Dans son traité d’agriculture, Augustin Gallo écrit en 1568 que la raison de ce choix est de ne pas faire peur aux brebis : « Mais pour quelle raison est-ce que les bergers tiennent plustost des chiens blancs que d’autres à la suite de leurs troupeaux ? A cause qu’ils sçavent que toutes les brebis sont si craintives de leur naturel, que dès qu’elles voyent une beste d’autre couleur, elles se doutent soudain que ce ne soit le loup, qui les viennent dévorer, et ainsi ne fault s’estonner, si pour les delivrer de cest effroy ils ont des chiens blancs, voire si eux-mesme se vestent de pareille couleur. ».
Il est vrai que les moutons de type primitif étaient de couleur plus sombre, ensuite la couleur blanche a été sélectionnée pour la laine, et que les chiens étaient choisis de la même couleur. Mais la raison qui semble dominer est surtout de ne pas les confondre avec les prédateurs comme le loup dans la couleur prédominante est grise ou noir en Europe. D’ailleurs on dira lorsqu’il existe un loup blanc « Connu comme le loup blanc », étant donné sa rareté.
Voici maintenant les écrits de Columelle au 1er siècle:
Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle est un célèbre agronome romain, né à Gadés (aujourd'hui Cadix) en Espagne.
"Comme gardien de la ferme, il faut choisir un chien très corpulent, à l’aboiement énorme et franc, pour que le malfaiteur soit effrayé en l’entendant d’abord, en le voyant ensuite. Et, parfois même sans être vu, il doit faire fuir celui qui prépare un mauvais coup, par la terreur que son grondement inspire.
Par ailleurs, il faut que son pelage soit d’une seule couleur. On choisira de préférence la couleur blanche pour un chien de berger, la couleur noire pour le chien de ferme, car, dans un cas comme dans l’autre, les couleurs variées ne sont pas recommandées. Le berger apprécie un chien blanc parce qu’il ne peut être confondu avec une bête sauvage et que, dans l’obscurité du matin comme aussi au crépuscule, une différence marquée est parfois indispensable pour éviter de frapper le chien à la place d’un loup, au moment où l’on repousse une meute. Le chien de ferme, qu’on oppose aux attaques des hommes, apparaît plus terrible en noir quand le voleur survient en plein jour, et, la nuit, il n’est même pas visible puisqu’il se fond dans l’obscurité ; ainsi protégé par les ténèbres, le chien peut s’approcher avec plus de sûreté d’un individu posté en embuscade.
On apprécie un chien carré plutôt que long ou ramassé. Avec une tête si grande qu’elle semble la partie la plus considérable du corps, il doit avoir des oreilles renversées et pendantes, des yeux noirs ou verdâtres, qui brillent d’un vif éclat, une poitrine ample et couverte de poils, des épaules larges, des pattes épaisses et velues, une queue courte, des chevilles et des griffes. Tel est le type de chien de ferme que l’on recommandera tout particulièrement.
Cela n’a pas beaucoup d’importance que les chiens de ferme soient lourds et peu rapides. Car c’est de près et là où ils sont postés qu’ils doivent agir, plutôt qu’à distance et en parcourant de grands espaces. Leur domaine couvre en permanence les abords de l’enceinte et l’intérieur du bâtiment. En fait, ils ne doivent jamais trop s’en éloigner et ils s’acquitteront parfaitement de leur mission s’ils flairent avec sagacité l’arrivée d’un individu, s’ils l’épouvantent par leurs aboiements et ne le laissent pas trop approcher ou se jettent avec fureur sur lui au cas où il s’obstine à avancer."
Il faut savoir que même en Allemagne, certains bergers étaient blancs, ce fut le cas par exemple de Grief, le grand-père à Hector Linksrhein dont le nom fut changé en Horand von Graffath (qui était gris) par Stefanitz lorsqu’il s’en servit comme modèle pour créer le berger allemand. Ce n’est qu’en 1933 que la couleur blanche fut interdite dans la race, au départ tous les coloris étaient admis. A l'heure actuelle c'est le berger Blanc Suisse. Elle sera la 347e race reconnue par la FCI le 1er janvier 2003.
Chez les chiens de chasse on pensait que la couleur avait une influence sur le travail: « Les blancs ne sont pas communément propres pour toute sorte de bêtes, mais ils sont excellents pour le cerf, surtout lorsqu’ils sont entièrement blancs ; on les préfère aussi à tout autre pour le lièvre ; ces sortes de chiens ont un instinct particulier à bien faire ce à quoi ils sont destinés ; ils sont beaux chasseurs ; ils ont toujours la queue sur les reins ; ils chassent très bien dans les chasseurs, ont le nez excellent, et la menée belle, sont rarement pillards et passent assez les eaux, excepté en hiver, d’autant que le froid les pénètre plutôt que les autres, parce qu’ils ont le poil moins long ; ils ne sont cependant pas propres à mettre à la main, parce qu’ils appréhendent les gelées et les rosées froides du matin ; au reste, ces chiens ne passent pas pour être maladifs » Buchoz
Qu'ils étaient plus précoces: « Les chiens blancs sont ordinairement plutôt formés que ceux d’une autre espèce. Ils sont tellement estimés en France, que le Roy, les princes et les seigneurs n’en ont que de ce poil dans leurs meutes ; mais comme le pays n’en saurait fournir une assez grande quantité, on en fait venir beaucoup d’Angleterre » Gaffet de la Briffardière
Qu'ils apprenaient plus vite: « Cette blancheur provenant d’un tempérament pituiteux, qui joint au flegme dont un tel chien est rempli, fait qu’il n’oublie point les leçons qu’on lui donne, et qu’il s’y rend obéissant ; au lieu que celui qui a des marques rouges, est pour l’ordinaire trop ardent et fort difficile à corriger, la bile étant l’humeur pour lors qui cause ce désordre au-dedans de lui " Chomel
Rappelons que la plupart des chiens de protection des troupeaux sont de couleur claire, comme le Montagne des Pyrénées appelé "Patou".
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