L’EVALUATION COMPORTEMENTALE DU CHIEN

Les nouvelles lois nous parlent de cette évaluation qui sera pratiquée par les vétérinaires chaque année sur les chiens catégorisés, ainsi que sur les chiens ayant mordu, quelle que soit la race.

Nous qui sommes sur le terrain et qui fréquentons dans les clubs des centaines de chiens, nous sommes parfaitement conscients que chaque chien est unique ainsi que chaque famille dans laquelle il vit.

Nous savons que l’inné peut influer sur son comportement (cette génétique n’est en cause que pour 20% environ) mais que c’est l’humain (pour les 80% qui reste!) qui le fait fonctionner selon les expériences qu’il donne.

.S’il s’agit d’un chien de race, selon les directives du Club de race pour la sélection caractérielle, de l’éleveur qui choisit les géniteurs (surtout la mère qui servira de modèle). C’est lui qui offrira ou non un milieu d’éveil riche, qui sortira les chiots en ville…

Ensuite le maître et sa famille qui pratiquent correctement le détachement du chiot de l’humain, qui donnent des interdits, qui socialisent et éduquent (école du chiot dès 2 mois), surtout durant les premiers mois de vie.

La part des responsabilités de l’humain est donc entière, et mis à part certaines pathologies, l’animal n’est pas responsable de son comportement, il devient ce que l’on a fait de lui!

Dans l’analyse du comportement, il faudra donc prendre en compte un ensemble constitué de l’inné, du lieu de vie, de sa situation dans ce lieu de vie, de chaque personne qui y vit et avec qui le chien a des échanges.

Dans ce questionnaire l’évaluation comportementale que je propose, on remarquera que plusieurs questions se recoupent à un moment ou à un autre, l’objectif c’est de faire apparaître au mieux les carences d’éducation, les défauts du milieu, la mauvaise perception du chien par le maître, ceci de manière discrète afin que le «non dit» apparaisse. Si l’on se contente de demander au maître quel est le problème, il sera difficile pour lui de nous éclairer sur les choses qui ont une réelle importance, quelquefois même il les occultera de manière consciente ou inconsciente.

Bien entendu, cette évaluation est une première approche du maître et du chien, qu’il faudra absolument valider en observant sur place, comment se déroule le problème, dans les circonstances habituelles et sans que l’observateur n’influence la situation. J’avais placé dans mon livre «Mon chien a de Mauvaises habitudes» une fiche d’évaluation que beaucoup de comportementalistes et éducateurs utilisent (je l’ai même retrouvée, presque intégralement copiée, dans des livres de vétérinaires comportementalistes!), celle-ci est plus complète et pourra servir d’outil d’analyse à ceux qui désirent l’utiliser.

Le texte de l’évaluation comportementale étant protégé au titre de la propriété intellectuelle, je demande simplement que l’on n’omette pas de mentionner son auteur.

L’observation éthologique dans un trouble du comportement

L’éducation du chien commence par celle du maître!

«L’observation de l’animal sauvage qui vit à l’état de nature permet de constater qu’il passe son existence dans le souci constant d’éviter ses ennemis et de rechercher sa nourriture: or, la vie captive le libère de ces deux inquiétudes primordiales, et il est évident que ce changement de vie comporte des conséquences profondes. La captivité lui supprime les plus importantes. Il dispose donc d’une réserve d’énergie considérable qu’il faut savoir endiguer» Hediger

«La néoténie, repousse la maturité, et permet d’accroître les possibilités d’apprentissage» Chialine

Si l’on compare avec son ancêtre le loup, notre chien garde des caractères juvéniles toute sa vie et dispose de cette réserve d’énergie inemployée pour la survie.

Observer, selon le dictionnaire, c’est considérer, étudier avec soin. L’éthologie c’est comprendre et décrire les comportements d’une espèce, l’éthogramme c’est l’ensemble des comportements.

L’observation est la base de l’éthologie de terrain, Une source de renseignements très importante pour appréhender un comportement normal et le différencier d’un comportement déviant. Une observation correcte va nécessiter une longue expérience, de la rigueur et de la méthode. Sans oublier quelque chose que l’on ne peut apprendre dans les livres, c’est l’empathie, une intuition fusionnelle qui offre la possibilité de se mettre à la place de l’individu et de ressentir les choses comme lui, c'est-à-dire comme un canidé et non comme un humain. Dans tous les cas l’objectif c’est d’éviter ou de supprimer une souffrance de l’animal et de soulager le maître qui vit avec un chien à problèmes.

Selon Karl Weik, une observation scientifique doit:

1) Servir à un objet de recherche

2) Faire l’objet d’un plan systématique, d’une méthode structurée qui doit comporter:

- Une phase d’observation active, volontaire, du sujet et du phénomène étudié, après élaboration des hypothèses de base qui serviront à orienter la démarche

- Une phase d’analyse des éléments observés après confrontation de ces éléments et des hypothèses de base

3) Etre méthodiquement consignée

4) Etre soumise à des contrôles de fiabilité et de validité.

Déceler, évaluer, mettre en œuvre des actions pour diminuer ou supprimer les comportements déviants.

Il ne faut pas oublier chacun des paramètres pour une observation vraiment éthologique: Le milieu, les relations avec les maîtres, la manière dont ils perçoivent le chien, l’observateur s’il est présent physiquement.

Dans cette observation active, tous les sens doivent être en éveil ainsi que la pensée. Il faut savoir distinguer les signes immédiatement perceptibles et ceux qui le sont moins, car chacun a son importance. On n’oubliera pas de tenir compte du lieu de vie et du mode de vie car ceux-ci ont une influence extrême

, en particulier la perception des maîtres de leur animal et la manière qu’ils ont de communiquer avec lui, c’est ce que l’on nomme l’approche «systémique». Les sociopathies entre les humains et les chiens ne sont souvent que le résultat d’une mauvaise communication.

Cette approche, mise en valeur aux Etats-Unis par des psychiatres et des psychanalystes dés les années 50, tient compte du groupe dans lequel vit l’individu, qui peut provoquer des troubles du comportement par une vision tronquée de l’animal.

On peut citer quelques exemples: le besoin de s’affirmer à travers lui, le besoin de contact (principe de la peluche), le besoin de consolation, le besoin de remplacement (enfant ou autre chien), le besoin d’exister (présence constante), le besoin d’être sécurisé…

Le plus difficile en rééducation comportementale, c’est de parvenir à transformer chez les maîtres ces visions anthropomorphiques (quelquefois des idées préconçues: le Husky fugueur, le Labrador gentil, le lévrier têtu, etc.). Tout un système où vit le chien qu’il faut modifier car il ne correspond pas à l’éthologie de son espèce.

Les problèmes les plus connus qui en résultent sont l’hyper attachement avec anxiété de séparation, la modification de la hiérarchie, l’anxiété permanente, l’hypersensibilité hyperactivité (HS-HA).

Dans tous les cas un recadrage s’impose en demandant aux maîtres de modifier leurs habitudes afin de remettre le chien à sa vraie place, ce n’est qu’à cette condition seulement que l’homéostasie de l’ensemble sera acquise. Ce que tous les médicaments, les récompenses ou les punitions, ne peuvent parvenir à réguler.

Le chien observe ses maîtres continuellement, il profitera de la moindre défaillance. Ces stratégies ont pour but de faire comprendre à la famille humaine qu’elle est à l’origine du problème en renforçant de manière consciente ou inconsciente les comportements.

Le chien doit être respecté en tant qu’individu en lui donnant des conditions éthologiquement adaptées. Il faut le comprendre pour qu’il vivre en harmonie avec le groupe. Toute position ambiguë du maître donne lieu à des situations conflictuelles.

On tiendra compte également de notre vécu personnel et de notre sensibilité en fonction des expériences que l’on a de situations similaires, en essayant de les occulter pour rester objectif, car chaque cas est unique. Donc, éviter les a priori, les transferts émotifs, pour rester neutre. Cette neutralité doit aller encore plus loin et il est essentiel que l’on ne participe pas physiquement à la situation, car il y a toujours une influence «observateur- observé». L’idéal c’est d’utiliser des moyens modernes comme la caméra vidéo qui permet de tout voir dans les conditions habituelles d’apparition du mauvais comportement sans être présent.

On peut s’aider d’une grille d’évaluation qui répertorie les signes à observer, afin de n’omettre aucun détail. Un travail méthodique, codifié, qui répond à tous les critères.

Voir mon livre « L’ECOLE DES CHIOTS ET LA METHODE NATURELLE » dans le site ! Préface du Docteur Vétérinaire Jean-Claude PROY

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