« Il n’y a pas de psychiatre au monde comparable à un chien vous léchant le visage » Ben Williams
« Le premier plaisir que l’on éprouve dans la vie et celui qui reste toujours prioritaire, est le contact d’un autre corps » Dilys Powell
« La peau est ce qu’il y a de plus profond en nous » Paul Valéry
Presque toutes les études faites sur le sujet, ainsi que les évaluations en situation de la part de nos utilisateurs de chiens visiteurs, tendent à prouver que les bénéfices obtenus sur la santé physique et mentale sont effectifs.
Comment s’en rendre compte : augmentation ou diminution pouls et tension artérielle, sourires, détente des paupières, larmes de détente, soupirs, respiration plus ample, position relâchée des membres, décrispation des mains, éveil de l’attention, recherche de l’interaction, diminution ou arrêt des cris, temps de silence, évocation de souvenirs…
Le toucher est souvent classé comme le sens le plus important. C’est des récepteurs et corpuscules (50 par mm2 de peau), surtout au bout des doigts. Il nous protège de l’environnement et nous permet le contact avec celui-ci. Il existe chez le bébé dés le second mois de grossesse, il a déjà besoin de caresses, pressions, bercement, massages pour être rassurer dans son liquide amniotique.
Par la suite le petit d’homme comme le petit de canidé a besoin de contacts, d’interactions, de tendresse, de la part de sa mère pour pouvoir se développer normalement. Le toucher est apaisant, rassurant, relaxant, aidé en cela par les odeurs qui émanent de la mère sous forme de phéromones (chez le chiot les apaisantes sont fabriquées au niveau du sillon inter mammaire, il peut les capter lorsqu’il tète).
Harlow a pu démontrer que le jeune singe élevé sans sa mère préfère un mannequin avec une fourrure douce et chaude à un mannequin en métal avec un biberon.
Le « doudou » apaisant de l’enfance devient souvent pour l’adulte un animal que l’on peut caresser sans risquer la mise à l’index de la société (imaginons JP Belmondo répondant aux interviews avec dans le bras un nounours à la place de son Yorkshire !). Il n’y a pas vraiment de tabou concernant les caresses que l’on peut faire à un animal, alors que si on devait le faire à un humain on aurait l’impression de violer son espace intime mis en évidence par la proxémie (de 40 cm au contact, réservé aux très intimes).
Comment marche le sens tactile ?
La sensation tactile se compose du toucher, de la pression, vibration, démangeaison, chatouillement. Il y a des récepteurs à adaptation rapide (corpuscules de Ruffini) et des récepteurs à action lente (corpuscules de Meissner). Les récepteurs sensitifs sont des cellules nerveuses spécialisées qui transmettent un message au cerveau sous forme d’influx nerveux, ce qui donnera des sensations. Chaque personne perçoit l’univers de manière différente.
La peau. Elle se compose:
- De l’épiderme : la couche basale composée de cellules qui se renouvellent tous les 28 jours.
- Du derme qui est très vascularisé et innervé
- De l’hypoderme par où passent les nerfs et les vaisseaux
Elle a un rôle de protection contre les corps étrangers, protection immunitaire, mécanique rayonnement solaire, thermique, et enfin un rôle sensoriel
Corpuscules de Meissner : parties du corps sans pilosité, pulpe des doigts. Réactions rapides aux stimulations, pressions, vibrations
Corpuscules de Pacini : réactions aux changements de pression (jointures), paume des mains et plantes des pieds
Corpuscules de Merkel : réactions aux pressions constantes et continues
Corpuscules de Ruffini et Krause : froid, chaud, pression, douleur
Nocicepteurs ou récepteurs de la douleur
La perception sensorielle participe au sens de l’équilibre, à la sensation du mouvement exécuté.
Chez le chien la sensibilité tactile est sollicitée avant la naissance (dés 24 à 25 jours chez le fœtus ), ensuite bien plus que chez le bébé humain, la mère lèche le cordon ombilical après l’avoir coupé, elle nettoie les mucosités qui peuvent obstruer le nez et la bouche, elle stimule les fonctions respiratoires, elle incite à la défécation et à uriner en léchant le périnée (car le chiot n’a pas encore ce réflexe), elle fait la toilette, le ramène contre la mamelle (le chiot a le réflexe de fouissement pour passer sous sa mère et téter), va le chercher dans sa gueule si on l’a éloigné et qu’il pousse des cris de détresse.
Le chiot communique avec ses frères et sœurs par le contact, c’est une source de bien-être par la chaleur et la douceur des fourrures. Il va vite apprendre à lécher et à mordiller doucement. Plus tard c’est au niveau du museau qu’il sera le plus sensible, grâce à ses moustaches ou vibrisses (également sourcils, menton, joues) qui se terminent par les corpuscules tactiles de Meissner (pression et vibration) et de Vater-Pacini (perception somesthésique).
Les loups consacrent du temps à des interactions tactiles entre congénères avec léchage, frottement, épouillage symbolique, y compris avec le dominant qui se couche sur le dos, même si ces comportements sont le plus souvent initiés par les subordonnés. Tout ce qui permet d’entretenir l’attachement et la cohésion sociale par la communication tactile (on peut évoquer également les hurlements collectifs qui s’apparente à la chorale chez les humains).
Chez les jeunes les jeux sociaux peuvent prendre l’allure de combats mimés qui permettent de tester leurs aptitudes à la communication et à la capture de proies.
Chez le chien, animal macrosmatique par excellence, qui vit dans un monde d’odeurs, on ne peut oublier l’importance de l’olfaction. Il reconnaît un congénère, son degré de maturité, son statut, son état sexuel, par les phéromones qui sont l’odeur de l’espèce qui émanent des glandes. Ce qui va l’inciter lors d’un contact avec une personne inconnue de la renifler et d’en tirer des enseignements comme un état émotionnel, la peur.
Les signaux de peur peuvent provoquer chez lui l’inquiétude accompagnée de menace ou de fuite. A noter que l’on peut l’éduquer pour rendre service aux humains qui souffrent de pathologie comme la détection des crises d’épilepsie, d’hypo ou d’hyperglycémie.
L’apprentissage du contact avec l’homme se fait à la période sensible du développement psychomoteur du chiot qui correspond à l’imprégnation des espèces amies en plus de la sienne, entre 2 et 12 semaines de vie.
Ce qui implique des manipulations répétées, des caresses de manière quotidienne, pour considérer l’homme comme non nuisible. Pas seulement les adultes connus ou inconnus (homme et femme) mais les enfants de tous les âges.
Ce contact doit se poursuivre avec l’arrivée chez le maître (sorties en ville et école du chiot), sous peine de voir apparaître une désocialisation, par exemple un chiot malade qui ne sort pas.
Sinon le futur chien ne supportera pas l’approche d’une personne étrangère et l’instinct de survie exigera l’évitement, la méfiance, quelquefois même l’agressivité pour faire fuir ce qui lui fait peur.
Enrichir et développer les aptitudes sensorielles permet de distinguer les réalités différentes du monde qui l’entoure et dans lequel il aura à évoluer.
L’apprentissage cognitif Méthode Naturelle) est basé sur la réflexion et l’exploration de ses sens pour résoudre des problèmes : analyser, classer, ordonner, tester par les yeux, le nez, le contact, jusqu’à la solution récompensant. Les parcours sensoriels en fréquentant l’école du chiot (couloir à stimulations, tunnels, pont suspendu, sols différents, boites à odeurs, sons variés…).
Entre le chien et son maître, si on pratique la Méthode Naturelle en éducation, il est indiqué de bander les yeux du maître et de lui faire explorer le corps de son chien en situation de détente (on peut lui demander de mettre des gants et un bandeau sur les yeux et de tenter de reconnaître son chien parmi plusieurs), puis de lui faire pratiquer les exercices basiques comme la marche au pied, les positions assis, couché, etc.
Ceci à l’aide de la motivation (récompense) dans la main, bien entendu. Ce qui permettra de resserrer les liens entre les deux espèces, et s’il s’agit du chien visiteur, de le préparer à des futurs contacts un peu maladroits avec des personnes étrangères.
Le rapport de l’homme au monde animal persiste malgré les centaines de générations qui se sont succédées, on peut même dire que si quelqu’un ne sent pas du tout concerné par le monde animal c’est qu’il a un problème !
A la préhistoire l’homme portait de la fourrure, en outre il avait une pilosité importante, l’épouillage ou toilettage symbolique entre individu avait une importance énorme pour créer ou maintenir les liens sociaux, rassurer, apaiser les conflits.
Le contact est donc un phénomène naturel qui existe depuis toujours, y compris avec le plus ancien compagnon animal. Le touché est mal perçu par les civilisations occidentales actuelles car on confond toucher et sexualité. Si une personne vous touche par inadvertance elle va être gênée et présenter des excuses.
Le toucher détente
Le toucher est le premier sens de l’humain et c’est sans doute le dernier qui reste l’âge venant.
Le bébé qui n’est pas touché se laisse dépérir (étude de Spitz sur l’hospitalisme). L’expérience tactile de l’enfant va influencer ses comportements d’adulte.
Confort, sécurité, bien-être, plaisir, un animal très calme que l’on peut caresser signale dans l’inconscient de la personne l’absence de danger (pas de signaux d’alerte), ce qui contribue à la détente.
Pour les gens qui ont une phobie des chiens l’approche et le contact entraîne répulsion, agression, menace…
Le toucher ou contact grâce au sens tactile est utile pour explorer un objet par exemple ou pour percevoir une sensation : froid, chaud, contact, douleur, pression.
La relation avec l’environnement, avec tout ce qui est à l’extérieur.
Il sert à entrer en contact, à condition que l’autre accepte, il s’agit d’une confiance réciproque.
Dans le langage courant :
« Entrer dans la peau d’un personnage »
« Caresser dans le sens du poil »
« Avoir quelqu’un dans la peau »
Katcher, psychiatre américain, parle d’une forme de toucher particulière qu’il nomme « Idle play », le jeu distrait. Lorsque la main vient caresser machinalement le pelage de l’animal et que la personne éprouve des sensations agréables qui peuvent l’amener à un état de rêve éveillé.
Le toucher c’est: communiquer- rassurer- apaiser- découvrir- reconnaître…
Chez les personnes qui ont du mal à communiquer le toucher accompagne la parole, il devient communication non verbale comme la voix ou les postures, d’autre part les interactions avec l’animal répondent à des besoins émotionnels fondamentaux.
C’est une forme de langage quand la parole est absente ou incompréhensible, le patient peut avoir du mal à s’exprimer, il s’énerve parce que son interlocuteur ne le comprend pas, il risque même de devenir très agité. Avec le chien pas de problème, les paroles sont superflues, c’est le contact qui compte, il donnera les mêmes léchouilles que la personne s’exprime avec distinction ou si elle ne peut le faire.
Les psychiatres Corson ont pu démontrer que la présence d’un chien auprès de malades schizophrènes, pouvait avoir des répercussions très bénéfiques. D’autre part il permet de calmer et de servir d’intermédiaire, de médiateur entre le soignant et le malade. Grâce au toucher, certains malades peuvent prendre conscience de leur corps, on lui apprend à respirer, à bouger, à se toucher ou à être touché.
Le besoin de sensation tactile est un besoin organique essentiel. Il devient un outil thérapeutique que le soignant peut utiliser pour faire passer les messages importants, à condition de veiller à son bien-être et à ne pas le couper de sa « nature » (rappelons qu’une intervention de chien visiteur ne doit jamais excéder 20 mn).
Témoigne de la sollicitude, rassure, contribue à diminuer le sentiment de solitude, d’abandon...
Il y a selon les cas, le toucher relationnel ou le toucher thérapeutique.
Chez les diabétiques le toucher diminue le cortisol et augmente la résistance à l’insuline, donc ils ont besoin de moins d’insuline.
Il augmente les défenses de l’organisme.
Il apaise le système neurologique donc il donne de meilleures défenses immunitaires.
Lécher la main de l’enfant autiste, donne la conscience de l’autre et sert de médiateur comme a pu le démontrer Levinson.
Caresser un chien diminue le métabolisme de base, les pulsations cardiaques, le tonus musculaire chez les coronariens (les cardiaques).
Il permet la stimulation des fonctions cognitives et sensorielles, des habiletés perceptivo motrices
Attention certaines personnes ne supportent pas le contact
Ceux qui souffrent d’une douleur neuropathique par lésion du système périphérique (diabète, zona, hernie discale, amputation…) ou du système nerveux central (accident vasculaire cérébral, sclérose en plaque, traumatisme de la moelle épinière…) Un simple effleurement peut entraîner retrait et cri !
Voir mon livre « LE CHIEN VISITEUR » en tant que créateur et président de l’association sans but lucratif