La silhouette du pointer, tous les chasseurs la connaissent ; ils savent aussi que, parmi les chiens de chasse, il mérite tout particulièrement la dénomination de « chien d’arrêt », puisque l’on peut affirmer que tous les sujets de l’espèce s’immobilisent naturellement en présence du gibier, généralement entre dix et quinze mois, surtout quand on a pris le soin de les sortir de temps à autre dans la campagne. À noter que cette aptitude naturelle facilite d’autant plus leur dressage sur le terrain que, presque toujours, ces néophytes conservent l’immobilité au départ des premières pièces de gibier arrêtées ; qu’il suffit, par conséquent, au conducteur de consolider ces excellentes dispositions.
Certes, le pointer aime passionnément la chasse. Il la pratique avec ardeur. Sa quête est rapide et étendue, ce qui constitue un énorme avantage dans les pays où le gibier est rare, un plus grand espace ayant été exploré au cours de la journée.
D’autre part, ces brillantes et utiles qualités ne nuisent en aucune manière à la docilité, qui est indispensable ; le jeune pointer apprend très vite à revenir, à se coucher, à passer derrière au commandement, et ce à toutes distances. C’est d’ailleurs ce qu’il doit savoir faire avant d’être mis en présence de gibier. « La première chose à leur apprendre, écrivait à ce propos un auteur espagnol du XVIIe siècle, est d’être tellement obéissants qu’ils viendront à leur maître aussi volontiers pour subir une punition que pour recevoir des caresses. Cette base, l’obéissance, devra être enseignée avant de mener le chien dehors. »
Travailleur infatigable, le pointer doit être robuste et doué d’un bon appétit, ce qui lui permettra de résister et de tenir jusqu’à la fin de l’épreuve qui lui sera imposée. N’a-t-il pas démontré, au cours de la dernière saison, qu’il était capable aussi de rendre les plus précieux services, tant au marais qu’à la montagne, puisque ce sont des pointers qui ont été particulièrement bien classés dans les épreuves sur bécassines et sur coqs de bruyère ! N’oublions pas, après tout, que c’est dans les moors d’Écosse, terrains montagneux, très couverts, durs à explorer, où les bécassines voisinent avec les grouses, que les Anglais apprécient tout spécialement les qualités du pointer.
Connu et apprécié en France, vers le milieu du siècle dernier, par quelques très rares amateurs, on peut dire que, pour un plus grand nombre de chasseurs, ce sont des animateurs comme E. Bellecroix et Paul Caillard qui ont été, à compter de 1875, des précurseurs. Ensuite, sur l’initiative de MM. L. d’Halloy, A. Mairesse et Navette, est fondé, en 1891, « Le Pointer-Club français », ayant pour but de favoriser l’élevage des pointers de race pure, de fixer, même d’améliorer ses qualités naturelles en vue de la chasse et d’encourager la pratique des meilleures méthodes de dressage. Ses présidents ont été MM. Navette, d’Arbel, A. Mairesse, F. Dommanget (actuellement président d’honneur), Pommier, F. Path, V. Mairesse. Toujours admirablement administré dans la plus parfaite union par son comité, le Pointer-Club n’a cessé de progresser depuis sa fondation.
V. Mairesse
Le Chasseur Français N°618 Février 1948 Page 15
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