Moustache, une nuit qu'il campait avec son régiment au- dessous d'Alexandrie, évita une surprise, donna l'éveil et fit prendre les armes. Grâce à sa vigilance l'ennemi fut repoussé. En récompense on l'inscrivit sur les contrôles du corps avec le droit de recevoir chaque jour une portion de grenadier. Le perruquier de la compagnie reçut l'ordre de le tondre et de le peigner une fois par semaine. Il fut blessé d'un coup de baïonnette et il boitait encore le jour de la bataille de Marengo, ce qui ne l'empêcha pas d'attaquer un dogue autrichien qu'il allait étrangler quand une balle vint abattre son ennemi. A Austerlitz, Moustache défend un porte-étendard et après la mort du soldat rapporte les lambeaux déchiquetés du drapeau.
Ce jour il revint la patte cassée; mais on assure que Lannes, en récompense de sa glorieuse action, lui fit attacher au cou une médaille retenue par un ruban rouge et relatant sa conduite.
Napoléon, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, raconte avoir été ému par le spectacle d'un chien qui tristement aboyait sur le champ de bataille auprès du cadavre de son maître. Au siège de Badajoz l'animal fut tué par un boulet. Il avait mérité de mourir ainsi.
Un autre chien se conduisit plus héroïquement encore. Patte Blanche suivait un sous-lieutenant porte-drapeau du 116ème de ligne, nommé Burat. Un jour le détachement dont celui-ci faisait partie fut cerné par les Portugais à qui nous faisions la guerre. La hampe du drapeau se brisa; l'officier ressaisit l'étendard et avait mis hors de combat une partie de ses assaillants lorsqu'il reçut un coup de sabre à la tête. On lui arracha le drapeau : il eut la force de le reprendre encore, mais, percé de coups de baïonnette, il tombe, il va être achevé lorsqu'il entend les aboiements d'un chien. « A moi. Patte Blanche ! » crie-t-il ; le chien aussitôt saute à la gorge de celui qui avait pris le drapeau et l'étrangle. Burat ressaisit son aigle et un lambeau de soie, puis il tombe évanoui au moment où les ennemis inquiétés s'éloignent. Patte Blanche lui lécha le visage et le ranima. Quand le lieutenant rouvrit les yeux sous cette caresse, il vit que les intestins de la pauvre bête s'échappaient à travers une large blessure; il se traîna jusqu'à une source voisine, déchira sa cravate, la trempa dans l'eau, pansa son compagnon puis retomba sur le sol. ..
Par bonheur, ni les blessures de l'homme ni celles de l'animal n'étaient mortelles.
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