L’ALIMENTATION DU CHIEN

Historique
Les canidés sont avant tout des carnivores mais la viande ne permet pas un équilibre alimentaire, il faut d'autres éléments. L'alimentation canine a évoluée rapidement au cours de l'histoire, elle s'est adaptée aux capacités digestives du chiot, de la chienne allaitante, du chien adulte de travail, sédentaire ou malade. En France le budget de l'alimentation pour chien est deux fois celui du ministère de la culture…

Nourriture de l'ancêtre sauvage, le loup!

Le loup, ancêtre du chien, peut prendre plusieurs types de nourritures selon la saison: plantes, baies, champignons, herbes, excréments d'autres animaux comme les ruminants, d'œufs et de poissons. Au Canada, par exemple, les grosses proies sont constituées principalement de caribous (poids moyen de 300 kg). Il mange sa proie toujours de la même façon. D'abord, la langue, puis l'estomac et les tripes, enfin la carcasse. Dans l'estomac, il trouve des glucides, des vitamines, des sels minéraux, car lui-même a du mal à digérer les substances végétales. Il va dévorer sa proie jusqu'aux os et peut ainsi ingurgiter jusqu'à 10 kg de nourriture. S'il enterre une partie de sa proie c'est bien sûr pour se constituer des réserves et préserver celles-ci contre les autres prédateurs, mais également, ce que la plupart des gens ignorent, c'est que parce qu'il digère mal les tendons, les os, la peau, la décomposition permettra de développer les substances alcalines nécessaires à la digestion.

Le chien domestique

Les conseils de Gaston Phoebus, dans son fameux traité cynégétique écrit en 1380 "Le livre de la chasse": "Les mener dans un lieu où il y ait des herbes tendres comme le blé et autres choses pour paître de l'herbe et faire leur médecine; car parfois les chiens sont malades et lunatiques; ils se guérissent en se vidant, quand ils ont mangé de l'herbe".

Dicton du Moyen-âge: panem et aqua vita sancta, aqua et panis vita canis – les saints comme les chiens doivent vivre de pain et d’eau!

Autrefois les chiens de chasse avaient pour s'alimenter la "mouée". Selon le marquis d'Yauville, en 1788: "Cette mouée est faite avec le dedans des bœufs ou tripes ; chaque tripée est faite des quatre pieds, de la panse, du cœur, du feuillet, du mou, du caillet1 et du foie d’un bœuf. On prend cinq tripées pour faire la soupe à 140 ou 150 chiens. La meute du roi est ordinairement de 120 chiens, et de 20 ou 25 limiers.".Il peut s'agir pour des chiens privilégiés de pain de farine, de froment, d'orge, de seigle: « Il y a une ancienne coutume dans la Vénerie du roi, que les chiens, au moins ceux de la grande meute, mangent du pain de froment aussi blanc et aussi bon que le pain blanc qu’on fait à Gonesse, et que les valets de chiens en peuvent prendre, pour leur nourriture, sans pourtant en abuser" (1655). On ajoutait de la viande rouge qui était recommandée pour donner de la vigueur à la chasse.

En Chine, le menu recommandé par l'impératrice Tzu-Hsi pour les chiens-lions: "Faites en sorte que le chien-lion devienne difficile pour la nourriture? Vous saurez ainsi qu'il mérite bien son nom de chien impérial. Vous le nourrirez d'ailerons de requins, de foies de coulis, et de blanc de cailles. Vous lui donnerez à boire du thé infusé à partir des bourgeons de fleurs de l'arbuste qui pousse dans la province de Han Kow, ou du lait des antilopes qui paissent dans les parcs impériaux".

Les chiens de compagnie de Louis XIV qui vivaient à Versailles avec leur maître avaient le droit chaque jour de recevoir sept biscuits de la main du Roi-Soleil. Une charge de "Capitaine des levrettes de la chambre du roi" fut même créée.

James Spratt, originaire de Cincinnati (USA) mais fixé à Holborn près de Londres, découvre le Pemmican utilisé par les indiens d'Amérique du Nord (bison séché). Cela lui donne l'idée de fabriquer à partir des années 1860 des biscuits pour chiens, constitués d’un mélange de farine de blé, de légumes, de betterave et de viande. Charles Cruft est son associé, il était fils de bijoutier mais il s’intéresse peu aux études, qu’il arrête en 1876 pour créer cette affaire de “ biscuits pour chiens ”. Il va commencer à commercialiser des aliments pour chiens auprès des chasseurs ou des expositions canines qui débutent, cette entreprise va persister jusque dans les années 50. Cruft va associer sa passion des chiens et la vente de nourriture pour eux et participer activement aux présentations de chiens et à la constitution des sociétés canines et des clubs de race. Par exemple, "Grand National Exhibitions of Sporting and other Dogs" au Crystal Palace, London, 1870 et 1872. Le Kennel Club fut fondé en 1873 pour mettre au point les règlements et standards des expositions canines qui devenaient de plus en plus populaires. C'était le premier organisme de ce type au monde. Il instaura un Livre des origines (le Stud Book). Le premier au monde, paru en 1874, qui définissait les objectifs du Club : s'attacher à promouvoir l'amélioration des races, les expositions et les concours. , reconnaît deux classes principales de chiens : les chiens de sport : chiens courants, d'arrêt, terriers; et les races non sportives : chiens d'utilité et de compagnie. En 1880, un système universel d'enregistrement des noms au Stud Book fut mis au point.

Charles Cruft devient donc le représentant commercial du Spratt dog cake et visite les chenils dans toute l’Europe. Ses connaissances canines vont être reconnues et en 1878 on va l’inciter à organiser la section canine de l’Exposition Universelle de Paris où il fera également la promotion de ses biscuits. On le retrouve comme spécialiste d’une Spéciale Terriers au Royal aquarium de Westminster en 1886 sur la demande de la duchesse de Newcastle (570 chiens) et dans diverses autres manifestations. C’est en 1891 qu’il louera la Royal agricultural Hall a Islington près de Londres pour la première exposition qu’il nomme « Le plus grand spectacle de chien », à laquelle son nom va être accolé. Il faut dire qu’à l’époque n’importe quelle personne douée pour les affaires pouvait faire des bénéfices considérables en organisant ces rencontres canines très prisées.

Des pharmaciens français comme Dautreville qui va tenter de faire de même mais sans succès, son collègue Duquesne aura un peu plus de chance avec sa pâtée "Universelle" inventée en 1883.

En 1885 les frères Chappel vont imiter à Londres, l'aliment Spratt, et le fabriquer sous forme industrielle. Il va arriver en France et c'est en 1921 qu'il est connu. En 1959 on trouve en France la première publicité pour la marque SABI. Cette même année la marque UNISABI fabrique des aliments en conserve, les boites de pâtée "Ronron" (chats) et Canigou (chiens). En 1968 la marque Royal-Canin va être créée par le Dr vétérinaire Jean Cathary à Grand Gallargues dans l'Hérault, avec comme objectif la lutte contre l'eczéma par une nourriture diététique. En 1972, Cathary vend la société d'Aimargues au groupe Guyomarc’h. La révolution dans ce domaine sera la production d'aliments secs (Le groupe Mars-Unisabi achètera la marque en 2002). Cette entreprise Royal-Canin va grandir au fil des années; en 1973 elle implante des filiales en Allemagne, Belgique, Scandinavie, Italie et Espagne. En 1983 c'est la première campagne à la télévision, puis en 1988 elle rachète les marques les plus anciennes aux Etats-Unis: "Whyne" et "Kasco". En 1989 c'est le rachat de "Nagut" en Allemagne et l'installation d'une usine au Brésil.En 1992 c'est une unité aux Etats-Unis, en 1997 c'est 1000 salariés et 18% de part de marché en Europe…

Selon une enquête de 60 millions de consommateurs, 6 chiens sur 10 sont nourris d'aliments industriels secs (555 000 tonnes en 2005) ou humides (214 000 tonnes). Les besoins d'un chien de 15 kg est estimé à 1000 kilocalories (Kcal) par jour

Nutrition chez le chien

La nutrition est l’ensemble des processus par lesquels un organisme vivant assimile les nutriments afin d’assurer ses fonctions vitales et sa production d'énergie.

L'estomac du chien est plus important que celui de l'homme et même proportionnellement, 8 fois plus gros que celui du cheval, il représente les 2/3 du tube digestif. Il peut aller de 0,5l pour les petites races jusqu'à 7 à 8 litres pour les grandes. La production de salive est de 100 à 500 cm3, la conformation de la mâchoire et la présentation d'aliments peut donner des chiens qui bavent. Constituée essentiellement d’eau (≈99 %), de mucus (≈1%) et de sels minéraux, propriétés lubrifiantes. Les dents sont aussi protégées de la dégradation par la salive qui lave les particules alimentaires de leur surface. Elle neutralise les acides organiques produits par les bactéries de la flore endogène et possède un pouvoir bactériostatique. Il a moins de papilles gustatives que l'homme, mais il a quand même le sens du goût, c'est surtout l'olfaction qui le renseigne sur l'appétence des aliments. (aversion gustative).

Le chien a moins de goût que son maître ?
Il possède 1.700 bourgeons dans ses papilles gustatives, l’homme 9.000 , le chat encore moins, 470. On sait que le chien est un glouton qui avale rapidement la nourriture, hors ceux qui ont le plus de papilles gustatives sont les animaux ayant un temps de mastication très long, comme le veau, qui possède 25.000 bourgeons ! Chez tous, la variabilité à la saveur amère permet de détecter les aliments toxiques. N'oublions pas que le chien a une olfaction hyper développée qui aide à estimer le goût. Chez le chiot on peut faire manger différentes choses à dose infime pour élargir sa palette sensorielle: sucré, salé, amer, etc.

La mastication a pour rôles de fractionner les aliments, de libérer les éléments gustatifs et de faciliter la déglutition. Il mâche peu et préfère ingurgiter sa nourriture, surtout en situation de compétition sociale (présence d'autres chiens)

Après déglutition, le bol alimentaire transite par l’œsophage pour atteindre l’estomac. Les cellules épithéliales de la muqueuse gastrique sécrètent de façon continue du mucus à pH neutre ou légèrement alcalin. Cette sécrétion basale a un effet cytoprotecteur sur l’épithélium.

En réponse à l’arrivée des aliments, les cellules des glandes pariétales du corps de l’estomac libèrent de l’acide chlorhydrique, le pepsinogène et la lipase gastrique. La sécrétion gastrique est influencée par la quantité de protéines et le volume du repas. Les sucs digestifs ont des acides qui détruisent certaines bactéries présentes dans l'alimentation, dans l'estomac il y a une digestion chimique par les sucs gastriques (il contient 10 fois plus d'acide gastrique que la chèvre) et une digestion mécanique par contraction. Dans la muqueuse gastrique on trouve des cellules qui secrètent la pepsine et l'acide chlorhydrique qui ne brûle pas les cellules mais attaque les matières en putréfaction et les os.
Le suc pancréatique, d’un pH de 7,4 à 8,3, se compose des enzymes hydrolytiques responsables de la digestion de la majeure partie des composants du régime alimentaire (lipases, α-amylase, peptidases) ainsi que d’ions bicarbonates Chez le chien, les dimensions varient beaucoup selon la race, la taille et les individus. La longueur totale de l’intestin peut aller de 2 à 7 mètres (moyenne de 3,5 mètres), dont 1,70 à 6 mètres pour l'intestin grêle. La capacité moyenne de l’intestin grêle est de l’ordre de 1,6 litre. Les éléments peuvent séjourner de 3 heures à 8 heures, quelquefois plus dans l'estomac, puis c'est l'intestin grêle, où les particules alimentaires seront transformées en molécules assimilables durant au moins 1 heure, par les sécrétions pancréatiques et hépatiques. Les nutriments (glucides, lipides, protides) apportent l’énergie nécessaire au tube digestif pour assurer ses fonctions de digestion, d’absorption et de défense de l’organisme contre le milieu extérieur. Les dernières étapes de la digestion et l’absorption de l’eau, des électrolytes et des nutriments sont tributaires de l’intégrité de la muqueuse intestinale.

La flore intestinale est importante (bactéries) et si on change de nourriture brusquement, cela peut engendrer une destruction de celle-ci, d'où la nécessité de transition étalée sur plusieurs jours.

C'est le gros intestin qui servira de réceptacle aux déchets, caecum, côlon, rectum, et canal anal, représentent environ 70 cm. les aliments de mauvaise qualités ou mal digérés produisent des fermentations (gaz) et des selles anormales.

L'eau et les sels minéraux sont absorbés dans l'intestin; s'il fait chaud, le chien doit boire 1,5 à 2 litres d'eau au moins. S'il reste 48 heures sans eau, cela entraîne une déshydratation.

La bonne alimentation

Elle est appétente, adaptée au comportement alimentaire, digestif, métabolique; suffisante, équilibrée, économique.

Elle comprend des protéines ou des protides, des glucides ou hydrates de carbone ou sucres, des sels minéraux, des vitamines, des oligo-éléments, de l'eau.

Ces besoins varient d'un individu à l'autre: selon la race (taille), l'âge, le sexe, l'état physiologique (croissance, allaitement, etc.), l'activité (chien de travail ou chien de compagnie en appartement, maladie). Contrairement à nos chiens, les loups dorment ou se reposent environ 60% de leur temps, ceci afin de ne pas brûler d'énergie en activité inutile comme le jeu (chez le chien le jeu persiste toute la vie, c'est un assisté, comportement qu'on nomme "Néoténie" (persistance de caractères juvéniles).

C'est l'alimentation industrielle qui présente le plus d'avantages (surtout les aliments secs), pour sa simplicité d'utilisation, sa conservation plus longue et dans des conditions difficiles (chaleur), son coût moins élevé, son équilibre en éléments nutritifs qui restent toujours le même. C'est l'état des selles qui signe la bonne digestibilité d'un aliment.

Si on veut qu'il digère bien et qu'il n'ait pas de problème de retournement d'estomac, on donne: 1/4 de ration 3 heures avant l'effort, et les 3/4 qui reste 3 heures après l'effort.

La mauvaise alimentation

Elle entraîne des troubles divers par altération de la flore intestinale, toxines, germes de putréfaction, avec différentes carences dans l'organisme. Cela se manifeste par des diarrhées, des troubles digestifs, des problèmes hépatiques (affections cutanées), des désordre osseux (rachitisme, ostéofibrose), de l'insuffisance rénale chez le chien âgé, de la sensibilité aux infections par déficit immunitaire (on peut même trouver des pathologies dégénératives, comme le cancer). On sait par exemple que l'alimentation en boite peut provoquer des troubles digestifs par absence de vitamine B (destruction à une température supérieure à 30°C). Le système digestif des chiens n’est pas fait pour les produits laitiers (lactose), si un chien vient à manger ou à boire ce type d’aliment (crème glacée, chantilly, lait…), cela peut le conduire vers une forte diarrhée ainsi que d’autres soucis gastriques. Des allergies sévères peuvent aussi se développer. Il a du mal à digérer l'amidon (céréales et cellulose des végétaux). L’avocat contient de la pepsine qui peut provoquer des réactions allergiques. L'ail et l'oignon peuvent entrainer anémie et problèmes sanguins, dérèglement du pancréas. Le raisin est toxique.

L´amidon contenue dans certains aliments, comme la Pomme de terre, est difficilement assimilable par le chien. Son ingestion produit des gaz suite à la fermentation dans l´estomac et provoque des diarrhées. Cela concerna aussi les oignons cuits, les pois chiches, les céréales mal cuites.

Les Oignons crus contiennent des substances hémolytiques qui détruisent les globules rouges et provoquent une anémie qui peut être fatale.

Le blanc d´œuf cru il contient de l´avidine, qui détruit la biotine, vitamine B8, utile au métabolisme des protéines et des graisses.

Reste à éviter le lait, car il n´apporte rien de concret, sinon des diarrhées, le poisson cru qui détruit les vitamines B1, le porc cru ou mal cuit car il peut transmettre la maladie d´Aujesky, (mortelle), la charcuterie qui contient trop de sel et le sel lui même qui provoque une déshydratation pouvant être mortelle.

Lécher les sauces et les graisses cuites, sont comme les bonbons, des aliments que l´on ne trouvent pas dans la nature et dont le chien n´a absolument pas besoin. Ces aliments favorisent le diabète et l´obésité.

On veille également à ne pas trop nourrir, si l'on considère qu'un chien est obèse lorsqu'il dépasse de 15% le poids idéal pour la race; beaucoup de chiens, surtout dans les villes (manque d'activité et stress), le sont. L'obésité peut donner des troubles locomoteurs et articulaires (par surcharge pondérale du squelette), respiratoires et cardiaques. On estime que 50% de chiens ont une surcharge pondérale, 30% sont obèses.

Chez le chiot les erreurs peuvent entraîner de graves problèmes pour plus tard. Leur alimentation ne doit pas être trop riche en matière grasse. Les glucides ne semblent pas indispensables, les protéines doivent être de bonnes qualité, on ne doit pas donner des compléments en calcium si on nourrit de manière industrielle. Un chiot en bonne santé reçoit de petites quantités de nourriture riche en protéines, il n'a pas de diarrhée ni de ballonnement, son poil est brillant et il est dynamique.

Chaque année une association américaine de santé animale organise le "National Rib Check Day" (jour de l'examen des côtes). On place les pouces de chaque main sur le dos du chien et on glisse les paumes le long de sa cage thoracique. Si on ne les sent pas, le chien est trop gras!

Chien castré, chien qui grossit! par Joseph ORTEGA

Après une castration il y a une prise de poids par infiltration graisseuse des masses musculaires (comme chez le Chapon!), donc limiter les gâteries inutiles, de l'exercice et un régime adapté. Pour travailler la Méthode Naturelle on donne des miettes de friandise, on n'est pas là pour nourrir mais pour déclencher la motivation essentielle de survie, la motivation pour mettre en place les apprentissages. On peut également utiliser la proie: jouet, balle, boudin, etc.

Voir mon livre "Le guide de l'éducation canine par la Méthode Naturelle", dans ce site!

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