Berger des Pyrénées lors de la Grande Guerre!

Le 5 janvier 1917, une instruction ministérielle institutionnalisait pour la première fois le chien de guerre L’armée française a mobilisé au total 15000 chiens durant la guerre 1914-18.

RECRUTEMENT DES CHIENS (texte de l'époque)
" — La société agréée recrutera des chiens par ses propres moyens sans que l’administration de la guerre intervienne dans ses opérations et prenne une responsabilité quelconque du fait de ses agents. II lui appartiendra, en cas d’accord avec des propriétaires de chiens, de s’entendre avec eux pour que les chiens soient amenés, au jour et à l’heure nécessaire, à une gare chemin de fer.
— La société remettra au propriétaire un reçu de l’animal livré. Les propriétaires des chiens ainsi remis devront être prévenus, par les soins de la société, que l’administration de la guerre n’accepte aucune responsabilité pouvant résulter du sort subi par ces animaux, à compter de leur mise à la disposition des armées.
— Pour recruter les chiens à mettre en dressage, chaque société procédera, autant que possible, par tournées de recrutement"

Le berger des Pyrénées est très peu connu avant la Grande Guerre, il reste régional, on peut dire que malgré les malheurs de celle-ci, c'est par elle qu'il va l'être. Avant 1916, date d'incorporation du vrai berger des Pyrénées, c'est surtout le Labrit, ou berger des plaines qui est connu. Un professeur d'agriculture de Seine et Marne, M. Joubert, va créer la surprise en ramenant des bergers des Pyrénées vers 1910 près de Paris. Après la guerre, la race qui avait été appréciée pour ses aptitudes fut reconnue en Angleterre par la Kennel Club en 1946.

C'est le Commandant Malric, le Sous-lieutenant Paul Mégnin et le vétérinaire Héroult qui sont chargés de sélectionner les chiens de guerre, dans les Pyrénées c'est Théodore Dretzen qui va se charger de les recruter.

Dans les Pyrénées, ils réquisitionnent les Montagnes des Pyrénées pour le transport ou l'attelage et le berger des Pyrénées pour la garde, comme chien sanitaire pour retrouver les blessés, mais surtout comme chien de liaison.

Son principal travail était donc chien de liaison, porter un message mis dans un tube attaché à son collier. Porter le message et rapporter la réponse en retrouvant son conducteur, ou bien rejoindre son conducteur avec un message.
On peut également utiliser la technique du pistage avec un liquide que l’on répand sur le tracé à parcourir pour qu'il rejoigne la personne en question.

Les Allemands utilisèrent dès 1886, les Loulous de Poméranie comme chien de liaison d'abord porteurs de messages dans une petite sacoche de cuir attachée au collier, puis dans un harnais avec deux sacoches de cuir.

Le berger des Pyrénées a été choisi comme chien de liaison pour différentes raisons, d'abord sa taille bien sûr pour éviter le tir de l'ennemi, ensuite sa rapidité de déplacement, puis sa capacité de prendre des initiatives pour arriver à son but. Il permit de sauver un grand nombre de vie humaine, d'une part en évitant aux soldats de se déplacer, d'autre part en apportant les messages importants.

Par exemple à Verdun, 17 soldats se firent tuer en essayant de porter les messages, un chien allait faire des aller-retour à plusieurs reprises avant d'être finalement touché par un éclat d'obus.

Le 21 novembre 1918, une circulaire ministérielle démobilisait les chiens de guerre (plus de 5300 étaient morts ou disparus) : les animaux furent rendus à leur propriétaire, voire réutilisés à d’autres fins. Certains échouèrent dans des sociétés de protection animale. D’autres, devenus embarrassants, furent abattus. On a estimé le retour à, un chien sur quatre.

Une circulaire du 28 septembre 1920 prévoir maintenant la présence dans l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie de 4 chiens par corps. En 1922, le Ministère de la guerre organise un concours de chiens de liaison à Vittel.

A Pau en 1921, le colonel Tolet va fonder le club de race "Club Français du chien de Berger des Pyrénées", n'oubliant pas le face rase.
Il faut savoir que c'est le 11 février 1923, que la réunion d'amateurs et d'éleveurs de la race vont établir un standard à Tarbes, surtout pour le différencier du Labrit, le club "Réunion des Amateurs de Chiens Pyrénéens" est géré par Sénac-Lagrange qui incorpore le montagne des Pyrénées. 1925, la race est reconnue par le Club Français du Chien de Berger, l'annèe suivante par la SCC.

Pour les prestations du berger dans les Pyrénées lors de la guerre, on aura différentes estimations. Déjà par J. Dhers (originaire des Pyrénées, sa famille en possédant depuis 3 générations) : "" En ma qualité d'ancien officier dresseur du Service des chiens de guerre, il est de mon devoir de proclamer hautement que c'est la race du petit Berger des Pyrénées qui a fourni à l'armée les chiens de liaisons les plus intelligents, les plus roublards, les plus rapides et le plus habiles".

Ensuite par Sénac-Lagrange: "On peut dire justement que nulle autre race n'a payé plus largement la rançon du sang, et c'est là un titre dont il y a lieu de tenir compte.".

Paul Mégnin, sous-officier: « Les bergers des Pyrénées étaient des chiens fort intelligents qui comprirent très vite ce que l'on exigeait d'eux, et devinrent d'excellents, réguliers et sûrs chiens de liaison. ».

Quelques témoignages:

- L'un des plus braves des chiens de liaison fut Pastou, n° 1163 B: « Une compagnie d'infanterie attaquée par des forces très supérieures, lors de l'offensive allemande de mars, allait être encerclée. Un triple tir de barrage empêchait toute retraite. A trois reprises, le commandement de la compagnie avait détaché trois coureurs qui furent tués les uns après les autres. Il envoya au chef de bataillon, la chienne porteuse du message indiquant la situation critique de la compagnie pour accomplir un trajet de 3 km. A son arrivée au PC, le chef du bataillon envoya immédiatement du renfort et les 48 hommes qui constituaient le reste de l'effectif purent être dégagés ».

- D'un général: « Pendant les attaques allemandes de juillet 1918 en Champagne, les chiens ont rendu, sous le feu, d'excellents services et ont épargné des vies humaines. La liaison difficile entre
l'infanterie et le groupe d'artillerie a pleinement réussi grâce au chien, dans une bataille
extrêmement dure au point de vue du bombardement. Ce système sera généralisé encore
davantage et des liaisons seront établies entre le commandement du groupe, les observateurs
éloignés et les batteries. Ces liaisons par chiens sont encore plus utiles dans l'artillerie que
dans l'infanterie, en raison de leur rapidité et de la pénurie des coureurs »

- Le chien de liaison Lundi et son conducteur furent cités à l'ordre de leur régiment.

- Le chien Jacquot reçut la croix de guerre.

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