LE TECKEL!
Copyright Joseph ORTEGA
Origine :
Il existe différentes théories sur l’origine de la race, et il faut se méfier des passionnés du Teckel qui ont beaucoup d’imagination pour reculer sa création….
Comme tous les bassets, la sélection a sans doute commencé par une mutation, une anomalie qui a fait naître dans une portée de chiens normaux des individus atteints de nanisme ou d’achondroplasie (raccourcissement des membres). En les faisant reproduire entre eux ou avec la mère on a fixé cette tare génétique pour en faire un critère de race, soit pour son originalité soit pour son utilité (ce qui est le cas des Terriers chassant sous terre).
Sur un bas-relief qui date de 2000 av. J-C en Egypte, on trouve représenté des sujets à jambes raccourcies. Plus tard en 635 de notre ère, une charte Souabe dit : « celui qui tuera un chien qu’on nomme Bibarhunt, qui chasse sous terre, le rendra, et avec lui, sept sous ». Dagobert 1e au VIIe siècle parle dans sa Lex baiuvarium du Biberhund ou chien de Castor. Au XIVe siècle il est question dans divers traités cynégétiques de chiens Terriers ou « Terrars » comme les nomme le Dr Keyes (médecin de la reine d’Angleterre et grand amateur de chiens) dans son de « canibus Britannia liber », en 1570 : « Il y a une robe de chiens que nous nommons Terriers car ils se glissent sous terre pour harceler et mordre le blaireau et le renard ; il les déchirent en morceaux avec les dents, profondément sous terre ou après les avoir tirés à la lumière ». En France le livre de Vénerie de Jacques du Fouilloux représente ces chiens en 1561. En Allemagne, ce chien prend le nom de Dachskrieger, Dachsschlieffer, Dachsel, Dachshund, c’est-à-dire « chien de blaireau », un ouvrage datant de 1719 nous le décrit : « ce n’est pas seulement dans les bois, les champs et les prairies que Dieu plaça toutes sortes d’animaux sauvages mais également sous terre. Pour les chasser l’on utilise une espèce particulière de petit chien, long et étroit de corps, avec des pattes courtes et très puissantes, les oreilles tombantes et généralement de couleur noire avec les extrémités jaunes. Sa passion est extraordinaire, il s’agit là d’un chien de chasse nain ». Il faut dire qu’à l’époque les races n’étaient pas vraiment fixées, les croisements entre sujets du même type ( souvent de pays différents) était chose courante.
Certains pensent que le Dachshund serait issu d’une mutation du Bruno du Jura de type St. Hubert, d’autres, qu’il viendrait d’un chasseur de lièvre de petite taille qu’on trouvait en Suisse et dans le Tyrol appelé Darchsbracke.
Il est probable que le Teckel ait du sang de chiens courants germaniques ainsi que du Pinscher ou du Schnauzer, ce qui est certain c’est qu’au début il n’y avait que des poils courts et que différents Terriers servirent à élaborer la race en dehors des races citées plus haut. Le seul but c’était l’aptitude à l’utilisation réelle et quasi journalière, en particulier par les gardes chasses. Comme Wilhalm v. Dook d’Osterode qui éleva ces chiens en grand nombre à partir de 1860 environ. Le premier standard sera rédigé en 1879 par quelques passionnés et le premier livre sur la race écrit par un autre garde chasse, R. Cornell en 1885. On commence à voir apparaître des sujets à poil long ( en particulier en 1850 chez l’éleveur et garde chasse Count Zeppelin) grâce à des croisements avec le Wachtelhund ( chien d’oiseau), un Epagneul, des poils ras rouge seront produits à partir d’une chienne rouge de Hanovre (chien de sang) par Wilhem Von Daacke. Le premier poil dur apparaît à Berlin en 1883, il s’agit de Mordax v. Wardenburg, d’un élevage de Hambourg. Le seul critère important de sélection à ce moment là étant le poids qui ne devait pas excéder 8 kg. Les nobles et les grands personnages de l’époque commencent par être attirés par ce petit chien plein de fougue typiquement allemand. On peut citer le Colonel Emile Ilgner et le Comte Klaus Hahn qui fondent en 1888 le Deutscher Teckel Klub, mais également Johan Georg II et Leopold d’Anhalt Dassau, le Prince Edouard de Saxe Weimar, le Roi Maximilien 1e de Bavière qui avait une véritable meute de sujets à poil long noir et feu.
En Angleterre le premier Teckel apparaît en 1839 il s’agit de Dashy appartenant à la Reine Victoria et à son époux le Prince Albert de Saxe-Cobourg. Gotha, qui l’avait ramené dans ses bagages. Le Dachshund fut traduit par hound, ce qui fait que la race fut choisie comme chien courant, chien de meute, par erreur, depuis elle y est toujours. Une polémique existe d’ailleurs entre les Anglais et les allemands sur l’appartenance de la race, car chose incroyable le Kennel Club Anglais reconnaîtra la race à l’exposition du Crystal Palace en 1873 et créa le Club en 1881, c’est à dire sept ans avant l’Allemagne. On retrouve des sujets importés vers les USA et le Canada dès 1870 pour la chasse au lapin. William Loeffler de Preston présente quelques Dachshund en exposition en 1880.
En Allemagne, le Teckel devient bien vite une race très appréciée par les amateurs, presque autant que le Berger Allemand. Pour satisfaire une certaine clientèle de chasseurs au Terrier, on fabriquera, par une sélection bien menée, des Teckels de plus en plus petits, presque aussi sveltes que des furets pour chasser dans les galeries, c’est le Kaninchenteckel d’un poids de 3,5 kg. Le Deutscher Teckel Klub publiera un standard officiel à Stuttgart le 8 mai 1925, il sera plusieurs fois modifié.
Le choix du Roi :
Des Teckels il y en a pour tous les goûts, trois variétés de poils : poil ras, poil dur, poil long, trois tailles : Standard ( moins de 9 kg), nain (moins de 4 kg, on le reconnaît par le tour de poitrine qui n’aura pas plus de 35 cm), Kanninchen ( tour de poitrine de 30 cm maximum).
Des couleurs au choix : unicolore ( du jaune au rouge), bicolore ( marron, sanglier, noir et feu). Il faut savoir que l’on recherche chez le poil dur surtout la couleur « sanglier foncé » qui rappelle l’ancêtre Pinscher et Schnauzer. Chez le poil long c’est le rouge soutenu qui ressemble à la couleur du Setter Irlandais. Le poil ras sera noir et feu ou unicolore (rouge). Il n’est pas question ici bien sûr du standard anglais pour le « German Sausage » qui est éloigné de celui du Club officiel allemand.
Pour nous résumer, on peut dire que le Teckel c’est vingt-sept possibilités avec trois tailles, trois types de poids, trois coloris : unicolore, bicolore, arlequin.
Vie sociale et éducation :
Il y a autant de choix dans les psychismes que dans les physiques, les poils longs sont plus attirés par le maître et la douce chaleur du foyer que par l’extérieur, alors que les poils ras et les poils durs sont demandeurs pour les promenades en forêt ou pour la chasse par tous les temps. On peut dire que d’une manière générale ces petits personnages sont adaptables à différents mode de vie et, savent passer de la ballade tranquille en pleine ville, à la poursuite effrénée parmi les ronciers d’un lapin de garenne. C’est un chien de famille adorable par bien des côtés, sa taille peu encombrante, l’adoration qu’il porte à ses maîtres, son goût du jeu et de la participation, son calme relatif et sa patience. Le plus têtu et le plus « boche » demeure le poil dur dont l’un des ancêtres est un Terrier, le Dandie Dinmont, ce qui lui vaut ce tempérament guerrier.
Il est évident que pour être apte à combattre un blaireau de 16 kg, lorsque l’on pèse moins de 8 kg il faut faire preuve d’une bonne dose de combativité et de courage et demeurer insensible aux blessures.
Ce cabochard peut être éduqué sans trop de problèmes, si on sait le faire participer sous forme de jeu aux exercices, ce qui signifie que si pour mettre en place la hiérarchie dans la maison, il faut être ferme, pour lui apprendre l’obéissance on doit demeurer très souple et ne jamais recourir à la brutalité. Ce chien naturellement gai et espiègle ne demande qu’une chose c’est faire quelque chose qui éveille chez son maître un intérêt et qui lui vaut une récompense. La première chose à lui faire comprendre c’est que c’est le maître qui dirige et qu’il doit revenir immédiatement au premier rappel, même si l’instinct lui commande de poursuivre le chat du voisin ou les animaux qui croisent sa route lors des promenades en forêt. On obtient le retour sans faille, si on répète chaque jour avec des friandises, la balle de jeu ou au moment sacro-saint de la gamelle.
Avec les enfants il est toujours prêt à toutes les facéties et accepte volontiers d’être sollicité, manipulé, pris dans les bras, il faudra pourtant leur faire comprendre que ce n’est pas un jouet et que si on lui fait mal il risque de ne pas apprécier.
Il lui faut un maître qui soit souvent à la maison car il supporte mal la solitude, quelqu’un qui s’occupe de lui sans excès et qui aime les promenades dans des lieux variés, loin de la ville si possible, afin qu’il s’ébatte en liberté.
Chien de sport et de chasse :
On le retrouve en Agility, bondissant allégrement au-dessus des obstacles, la queue frétillante, pour le simple plaisir de faire de l’exercice physique.
En obéissance, il peut devenir cabochard si on exerce de la pression et il accepte assez mal de rester aux ordres trop longtemps, sauf si on l’a éduqué par des méthodes ludiques.
En Allemagne on s’en sert pour la recherche au sang afin de retrouver le grand gibier blessé, que ce soit lors d’épreuves sur trace artificielle ou sur une trace naturelle.
Il peut servir à la menée à voix sur lièvres, suivant la piste en aboyant.
Lors de la quête au bois et dressage, il sera l’auxiliaire pour la chasse à tir en forêt. Dans son pays il exécute également l’épreuve multiple (wielseitgheits) qui a lieu sur deux jours et trois disciplines : la menée à voix sur lièvres, la quête au bois et dressage, la recherche au sang.
Les épreuves de chasse sous terre sont celles qui lui on valu le nom de Dachshund ou chien de blaireau, cette fois il doit être capable de rentrer dans un terrier et d’en retirer le lapin, rôle qui revient au Teckel nain et au Kanninchen. Il peut également être mis sur terrier artificiel à la recherche du renard où seront jugés, son mordant, sa ténacité et son courage.
Pour les amateurs de chasse le pedigree mentionne des indications sur les ascendants selon différents sigles qu’il faut savoir déchiffrer :
BhDN :épreuve de chasse sous terre au terrier naturel avec blaireau.
BhFK : épreuve de chasse sous terre au terrier artificiel avec renard.
BhFN : épreuve de chasse sous terre au terrier naturel avec renard.
KschIH : épreuve de traînée et retirer le lapin hors du terrier.
KSprN : épreuve au cours de laquelle il a fait sauter le lapin.
Schwhk : épreuve de recherche de grand gibier blessé sur piste artificielle.
Schwhk/40 : épreuve de recherche de grand gibier blessé sur piste artificielle de 40 heures d’âge.
SchwhkN : épreuve de recherche de grand gibier blessé sur piste naturelle.
SP : épreuve de menée à voix
St : épreuve de quête au bois
SW : épreuve de recherche au sang de grand gibier blessé sur piste artificielle organisée sous la responsabilité du Jagdebrauchshund verband ( Allemagne)
Tv : chien hurleur à la mort
Tw : recherche libre avec retour au maître
VP : épreuve multiple de chasse sur terre.
Entretien et santé :
Son pelage :
Pour l’entretien de son pelage il faudra s’astreindre à un toilettage régulier. Pour le poil long un bon brossage deux ou trois fois par semaine suivi par un lustrage avec un chiffon de flanelle et la vaporisation d’huile, gardera sa robe brillante et en bonne santé.
Le poil ras n’a pas besoin de plus d’un brossage avec une brosse douce, une fois par semaine.
Le poil dur est le plus difficile car il exige une attention particulière, qui demande un coup de main adroit selon la technique du « Trimming ». C’est-à-dire l’épilation à la main ou avec un couteau spécial afin d’éliminer le poil mort et faciliter la repousse.
Sa santé :
Ce sportif est très robuste il est fait pour l’action et le travail dans des conditions extrêmes, il faudra néanmoins veiller à le sécher correctement dès l’arrivée à la maison.
Certains peuvent souffrir de problèmes de dos, une affection qui touche la colonne vertébrale, en particulier l’hernie discale qui mène à la « paralysie du Teckel ».
Cette maladie peut être génétique mais vu la longueur du corps certains facteurs peuvent être favorisants comme le manque d’exercice, la surcharge pondérale, l’excès d’exercices violents au jeune âge et peut-être un environnement humide et en plein courant d’air.
Le choix du chiot :
On s’adressera à des éleveurs reconnus et recommandés par le Club de race, ensuite on visitera différentes portées de chiots avant de faire un choix. La mère doit être parfaitement équilibrée, ce qui est une bonne garantie pour le caractère futur des chiots.
Tenez compte des résultats en exposition de conformité au standard et aux épreuves de travail des parents, avant d’opérer un tri parmi la bande de joyeux drilles que l’on va vous présenter. Le chiot doit rechercher le contact et venir spontanément vers vous pour vous saluer. Compte tenu des problèmes inhérents à la race ne prenez pas un sujet avec le dos trop long ou avec les membres antérieurs tournés vers l’extérieur, si c’est un poil long la fourrure doit être bien épaisse, le poil dur doit être pourvu d’une barbe et d’un pelage hirsute y compris sur les pattes.
L’évolution de la race :
C’est le Club allemand du Teckel (DTK) qui fixe le standard de la race de manière officielle, le premier a été établi à Stuttgart le 8 mai 1925, il sera rectifié le 29 novembre 1946 à Mülheim, le dernier date du 12 Mai 1999.
Il est noté « d’un naturel aimable, ni peureux ni agressif, d’un caractère équilibré, chien de chasse passionné, persévérant, vif et fin de nez ». Rappelons que c’est la seule race de chiens a avoir son propre groupe (groupe 4) dans le classement de la Fédération Cynologique Internationale et qu’il existe en trois tailles différentes : Teckel, Teckel nain et Kanninchenteckel (Teckel de chasse au lapin) ; et en trois variétés de poil : poil ras, poil dur et poil long.
Il semble qu’en France c’est la variété à poil dur qui soit la plus demandée si on observe les statistiques du nombre d’inscriptions au Livre des Origines Français (L.O.F.)
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