Des messages olfactifs puissants! En éthologie on peut constater et se garder de conclure, nous ne savons pas encore tout… "Découvrir, c'est voir ce que tout le monde a vu, et penser, ce que personne n'a pensé." Albert Szent-Gyögyi
Il s'agit de substances chimiques volatiles produites par certaines glandes, des odeurs mais aussi des signaux de communication de type émotionnel, sexuel ou sur le statut hiérarchique. Le fait qu'elles soient très volatiles permet de les recevoir à de très grande distance, par exemple celles émises par une femelle en chaleur à plusieurs kilomètres. Un nom qui fut attribué pour la première fois en 1959 par un biochimiste allemand, Peter Karlson, et un entomologiste suisse, Martin Lüscher, ils créèrent le mot «phéromone», (en 1905, Starling avait proposé le mot "hormone"), à partir du grec "pherein": transporter et "Hormân": exciter, éveiller l'activité. On peut évoquer l'étude de l'entomologiste Henry Fabre en 1870, sur le comportement reproducteur d'un papillon de nuit, Il réussit à démontrer que les sécrétions de phéromones sexuelles d'une femelle pouvaient attirer les mâles dans un rayon de plus de 20 kilomètres ! Si l'hormone se déplace dans le sang à partir des glandes d'origine, agissant comme un signal sur les tissus cibles; une phéromone est une odeur. Des molécules chimiques volatiles qui volent dans l’air, depuis l’émetteur du message jusqu’au récepteur.
On a longtemps pensé qu’elles étaient perçues par l’organe voméro-nasal uniquement (appelé organe de Jacobson, le nom de celui qui l'a découvert en 1809), par "flehmen": aspiration gueule entrouverte en relevant la babine supérieure; cependant, des études récentes tendent à montrer qu’elles sont aussi perçues par l’intermédiaire des voies olfactives habituelles. Il faut cependant rappeler que le nerf voméronasal, également appelé nerf terminal, est anatomiquement et fonctionnellement distinct des nerfs olfactifs, il permet non seulement les sensations olfactives, mais encore, et ceci grâce aux participations limbiques et diencéphaliques, des représentations olfactives et d'éprouver des sensations olfactives agréables ou désagréables. N'oublions pas que c'est le système limbique qui intervient dans la réaction émotionnelle face à la perception d'une odeur, les individus y sont sensibles car ils possèdent des récepteurs adaptés à celles-ci. Une réaction à un stimulus doit être chargé d'une valeur supérieure à l'ensemble des stimulations qu'il reçoit continuellement. Dans le système nerveux il y a d'abord la réception par stimulation (signaux nerveux électriques ou chimiques), ensuite la conduction des signaux par les fibres nerveuses, puis l'effection (action de répondre à un stimulus) qui déclenche les processus mécaniques (contractions musculaires) et chimiques (libération d'hormones).Les stimuli ont une action à l'intérieur du corps (intéroceptifs) ou venant de l'organe lui-même (proprioceptifs). Les récepteurs sensoriels captent les messages extérieurs et les conduisent vers le cerveau qui dirigera le corps selon les instructions qu'il possède en réponse à certains stimulus type.
On peut les diviser en: phéromones de signalisation (qui provoquent un comportement immédiat), et en phéromones d'amorçage (donnent un changement physiologique à long terme).
On peut différencier, les odeurs corporelles naturelles et les phéromones. Les premières sont chimiquement complexes et diffèrent d’un individu à l’autre. Elles véhiculent des informations sur l'identité, l'état physiologique ou émotionnel de l’individu.
Les phéromones sont en revanche constituées d’un composé unique et commun à une espèce et entraînent des comportements reflexes et instinctifs (automatiques et stéréotypés). Si on prend l'exemple du marquage territorial, même si l'individu qui a déposé urine ou selle n'est pas présent l'odeur matérialise son rang social, par exemple s'il s'agit d'un dominant, le congénère qui va capter l'odeur aura le même comportement que s'il était présent: le dominé va uriner en bas ou plus loin, certains même vont s'écarter rapidement avec une posture de soumission. S'il s'agit d'un dominant, il va marquer le plus haut possible, grogner et gratter, comme s'il allait combattre. On peut trouver des problèmes relationnels si l'odeur est modifiée par la castration, par une inflammation, une infection…
Les phéromones reçues par un individu de la même espèce, provoquent une réaction spécifique. Elles n'ont un sens que pour les individus de l’espèce concernée.
Produites par différentes parties du corps (région anale, glandes sébacées, oreilles, glandes supra caudales, jugales, péri orales, podales, urines, selles, salive, glandes du sillon inter mammaire, vaginales ou prépuciales), conduites au cerveau, elles sont à l’origine de réponses neuroendocriniennes et de la modification de l’état émotionnel de l’animal. On doit préciser que les glandes anales n’existent que chez les carnivores, elles donnent des phéromones d'alarme qui ont un effet répulsif. Egalement, émettre une grande quantité d’urine n’a pas la même signification, elle sert à évacuer, alors qu'un petit jet en hauteur sert à émettre des odeurs de communication, les chiens mâles urinent deux fois plus sur celle de chiens familiers et quatre fois plus sur celle de chiens étrangers.
Cependant, il reste encore beaucoup à apprendre sur les liens qui unissent les phéromones, les fonctions neuroendocriniennes et le contrôle du comportement.
En ce qui concerne les odeurs sociales, les individus y sont sensibles car ils possèdent des récepteurs adaptés à celles-ci.
Celles qui servent de signaux vont être employées pour: attirer un partenaire, coordonner les comportements sexuels, faire du marquage territorial, servir d'alarme, identifier un individu, son âge, son statut social, identifier un groupe. Les odeurs sociales appartiennent à un même groupe, permettant aux individus du même groupe de se reconnaître en tant que tels. Elles n'auront une valeur qu'en fonction de ce qu’a appris un animal lors des contacts depuis sa naissance.
On aura une connaissance individuelle et une reconnaissance du groupe, une reconnaissance de la mère par les chiots durant la période prénatale, néonatale et dans le début de la période de transition .
Si l'on prend l'exemple des phéromones sexuelles, c'est grâce à l'émission de celles-ci, nommées copulines, par les femelles pour attirer les mâles que les espèces qui ne vivent pas en groupe peuvent survivre. Un autre exemple lié à la survie sont les phéromones d'alarme en cas de danger, chez nos chiens domestiques c'est l'odeur laissée par les chiens qui souffrent chez le vétérinaire qui mobilise celui qui arrive et les rend inquiets.
Celles à fonction d'amorçage peuvent agir sur l'activation de la puberté chez la femelle en présence d'adultes mâles, s'il s'agit d'adultes femelles elle sera retardée. Une femelle vivant dans un groupe important peut retarder ses chaleurs, si elle est à proximité d'une femelle dominante elle peut avoir un blocage des chaleurs. Le taux de testostérone va indiquer le rang social surtout chez les mâles. Il peut arriver à environ 20 % des femelles de lever la patte pour uriner, c'est qu'elles ont aussi un statut de dominante qui peut être également du au fait qu'elles étaient très proches de fœtus mâles lorsqu'elles étaient dans le ventre de leur mère ou bien qu'elles ont reçu un traitement avec des hormones mâles.
Des phéromones pour les problèmes de comportement du chien
On peut utiliser ces phéromones synthétisées en laboratoire par l'homme en cas d'anxiété elles vont servir à familiariser l’animal à son environnement, apaiser les réactions de peur, faciliter la socialisation.
Nommées "apaisines", il s'agit des phéromones qui existent dans la relation mère-jeune, sécrétées par la mère dans le liquide amniotique et au niveau des mamelles, afin d'agir sur l’état émotionnel et réactionnel des chiots. Leurs actions pour les troubles du comportement: diminuer les manifestations organiques et comportementales en cas d'hyperattachement (agitation, vocalisations, destructions), diminuer la peur et l’anxiété dans les situations de stress (changement de milieu déjà chez le chiot lorsqu'il part de chez l'éleveur, bouleversement social, transport en voiture, anxiété chez le chien âgé…). Il faut savoir qu'elles sont inodores pour l'homme ou pour une autre espèce, chacune à la sienne. Chez les humains, les hommes recherchent les phéromones attirant les femmes. En Allemagne au 19ème siècle, les hommes plaçaient un mouchoir sous le bras, puis dans la pochette de la veste, avant d'aller au bal…
On trouve donc:
- la Dog Apaising Pheromon: Phéromones apaisantes du Chien, en diffuseur et en collier.
Un diffuseur agit pendant 1 mois, sur une surface de 50 à 70 m2. Il doit être placé dans la pièce où le chien séjourne le plus souvent.
- Feliway: chez le chat
- l’Equin Apaising Pheromon: pour le cheval,
- la Pig Apaising Pheromon: pour le porc.
Voir mes livres sur le comportement "Elevage et comportement" ou "Guide de l'éducation canine par la Méthode Naturelle" dans le site!
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