" L"Afghan, fier de nature,
L'oeil sombre et dédaigneux
Au rythme balancé
De sa splendide allure,
Suit le chemin tracé
Par ses nobles aïeux."
Mohamed Djaladdin
" L'Afghan... une pluie d'or pâle sur le tapis" Sacha Guitry
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On trouve le lévrier Saluki jusqu’en Egypte, les Sloughis dans le Maghreb, le Tazi et le Kirghize dans l’URSS méridionale, les lévriers indiens avec en particulier le Banjara proche de l’Afghan (Backmull), enfin notre lévrier d’Afghanistan : poil long (Backmull), poil moyen (Kalagh), poil court (Luchak).
Beaucoup de mystères entourent l’origine de ce magnifique lévrier qui se distingue de ses cousins par son opulente fourrure. Certains vont même jusqu’à lui attribuer une origine biblique (Major Mackensie), en le faisant compagnon de Noé sur son arche.
Ce qui lui vaudrait une marque divine sous la forme d’une tâche blanche sur la tête, et le titre de plus vieux chien du monde, un mythe que beaucoup de races désirent prendre à leur compte.
On ne sait pas s’il a échoué avec l’arche sur le mont Ararat en Turquie, ce qui est certain c’est qu’il vient comme les autres d’Asie ou du Moyen-Orient.
Son nom en Afghanistan, où peut-être il fut emmené par Alexandre le grand lors de ses conquêtes, est : Tazi, ce qui signifie « rapide » ou « celui qui court », mais c’est aussi une région au Yémen où vit le peuple Tadjik. A l’époque, les tribus étaient nomades et la coutume voulait qu’on offre des chiens, les plus rapides et les plus beaux. Dans un récit chinois qui parle de la conquête de l’Afghanistan en 125 avant notre ère, il est écrit : « Ils ont des troupeaux qu’ils gardent, élèvent des chevaux, boivent du lait de jument. Leurs chiens sont aussi grands que les poulains du troupeau, noirs et très féroces, leur pelage est long et sur les oreilles a une texture telle que les femmes les tondent comme des moutons et font de cette laine un feutre qui leur sert de coiffure. Quand ils chassent, aucun animal ne résiste à leur férocité et les hommes gardent toujours leur meute en vue ».
Il faut dire qu’on l’utilisait pour la chasse au mouflon du Pamir (Marco Polo), au lièvre, à la chèvre sauvage Maklor, et sans doute en meute à la petite panthère des neiges du Nuristan, ainsi qu’au loup.
Des recherches ont été entreprises dans plusieurs pays pour retrouver des origines certaines, en fait aucun document n’existe jusqu’à ce jour, peut-être parce que la loi musulmane interdit la représentation d’animaux. Selon D. et H. Waters, le lévrier asiatique à poil ras ou frangé existe depuis le IVème millénaire avant notre ère. On peut également penser au lévrier indien aujourd’hui disparu, le Benjara.
Un certain W. D. Drury, auteur de « Britsh Dogs » en 1903, qui avait ramené avec lui des lévriers du Nord-ouest de l’Inde décrit des sculptures datant du 4ème siècle avant notre ère qui représentaient des lévriers, mais personne n’a confirmé cette découverte.
La seule chose qui soit certaine c’est qu’une aquarelle faites par un voyageur anglais en 1809, représente des lévriers Afghans s’apparentant à ceux que nous connaissons aujourd’hui. Sans doute un Saluki à poils longs (Meenah of Jajurh et son lévrier).
En 1923, une expédition archéologique française va étudier des grottes ornées de fresques où on découvre une silhouette de chien datant du Vème- VIIème siècle représentant probablement le Tazi, d’origine Perse.
Le sultan Mahmud de Ghazni aurait même donné ce nom à une ville prés de Kandahar autour de l’an mille en hommage aux lévriers Afghans l’ayant aidé à repousser l’envahisseur indien. Rappelons qu’il y avait en Afghanistan trois sortes de lévriers :
- Le Backmull au poil très long
- Le Kalagh plus fin avec moins de fourrure
- Le Luchak à poil court
On trouvait des noms variés selon les régions : Barukzi ou Brakzaï (famille royale Afghane), le Kundam valley hound, le Baluchi, le Tazi, le lévrier de Balkh, le lévrier de Kaboul.
Plus tard, lors des premiers contacts avec les européens, on distinguera deux grands types :
- Le type du désert et des plaines au format allongé, mince et rapide, de caractère plutôt doux.
- Le type des montagnes plus compact et solide, avec un cou plus court, une tête forte avec un stop marqué des yeux moins obliques, le pelage épais et laineux, le caractère bien affirmé avec un instinct de grade marqué.
Au court du XIXème siècle on a d’ailleurs mélangé les appellations de ce lévrier : Afghan, Barukzi, kaboul, Persan, Baluchi…
En 1931, Croxton Smith dira que le Saluki, en émigrant vers les montagnes de l’Afghanistan s’est pourvu d’une fourrure plus longue pour se protéger du froid. Un émir ira jusqu’à déclarer à Kandahar devant les tribus nomades (Bulletin FALAPA N°16) : « Intelligent, dévoué, courageux, beau et fort, le lévrier Afghan est une bête exceptionnelle que nous sommes fiers de posséder intimement. Par des nœuds que les années multiplièrent et affermirent, son existence s’est unie à la notre. Il fait partie de l’atmosphère même de nôtre pays, et l’âme de la fière terre afghane s’est incorporée en lui ».
En Europe on présentera un premier sujet nommé Shazada ou Gazelle en 1880 à la Cruft's, en 1886, à l’exposition de Bristol, un certain Khelab ressemblant à un Bobtail noir et blanc, ainsi que Afghan Bob qu’on compara cette fois à un mauvais Setter irlandais, Shahzada (gazelle) et Mooroo (femelle), dont les dépouilles naturalisées sont conservées au British muséum d’histoire naturelle (1901 et 1903). Il faut préciser que le fait de vouloir sortir un Afghan de son pays a longtemps été puni de mort et il a fallu attendre le traité de Gaudamak (1879), confirmé par la convention anglo-soviétique, normalement secrète (1907), pour faire du pays un protectorat anglais.
Le premier lévrier Afghan vraiment typé fit son entrée en Angleterre en 1907. Nommé Zardin il avait été ramené de la province de Seistan par le capitaine John Barff et fut exposé au championnat de « Cristal Palace ». on le qualifia de : « Plus beau lévrier oriental jamais vu en Angleterre », et la reine Alexandra voulut absolument le voir.
Il fut employé comme étalon et décéda juste avant la première guerre mondiale. On a gardé de lui des peintures de Arthur Wardle et F. T. Dawsen qui furent utilisées pour la rédaction du premier standard de la race par Miss Evelyn Denyer en 1927.
Celui qui eut l’honneur d’êttre inscrit au Kennel Club pour la première fois, se nommait Baz et était de couleur acajou.
Lors de la première guerre mondiale l’élevage est au point mort et il faudra attendre 1921 pour voir ressurgir des Afghans, grâce au premier élevage en Ecosse, le « Cove kennels » démarré par l’importation de 12 sujets venant des Indes, par Miss Jean Manson et le Major Bell Murray et son épouse. Ces lévriers originaires du Baluchistan (région montagneuse du Pakistan actuel), étaient de bonne taille, certains atteignant 80 cm au garrot, alors que le famaux Zardin ne toisait que 65 cm. C’est Miss Manson qui créera en 1925, l’Afghan Hound Club.
La même année en Angleterre, le Major Amps et son épouse Mary importèrent de la frontière Nord-ouest de l’Inde et de la région de Kaboul, un autre type se rapprochant plutôt de Zardin, ce qui allait lancer la polémique. Dans leur élevage « Of Ghazani », les sujets étaient proches du lévrier des montagnes, comme l’étalon Sirdar of Ghazani qui eut 3 fils et 3 filles tous champions. Sirdar qu’on qualifia de « père de la race » était doté d’une magnifique fourrure rouge avec une queue annelée et une selle naturelle apparente, le digne successeur de Zardin.
Mrs Amps fondera en 1927 l’Afghan hound Association, en concurrence directe de l’Afghan Hound Club à Miss Manson. L’Afghan du désert ou Bell-Murray, très racé avec sa taille de 80 cm au garrot et son pelage épais et en touffes, et l’Afghan des montagnes ou Ghazni, compacte et solide.
C’est d’ailleurs dans la correspondance de Mrs Amps avec Charles Harrison qu’on trouve des détails intéressants indiquant que dans les plaines, prés de la frontière indienne, on pratique de manière courante les croisements entre les lévriers Afghans et Salukis pour obtenir des pelages plus fournis. D’autre part, que dans les montagnes les sujets sont plus petits et ont un pelage naturellement fourni pour se protéger du froid.
La presse anglaise « Dog World » et « Daily Telegraph », dans les années 20, se fera l’écho des dissensions entre les deux types d’Afghans, et progressivement les querelles se tarirent, en même temps que les deux orientations « type montagne » et « type désert » allaient se rejoindre pour élaborer le mélange idéal.
En 1925, un championnat de la race est organisé par le Kennel Club, et lors du premier challenge en 1926, les vainqueurs sont Tajmahip of Kaf à Mrs J. Barton et Ranee à Mrs Jean Manson, tous deux de type Bell-Murray.
C’est en 1927 que sera créé « L’Afghan Hound Association », la première exposition est organisée le 15 juin 1946 au London Drill Hall. La même année en octobre et novembre vont être fondés les deux premiers clubs régionaux : le « Southern Afghan Club » et le « Northern Afghan Club ».
On doit à Mrs Manson de faire reconnaître la race aux Etats-Unis en 1927, et en 1931, « Zeppo » du froupe des Max Brothers va rendre populaire sa chienne « Asra of Ghazani », fille de Sirdar, ainsi que son mâle « Westmill omar ». Au Canada les premiers lévriers Afghans parviennent en 1928.
En Afrique du Sud et en Rhodésie, M. Benjamin R. Spencer commence l’élevage en 1950.
Toujours en 1931, la race fait son entrée au Pays-Bas, grâce à Han Jungeling, ainsi qu’en Allemagne.
En Australie, ils arrivent en 1935 où ils seront accueillis avec réticence étant donné leur réputation de chasseurs.
En France il faudra attendre 1936 pour voir les premiers Afghans importés d’Angleterre par Mlle Bourcey, élevage "De koulangar" : « Nalini of Enrialic » et le mâle « Azura Talib ». Le club de race fut créé en 1939 et les premiers affixes furent : « de Koulangar », « les Ailes », « Khadidja », « Le loiret », « L’oasis aux sumacs », « La goutte d’or »…
On peut citer des champions internationaux comme « Ibn Sina du Loiret » en 1962 à Mme Galiber, ou « Jildrim Moonglow » en 1979 à M. Bernard.
En 1962, un juge anglais, Ursula Rees, tenta à nouveau de séparer l’Afghan en deux types, mais en vain, la taille demeure comprise entre 68 cm et 74 cm au garrot, pour un poids moyen de 27 kg, et le poil est long et soyeux.
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