Le flair du chien est entouré de mystère, il y a des tas d'idées reçues, des techniques ancestrales qui se transmettent...
Lorsque j'ai voulu remplacé la sacro-sainte recherche du maître par le renforcement positif à l'aide de nourriture, comme cela se déroule naturellemnt avec les louveteaux, je me suis heurté à un véritable mur.
Le pistage repose sur des lois scientifiques d'apprentissage comme l'obéissance, si vous connaissez la Méthode Naturelle vous pouvez apprendre à votre chien:
- phase systématique: un bout à chaque pas
- phase intermittente: un bout tous les pas, puis tous les deux pas, tous les trois pas,etc.
- phase aléatoire: un bout de temps en temps au hasard
Le Pistage
Joseph ORTEGA
Il faut commencer par définir ce qu’est le pistage, ensuite faire la distinction entre les différentes compétitions de flair que l’on peut trouver en France. Le chien est doué d’un formidable engin biologique pour la recherche olfactive, l’homme peut l’utiliser pour la compétition ainsi que pour s’assurer des services qu’aucune machine ne parviendra à lui donner, nous ne connaissons pas encore toutes les possibilités de celui-ci.
L’olfaction canine :
C’est le premier sens que le chiot possède, il ne voit pas et n’entend pas mais il peut déjà retrouver le trajet qui mène à la mamelle de sa mère. C’est également le dernier qu’il conserve alors que dans sa vieillesse il aura perdu les autres sens.
Plus tard, l’olfaction sera un moyen de communiquer avec son espèce grâce aux phéromones (odeurs propres à l’espèce), c’est ainsi qu’il pourra retrouver la femelle en chaleur pour perpétuer l’espèce ou bien qu’il identifiera un congénère dominant ou qui a peur (vétérinaire).
Le chien est un animal macrosmatique, c’est-à-dire qu’il a un sens qui prédomine sur tous les autres, son univers est sous la dépendance avant tout, de l’olfaction « il voit avec son nez ».
Cet appareil est composé de la truffe (qui porte ce nom pour sa ressemblance avec le champignon), des fosses nasales, des cornets naseaux, avec dans la muqueuse des nerfs olfactifs qui vont porter l’information au lobe olfactif du cerveau.
Les odeurs sont des mélanges de substances chimiques, des molécules en suspension dans l’air ou déposées qu’il est apte à capter.
Si l’homme ne possède que 5 millions environ de cellules olfactives, le chien selon la race à laquelle il appartient, donc de sa morphologie cranio-faciale (nez court, écrasé, long), en a un très grand nombre- Le Berger Allemand : 200 Millions. Le Fox Terrier : 150 Millions Le Teckel : 125 Millions. Le Bouledogue : 100 Millions.
D’autres facteurs influencent la qualité de l’olfaction :
- La prédétermination génétique de la compétence (certaines races sont plus douées : Berger Allemand, Saint-Hubert)
- De l’apprentissage et de l’entraînement (éducation précoce et discrimination des odeurs)
- De la motivation : Il faut fournir un objectif pour utiliser son nez. Le loup son ancêtre se base sur celui-ci pour pouvoir se nourrir ou retrouver les points d’eau.
- De la qualité des molécules odorantes : volatiles, solubles dans l’eau ou l’huile.
- De la composition physico-chimique des molécules odorantes : certains produits vont gêner fortement (engrais azotés)
- De la température, du vent, de l’humidité, etc.
- Du temps de latence entre le dépôt et la mise en détection. Une piste récente sera appelée piste chaude, une piste ancienne sera appelée piste froide.
- De la fatigue de l’appareil olfactif elle apparaît en moyenne 20 mn après le début des recherches, surtout en terrain sec et difficile.
Il faut différencier le travail de détection qui consiste à rechercher un foyer d’odeur dans une zone déterminée : catastrophe, explosif, drogue, truffe, etc. où la formation du chien ne prendra qu’une quinzaine de jours environ.
Le travail de pistage commence par la prise d’une odeur de référence (identité olfactive de la personne à rechercher), odeur qu’il devra suivre jusqu’à ce qu’il découvre la personne, quelquefois sur des kilomètres, sur toutes sortes de terrains, par tous les temps. Cette formation peut prendre 2 ans environ pour le chien de compétition et 5 à 6 ans pour le chien de recherche utilitaire.
Les méthodes d’éducation au pistage
On peut commencer la formation dès l’âge de 2 mois sans problème car il s’agit tout simplement d’utiliser un instinct naturel que tous les chiens possèdent.
1-La méthode classique :
Elle est attachée à un Suisse, nommé Arnold FATIO, et consiste à faire rechercher le maître dans un premier temps. Le chiot est tenu par un étranger, le maître se place dans un terrain herbeux et l’appelle. Le chiot va se démener pour le rejoindre, c’est alors que la personne va tirer le chiot en arrière pour qu’il ne voie plus son maître. Le maître part alors en ligne droite traînant ses pieds sur une cinquantaine de mètres puis se couche dans l’herbe. Le chiot angoissé va rechercher visuellement, comme il ne voit plus son maître, il va utiliser son nez et remonter la piste en aspirant l’odeur de son maître.
La personne tient la ficelle jusqu’à ce que le chiot rejoigne son maître.
Par la suite on passe sur une personne étrangère, le maître conduisant son chien.
Il faut compter une trentaine de répétitions pour que le chiot commence à comprendre qu’il faut garder le nez au sol s’il veut rejoindre son maître.
2-La Méthode Naturelle
C’est un raccourci du comportement des canidés sauvages pour se nourrir en pistant et en retrouvant le gibier, la « motivation primaire » liée à la survie.
Lorsque j’ai commencé par appliquer ma méthode avec de la nourriture je suis passé pour un hérétique chez les puristes. Le principe, associer l’odeur agréable de la nourriture avec celle de la personne à rechercher, tout simplement.
Il faut suivre les lois scientifiques de l’apprentissage comme en obéissance, d’abord la phase systématique. Il faut découper des petits morceaux de viande, de saucisse ou de fromage selon les préférences du chiot, il suffit ensuite de déposer un morceau à chaque pas, ceci sur une cinquantaine de mètres avec au bout un récipient avec une bonne poignée d’aliment pour symboliser l’arrivée.
La seconde phase est « intermittente », d’abord un morceau tous les pas, ensuite tous les 2 pas, tous les 3 pas etc.
La dernière phase est celle qu’il aura toute sa vie à l’entraînement, c’est la phase « aléatoire »où il sait qu’il aura quelque chose mais il ne sait pas où, donc il a tout intérêt à garder le nez au sol.
Par rapport à la méthode classique, dans la Méthode Naturelle en 2 à 3 séances le chiot a compris ce qui est avantageux pour lui, d’autre part on peut passer immédiatement sur étranger !
Les différentes formes de compétition
- Le pistage français
- Le pistage RCI
- Le pistage FCI
Les concours de pistage répondent à des règles strictes tant pour les organisateurs, que pour les traceurs, les concurrents et les juges. C’est un sport de plein air qui demande une bonne condition physique car il faudra marcher pendant des heures dans de gros labours gluants ou dans du maïs coupé, quelquefois sous une pluie torrentielle ou par des froids intenses.
Le pistage apprend à être humble et modeste car si au départ tous les chiens sont sur un même pied d’égalité, l’heure de passage et le lieu de la piste vont influencer considérablement sur les résultats. Le chien peut se perdre ou faire une piste parfaite… Etre dans le froid et l’humidité toute la journée pour obtenir une coupe ou rien du tout, cela implique d’avoir affaire à des passionnés d’une manière générale
Le pistage français
Il est pratiqué en France, ceci depuis une cinquantaine d’années, il comprend deux types d’épreuves :
- La piste libre
- La piste au trait de limier ou longe.
Les chiens qui participent à ces épreuves sont surtout des chiens du 1er, 2ème, 3ème groupe soumis au travail.
Le départ de piste est matérialisé par un piquet équipé d’un fanion et précédé dix mètres avant par un premier piquet. Le chien prend l’odeur de référence du traceur dans cette ligne.
Test de caractère
Pendant que le maître se présente au juge, le chien est couché dix mètres derrière lui. Un coup de feu sera tiré à ce moment là. Les chiens peureux ou agressifs sont éliminés.
Les concours de pistage ont pour but de mettre en valeur les qualités olfactives des chiens.
Il existe six catégories différentes de difficultés en concours :
Pistage libre
-Epreuve Brevet de pistage (une partie libre, une partie au trait de limier)
-Concours « B » et « C » La piste est tracée par un étranger qui dépose un objet en bout de piste. Le chien est mis au départ par son maître, à l’ordre du juge il envoie son chien à la recherche. Le maître reste sur place, le chien doit suivre seul la piste, retrouver l’objet et le ramener.
Pistage au trait de limier
-Piste froide « PF » : Le maître et son chien partent une heure après que la piste ait été tracée, le chien devra retrouver plusieurs objets déposés par le traceur.
-Trait de limier « TL » :Le maître et son chien partent dés que la piste est tracée, le chien doit retrouver les objets déposés et identifier correctement le traceur en bout de piste, en s’asseyant ou en aboyant.
- Trait de limier sélectif « TLS » - même principe que précédemment, c’est l’arrivée qui changera, car le traceur sera placé ‘entre deux personnes, le juge et un comparse.
Les difficultés sur la piste
En piste française les difficultés sont représentées par les angles aigus et angles droits ainsi que par les fausses pistes (Avant que le chien ne soit mis en piste en la traversant plusieurs fois).
La Piste RCI
C’est un programme International pratiqué depuis 1952 par tous les pays. RCI, signifie : « Règlement pour Concours Internationaux », un programme issu du « Schutzhund » allemand, qui est véritablement complet avec en plus du pistage, une partie obéissance et une partie de mordant sportif.
Il s’agit uniquement de piste froide, où le chien doit partir après un delai plus ou moins long après que le traceur ait terminé.
Classe I – Départ 20 min après le tracé fait par le maître – longueur 400 pas Deux angles droits, deux objets à retrouver.
Classe II – Départ 30 mn après le tracé fait par un étranger – longueur 600 pas. Deux angles droits, deux objets à retrouver.
Classe III – Départ 1 heure après le tracé fait par un étranger longueur 800 pas.
Trois angles droits, trois objets à retrouver.
La Piste FCI
Elle est internationale également et vient du programme allemand « FH ». Il s’agit là des épreuves qui ont été choisies pour le Championnat du monde de pistage. Tout a commencé en 1993 en France, depuis de nombreux chiens français ont été finalistes au Championnat du monde qui se déplace de pays en pays, souvent dans les premières places.
La piste FCI se divise en trois échelons de plus en plus complexes.
FCI I – 5 Angles droits et un angle aigu, 5 objets, une fausse piste, départ 1 heures 30 après que la piste ait été tracée. Longueur environ 900 pas.
FCI II – 5 Angles droits et un angle aigu, 5 objets, une fausse piste, départ 2 heures après que la piste ait été tracée. Longueur environ 1100 pas.
FCI III – 7 Angles dont 2 angles aigus, un arrondi, des angles droits, 7 objets, des fausses pistes, départ 3 heures après. Longueur environ 1800 pas.
Les difficultés
Elles sont les mêmes qu’en piste française pour les angles, il faut ajouter l’angle arrondi ou oméga, une éventuelle traversée de chemin, les changements de terrain sur la même piste, le fait qu’il s’agisse d’une piste très froide (3 heures en III), mais surtout que la notation est beaucoup plus sévère. Le chien doit être sur un rail, il ne doit pas relever la tête ou dévier (ce qui est admis en piste française).
Les personnes intéressées sur le nez du chien et sur le pistage peuvent commander l’ouvrage de Joseph ORTEGA « Le flair du chien – Pistage et détection » sur son site
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