Il faut 5 mois de gestation, généralement les éleveurs attendent qu'elles aient un an pour les laisser se reproduire afin d'éviter les accidents dus à des grossesses précoces. Pour la mise-bas ou agnelage qui dure une heure environ, la mère s’isole, elle est alors très vulnérable aux prédateurs et produit des substances très odorantes (liquides fœtaux) qui peuvent les attirer, le comportement maternel est préparé en reniflant le liquide amniotique qu’elle perd. Les brebis ont un ou deux agneaux à chaque agnelage mais quelques races ont une portée de trois agneaux et plus. Les jeunes sont capables de se tenir debout et de téter quelques minutes après la naissance. La production de lait est de 50 à 150 kg par brebis au cours d'une lactation de 100 à 200 jours.
Dans le premier traité de bergerie connu publié en 1379, Jean de Brie écrivait : « Au mois de janvier, les brebis portières sont très lourdes et pesants, à cause des agneaux qu’elles ont dans le ventre. Et la providence a trouvé à cela un remède adapté : durant ce mois, les loups poursuivent les louves pour faire leur coït et ainsi ils se distraient… ».
Lorsque l’agneau naît elle doit absolument être en contact avec lui, elle va d’ailleurs le lécher durant deux heures en moyenne afin de se familiariser avec lui, pour mémoriser son odeur et déclencher en elle des liens d’attachement exclusifs (cette attachement est réciproque, du jeune envers sa mère). Si elle est dérangée elle le rejettera. Il sera le seul à être autorisé à la téter (elle peut produire entre 90 et plus de 200 litres, selon la race). Si l’on retire le petit, dés la naissance, le jour suivant, elle le refusera et n’aura plus de comportement maternel. Si l’on retire le petit quatre heures après la naissance, le jour suivant elle l’acceptera. Ce qui signifie que la période d’imprégnation à l’espèce est très court, si l’on compare avec le chien (3 à 10 semaines).
Dés la naissance le petit voit et reconnait sa mère à un jour, il entend, a le sens de l’olfaction, le sens gustatif, le sens tactile et nociceptif, il peut marcher au bout de 3O mn et s’alimenter avec autre chose (broute vers 2 semaines) en plus de l’allaitement maternel (recherche de la mamelle 30 fois par jour la première semaine), particularité des espèces nidifuges (qui sont capables de se déplacer en suivant la mère à moins d’un mètre). L’activité ludique avec les autres agneaux est importante à 1 mois, elle diminuera vers 4 mois. Le sevrage naturel n’interviendra que vers 4 mois. Le lien d’attachement avec la mère avec une relation exclusive se fixe dés la première tété.
Si l’agneau est nourri au biberon et vit avec des chiens de la naissance à 7 semaines environ, si à 9 semaines on le met en contact avec des brebis, il préférera être avec des chiens et des humains. Le chien comme l’homme est une espèce nidicole : naissent sans voir et sont entièrement dépendants avec l’obligation de rester au nid, contrairement aux espèces nidifuges comme le mouton.
Les brebis face aux prédateurs ont une vue développée, avec un champ visuel de 300° environ (pour repérer un prédateur derrière eux), lorsqu’elles ne baissent pas la tête et qu’elles ne sont pas dans une zone de maquis ou accidentée. La communication dans le groupe se fait par la vue, les cris (isolement, reproduction, danger), et surtout l’olfaction. Elles disposent d’une bonne olfaction qui leur permet d’identifier leur jeunes comme nous l’avons vu, mais également les congénères ou un individu quelconque, chien ou humain. Une bête isolée dans un groupe qui n’est pas le sien est capable de retrouver ceux de son troupeau, de même que l’introduction d’un sujet étranger sera très difficile. Les attitudes servent à transmettre un message au vis-à-vis : oreilles et têtes basses pour la menace ; tête, oreilles, queue relevée et coups de patte pour l’alerte. Comme elles sont presque toujours collées les unes sur les autres, avec des associations préférentielles entre individu en plus, les émotions sont vite transmises. Certaines ont des relations préférentielles, se frottent, se lèchent avec une reconnaissance visuelle, olfactive, auditive. La mère reconnaît son petit s'il y a eu contact, 24h après la mise-bas, le jeune 48h après la naissance.
En cas de stress elles vont s’agiter, haleter, grincer des dents (bruxisme)… Elles émettent des vocalisations pour communiquer (on dit que le mouton bêle et que le bélier fait comme le chameau, il blatère) afin de faire un déplacement, d’inviter à la joute sexuelle, de rappeler un petit, de prévenir d’un danger… le principal mécanisme de défense c'est la fuite lorsque le danger a franchi leur distance de sécurité. Si elles se sentent acculées, donc en distance critique, elles peuvent taper du pied, charger, ruer ou bondir, surtout pour les brebis avec des agneaux nouveau-nés. Le contact humain doux a des effets positifs sur les moutons. For example, Par exemple, caresser la tête et le cou de brebis parturientes tout en leur parlant doucement les conduit à une diminution de la tension musculaire et une inhibition de la fuite.
Il y a une hiérarchie de dominance, avec un rang social, comme chez tous les animaux qui vivent en groupe, celle-ci dépend de l’âge, de la taille, de la puissance, de la taille des cornes, du statut qu’avait la mère dans le groupe, de l’agressivité, etc. A l'approche d'une mangeoire c'est en général les dominants qui mangent en premier. Les plus agressifs sont les mâles adultes, lors de périodes de chaleur des femelles (lutte), ils se battent à coups de cornes par attaques frontales précédées d’un recul. On peut trouver des combats entre femelles à coups de cornettes (appellation des cornes chez les femelles). On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de différence entre celles des femelles et celles des mâles. On trouve également une hiérarchie de guidage qui est souvent assurée comme chez les chevaux par une femelle âgée. Il serait plus judicieux de parler de psychologie de groupe que de psychologie individuelle, c’est une espèce qui a toujours été animal de proie et cela va se ressentir dans chaque comportement. C’est un animal très sensible au stress que ce soit pour manger, se déplacer, pour être confronté à des choses inconnues et encore plus avec des animaux inconnus et agressifs. Ce qui est le cas avec un mauvais chien de berger ou lors d’attaques de chiens errants, ou tout simplement ceux des touristes citadins qui laissent leurs animaux en liberté. Le stress se transmet d’une bête à l’autre, même la plus éloignée de la source du désagrément et peut entraîner une diminution du taux d’ovulation, un retard de l’œstrus, une mortalité embryonnaire (avortement), des névroses, une perte de l’appétit, une plus grande sensibilité aux maladies, enfin le risque le plus grand sur des troupeaux mis à l’estive, la panique avec fuite qui peut se terminer dans un précipice.
Sur les nombreuses races qui existent en France certaines sont sélectionnées pour la laine et d’autres pour la viande, une mention spéciale doit être faite pour le fameux Mérinos. On peut trouver : Poitevine, Berrichonne, Solognote, Thonés, Marthod, Rouge du Roussillon, Limousine, Larzac, Caussenarde, Baregeoise, Castillonaise, Manech, Basco Béarnaise, etc. Il existe plusieurs systèmes d’élevage : de Crau, herbassier, préalpin, montagnard, méditerranéen-montagnard, Drôme provençale.
Le Mérinos est une race élaborée en Espagne sans doute à l’occasion de mutations, ce qui fit la richesse du pays pendant longtemps par la vente de la laine. Il faut dire que si au départ le mouton n’est utilisé que pour sa viande, sa peau, son lait, le fait d’employer sa laine va modifier son élevage.
Louis XVI, poussé par Marie-Antoinette pour qui le jeu des bergères dans le parc de Versailles était la lubie en 1786, se décide à faire venir le fameux mouton Mérinos en France. Cette race à la toison très recherchée faisait donc la renommée de l’Espagne, il demande à son cousin Charles III, le roi d’Espagne quelques bêtes (normalement interdites à l’exportation). L’ambassadeur de France Monsieur de Voguyon se chargera de trouver ces animaux, et le 12 octobre 1786, un troupeau de 334 brebis, 42 béliers et 7 moutons meneurs, arrivent en France. C’est à Rambouillet, dans l’ancienne demeure du Duc de Penthièvre qui était utilisée comme faisanderie, qu’ils seront installés. Ils y sont toujours puisque ce lieu est devenu la bergerie nationale, haut lieu de l’élevage et du chien de troupeau qui va avec. En 1795 lors du traité de Bâle, l’Espagne va s’engager à livrer à la France 4000 brebis et 1000 béliers. Napoléon Bonaparte va rendre plus tard l’utilisation obligatoire du bélier Mérinos, pour fournir de la laine. On peut citer comme exemple le Mérinos d’Arles, une race fait à la fin du XVIIIème siècle par un croisement entre le Mérinos espagnol et la race Cravenne.
Le mouton a peur de l'homme surtout si celui-ci fait preuve de brutalité, il sera capable de reconnaître l'individu et paniquera dès qu'il le verra ou même l'entendra. Il a besoin d'être rassuré.
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