Allure gracieuse, intelligence et volonté.
Le Gentlemen des chiens d’arrêt !
C’est le descendant avec les autres Setters : le Gordon (noir et feu) et l’Irlandais (fauve) des fameux chiens d’oysels ou de rets (filets) utilisés au moyen-âge. Pour pouvoir jeter le filet sur le gibier il faut un chien qui arrête couché, figeant la caille ou la perdrix sur place et ne gênant pas à la manœuvre. On pense que l’appellation “ chien d’arrêt ” vient de “ chien de rêt ”.
Le Docteur Caïus va le faire figurer dans sa classification des races en 1570. Pour lui c’est un Gentle-Kind (chien de sport) qu’il nomme Index ou Setter ou Setting Spaniel. Le nom de Setter viendrait du verbe anglais to set : se coucher. Au XVIe siècle on trouve des gravures anglaises qui le représente sous le pinceau de Desportes ou d’Oudry et même le roi soleil figure avec 3 de ses Setters. A cette époque on fait peu de différence entre les types de Setters, par contre on estime à leur juste valeur leur qualité de chasseur comme l’écrira Caïus “ le Dressage de ces chiens dépasse tout ce que l’on peut imaginer ”. Dès que le chien a flairé sa proie, il s’aplatit ventre à terre et avance ainsi en rampant comme un ver. Lorsqu’il est proche de l’endroit où se trouve l’oiseau, il se couche et d’un geste de la patte, il indique le dernier refuge du gibier ”.
On pense que son origine est l’Epagneul et que le premier à obtenir cette arrêt couché fut le Duc de Northumberland (1555) ce qui est peu probable étant donné que les chiens couchants étaient connus bien avant lui.
Au XVIe siècle on le nommera “ setting spaniel type ” ou “ type d’Epagneul couchant ”. On trouvera les Setters du comte de Carlisle, blanc et marron. Ceux de Lord Ossulton entièrement noir. Ceux de Lord Lovat, noir et blanc, etc.
C’était parallèlement, la condamnation de la race, en essayant de créer des types particuliers, fort heureusement Sir Eduard Laverack va naître en 1798 et vivre à Manchester. Son oncle est passionné de la chasse, le jeune Edward est orphelin et suit son oncle dans tous ses déplacements, apprenant à manier les chiens mais aussi à les choisir et les sélectionner pour un meilleur service. Héritant de la fortune de son oncl, il va se consacrer entièrement à l’amélioration de la race. En 1825 il achète au Révérend Harrisson un mâle et une femelle nommés Ponto et Old-Moll. A partir de ceux-ci il va mener son élevage, n’hésitant pas à recourir à une consanguinité étroite, pour créer ses fameux Setters “ blue ” ou “ black and blue ” (blanc et bleu). Il les montre en Exposition canine mais également lors des premières épreuves de field-trial, sortant presque toujours vainqueur. C’est alors la gloire pour le Setter que l’on baptise partout Setters Laverack. Cinq ans avant sa mort, en 1872 il va dédier son livre sur la race à celui qu’il considère comme son successeur L. Purcell Uewellyn. Celui-ci va partir sur une nouvelle sélection avec apport de sang venant des Setters du Nord de l’Angleterre, contrairement à son maître, il limita donc la consanguinité. En 1884 il présente ses chiens au concours de travail de Birmingham. Ils allaient remporter 12 épreuves et on dit qu’il refusa une somme intéressante qu’on lui proposait pour acheter ses chiens dont le fameux Count Wind’hem. Lorsque Uewellyn cesse ses activités d’éleveur à son tour, en 1925, c’est William Humphrey qui prend la suite persévérant dans la sélection du beau et bon Setter.
En France, le Setter anglais va devenir à la mode dès 1880 et si le côté esthétique est apprécié avec la robe claire mouchetée, si élégante, les qualités cynégétiques ne sont pas oubliées. Comme dans l’Ouest de la France, Paul Caillard présentera des Setters en Exposition en 1863. A cette époque les éleveurs n’hésitent pas de temps en temps à infuser du sang d’Epagneul ou de Pointer. Lors du premier concours de Field-Trial qui a lieu en avril 1888 à Esclimont dans l’Oise, c’est le Setter anglais Prince Fred né en France et appartenant à M. Grassal qui l’emporte.
Ce “ Gentleman des chiens d’arrêt ” avait tout pour plaire et certains éleveurs n’hésitèrent pas à affiner encore sa silhouette en limitant les franges, se rapprochant du Pointer. En pratique cela se traduit par des allures rapides lors des grandes quêtes avec un galop étendu, souple et près de terre, le nez porté haut pour capter l’émanation (le scent) du gibier. On ne peut nier qu’il a du style et ses foulées sont ondulantes à la “ Border-Collie ” avec des arrêts naturels et instinctifs puisqu’il s’agit du blocage du prédateur avant le bond et la poursuite. Si on le laisse apparaître, il n’interviendra que vers 1 ou 2 ans, néanmoins la plupart des chasseurs vont le mettre en place sous forme de “ down ” par une éducation appropriée dès l’âge de 3 ou 4 mois. La quête croisée qui permet de battre le terrain ne va intervenir que lorsque le rappel est correct, par exemple au coup de sifflet. On le dirige avec la main dans la direction voulue et on n’attend pas qu’il soit très éloigné pour rappeler à chaque battement de terrain.
Il est évident qu’au début on travaille la quête et l’arrêt en plaçant à un endroit déterminé des cailles d’élevage. Par la suite on aura à le confronter sur différents gibiers qui partent ou s’envolent, en conservant chez lui la maîtrise de ses impulsions, c’est ce qu’on nomme la sagesse car le plus dur c’est de le tenir afin qu’il ne “ bourre ” pas avant l’ordre. Rappelons la formule de Korthals “ le secret d’un chien d’arrêt pratique, beaucoup de Lièvres et peu de coups ”. C’est par la répétition qu’on obtient le down parfait et en silence, par exemple en levant le bras. D’une manière générale le chien d’arrêt anglais porte la tête haute pour capter l’émanation du gibier qu’il est capable de déceler de très loin, l’idéal c’est celui qui s’arrête à une distance suffisante pour permettre le tir (environ 20 mètres). Même si on a beaucoup d’expérience, le flair du chien demeure pour nous un mystère et on évitera de punir celui qui rate un arrêt (variation du vent, mélange d’odeurs, odeur retenue ou modifiée par le gibier, etc.) si on veut lui conserver sa motivation.
Comme l’écrit R. de Kermadec : “ Un Setter bien équilibré, ayant bon nez, souple, intelligent, peut remplacer toute une équipe de spécialistes ”.
Sa silhouette :
Le Setter anglais est plus petit que l’Irlandais, plus léger que le Gordon, sa silhouette sélectionnée par rapport à son travail sur les terrains de chasse est celle d’un chien de taille moyenne plutôt longiligne. La tête est toujours portée avec un parallélisme des lignes crânio-faciales et un stop bien marqué.
Sa robe est à fond clair mais mouchetée et tachetée de bleu-noir, d’orange, de citron (lemon), de marron ou bien tricolore (bleu-noir, blanc et feu, ou marron, blanc et feu). Sa taille est de 59 cm au garrot en moyenne pour le mâle et de 55 cm pour la femelle. Comme beaucoup de races on trouve quelquefois des différences entre le type beauté et le type travail, ce dernier étant plus petit, plus sec avec des franges moins importantes, parfois des robes plus claires pour les bécassiers (afin de suivre le chien dans le bois).
Son caractère :
C’est un chien très doux et caressant avec un caractère très équilibré. Son intelligence pratique du terrain s’allie à merveille avec son grand sens olfactif et il ne supporte pas les maîtres brouillons ou brutaux. Cet engin biologique de détection fait preuve d’une endurance peu commune et il s’adapte à tous les gibiers même si on a tendance à en faire un spécialiste de la bécasse. Très dur au travail, à la maison il est toute sensibilité et se plie sans rechigner à toutes les situations, acceptant aussi bien la moquette du salon que le chenil s’il est confortable.
Pour qu’il soit bien dans sa tête, il faudra lui donner l’occasion d’exprimer sa fougue dans la course ou sur les terrains de field-trial de manière régulière, car c’est avant tout un sportif.
Le choix du chien :
La Société Centrale Canine a été créée par des chasseurs et le premier chien inscrit le 11 mars 1885 était un Griffon d’arrêt à poil laineux nommé Marco.
Un bon chien d’arrêt à dans ses origines plusieurs ancêtres ayant gagné des concours de travail, une garantie de l’entretien des aptitudes. Les bons éleveurs sont connus du Club de race pour leur sérieux concernant la sélection sur le respect du standard et les qualités requises.
L’éducation :
Elle doit commencer tôt et être basée sur la récompense, dans tous les cas le maître doit faire preuve de patience. L’obéissance au rappel, le rapport d’objet avant le rapport du gibier, la quête sur tous les terrains sous le contrôle du maître, l’arrêt avec la sagesse au coup de feu, le down. Dans certains cas si c’est possible on utilise la valeur de l’exemple en mettant le jeune chien avec un adulte confirmé qui sert de moniteur pour le travail de quête ou pour l’arrêt. On doit lui apprendre à manœuvrer sur tous les types de terrain en faisant preuve d’initiative et en remontant toujours face au vent, il ne doit pas pister mais quêter avec le nez haut pour apprendre à bloquer les gibiers difficiles comme les perdrix.
Enfin il restera à lui initier l’art de “ patronner ” en imitant un autre chien à l’arrêt et en respectant la quête des autres congénères.
Le Setter Anglais est classé dans le 7e groupe de la FCI- Chiens d’arrêt.
Les autres Setters :
Chez le Setter Anglais on admet des variétés comme le Blue-Belton (noir et blanc ou bleu ardoise avec parfois des taches feu).
Le Lemon Belton (blanc, orange)
Le Liver Belton (blanc, marron)
Le Tricolore (blanc, noir et feu)
Le Setter Irlandais :
Né grâce au Major Hulchinson et au Colonel Cooper, c’est le plus ancien. Sa robe couleur acajou rouge foncé est admise en 1885 à Dublin pour son standard (pourtant au 16e siècle on parle déjà de Modder Rhu qui signifie chien rouge en gaélique).
Le Setter rouge et blanc :
Le White and Red est également irlandais il a été admis à la Crufts en Angleterre en 1987 seulement.
Le Setter Gordon :
D’abord nommé Black and Tau Setter, cet écossais sera reconnu officiellement en 1887. C’est le plus grand et le plus fort des Setters avec une couleur noir et feu, il doit son nom au Duc de Gordon (1743-1827) qui consacra sa vie à le sélectionner.
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