C’est quelque chose de naturel pour n’importe quel chiot normal de saisir dans la gueule un objet et de le porter, cela est issu du comportement exploratoire. Il a besoin d’assimiler des connaissances par le jeu, en utilisant ses instincts qui sont issus de la prédation. Guetter, poursuivre ce qui bouge, saisir et secouer, porter dans son panier ou à son maître pour l’inciter à participer. Il est important d’apprendre le rapport d’objet à un chien afin de le stimuler, surtout si on vit en ville en appartement. Si on ne peut récupérer l’objet de jeu on ne peut avoir d’interactions avec son chien. On peut également préparer les concours d’obéissance ou de pistage où là, le rapport d’objet répond à des règles bien précises.
Les méthodes d’éducation
1) La Méthode Naturelle
Elle est basée sur le renforcement positif et utilise les instincts naturels, en aucun cas il n’y aura une contrainte et on ne touche jamais au chien. Elle a l’avantage de pouvoir commencer très tôt, l’éleveur peut s’il le désire initier ses chiots au rapport dès le sevrage. On va utiliser les approximations successives, sans jamais s’énerver : la première phase sera qu’il ramasse l’objet, la seconde qu’il revienne, la troisième qu’il donne, la quatrième qu’il s’assoit pour la remise, la cinquième qu’il attende calmement au pied du maître l’ordre de rapport une fois que l’objet est lancé.
Il est intéressant d’avoir un conditionnement pour une bonne exécution, néanmoins il faut savoir qu’une très grande routine va tuer le plaisir, hors la mécanisation ne contient pas les critères recherchés par la méthode, il est absolument nécessaire de garder la vitesse d’exécution, alliée à la joie au travail et à la précision. Pour cela on commence par obtenir la maîtrise de l’exercice, ensuite on doit varier son mode d’approche (faire preuve d’imagination) afin de faire réfléchir le chiot (apprentissage cognitif), l’objet ne sera plus bêtement jeté comme en concours, mais caché sous un seau ou sous un meuble dans la maison, posé sur une chaise, jeté dans un buisson, dans la main d’une personne, il peut être un service rendu au maître (rapport des pantoufles, du journal…) etc.
2) Les méthodes classiques
Elle vont employer la contrainte, quelquefois la douleur, pour obliger le chien à ouvrir la gueule (pincement de l’oreille ou de la babine), à tenir l’objet (fermer la gueule de la main), à le rapporter (collier étrangleur et longe) et à le donner (traction sur le collier). La plupart des problèmes de rapport viennent des mauvaises éducations, comme poursuivre celui qui ne veut pas ramener, le punir lorsqu’il revient, l’obliger par force à tenir l’objet, le pénaliser ou l’enguirlander s’il prend en gueule un objet auquel on attribue une valeur qui n’en a aucune pour un chien (téléphone, lunette, etc.) Il est évident qu’il n’en sera pas question ici…
Définition du rapport d’objet
Il se décompose en plusieurs phases :
- L’intérêt pour l’objet
- La recherche de celui-ci
- La prise en gueule
- Le rapport
- La remise de l’objet
- La remise de l’objet en position assise
L’intérêt pour l’objet
S’il s’agit d’un chiot il faut mobiliser l’instinct de proie, en montrant qu’il nous captive en le manipulant, en le jetant en l’air, en le lançant et en allant le chercher avec ravissement, en l’attachant à une ficelle afin de lui donner l’apparence de la proie qui se dérobe…
Le choix de l’objet a son importance, aujourd’hui il y a toute une gamme de jouet colorés, plus ou moins mous, qui couinent, etc. On peut également utiliser des objets très simples, comme un rouleau de peinture qui est bien visible, agréable aux dents, léger. Il est important de suivre les goûts du chien et non ceux du maître, pas question de commencer avec un apportable de concours. Enfin ne pas oublier de varier dès le début les types et textures d’objets : cuir, bois, tissu, caoutchouc, métal léger. Sinon le risque c’est de conditionner à un seul type d’objet, ce qui entraîne le refus de tous les autres.
La recherche
Le plus grave défaut serait que le chien parte avec l’objet, c’est ce qui se passe généralement lorsqu’en joue à jeter des bouts de bois. Pour pallier à ce problème on a le choix entre garder l’objet relié à une ficelle qui nous permet de contrôler le rapport, ou lancer l’objet dans un couloir grillagé et fermé à une extrémité (ainsi le chiot n’a qu’une option pour sortir, revenir vers son maître qui se trouve à la sortie).
La prise en gueule
La prise doit se faire fermement et non du bout des dents ou à une extrémité de l’objet. On travaillera cela avec la ficelle qui donne de petits à coups à distance sur l’objet que le chien a saisi (il préfère une proie qui est encore vivante).
En dehors des exercices, à chaque fois que le chiot saisit un objet, on dit « apporte » (même s’il ne le rapporte pas) pour qu’il fasse l’association entre ce signal et porter.
Le rapport
Si l’objet est relié à la ficelle (ne jamais attacher une longe au chien) en terrain libre, ou si on le lance dans le couloir fermé, il n’a pas d’autre choix que de revenir vers son maître.
La remise de l’objet
Il n’est pas question de lui prendre, on doit lui échanger contre de l’agréable. On attrape l’objet d’une main en disant « apporte, c’est bien » et de l’autre main on lui offre une friandise avec le signal « donne ». Ensuite, félicitations et caresses.
Les problèmes principaux que l’on peut rencontrer
Ne s’intéresse pas à l’objet
- On peut démontrer que celui-ci est extraordinaire, comme vu précédemment, en jouant avec.
- On a la possibilité d’utiliser l’imitation grâce à un chien moniteur qui est fou de l’objet. Il faut choisir un congénère avec qui le chiot a des rapports affectifs avec qui il s’entend bien. On tient les deux chiens à l’aide d’une petite ficelle, on jette l’objet et on lâche celui qui rapporte très bien, dés qu’il est parti on envoie le débutant, lorsque l’objet est rapporté, on exagère les félicitations et les récompenses. On va répéter le manège plusieurs fois, puis on recommence mais cette fois on envoie d’abord le jeune, dés qu’il parvient à l’objet, on lâche le second. Comme il a été ignoré plusieurs fois et que l’esprit de compétition joue, en voyant arriver son copain, il est presque certain qu’il va saisir l’objet pour revenir vers son maître et recevoir des gratifications.
- Pour les réfractaires, on peut avoir recours à un instinct primaire, la nourriture. Ne pas donner la gamelle la veille, et le lendemain on prend un bel os que l’on attache à une ficelle. On jette celui-ci, le chiot va s’empresser de le ramasser, dès qu’il le prend on ramène doucement la ficelle en disant « apporte, c’est bien », on saisit l’os on offrant un morceau de viande, et en disant « donne, c’est bien ». la progression consiste à entourer l’os d’un chiffon, puis à mettre de la viande dans une trousse d’écolier toujours reliée à une ficelle et lorsqu’il ramène il suffit d’ouvrir et de lui donner ce qui l’intéresse (ainsi il apprend qu’il dépend du maître pour obtenir satisfaction).
Ramasse l’objet et se sauve
- Ce défaut ne devrait pas apparaître si on suit les règles de la Méthode Naturelle, c'est-à-dire s’arranger pour qu’il n’ait pas d’autre choix que de revenir. Il n’est pas question de faire un rapport d’objet en dehors du couloir fermé (10 m sur 1 m), ainsi lorsqu’on lance l’objet il va aller le ramasser et chercher à s’échapper, comme il ne peut sortir, il va revenir vers la sortie et essayer de passer, c’est le moment pour le maître de saisir l’objet et de dire « donne » en échangeant contre une friandise.
- On peut également utiliser un jouet qui couine, que le chiot apprécie particulièrement, pour le faire revenir.
- Si on ne possède pas de couloir, il reste la solution qui consiste à attacher l’objet à une ficelle afin de le contrôler.
Mâchonne fortement
Ce qui peut entraîner la destruction de l’objet, un grave défaut aussi bien pour le chien de concours que pour le chien de chasse qui rapporte du gibier.
- Dès qu’il a compris l’exercice du rapport, on évite les objets qui incitent au mâchonnement comme la balle ou les jouets mous. Plus tard il fera la différence entre un objet de rapport et un jouet.
- On peut utiliser le métal léger ou entourer un bout de bois d’un fil de cuivre extrait d’un câble électrique, ce qui n’incite pas au mâchonnement.
Conclusion
Le rapport d’objet est un comportement naturel chez le chiot de n’importe quelle race (pas seulement chez les retrievers : « rapporteurs » en anglais), il est très facile de le mettre en place à condition de respecter le chien et de suivre les lois d’apprentissage. Il pourra servir à stimuler le chien des villes, à rendre des services au maître ou à faire des concours.
Voir tous les messages de: Joseph Ortega
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