Avant de tenter d'analyser le comportement de souffrance d'un chien abandonné, il est bon de donner quelques avertissements aux maîtres futurs "abandonneurs". Si un seul chien échappe à cette situation, j'aurais fait œuvre utile.
Le temps de réflexion
Il ne faut pas s'exposer au "coup de foudre" en allant visiter les crèches pour animaux que sont les élevages. Avant décision, il faut réflexion:
- Préférez un chiot à un chien adulte
- Documentez-vous sur la race (SCC ou Club de race, amateurs chevronnés)
- Visitez plusieurs élevages avant de choisir: lieu de vie des chiots, caractère des parents…
- Le choix de la race: taille, caractère, besoins psychiques et physiques. En fonction de votre cadre de vie de vos habitudes et disponibilités
- Songez aux vacances, aux restaurants, aux hôtels, dans lesquels ils ne sont pas toujours acceptés
Le contrat moral
Le choix peut être réciproque, le maître se base bien sûr sur la santé, la beauté, la spontanéité du chiot, et celui-ci se sent attiré avec plus ou moins de force vers ce bipède souriant qui tend des mains énormes vers lui. Se rendre acquéreur d'un chien c'est établir un contrat moral où le prix n'a aucune importance, il peut s'agir d'un fils de champion ou d'un bâtard ou corniaud dont les caractéristiques raciales demeurent obscures: la démarche reste la même.
Prendre un chien c'est s'engager à le soigner, le nourrir, l'éduquer en le respectant, jusqu'à la fin de sa vie, quoi qu'il advienne!
Les personnes qui n'aiment pas les enfants ne doivent pas procréer. Ceux qui n'aiment pas les chiens assez profondément pour les assumer, ne doivent pas en avoir.
On ne doit pas vendre, donner, tuer, ou faire tuer médicalement (sauf maladie), abandonner un chien. Tout cela revient au même.
Celui qui a déçu en beauté, celui que l'on a cassé par une mauvaise éducation, celui qui a un problème caractériel (dans plus de 80% des cas les maîtres sont fautifs), ne doit pas être abandonné ou mis en refuge.
Il y a aussi ceux qui font état de maladie, ou de vieillesse handicapante (les chiens qui ne peuvent plus reproduire pour certains éleveurs) pour trouver des excuses "Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage". Fort heureusement beaucoup de vétérinaires ont assez de conscience professionnelle pour refuser une euthanasie non justifiée.
Qu'il soit jeté d'un véhicule en marche ou perdu dans la forêt, souvent attaché pour qu'il meure, le chien abandonné est un chien qui subi un choc psychologique profond. Imaginez votre toutou adoré projeté, enfermé dans un sac, sur une route déserte, dans un lieu inconnu, privé de tout confort, de ses habitudes, de la présence du maître (même brutal), de la pâtée et de l'écuelle d'eau.
Il se retrouve en un lieu où tout l'agresse: les odeurs, les sons, les formes…
Une bête rejetée de la meute humaine dans laquelle il s'était si profondément enraciné, même en y étant maltraité, est une bête désemparée, incapable de se nourrir, de trouver un point d'eau, de traverser sans danger une route, de se méfier des appâts empoisonnés ou du fusil de certains chasseurs qui craignent la concurrence.
Un tel chien est un chien traumatisé qui aura plus ou moins de mal à s'intégrer dans un nouveau milieu; selon sa race, sa personnalité, son âge, la durée de temps passé dans la nature, les expériences douloureuses qu'il aura subies et bien entendu, l'accueil qui lui sera fait. Certains chiens, souvent de type lupoïde, ont des amours exclusifs, il ne peuvent aimer qu'une fois dans leur vie, même s'ils accordent au nouveau maître des privilèges.
Quelques-uns vont jusqu'à se laisser dépérir, refusant soins et nourriture en l'absence ou à la disparition du maître.
S'ils sont en refuge, tout dépend du temps passé et dans quelles conditions, les bénévoles qui s'en occupe sont souvent débordés par le nombre croissant de chiens abandonnés et les locaux ne sont pas extensibles.
En arrivant dans son nouveau foyer, le chien trouvé passe en général par une période d'observation au cours de laquelle il va tenter d'analyser la situation, rechercher des repères connus, faire un rapprochement avec des odeurs, des gestes, des intonations de voix qu'il avait appris à connaître chez son ancien maître. Petit à petit, il fera la relation entre des mots nouveaux et ce à quoi ils correspondent (ne serait-ce que son nom). Il associera tel geste à tel comportement qu'on s'attend à lui voir prendre et pour lequel il est récompensé: friandise, sourire, parole douce, caresse (la Méthode Naturelle!). Il s'adaptera aux habitudes de son nouveau foyer, lentement, jusqu'au jour où il viendra de lui-même chercher des caresses, provoquer le jeu, inciter à une sortie ou demander un aliment qu'il aime.
La meilleure attitude à adopter pour les nouveaux maîtres est de laisser le chien venir à eux de sa propre initiative. Le temps de latence sera proportionnel au traumatisme ressenti au moment de l'abandon, ainsi qu'à la qualité de chaleur humaine, d'amour qu'on lui offrira. De tels chiens peuvent trouver une grande joie de vivre, un élan pour leur nouveau maître, qui n'a rien à voir avec les sentiments qu'ils éprouvaient pour leurs anciens bourreaux; comme s'ils désiraient s'acquitter d'une dette envers leurs sauveteurs. Il change de meute, quittant un chef despotique qui l'obligeait à un esclavage ponctué de coups. il trouve une meute où les stress n'existe pas, où l'harmonie règne, où ce qu'il fait il peut le faire avec plaisir et non par contrainte.
On m'a cité le cas d'un chien battu et toujours à l'attache qui réussit à s'évader de son bagne. Il parvint à trouver un bon maître, et, lorsqu'un jour il aperçut son ancien tortionnaire, il lui tourna ostensiblement le dos! On retrouve une telle attitude chez quelques chiens de travail, quittant un dompteur féru de méthodes dures, pour un maître compagnon, calme et intelligent, qui connaît bien les exercices et qui sait les faire aimer avant de demander une exécution parfaite. Au cours d'éventuelles rencontres, le chien évite le regard de l'ancien dresseur, tourne la tête, fait un écart, et n'à qu'une hâte, s'éloigner de celui qui symbolise la douleur et l'angoisse.
Dans la majorité des cas, les lâches qui abandonnent leur chien, doivent savoir, que presque toujours celui-ci est condamné à mort: par le poison, par les automobiles, par la faim et la soif, par la détresse morale, par l'euthanasie dans les refuges qui ne peuvent souvent lacer qu'un chien sur quatre.
Si vous désirez sauvez l'un d'eux sachez que dans la plupart des cas il saura s'adapter à sa nouvelle existence. Pour cela, il faut un peu d'amour et beaucoup de compréhension…
Il faut espérer que l'identification obligatoire, en évoquant la peur du gendarme, permette de retreindre le nombre des abandonnés.
Si tous les chiens éprouvent une passion pour leurs maîtres, tous les maîtres ne ressentent pas celle-ci pour leurs chiens.
Le chien abandonné, traité durement par la vie, aussi bien sur le plan physique que psychologique, sauf en cas de traumatisme grave, sont des chiens merveilleusement adaptables à la vie sociale des humains. En échange de la sécurité, d'une certaine stabilité, ils sont prêts à se plier à tous vos désirs en oubliant souvent ceux de leur propre espèce.
Pour en terminer, il faut rendre hommage à tous les bénévoles qui se vouent à tenter de sauver les chiens abandonnés (le premier refuge SPA a été ouvert le 1er janvier 1881, 36 rue des Partants, à Paris) , en souhaitant que, en plus d'avoir "un cœur gros comme ça", ils apprennent à connaître l'éthologie du chien et comment tenter de corriger les problèmes de comportement, car si le problème a disparu au moment où il quittent le refuge, ce chien ne sera pas ramené!
Voir mon livre « Guide de l’Education Canine par la Méthode Naturelle » dans mon site, pour les maîtres et moniteurs
Voir tous les messages de: Joseph Ortega
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