Les besoins psychologiques du chien-guide d’aveugle

Malgré les services immenses qu'il rend à son maître le chien-guide d'aveugle reste un chien, il ne faut pas l'oublier...

Les besoins psychologiques du chien-guide d’aveugle Joseph ORTEGA -

Le chien guide-d ’aveugle n’est pas une prothèse
- Il n’est pas une mécanique - Il n’est pas un être humain, encore moins un enfant
- C’est une espèce différente avec ses instincts et une intelligence propre, qui répond comme l’homme, à un équilibre avec le milieu pour son bien-être psychologique.
- L’ancêtre du chien est le loup, le chien a hérité de lui des instincts, c’est-à-dire des séries d’actes qui apparaissent, soit par rapport à son développement psychomoteur, soit par rapport à un signal de l’environnement.
- Les instincts sont des actes plus ou moins complexes, pré adaptés qui répondent en général aux besoins de l’individu face à une situation ou par rapport à une stimulation interne.
- Les instincts ont été acquis au cours de l’évolution de l’espèce, ils existent chez tous les chiens même chez eux qui n’ont plus d’existence « naturelle ».
- Pour qu’un individu soit « bien dans sa tête » il faut obligatoirement que ses comportements instinctifs puissent s’exprimer d’une manière ou d’une autre.

- Les expériences prouvent qu’un animal qui vit sans pouvoir les mettre en fonction va être sujet à des troubles divers

1) visibles extérieurement : aboiement, gratter, tourner en rond, manger sans arrêt, uriner n’importe où, etc.

2) non visibles : ils touchent la sphère psychosomatique, comme les ulcères à l’estomac, les eczémas rebelles, etc.

- Il faut se représenter ces instincts comme une somme d’énergie qui doit sortir de l’individu, si elle ne le fait pas à travers des comportements instinctifs, elle va ressortir de manière anarchique dans des comportements hors-normes, aberrants, stéréotypés, qui n’ont rien à voir avec la situation, ou pire encore, se distribuer dans l’organisme et commettre des dégâts quelquefois invisibles extérieurement.

Le chien guide et son tempérament : Chaque individu est différent, même à l’intérieur d’une même portée, son tempérament (sa « personnalité ») va être constitué par un ensemble de caractères innés, une somme d’habitudes et de conditionnement, des apprentissages inculqués par l’homme.
Le chien-guide d’aveugle est choisi pour avoir un tempérament très stable, une bonne homéostasie avec le milieu où il doit vivre, une résistance émotionnelle aux stress de l’environnement, en dehors des capacités d’apprentissage, de mémorisation, de généralisation, d’initiatives « intelligentes »…
Le fait que le chien-guide soit castré (libération d’hormones androgènes chez le mâle, œstrogènes chez la femelle) va diminuer fortement les tendances à exprimer les instincts.
Dans la nature, les individus dominants, avec le meilleur bio tonus, sont ceux qui ont un taux d’hormones plus élevé. Il n’en reste pas moins que le chien-guide est un chien et s’il ne lui est pas nécessaire de mettre en fonction ses instincts de manière puissante, il doit néanmoins le faire absolument pour son équilibre psychique et physiologique.

- Les relations avec son maître doivent être harmonieuses : Le chien ne peut être dissocié de son maître et dans toute étude de son comportement on doit tenir compte du binôme, avec les innombrables interrelations qui circulent entre eux en permanence.
1 - Le maître ne doit pas être brutal : Il brise l’équipe et enlève à son chien toute volonté pour les initiatives pendant la conduite, il va le pousser à être en état de détresse permanente.
2 – Le maître ne doit pas être trop laxiste : Il doit exister de manière claire un rapport de dominance, sans exagération. Cela passe par les habitudes de vie : Les repas après le maître ou dans un autre lieu, ne pas mendier à table. Il dort dans un panier ou sur sa couverture et non sur le lit, pour certains chiens la chambre est interdite. Il ne mordille pas. C’est le maître qui prend l’initiative pour les sorties, le début ou la fin du jeu, etc.
3 – Le maître ne doit pas être indifférent : Le chien n’est pas une machine, c’est un être sensible ainsi qu’un animal social très à l’écoute de son maître. Être ignoré, c’est être mis à l’écart du groupe, ce qui provoque une angoisse latente.
- Les besoins de stimulations :
- Quantitatifs : Le chien doit pouvoir faire le plein de stimulations et exprimer son énergie, de manière régulière et en liberté.
Pour un chien guide, on peut estimer selon le tempérament, que la durée journalière de cette détente, doit nécessairement être comprise entre 30 minutes et 1 heure par jour.
Le maître doit trouver avec l’aide d’une personne voyante le lieu propice où il n’y a pas de risques. Une fois cet endroit reconnu, le maître s’y rend chaque jour avec son chien, retire le harnais (conditionnement de travail). Les risques peuvent être représentés par la proximité d’une route passagère, de chiens potentiellement agressifs lâchés à cet endroit, la présence de détritus ou de crottes.
Si le maître ne peut assurer cette détente, il doit avoir recours à une personne connue du chien.
- Qualitatifs : Un espace clôturé, assez vaste, où il y a des buissons, des arbustes, des arbres pour renouer avec la nature (chien de la ville qui vit dans un univers de béton).
Le besoin d’exploration et d’activité en liberté est vital chez les canidés. Pour exprimer l’énergie et les instincts naturels un simple jeu avec une balle est à la portée de tous les maîtres.
L’humain considère cela comme un jeu, chez le chien, l’impact psychologique est énorme. Lorsqu’il court derrière la balle il poursuit une proie, lorsqu’il la saisit et la secoue ou la mâchonne il tue sa proie, lorsqu’il la rapporte à son maître il est en action de coopération dans la meute…
Lorsque cela est possible, le maître peut faire quelques exercices d’obéissance (sans harnais et en liberté) accompagnés de jeu. Marche au pied avec jet de la balle au bout de quelques pas, demander les positions Assis, Couché, debout avec jet de la balle, rapport de la balle à l’ordre où le chien attend le signal du maître pour s’élancer, etc.
Pour les maîtres volontaires ayant un chien avec un peu de tempérament et bien à l’écoute, il serait parfaitement possible de faire des concours d’obéissance. Il reste à mettre en place un encadrement au départ par des éducateurs, par la suite le maître peut faire ses entraînements seul. A l’heure actuelle c’est le seul programme de compétition canine, à la portée des non – voyants, où il ne soit pas nécessaire de faire des aménagements du règlement par rapport à leur handicap.
Le fait de jouer ou de pratiquer des exercices n’enlève rien à la prestation du chien comme guide, dès qu’il est équipé du harnais il reprendra son exercice de conduite avec le maître avec la même qualité.

Un chien qui dépense son énergie en quantité et en qualité suffisantes, est un chien bien dans sa tête, en bonne santé physique et psychique qui ne peut être sujet à des troubles du comportement.

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