« Mon chien avait jusqu’à présent un comportement, non pas parfait mais « acceptable », depuis qu’il a commencé à lever la patte pour uriner celui-ci a changé de manière très désagréable. Il aboie pour un rien, il ne revient plus au rappel, il se met à avoir peur des choses qu’il ne connaît pas ou des personnes étrangères, il mordille sa laisse ainsi que nos habits… »
L’âge bête
On peut définir la puberté comme l’apparition des premières chaleurs pour la femelle et la production de spermatozoïdes par le mâle. Il y a une phase pré-pubertaire, une phase de puberté et une phase d’adolescence. C’est un stade très important pour l’organisme où des transformations vont se réaliser tant d’un point de vue psychique que physique par le biais du processus hormonal.
Chez les humains on appelle cela « l’âge bête » ou « l’âge ingrat » avec la même crise d’identité qui fait remettre en question bien des choses du monde où ils vivent. Chez le chien le début de la puberté va varier selon la race, de 6 mois à un an, alors que chez son ancêtre le loup elle se situe vers 2 ans.
Cette étape dans son développement est très importante car toute sa vie future et ses relations avec ses maîtres ou l’univers qui l’entoure vont souvent en dépendre.
Lorsque je forme les moniteurs en éducation canine des clubs à mon concept de l’école du chiot©, j’insiste pour que les responsables des classes d’ados soient des gens de grande expérience qui peuvent faire face à des écarts de conduite en conseillant avec à propos les maîtres…
Les incompréhensions des maîtres
Ils parleront de caprices, d’indépendance, de troubles de l’humeur, de peurs irraisonnées. Ils diront que le chiot fait « du cinéma », qu’il « se moque d’eux », etc. Un langage anthropomorphique qui explique bien des choses…
Le détachement
Dans la nature ou chez l’éleveur, il va apprendre déjà à se détacher de sa mère autour de la sixième semaine de vie car celle-ci refuse qu’il tète (ses dents font mal, c’est le sevrage naturel), et s’il insiste elle peut le menacer ou même le pincer légèrement. Ce qui entraîne de la part du chiot un cri et la posture sur le dos pour apaiser l’agression. Le chiot apprendra également des autres chiens adultes la soumission et le respect.
Plus tard, vers 16 semaines, les chiots qui pouvaient auparavant partager la gamelle de la mère ou des adultes vont se voir rejeter.
Nous avons là la première indication.
Le chiot doit apprendre à se détacher de l’humain qu’il considère comme un congénère. Un congénère qui peut être, selon ses réactions et le mode de vie qu’il donne à son élève : un égal, un inférieur, un supérieur. Le plus grand défaut des humains, c’est de prendre le chiot pour un enfant et d’entretenir des relations de parent à enfant qui ne correspondent pas aux critères canins. Il est nécessaire dés son arrivée à la maison d’imposer des règles de vie en société, comme celles que reçoit le louveteau dans sa meute. Celles-ci sont claires, précises, immuables, lorsqu’on approche de la puberté ce n’est pas le moment de céder du terrain et d’accorder des privilèges !
La hiérarchisation spatiale
En toute logique, l’ado qui devient pubère doit être éloigné des zones hiérarchiques sans ambigüité, il ne doit pas coucher dans la chambre, encore moins dans le lit. Si l’attachement est trop fort à une personne du groupe, en général du sexe opposé, le chien risque de se l’accaparer et refuser l’approche des autres membres de la famille et des étrangers.
Son lieu de couchage est à l’écart, c’est son lieu de repos que l’on doit respecter. Il est facile de conditionner le chiot à un carré de tissu qui représente la « place » et que l’on pose dans sa corbeille. Ce carré de tissu nous sera bien utile en voyage ou au restaurant car cela permettra d’envoyer notre chien dessus « à ta place », il y sera détendu car c’est un repère important qui sécurise en milieu inconnu.
Les mordillements de la laisse et des habits
Un défaut de hiérarchisation se fabrique avec les éléments que nous avons évoqués, il est donc tout à fait normal que votre ado revendique et se rebelle s’il est contrarié ou simplement pour attirer votre attention. Au lieu de taper du pied ou de claquer les portes comme un jeune humain, le chiot qui devient un chien va manifester à sa façon. Une crise d’opposition qui consiste à faire la sourde oreille au rappel, à mordiller la laisse ou les habits… Un petit test sur ses maîtres afin de savoir jusqu’où il peut aller trop loin !
La rééducation de ce comportement très gênant qui risque de dégénérer ne doit pas avoir recours comme certains le préconise à la prise en main avec brutalité et douleur pour « dominer » à tout prix, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une crise passagère. Il existe des centaines de chiens dont les rapports amicaux avec le maître ont étés définitivement brisés en usant de cette méthode.
L’idéal, c’est de dévier l’attention au moment du mordillement, à l’aide de la balle de jeu par exemple. Dans les cas les plus difficiles on peut avoir recours au pistolet à eau qui est d’un usage commode pour pénaliser à distance.
Pour le destructeur de laisse, c’est encore plus simple, il suffit de mettre une laisse en chainette (le métal, désagréable aux dents, fera cesser le comportement sans que le maître intervienne).
La puberté est un mauvais moment à passer pour certains maîtres, en général cette période ne dure que 1 à 2 mois, le temps que la chimie interne de notre jeune écervelé se mette en place. Il faudra s’armer de patience, ne pas chercher à entrer en conflit ouvert en évitant les situations d’affrontement, contentez-vous de maintenir les règles de base concernant la place du chien dans la famille humaine avec le détachement obligatoire.
Il n’est ni un enfant, ni un jouet amusant qu’on transporte partout dans les bras (chien de petite taille), c’est un canidé qui répond aux lois instinctives de son espèce…
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