Surnommé “ le chien qui a vu Dieu ” le Berger des Pyrénées a de l’énergie, de l’intelligence, mais également un caractère frondeur qui demande une main ferme.
Son origine se perd dans la nuit des temps, ce qu’on sait c’est que de manière indiscutable c’est un montagnard.
Dans les Pyrénées il n’y a que deux types véritablement utiles, des travailleurs sur troupeaux dans la haute montagne : le gardien propre à défendre les bêtes grâce à sa puissance qu’on nomme “ Patou ” ou “ Montagne des Pyrénées ” et le conducteur endurant et polyvalent qui dirige les bêtes avec aisance aidé par sa petite taille.
C’est en 1750 qu’un voyageur va mentionner, semble-t-il pour la première fois, la présence dans les hautes Pyrénées d’un petit berger très alerte. En 1867 Gayot dira : “ le grand chien des Pyrénées vit en compagnie des troupeaux, il en est le protecteur, la fonction de conducteur étant au Berger des Pyrénées ”. Pierre Megnin en 1893 va le décrire ainsi : “ un Griffon dont la tête est peu chargée de poils ; à peine a-t-il quelques poils longs sur les sourcils mais il n’a ni moustache, ni barbiche prononcées.
C’est au train arrière que s’est accumulé le poil, là il a de fortes cuisses et sur les cuisses un épais matelas ; les membres sont presque ras. Les poils sont très étalés et rappellent la patte de l’ours. Les oreilles sont droites au lieu d’être couchées. Quant à la couleur, ce n’est pas le blanc avec de larges taches noires mais gris argenté avec les dites taches noires, avec ou sans feu aux pattes, couleurs que l’on appelle danoisé ”. En vérité si l’allure générale reste la même à quelque chose prêt, on découvre dans chaque vallée des différences que les bergers tentent de préserver jalousement.
Chacun cherchant à créer un type local, avec des particularités propres qui sont pour eux bien-entendu, les meilleures. C’est ainsi qu’on trouve un type Bagnéres (petit, vif, gris et très poilu), un type Azun (noir ou ardoisé), un type St Béat (gris-blanc, assez puissant), un type Labéda (oreilles tombantes et fouet en sabre), un type d’Arbazzie (fauve, haut sur pattes), un type de Lauterets, de Lesponne, de Louron...
Le premier standard de race sera rédigé par le Comte de Bylandt et en 1907 va se créer à Cauterets le “ Pastou Club ” destiné surtout au Montagne des Pyrénées et à Argelès-Gazost le “ Club des chiens des Pyrénées ” grâce à Dretzen et au Comte de Bylandt.
La première exposition de race aura lieu à Paris en 1910. Lors du premier conflit Mondial les Bergers des Pyrénées partent pour la guerre et J. Dhers écrira : “ en ma qualité d’ancien officier dresseur du Service des chiens de guerre, il est de mon devoir de proclamer hautement que c’est la race du petit Berger des Pyrénées qui a fourni à l’armée les chiens de liaison les plus intelligents ”. Durant la Grande Guerre ces chiens accomplirent des prouesses pour transporter les messages, on peut citer la note rédigée dans le carnet de la chienne Pastou : “ Une compagnie d’infanterie attaquée par des forces très supérieures allait être encerclée. Un triple tir de barrage empêchait toute retraite. A trois reprises, le commandant de la compagnie avait détaché trois coureurs qui furent successivement tués. Il envoya au chef de bataillon la chienne porteuse d’un message indiquant la situation critique de la compagnie. Pastou mit 11 minutes pour accomplir le parcours de 3 kilomètres. A son arrivée au P.C., le chef de bataillon envoya immédiatement un renfort, et les 48 hommes qui constituaient le reste de l’effectif de la compagnie purent être dégagés. ”.
Au sujet de l’intelligence de ces chiens, on peut décrire l’anecdote racontée par un officier concernant un Labrit surnommé “ garde saquet ” (garde petit sac). “ Donc le Labrit gardait le sac... C’était l’heure du déjeuner. Deux jeunes travailleurs, pour s’amuser, s’approchent du chien et essayent à tour de rôle de prendre la musette. Le chien va de l’un à l’autre en montrant les dents. Mais pendant une attaque d’un des ennemis, une contre-attaque du second faillit réussir. Le Labrit semble réfléchir une seconde, puis saisissant la musette dans les dents, part à toute allure, passe par un trou de haie, monte sur un talus, met “ sac à terre ” et du haut de sa position, défie ses ennemis qui avaient naturellement renoncé à le poursuivre et riaient aux larmes avec le maître du “ garde-saquet ” arrivé entre-temps. Voilà de l’obéissance active et de la meilleure. Mais quelle note éliminatoire le pauvre petit Labrit aurait eue dans un concours !
Laissez donc à vos chiens un peu d’initiative, ne les paralysez pas. Evitez d’avoir de ces animaux tellement mécanisés qu’ils n’ont l’air de faire un mouvement que par ordre ”.
Voilà une illustration de l’intelligence du Berger des Pyrénées que ce soit sur troupeau ou en concours de pistage ou d’obéissance. Contrairement à un Border-Collie ou un Malinois, le Berger des Pyrénées sera toujours capable d’initiatives adaptées au but et ne se contentera pas de répéter un conditionnement.
En 1921 un standard sera rédigé et un Club du Chien des Pyrénées va se créer à Pau sur l’initiative de Senac-Lagrange. Un autre Club est mis en place par le Colonel Tolet avec quelques éleveurs “ le Club Français du Berger des Pyrénées ” qui sera dissous en 1946.
Il faut attendre 1923 pour assister à un regroupement au sein d’un Club, derrière Senac-Lagrange toujours, c’est “ la réunion des amateurs de chiens Pyrénéens ” (R.A.C.P.) où sont admis le Montagne et le Berger des Pyrénées. Les premiers éleveurs produisent des sujets gris ou arlequin qui étaient commun à l’époque, comme celle qui gagne le premier prix “ Fine Mouche ”.
Au début du siècle Senac-Lagrange va décrire dans le journal l’éleveur, le Berger des Pyrénées qu’on trouve en 1923 : “ Il se présente sous l’aspect d’un chien de berger dénotant sous un minimum de taille et de poids un maximum d’influx nerveux (...). Le corps est plutôt long par rapport à la taille, mais toujours bien soudé (...). Tel que ce chien représente un type parfait d’adaptation au milieu : un centre de gravité près de terre, conséquence de sa taille réduite, lui assure un maximum de stabilité sur les pentes rapides (...). La texture de son poil fourni, laineux à la base et s’affermissant aux extrémités, est conditionnée pour le garantir à la fois contre les averses violentes et les basses températures. Son influx nerveux sans égal lui permet de faire son rude métier sans défaillance. Son volume réduit autorise son maître à le nourrir parcimonieusement (...). Nos bergers montagnards le savent bien, qui, pour toutes ces raisons, choisissent toujours les chiens de petite taille. Ils y voient en outre un autre avantage : le mouton, animal débonnaire, n’a nul besoin d’un Dogue pour être conduit (...). Taille réduite, légèreté du squelette, trempe des muscles, nature du poil, le berger pyrénéen a besoin de tout cela pour faire son métier en haute montagne. Son moral même, à fond de méfiance donc de vigilance, lui est utile. A le voir à l’œuvre on imagine difficilement une intelligence plus adaptée à son but, un physique plus apte à sa fonction ”.
Le 18 Mars 1923 le président du RACP écrira avec une opinion bien tranchée : “ Et il reste bien entendu que nous ne parlons que du travail “ à l’extérieur ” (travail sur troupeau). Nous refusons toute valeur aux concours de ring ou brillent des chiens simplement “ mécanisés ”, où jamais le vrai chien de troupeau ne peut donner sa juste valeur ”.
En 1925 le Club Français du chien de berger va enfin reconnaître le Berger des Pyrénées et en 1926 la Société Centrale Canine l’admet dans son sein, c’est le moment où on peut voir exposer les premiers sujets au concours général agricole à côté du Beauceron ou du Briard.
Le président du RACP publiera l’annuaire du Club où il distingue 3 types : le poil long, le demi-long, le face rase. Les sujets à face rase se trouvaient situés à l’origine plutôt en plaine et dans les basses-Pyrénées.
M. Senac-Lagrange va s’éteindre en 1954, il sera remplacé à la présidence du RACP par Charles Duconte. En 1967 M. Duconte et M. Sabouraud vont s’inspirer des travaux de Senac-Lagrange pour rédiger leur ouvrage “ Les chiens Pyrénéens ”.
Le Labrit :
Que vous alliez dans les Pyrénées, l’Ariège, ou dans une autre région de France vous entendez appeler votre Berger des Pyrénées “ Labrit ”, y compris par les bergers, en fait le Labrit est un type différent qui n’a pas été reconnu en tant que race, même s’il est aussi ancien. Pour le situer on peut citer deux spécialistes, Senac-Lagrange : “ La localité de Labrit, près de Mont-de-Marsan, dans les Landes, est le centre d’origine d’un chien de berger assez peu sélectionné et de type pas très fixé notamment dans la taille, au poil hirsute de chèvre, presque toujours emmêlé en grosses pelotes par la boue et les saletés, aux oreilles droites, ou semi-tombantes, à la queue basse se terminant en crochet et toujours ergoté, il y a aussi des robes tachetées. ” et selon Dhers : “ il existe dans la région Sous-Pyrénéenne et particulièrement dans le Béarn, la Bigorre et le bassin de l’Adour, un grand nombre de chiens de berger. Leur proximité d’habitat, la transhumance de certains troupeaux qu’accompagnent les chiens, font qu’il y a eu certainement des unions entre eux et leurs frères montagnards. ”. Il est probable que c’est ce type de chiens qui accompagnèrent les bergers lorsqu’ils partirent s’installer dans les pays neufs comme l’Australie ou les Etats-Unis et qu’on nommait d’ailleurs “ Berger Basque ”, ils sont les ancêtres en particulier du “ Berger Australien ”.
Le caractère du Berger des Pyrénées :
Le problème et il est de taille, c’est qu’on a tendance à assimiler le Berger des Pyrénées à un chien de salon pour sa jolie frimousse et son pelage en coup de vent, ce qui engendre bien des drames.
Ceux qui ont le coup de foudre pour la race devraient savoir que la vraie vie d’un Berger des Pyrénées c’est une cinquantaine de kilomètres par jour, des affrontements avec le bélier ou la brebis récalcitrante, la tension permanente pour tout observer du troupeau, tout en ayant l’œil sur le maître, l’action toujours....
Pour le faire vivre dans les villes il faut, d’une part libérer cette énergie naturelle dans le sport ou la pratique de discipline de travail comme l’obéissance, le pistage, l’Agility, d’autre part en mettant en place de manière claire et précise la hiérarchie aux maîtres et la sociabilité aux gens et aux animaux. Beaucoup de chiens citadins souffrent d’anxiété permanente, d’hyperactivité et d’agressivité par crainte
Il est exact qu’en 1927 Sénac-Lagrange écrivait : “ son caractère est basé sur fond de méfiance. Il est inabordable avec les étrangers et même avec les familiers de la maison ”. Il faut se situer par rapport au contexte de ces chiens à l’époque, nourris de quelques restes ou d’un bout de pain, chassés de la maison à coups de pieds, rarement caressés, ne vivant qu’avec et pour les bêtes qu’ils devaient conduire. Mais cette méfiance avec les humains qui était le résultat de l’isolement social et des mauvais traitements n’en faisait pas pour autant un craintif, comme certains veulent nous le faire accroire. A l’époque (et même encore maintenant pour certains bergers), la sélection était draconienne, à l’étape chiot tout sujet qui craignait l’orage ou les coups de feu était éliminé immédiatement, quant au courage, l’adulte qui fuyait devant un bélier ou une brebis vindicative était également abattu (pourquoi nourrir un tel chien !). Voilà dans quel esprit était vu le chien de berger qu’on considérait comme un outil, mais un outil opérationnel parfaitement adapté à la fonction avec de l'obéissance, de l'intelligence, de l'initiative, le contrôle de soi, le courage pour faire face en cas de besoin....
On ne dira jamais assez que ce qui compte (surtout à l’heure actuelle où nos chiens sont mal vus), pour la pérennité de la race, c’est l’équilibre caractériel. Une vision qui ne semble pas partager par tous les éleveurs qui se soucient plus de l’aspect physique que du caractère.
Il ne faut quand même pas confondre caractère et caractériel, si on veut que notre petit berger français reste un chien de compagnie d’utilité.
N’oublions pas que selon les directives de la C.U.N. et de la S.C.C. le test de sociabilité et d’aptitudes à l’utilisation comprend en priorité l’estimation de l’équilibre caractériel.
Je suis moi-même possesseur d’une chienne Berger des Pyrénées âgée maintenant de 19 ans qui a concourue en Obéissance et en championnat de pistage FCI ( programme du championnat du monde), ce qui ne l’empêche pas de participer dans les écoles à la promotion du chien bien éduqué dans la cité, sans aucun coup de dent intempestif même avec les gamins les plus turbulents.
Club de race : Réunion des Amateurs de Chiens Pyrénéens
Alain PECOULT
Tel : 04 90 78 29 63
Mail : ecir@CLUB-internet.fr
Naissances en 2006 : 728
Nombre d'Inscriptions au LOF en 2009: 771
Pour en savoir plus :
http://ecole.du.chiot.free.fr/
Les bergers des Pyrénées au travail
Championnat sur troupeaux
- Lily du Boulleaume, Mak des Transhumants, Urielle du Mont Kerchouan, Joy des Transhumants à M. Jolly
- Vap à M. Serclerat
- Nay des Espaudières à M. Chauvet
- Princesse dite Pounette, Virgule, Canisse à M. Maridet
- Novick du Boulleaume, Ravie du Mont Kerchouan à M. Trollier
- Oba des Transhumants, Sirius, Capi à M. Achard
- Urus du Boulleaume à M. Mehay
- Tosca der Gov à M. Lubineau
- Celliat de Champerose à M. Raynaud
Pistage Français
- Ubac de l’Oustaou de Padel à M. Domage, Champion de France en 1987 et 1988
- Drac de l’Oustaou de Padel à M. Hurig
- ArnaK et Escanette de l’Estaubé à Mme Chiosi
- Artagnan de la Bourguine à M. Oudin
- Bip Bip des Crosaires de Thalassa à Mme Carlien
- Eole de Loubajac à M. Block
- Itchury du Pic d’Arbison à M. Houneau
- Isa de la Chapelle Saint-Alban à Mme Olivier
- Isère du Grand Bestolian à M. Leclercq
- Juin du Mont Kerchouan à Mme Tagliafico
Pistage FCI (Piste du Championnat du monde)
- Rindy des Transhumants à Liliane Ortéga, plusieurs fois finaliste en championnat. Décédée à 23 ans
RCI (Obéissance, pistage, mordant)
- Volvic du Grand Bestolian à françois Rostolland, Finaliste du Championnat de France
- D’Ouzous de l’Estaubé à M. Aebisher, RCI 3