Le Cavalier King Charles!
Copyright Joseph ORTEGA
L’élégance et l’affection :
C’est le descendant des Epagneuls nains d’Europe qu’on trouvait dès le XVe siècle en Hollande en France ou en Italie. Le Cavalier King Charles Spaniel est un Epagneul nain créé en Angleterre sous le règne de Charles II d’Angleterre (1630-1685). Cet amateur de chien miniature laissant ses favoris parcourir comme il l’entendait White hall et Hampton Court, se mêlant au conseil des ministres, couchant dans son lit et mangeant à sa table. Un témoin Samuel Pepys a écrit : “ tout ce que j’observais fut les bêtises du roi jouant sans cesse avec son chien et ne prêtant nulle attention aux affaires ”. On sait que les King Charles ont gardés depuis le règne des Stuarts le privilège d’être les seuls chiens admis à la chambre des Lords. Cette passion du roi fit attribué à ces petits Epagneuls, le nom de King Charles. On retrouve sur les tableaux faits à l’époque, de Hogarth ou Gainsborough, la représentation de ces petits chiens adulés de la cour et séjournant auprès de l’aristocratie. Il faut dire qu’en France il en allait de même et, par exemple, Henri III, le dernier Valois, promenait ses bichons dans une Grande corbeille qu’il avait autour du cou retenue à un ruban, ceux-ci assistant aux sermons et aux audiences... Louis XIV avait un cabinet réservé pour “ les petits chiens de la chambre du roi ”, et un pâtissier avait pour mission de leur apporter chaque jour sept biscuits.
Le Cavalier King Charles de l’époque n’était pas si homogène que cela et les particularités étaient nombreuses, selon le goût des éleveurs ou des propriétaires.
Par exemple le Blenheim caractérisé par le “ lozenge ” sur le front a une histoire assez cocasse. Le chef des armées britanniques nommé John Churchill, premier Duc de Malbourgh remporte une victoire en 1704 sur les troupes françaises situées alors à Blenheim en Allemagne. Au même moment son épouse la Duchesse Sarah qui apprend la victoire, va appuyer sur le front de sa chienne, Epagneul blanc et orange qu’elle tient sur ses genoux. La petite chienne qui était gestante va mettre bas peu après des chiots qui portent ses couleurs avec en plus, la marque sur le front “ le pouce de la duchesse Sarah ”.
Hélas la belle histoire ne va pas se perpétuer et de nouveaux venus font leur apparition avec quelquefois une couleur exotique. Le Carlin à la mine renfrognée et à la marque “ diamant ” sur le front ou bien encore le Pékinois. En Chine en 1860 lors du pillage du Palais d’Eté, les officiers de marine britannique trouvent cinq petits chiens abandonnées dans les appartements de la princesse impériale, ils les ramenèrent en Angleterre. Les petits Epagneuls ne vivaient que dans la cour impériale sous la garde du Grand Eunuque depuis toujours. Réservés aux empereurs ils furent l’objet de manipulations par des drogues et des bandelettes afin de réduire leur taille, sauf de la part de l’impératrice Tzu-Hsi qui préféra la sélection moderne et qui mourut en 1911.
Le Pekinois eut très vite ses adeptes en Angleterre et l’Epagneul Anglais vit son museau raccourcir pour satisfaire à la mode. Un amateur passionné du type originel se rebella et offrit en 1926 un prix de 25 livres pendant 5 ans à l’exposition de la Cruft à ceux qui répondaient aux anciens critères, “ le meilleur mâle et la meilleure femelle présentés en classe Epagneul Blenheim de l’ancien type, tels que les montraient les gravures de l’époque de Charles II : face longue, pas de stop, crâne plat, sans aucune tendance à être bombé, avec une tâche au centre du crâne ”, il s’agissait de Roswell Elridge un américain de long Island. La première année il n’y eut que deux engagements. Avec la création d’un Club du King Charles en 1928, les éleveurs œuvrèrent pour retrouver la silhouette d’antan et un standard fut rédigé pour se rapprocher du modèle idéal, représenté en l’occurrence par le portrait ancien d’un sujet nommé Ann’s Son. Dès lors on différencia par l’appellation de King-Charles, ceux qui avaient le nez plat et le crâne arrondi et, de Cavalier King Charles, ceux qui avaient gardés les caractéristiques originelles. Le Kennel Club encouragea ces initiatives en rendant la variété Cavalier King Charles officielle, le Club des Cavaliers King Charles étant homologué en 1928. L’inscription séparée pour les deux types est accordée en 1945. Dans les expositions des titres distincts sont alors décernés a partir de 1946. Pourtant le retour sur le devant de la scène cynophile pour le Cavalier est sans doute due en grande partie, au fait que en 1960, la Princesse Margaret et son époux Lord Snowdon vont acquérir un sujet nommé Rowley. En 1973 le succès sera assuré définitivement par un Cavalier nommé Alansmere Aquarius qui fait, à l’âge de 17 mois, à la Cruft : Meilleur de la race, Meilleur du groupe Toy et meilleur de l’exposition (Best in Show).
En France il apparaît vers 1965 mais on ne fait pas la distinction entre King Charles et Cavalier King Charles et il faut attendre 1969 pour que le nom du Cavalier King Charles soit admis. C’est surtout en 1975 que l’élevage va débuter à partir de sujets importés, à partir de là le petit Epagneul anglais va conquérir notre pays. Si en 69 on ne trouve que 15 sujets inscrits au L.O.F., en 1987 il seront 692 et, en 1998, 3.165 ( devançant largement le King Charles au nombre de 203 seulement). Il se trouve donc au 12e rang des naissances et au 11e rang des demandes de chiots parvenus à la SCC.
Sa silhouette :
Sa petite taille d’environ 32 cm au garrot pour un poids de 5 à 9 Kg n’en font pas une miniature et il a une morphologie bien équilibrée et agréable à regarder.
Il a une tête ronde avec un crâne plat et un museau assez court, les yeux sont grands et arrondis mais ne sont pas saillants. Les oreilles sont longues et bien pourvues en franges, placées plus haut que chez le Cocker.
Le corps est harmonieux avec des membres droits et un rein court, les allures sont souples et déliées, c’est celui d’un petit sportif.
La fourrure est longue, ondulée et soyeuse, elle peut avoir quatre coloris différents : Unicolore rouge (Ruby), marques rouge sur fond blanc (Blenheim), noir et feu, tricolore (noir, feu et blanc). Attention aux croisements entre les variétés de couleurs, il peut apparaître des sujets mal marqués comme une étoile blanche au poitrail. Les plus courantes restant le Blenheim blanc et roux. Tricolore sur tricolore donne normalement des bicolores avec une possibilité de Blenheim. Blenheim sur Blenheim donne des Blenheims.
L’entretien de la fourrure :
C’est un “ no triming ” c’est à dire à la fourrure nature. Son toilettage n’est pas trop préoccupant, la base essentielle restant le brossage. Un bon brossage chaque jour pour démêler et faire briller, avec de temps en temps un coup de peigne. Ne pas oublier de vérifier les oreilles comme dans tous les chiens de ce type, elles ont tendance à se salir vite. Surtout pas de ciseaux, sauf pour faire le tour des pattes assez légèrement, ou on profitera pour vérifier qu’un épillet ne s’est pas logé entre les doigts.
Son caractère :
Il est d’une grande gentillesse avec les gens comme avec les chiens et s’il recherche le contact ce n’est pas pour tester l’autre mais pour s’en faire un ami qu’il peut entraîner dans le jeu. En ce qui concerne les enfants, c’est le compagnon idéal, ni trop mou, ni trop exubérant, jamais brutal.
Il est peu aboyeur et s’adapte à tous les milieux que ce soit en ville ou à la campagne, quant au déplacements, s’il admet être pris dans les bras dans certains transports, il n’apprécie pas beaucoup.
Quelquefois trop près du maître, il supporte très mal la solitude, il a besoin d’une présence même si l’on a pas le temps de s’occuper de lui. Très chic et bon genre, il préfère accompagner son maître dans les endroits les plus bruyants plutôt que de rester seul à la maison.
Le choix du chiot :
En ce qui concerne le caractère, même chez les éleveurs qui ne fournissent pas un milieu assez enrichi pour développer l’équilibre, on trouve des chiots qui se feront très vite à leur nouveau milieu. Il est évident qu’on ne choisira pas dans la portée les cas extrêmes comme le chiot qui se réfugie au fond de la pièce, même s’il est attendrissant. Par contre il faudra avoir recours aux conseils éclairés du Club de race ou d’un spécialiste pour le choix de la morphologie et des couleurs, par exemple pour éviter de prendre un sujet au crâne trop long ou trop court, ou à la large tâche blanche sur le poitrail...
Son éducation :
Excellent équilibre caractériel, écoute du maître, intelligence pour tirer des leçons de ses expériences, voici les critères qui font de cette race une de celle qui s’éduque le plus facilement. On peut jouer sur des motivations qui ont une certaine valeur pour lui ; en premier le maître, en second le jouet et le jeu, en troisième la gourmandise. Dans tous les cas jamais de brutalité et de contrainte comme on le voyait dans les méthodes classiques d’éducation avec en “ leit-motiv les “ coups de sonnettes ” avec la laisse.
On voit régulièrement des Cavaliers concourir dans les épreuves d’obéissance (Obedience) aux Etats-Unis, en Angleterre et en Hollande. Sans être des bolides, ils prennent au sérieux les exercices et savent exécuter correctement, tout en restant joyeux.
Pour le plaisir du maître et le sien, il est même prêt à apprendre quelques tours qu’il exécute de manière très british, comme rapporter le journal ou faire le beau.
Le Cavalier King Charles est dans le 9e groupe de la FCI Chiens d’agrément ou de compagnie.
Club des Epagneuls nains anglais (King Charles – Cavalier King Charles)
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