"Quand, las de sa fausse posture,
Le pauvre petit chien savant
Retombait, selon la nature,
Sur ses deux pattes de devant,
Il recevait une âpre insulte
Avec un lâche coup de fouet.
Mais, digne sous son poil inculte,
Sans crier il se secouait ;
Tandis qu'il étreignait son arme
Sous les horions sans broncher,
S'il se sentait poindre une larme,
Il s'efforçait de la lécher.
Ce qu'on trouvait surtout risible,
Et ce que j'admirais beaucoup,
C'est qu'il avait l'air plus sensible
Au reproche qu'au mauvais coup.
Son maître, pour sa part de lucre,
Lui posait sur le bout du nez
De vacillants morceaux de sucre,
Plus souvent promis que donnés." Sully Prudhomme
"L'aboiement des chiens dans la nuit
Fait songer les âmes qui pleurent,
Qui frissonnent et qui se meurent,
À bout de souffrance et d'ennui.
Ils ne comprennent pas ce bruit,
Ceux-là que les chagrins effleurent !
L'aboiement des chiens dans la nuit
Fait songer les âmes qui pleurent.
Mais, hélas ! quand l'espoir s'enfuit,
Et que, seuls, les regrets demeurent,
Quand tous les sentiments nous leurrent,
Alors on écoute et l'on suit
L'aboiement des chiens dans la nuit."
Maurice Rollinat
"A mon chien
Lorsque je l'ai vu naître
Je l'ai pris pour enfant,
C'était un petit être,
Il était si charmant.
Quand je l'ai vu grandir
Ce fut mon compagnon,
J'aimais le voir courir
Dans toute la maison.
Quand je l'ai vu vieillir
Ce fut moi son enfant
Bien qu'il sut m'obéir
Toute sa vie durant.
Quand je l'ai vu mourir,
Je compris que ce jour
Venait de s'accomplir
La fin d'un bel amour
Car tu me fus fidèle,
Serviteur dévoué,
Ton amour fraternel
N'a pas démérité.
Je t'aimais bien mon chien
Ô, mon chien de berger,
Et, pour toi, mon chagrin
Ne saura s'effacer." Jack Harris
Le vieux et son chien
S’il était le plus laid
De tous les chiens du monde
Je l’aimerais encore
A cause de ses yeux.
Si j’étais le plus vieux
De tous les vieux du monde
L’amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.
Et nous serions tous deux,
lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde
A cause de ses yeux." De Pierre Menanteau
"Elle était accroupie contre son compagnon,
Le tenant enlacé de ses bras longs et pales
Qui encerclaient le cou et ses grands cheveux blonds
Pendaient négligemment sur ses vêtements sales.