Rédigé par Joseph ORTEGA dans la Revue "Sans Laisse"- février 1997
L'Australie est un immense continent qui a sans doute été isolée de l'Asie par la dérive des continents, on pense qu'un pont terrestre le reliait à l'Asie du Sud-Est. Le précoce isolement des marsupiaux (le Méthatériens: 9 familles, 250 espèces environ) est un sujet d'étude passionnant, ne serait-ce que par leur évolution parallèlement aux mammifères placentaires (Euthériens) du reste du monde.
Le cas le plus intéressant est celui du thylacine ou loup marsupial (Thylacinus Cynocephalus-ordre des Marsupiaux, famille des Dasyuridés) qui aurait envahi l'Australie il y a environ 150 millions d'années avant que l'Amérique du Sud, l'Antarctique et l'Australie ne se séparent.
La nature a provoqué un phénomène de convergence avec le loup placentaire (Canis lupus) des autres régions du monde. D'origine génétique différente, la nature se devait de créer un prédateur pour l'équilibre écologique. L'absence de compétition avec un autre carnivore placentaire lui permettait de subsister sans problème, jusqu'au jour où le dingo est apparu.
Dans le cas du Thylacine, sa ressemblance avec le loup est est troublante, si on excepte certains détails: gueule très fendue qui s'ouvre à 120°, pelage marron jaunâtre avec des rayures brun foncé, queue épaisse à la racine et rigide comme chez les Kangourous, poche placentaire ventrale qui s'ouvre vers l'arrière pour permettre aux larves de continuer à se développer.
On pense que les Aborigènes venaient d'Asie avec leurs chiens il y a environ 24 000 ans, des chiens qui devaient ressembler aux chiens Pariahs (mot portugais emprunté aux Tamouls signifiant: exclus). Une autre théorie indique leur issue de chiens sauvages du sud-est asiatique. Ils seraient arrivés en Australie il y a environ 6 000 ans.
Les Dingos isolés sur ce continent, se sont reproduits, constituant un type assez homogène et redevenant par la force des choses des chiens sauvages. Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux de séjourner auprès des humains depuis toujours, les aborigènes (en 1788 ils sont constitués de 500 clans parlant plus de 300 langues) ayant le "sens de l'animal" savent capturer des jeunes, n'ayant pas les yeux ouverts dans les tanières. Par la suite ils pratiquent "l'imprégnation" chère à K. Lorentz, en élevant ces chiots avec leurs enfants, les femmes n'hésitant pas à les nourrir au sein.
Vivant à l'état sauvage principalement, le Dingo se constitue en meute pour chasser sur de vastes territoires, ce qui a mené très certainement son concurrent direct le Thylacine a disparaître.
L'Australie fut découverte en 1606 par un espagnol, Luis de Torres, mais le premier visiteur véritable fut un anglais, William Dampier, qui débarqua avec des pirates à la recherche des richesses du pays. C'est lui qui décrira le premier les Dingos en 1688. En 1852, on assiste à l'arrivée massive de portugais, espagnols, hollandais, anglais, constitués de beaucoup de bagnards (dès 1810 la population est composée de 48% de forçats). Le mouton était inexistant, les premiers mérinos venant d'Europe au XIIIe siècle furent introduits par un certain Mac Arthur: 3 béliers et 5 brebis. De ces 8 bêtes descend l'immense cheptel australien, d'environ 150 millions de bêtes qui en fait le premier producteur au monde.
Cette fois c'est l'homme et ses chiens domestiques qui allaient devenir les prédateurs du Dingo, comme du Thylacine. Pour ces derniers, de 1888 à 1909, 2184 individus massacrés, on aperçut alors les derniers sujets dans les années 1930. Il est évident que le Dingo était le second sur la liste et des milliers d'entre eux ont été exterminés et le sont encore car on l'accuse de tous les maux, surtout de prélever les brebis pour se nourrir. L'homme a même construit une véritable muraille de chine, constituée d'une clôture anti-dingos de 5614 km de long , une barrière de métal appelée le « dog fence » (clôture des chiens). Elle bloque la pénétration dans les états du Sud-Est, la Nouvelle-Galles du Sud, l’État de Victoria, la moitié de l’Australie méridionale. Le Dingo s'est donc réfugié dans le désert, au Nord et à l’Ouest du continent. Ce qui n'empêche pas les autres moyens de se préserver comme les pièges, le poison et le fusil.
Le Dingo (Canis familiaris dingo) peut être considéré comme une forme de chien primitif retourné à l'état sauvage (Canis lupus dingo) et non comme une espèce différente. On peut le comparer au Basenji qui est lui une race reconnue ou à la plupart des chiens pariahs. Pour avoirt observé pendant des années au parc zoologique de Salon de Provence des dingos en captivité, je dois dire que c'est un chien qui peut être sociable, si on opère une imprégnation correcte, d'autre part, il a l'avantage de ne pas aboyer, enfin les femelles ne sont en chaleur qu'une fois par an comme les louves. En Australie, il est voué à l'extinction rapide si on ne prend pas garde, non seulement par la chasse effrénée que l'homme lui donne, mais surtout par le métissage avec les chiens domestiques qui fuguent (des dangers qui menacent aux Etats-Unis le Coyote et le loup rouge "red Wolf"). Le Dingo a été d'ailleurs une des bases pour la constitution de races en Australie: Bouvier Australien, Kelpie, Berger Australien.
Le Dingo, chien domestique redevenu sauvage, a du mal à survivre actuellement, il trouve refuge dans les steppes de l'intérieur du pays et en montagne jusqu'à 1 500 m d'altitude. Pour les australiens dingo signifie peureux, surnom que lui vaut sa crainte des humains qui le pourc hassent, alors qu'en réalité c'est un animal courageux qui tente de survivre dans un univers hostile. Chez les aborigènes, par exemple chez les "Atubis", il a toujours été chien de la tribu avec un complément de chien domestique et des dispositions utiles comme aide de chasse. Certains le nommaient "Warragal".
Oxley raconte un fait interessant, à l'époque où les Dingos pouvaient constituer des groupes allant jusqu'à 80 ou 100 individus (selon Brehm): "Nous tuâmes un chien du pays et nous jetâmes son corps dans un buisson; en repassant par le même endroit, nous le retrouvâmes à trois ou quatre toises du buisson et, couchée auprès, la femelle mourante; il est probable qu'il était là depuis le jour où le chien avait été mis à mort. Elle était tellement faible et amaigrie, qu'elle ne put même se déranger à notre approche; nous crûmes faire acte de charité en lui tirant un coup de fusil". Vous avez dit animal sauvage?
Au sujet des relations entre chiens domestiques et Dingos, on retrouve au début du siècle, dans Forschergangs durch den Wald-Von einem alten Buschmann (l'évolution à travers la forêt-Témoignage d'un vieux Burschmann), "Sortant un matin de ma tente, je vis une femelle Dingo jouant avec mes chiens, mais elle s'enfuit dès qu'elle m'aperçut, un des chiens la suivit et ne revint qu'au bout de trois jours, mordu et blessé; il avait probablement trop excité la jalousie des amants légitimes de la chienne". En général, les chiens domestiques vouent au Dingo une haine implacable, comme en Europe vis-à-vis des renards, ce qui n'empêche pas, nous l'avons déjà dit, les mariages entre ethnies donnant des produits qui sont qualifiés de plus sauvages que le Dingo.
Enfin, au sujet de sa résistance peu ordinaire, Brehm raconte qu'un Dingo avait été capturé et qu'il reçut tant et tant de coups, que l'on croyait tous ses os brisés et qu'il fut abandonné. A peine ses bourreaux s'étaient éloignés que l'animal se releva, se secoua, et disparut dans les buissons.
On peut imaginer, en toute logique que la race du Dingo soit un jour reconnue par la FCI en tant que type primitif, comme le Basenji ou le chien de Canaan.
Essai de Standard
ll existe deux sous-espèces de dingo :
Canis lupus dingo (dingo australien)
Canis lupus hallstromi (dingo de Nouvelle-Guinée)
Le Dingo canis est originaire d'Australie, où les indigènes (Aborigènes) s'en servent comme chien de chasse; mais les colons venus de l'Europe le pourchassent comme nuisible à l'élevage ovin. Seul mammifère à placenta chaud de tout un continent depuis des milliers d'années, il est en voie de disparition due aux tueries des éleveurs. Il y a eu un dressage comme chien de berger, à l'Institut Agronomique de la province du Queensland
- Aspect général: chien moyen, de type Lupoïde, souple et alerte; il se déplace à l'allure caractéristique du trot allongé.
- Tête: longueur moyenne, amincie à partir des yeux. Crâne large entre les oreilles, sillon frontal marqué. Gueule courte s'ouvrant à 90°, lèvres sèches, noires et serrées. Museau en forme de coin. Mâchoire à dentition forte, avec canines supérieures très développées. Yeux fendus en amande, peu de paupières, couleur jaune ou marron clair. Oreilles pointues, bien plantées, larges à la base.
- Les extrémités des pattes et de la queue sont blanches
- Ils portent une tache blanche sur la poitrine et parfois une rayure blanche sur l’arête du nez
Une allure très proche de celle du loup. Son poids varie de 10 à 25 kg environ. pour une taille de 50 à 55 centimètres.
Le dingo aboie rarement. Il gémit, gronde ou hurle.
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