucoup au Beauceron. Cependant, il s’en distingue par un poil moins long aux fesses et à la queue et par sa robe toujours tricolore ”.

C’est l’année du premier standard de race rédigé par Megnin et Tournemine afin de faire reconnaître la race auprès du Club Français du chien de Berger (fondé en 1896).

En 1922, un spécialiste belge du Bouvier des Flandres dira que c’est grâce à la Société Canine de Picardie que fut diffusée une brochure décrivant la race afin de la faire connaître.

En janvier 1925 le Club Français du chien de berger va enfin reconnaître la race grâce aux efforts déployés par les cynophiles comme Dretzen. La race allait prendre de l’expansion dans la région autour de Lille, mais la guerre allait lui porter un préjudice indéniable. A la fin de celle – ci, des éleveurs comme M. Cotte, allaient la reconstituer en allant chercher dans les fermes les sujets les plus typés.

En 1953 le Club des Amateurs de chiens de Picardie est créé par MM. Hecquet, Cotte, Montenot, le Dr. Decour et Mme Margueritat. Une première exposition spéciale est organisée en 1954 à Amiens, le cœur de la race. La première portée inscrite au L.O.F. est produite par Mme Hecquet et une de ses chiennes “ Catherine ” fut sacrée championne de beauté.

Un nouveau Club voit le jour en 1956 sur l’initiative de M. Montenot, le Club “ Les Amis du berger Picard ” qui sera affilié à la SCC en 1959.

En 1965 M. Senecat assure la présidence du Club, il écrira : “ très équilibré, calme, ardent à la fois, sans fourberie ni agressivité, il peut néanmoins devenir un excellent chien de travail et de défense, parfois un peu cabochard, espiègle, un tantinet gueulard, sans parti pris et sans optimisme excessif. Telle est la personnalité vraiment attachante, du Berger Picard ”.

La race va réellement prendre son essor au début des années 70 en doublant ses effectifs, pour les quintupler dans les années 80.

Le Berger Picard n’est toujours pas un chien à la mode et c’est une excellente chose pour la race qui a pu conserver toutes ses caractéristiques de rusticité et de caractère.

M. Senecat conscient de cela n’a t – il pas dit “ il faut être impitoyable sur le caractère car chacun sait que c’est là le point essentiel à sauvegarder, qui passe même avant la beauté ”, il faudrait souhaiter que beaucoup de Clubs de race de chiens d’utilité aient la même profession de foi...

Sa silhouette :

Elle n’est pas de celle qui flatte l’ego des maîtres car ce chien rustique a l’air négligé, avec sa fourrure rêche, rustique et broussailleuse. Les oreilles dressées et poilues n’ont pas a subir d’amputation et contrairement aux autres bergers français, il n’a pas d’ergots qui puissent le gêner dans ses évolutions.

D’une structure légère, il a un pas élastique qui lui permet de trotter avec entrain sans se fatiguer. On peut dire que c’est un faux maigre avec une réserve d’énergie contenue qui lui offre beaucoup de vivacité et d’influx nerveux.

Ce chien naturel a un poil dur, demi – long, ni frisé ni plat, rêche et crissant sous les doigts, sa robe va du blond uni (fauve) au gris foncé en passant par le blond mêlé de gris (charbonné) ainsi que les nuances intermédiaires.

Sa personnalité :

Il y a encore quelques années, c’était un chien doté d’une forte personnalité, un peu indépendant, qui avait besoin d’une main ferme pour être dirigé.

A l’heure actuelle, quelques sujets présentent une certaine sensibilité avec une dépendance trop axée sur le maître qui entrave la prise d’initiative. C’est sans doute ces caractères qui font qu’on retrouve de moins en moins la race dans les concours d’utilisation.

Le bon Picard est curieux, actif, courageux, recherchant sans cesse l’action, il s’éduque facilement car il a l’œil sur le maître tout en n’étant pas trop soumis.

Pour qu’il soit bien dans sa tête et dans son corps, il faut lui donner l’occasion de s’exprimer dans le sport en employant des méthodes participatives comme la Méthode Naturelle et non en exigeant et en punissant.

On peut pratiquer le pistage car il a le nez sûr et fait preuve d’une opiniâtreté à toute épreuve, éprouvant une véritable, passion pour démêler les traces odorant.

En Agility il saute les obstacles avec aisance, quelquefois avec trop d’ardeur pour être correctement dirigé.

Les épreuves d’obéissance lui conviennent également, si on n’impose pas les exercices avec trop de contrainte, ce qui briserait ses élans naturels.

Son entretien :

Il est pour ainsi dire inexistant, par rapport à d’autres races comme son cousin le Briard, sa toison rêche et huilée bien pourvue d’un sous – poil laineux n’a besoin que d’un coup de brosse de temps en temps pour être entretenue.

Résumé
Le Berger Picard
- Au XIXème siècle un tableau représente Clément Delorme avec un berger Picard, responsable de la bergerie nationale de Rambouillet, de 1787 à 1824
- En 1863, à la première exposition canine de France qui a lieu à Paris au parc d’acclimatation, des bergers Picards sont présentés
- En 1899, 15 sujets sont exposés à Amiens. Le juge, Emile Boulet, président du Club Français des Chiens de Bergers, les refuse. La race est négligée par les cynophiles, seul Pierre Megnin va décrire le « Pik-haar » (Poil dur)
- En 1912, le premier standard est rédigé par Pierre Megnin, Robert Fontaine, C. Tournemine, malgré l’opposition d’Emile Boulet
- En 1921, Paul Dechambre évoque la race dans son ouvrage « Le chien »
- En 1925, le nouveau président du Club Français des Chiens de Bergers, M. Palyard, admet la race
- Après la seconde guerre mondiale, la race est considérée comme disparue, Jean Cotté, éleveur de Bouviers des Flandres, sous l’affixe « De la Bohême », va tenter de la reconstituer à partir de chiens de ferme
- Le 15 avril 1953, M. Hecquet inscrit la première portée au LOF, sans doute en ajoutant du sang de Bouvier des Flandres dont il est éleveur sous l’affixe « Des hauts Chenaux »
- Toujours en 1953, création du Club des Amateurs du Chien de Picardie par messieurs Hecquet, Montenot, Cotte, le Dr Decour, Mme Margueritat
- En 1954, première spéciale de race à Amiens
- En 1956, un nouveau club est créé, le Club des Amis du Berger Picard, par Robert Montenot
- En 1959, affiliation à la SCC
- En 1965, Jacques Senecat devient président du club
- Le 3 septembre 1967, première exposition Nationale d’élevage à Montils

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