LE DOGUE ALLEMAND

LE DOGUE ALLEMAND

Copyright Joseph ORTEGA

Intro :

Il est l'un des plus typiques représentant de la famille des géants canins grand, beau, fort, musclé. C'est un superbe athlète aux mensurations impressionnantes qui s'impose avec élégance au milieu du groupe des molosses, jusqu’à 90 cm au garrot et même pour le nommé Harvey en 2005 : 1, 05 m.. Ses ancêtres peuvent être reconnus et répertoriés au fil de l'histoire, contrairement à beaucoup d'autres races au passé mystérieux. Chien de combat et de chasse de grande courre au départ, chien de travail en Allemagne il est devenu avec le temps un compagnon de tous les jours d'une grande gentillesse. Les anglais le qualifient de " Gentleman " pour sa physionomie royale pleine de dignité. Cet apollon peut avoir différentes couleurs de robe y compris tachetée de noir et blanc, ce qui en vieux français se nomme " Danoisé ", le nommer " Danois " au sens de provenant du Danemark est parfaitement incorrecte et, seuls les anglais continuent à l'appeler Great Dane (grand Danois).

Classé par la Fédération Cynologique Internationale dans le 2e groupe où se retrouvent les Molossoïdes de type Dogue et de type Montagne,Il a le droit de participer à la compétition canine avec tous les autres chiens,

La race a connu une forte expansion vers la fin des années 70, elle est maintenant moins populaire tout en ayant ses " aficionados ". Il est vrai que les critères de sélection ont largement été modifiés depuis l'époque de sa création et que les sujets actuels ont pris de la taille et du poids En 1912 Angelo Vecchio le décrivait ainsi : " Le Grand Danois (appellation de l'époque), sans être aussi trapu que le Mâtin, a une taille imposante et une forte stature. Il est bien bâti et frappe par son aspect sérieux et fier.
Se trouvent réunies en lui puissance et élégance qui se mêlent harmonieusement. Son allure princière, sa haute taille, la belle proportion de ses membres, ses yeux brillants, sa robe lustrée, ses mouvements pleins de grâce, l'harmonie de tout son corps, son intelligence et sa fidélité font de lui le plus parfait des animaux ". Une description fort élogieuse qui résume assez bien ce bel animal que tout amateur, passionné des chiens, a rêvé de posséder un jour.

RACINES
Il est incontestable que son origine est celle de tous les Dogues, qui sont issus du Dogue du Thibet. On le retrouve chez les Babyloniens, les Sumeriens, les Egyptiens, dans un premier temps. Nous pouvons le voir représenté sur de nombreuses peintures, sculptures et bas -reliefs. Les Hiskos qui vont envahir l’Egypte étaient accompagnés des colosses canins. Les chinois vont en parler en 1. 121 avant J.-C. comme des descendants des dogues du Tibet.
Par la suite, c'est la Grèce et les romains qui orientèrent les molossoïdes vers des types lourds et puissants nommés « Molosse d’Epire » ou « Epeirote », alors qu'en Asie on demandait des sujets plus rapides pour la guerre et surtout la chasse. On peut parler en particulier des chiens emmenés en Europe par certaines peuplades comme les Alains qui donnèrent leur nom à cette catégorie de chiens. Dans le livre de la chasse d'Alfonso XI écrit en 1342, un Dogue est décrit sous le nom " Alano " en Espagne.
Le Comte de Foix du XIVe siècle Gaston Phoebus dira dans son livre de la chasse de 1387 « Un Allant tient plus fort bsa morsure que ne feraient trois lévriers ». Au moyen-âge on distingue donc plusieurs molossoïdes qui sont employés dans la chasse au grand gibier et au fauve, portant le nom d'Alan : L'Alan vautré issu du mot " vautrer " qui signifie à l'époque, prendre le sanglier à la tombée de la nuit lorsqu'ils sont au " vautrer " (lorsqu'ils mangent). Ils sont à l'époque déjà mâtinés de Lévrier. Selon le livre de Gaston Phoebus sur la chasse : " ils ont quelque peu l'allure d'un vilain Lévrier mais avec une grosse tête, de grosse lèvres et de grandes oreilles ". On trouve également, l'Alan noble, dont : " la stature doit être exactement semblable à celle d'un Levrier dans tous les domaines, à l'exception de la tête, qui doit être grosse et courte. Bien qu'il y en ait de tout pelage, le meilleur et le plus courant est le blanc avec quelques taches noires près de l'oreille. Les yeux doivent être très petits. Les narines blanches, les oreilles droites et pointues, aussi pour ce faire on les lui coupe... " On croirait voir en quelque sorte une ébauche de notre Dogue Allemand, y compris pour la couleur. Il est bien entendu que ce type de chien n'existe pas que chez nous et qu'on le trouve à travers toute l'Europe de l'époque, y compris en Allemagne.

On y trouve le Bullenbeisser (mordeur de taureau) qui s'apparente à l'Alan de Boucherie, assez trapu, dont seront issus par exemple, le Rottweiler et le Boxer.
Le Kürsshunde, dont le Dr Gessner (1406) dit qu'il est un chien de chasse très imposant, chasseur puissant mais également très élégant ce qui lui permet de fréquenter les cours seigneuriales.
On retrouve également plusieurs types de chasseurs de sanglier, désignés quelquefois par la fonction qu'ils tiennent, Saurüden ou Canis porcaritus, dont Fleming dit qu'ils sont des " chasseurs de Laie ",le Saupacker ou Hatzrude Saufanger (tueur de Sanglier), ou par le lieu d'origine : Dogue d'Ulm, Dogue de Stuttgart, etc. Sans compter les innombrables Mâtins qui y sont apparentés. Selon Daubenton " on donne vulgairement le nom de Mâtins aux chiens qu'on ne peut rapporter à aucune des races connues, parce qu'ils ont des caractères dérivés de différentes races, et mal exprimés... " On le décrit souvent comme, un chien ayant le museau moins pointu que les Lévriers et qui, croisé avec des chiens courants, peut donner de bons chasseurs de sangliers.
En 1690Antoine Furetière va citer les anglais avec Dog qui signifie chien.
Selon Buffon (1707-1788) le Grand Danois, le Mâtin et le Lévrier ne sont, dans un sens ou dans l'autre, que des variations à partir du type Mâtin. Il dira que les Grands Danois sont des Mâtins alourdis, on les appelle Danois de carrosse car ils accompagnèrent les équipages. Il décrit également un petit Danois et un Doguin.

Le Dogue Allemand serait en fait, issu d'un croisement entre le Dogue qu'on trouvait à l'époque en Allemagne, comme celui de la région d'Ulm (ville du sud de l’Allemagne) et d'un fort Lévrier Anglais (ou Irlandais), afin de lui donner de la prestance. Les plus élégants devenant des chiens de cour " Kammerhund " et portaient un collier en or massif. L'éleveur Otto Friederich, connu surtout pour ses lignées de Bergers Allemands, se vantait d'avoir contribué à créer la race et de l'avoir baptisée " Dogue Danois ", pour éviter la confusion avec le Bouledogue Allemand (Bullenbeisser), qui passait pour avoir mauvaise réputation (déjà à l'époque !). De son chenil Cesar Minka, à Zohna en Prusse il expédia de 1878 à 1886, dans le monde entier, par la voie ferrée environ 3.000 chiens de plusieurs races locales, y compris le Dogue Allemand, ce qui a sans doute contribué à faire connaître ce chien. Le Chancelier Bismarck avait deux Dogues d'Ulm ardoisés, comme beaucoup de personnalités de l'époque, surtout dans la noblesse allemande.
Les premiers sujets seront présentés à l'exposition d'Hambourg en 1863 et c'est en 1877 que la Société Hector de Berlin, constituée d'éleveurs et présidée par le Directeur du jardin Zoologique de Berlin, demandera que la race soit nommée Dogue Allemand « Deutsche Dogge ». Un standard fut élaboré dans cette même ville en 1880 sous la présidence du Dr Bodinus et publié l'année suivante par le comité des Deutsches Hunde, le Stamm Buch décrivant toujours la couleur arlequin sous le terme de Grand Danois.

En France la race fait son apparition avec la création en 1923 d'un Club situé en Alsace le Doggen Club de France.
A cette époque la couleur des robes n'est pas encore correctement fixée, on trouve même la robe grise à taches noires et c'est en 1938 que la dénomination " arlequin " qualifie la robe blanche à taches noires.
En 1884 l'exposition de Paris peut découvrir 22 sujets présentés pour la première fois sur le territoire national. Après avoir pris toutes sortes de noms en Angleterre : Danischer Hund, German Mastiff, Dogue d'Ulm ou Ullmer Dogge, Wildboar Hound (chien de sanglier), Dogge du Wurtemberg, Tigger Dogge, en 1880 il est appelé Grand Danois et la variété préférée est le Danois Arlequin (Harlequin Dane).
Une description faite par Mellin de ces Dogues Grands Danois ou Anglais va nous le situer assez précisément : " Ils ont une apparence agréable, les caractéristiques d'une extrême force et d'une noble et bonne physionomie. Il y en a qui mesurant plus de trois pieds, ils sont très allongés, avec des extrémités fortes, une tête trop grande par rapport au corps et une gueule descendante. Pour faire apparaître la tête plus ronde, on coupe les oreilles aux chiots : leurs couleurs sont jaunâtre ou blanc, avec des grosses tâches, mais jamais rayés ou tigrés. En général, les Dogues anglais n'ont que deux chiots. Le fait et leurs bonnes qualités impliquent beaucoup d'attention pour leur élevage ".
C'est dans l'ouvrage du Comte de Bylandt, publié à Bruxelles en 1897 qu'on trouve les plus belles représentations des sujets de l'époque.
C'est au naturaliste français Buffon que revient le qualificatif "DANOIS" qui a suivi la race y compris de nos jours.
Dans le grand public lorsque l'on voit un Dogue Allemand on le nomme Danois, comme on nomme toujours improprement, labrit, un Berger des Pyrénées ou Patou, un Montagne des Pyrénées. Le premier Dogue en France inscrit au LOF en 1923.
Dans son " Histoire Naturelle " il écrira : " sous l'influence du climat Danois le Lévrier serait devenu ce magnifique chien aux proportions et aux muscles impressionnants ". Il faut dire qu'à l'époque on appelle Danois tous les chiens qui ont un pelage danoisé : " ils ont le plus souvent des taches noires et blanches et, lorsqu'ils sont mouchetés de noir sur un fond blanc, on les appelle arlequin pour désigner cette bigarrure ". On retrouve donc un petit danois qui serait plutôt un Dalmatien, un Epagneul danois qui serait un Epagneul du Bengale.
En 1897, malgré le Club de race allemand qui avait donné le nom de Deutsche Dogge à leur chien (1877), le comte de Bylandt dans sa nomenclature de 1897 persiste à voir deux races différentes : le Deutsche Dogge et le Danks Hunde (Danois).
Plus tard Pierre Megnin (1906) ou Paul Dechambre (1921) nommèrent toujours le Grand Danois et le petit Danois (Dalmatien).
En 1935, profitant de la confusion qui régnait, au congrès de Francfort, le représentant du Danemark essaya de prouver qu'il était bien un descendant du Danks Hunde.
Enfin en 1937 la Fédération Cynologique Internationale se réunit pour tenter de trancher la question, mais sans y parvenir. Il fallut attendre après la seconde guerre mondiale pour que l'appellation Dogue Allemand devienne officielle.
Il n'y a que les Anglais pour le nommer encore Grand Danois. Mme Horsefall le décrit ainsi en 1904 " un Danois doit être grand mais alerte et gracieux, avoir une apparence imposante avec un air de courage et de détermination ignoré chez les autres races. Il doit porter la tête haute sur la courbe gracieuse de son cou puissant et allongé, avoir la gorge nette sans trace de fanons ou de bajoues. La tête est un modèle de beauté dont les principales caractéristiques sont les yeux brillants à la fois sévère et lumineux, les oreilles petites plantées hauts. Le pelage est ras, lisse et luisant, la peau souple et la musculature apparente ".
On remarquera qu'en Italie le Dogue Allemand sera appelé " Alano " ce qui correspond davantage avec ses origines.
En conclusion, on peut dire que l'appellation de Danois viendrait de " Danoisé " du nom de la robe arlequin du Dogue Allemand.

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