" Quelque chose d'outre-tombe, nous remplit de frayeur dans le hurlement du chien. Sans savoir quelle sorte d'émotion nous envahit, nous comprenons cependant qu'une partie de la tonalité du cri n'est point émise par l'animal, car une note contenue dans ces modulations musicalement effrayantes, cache un esprit surnaturel…Le chien dégage dans son hurlement, la peur, une grande peur, qu'il entrecoupe parfois par une prodigalité de pleurs intérieurs. Entendre le drame du hurlement, hérisse le cheveu, nous remplit du pressentiment d'angoisse latente qui parcourt le monde. c'est une malédiction sarcastique qui vient de loin, l'horreur suprême…" Federico Garcia Lorca
De tous temps, le chien a lié sa condition à celle de l'homme, à tel point qu'il est souvent considéré, au fil de l'histoire, comme un intercesseur entre le monde des vivants et l'autre…
Dans la préhistoire, on retrouve déjà les ossements de chiens mêlés à ceux des habitants de la terre et il est probable qu'ils servaient de génies tutélaires dans certaines tribus, au point qu'on leur réservait des sépultures à proximité des hommes, comme à Ceto en Lombardie, où on peut même parler d'un culte du chien.
En Egypte, c'est Anubis. Celui qui tire la vie de la mort, dieu à tête de chien qui préside aux cérémonies funèbres en aidant à la pesée des bonnes et des mauvaises actions. Cynopolis fut consacrée au chien à qui on ne déniait pas la possession du Ka, comme chez les humains, puisqu'on n'hésitait pas à le momifier avec tout le cérémonial habituel; le chirurgien qui trace, le Parachyte qui découpe, le Colchyte qui enlève les viscères et baigne le corps dans le sel et le natron avant de le garnir, de le vernir et de l'entourer de fines bandelettes.
En a retrouvé des momies de chiens à Thèbes et à Abydos et il est écrit qu'à la mort de l'animal, le maître devait prendre le deuil et se raser barbe, cheveux et sorcils et tous les poils du corps, selon Hérodote.
On le retrouve souvent dans son rôle de gardien du royaume des morts, c'est Garm qui garde l'entrée du Nifflheim pour les germains, Ki Du, le chien noir de Bretagne, accompagne les morts durant leur voyage. Cerbère en Grèce, ce monstre à plusieurs têtes interdit le royaume d'Hadès, et seuls, Hercule par la force et Orphée par le charme des sons de sa lyre réussirent à passer. Bacchus lui usera de la ruse pour y arracher sa propre mère, il subjugua le gardien en lui offrant un mouton vivant.
Anubis, Tien-K'Nam, Cerbère, Xolotl, Garm, le chien est guide de l'homme dans les ténèbres de la mort. C'est ce rôle de psychopompe qui est dévolu à Xolotl chez les Aztèques, et comme celui-ci accompagne le soleil pendant son voyage sous la terre, un petit chien couleur de lion, de soleil, est sacrifié pour accompagner l'homme et l'aider à franchir les neuf fleuves qui défendent la demeure éternelle des morts. "Sur la rive opposée déambulaient les chiens qui faisaient traverser les défunts. Et, lorsque quelqu'un arrivait et regardait les chiens, et si l'un d'entre eux reconnaissait son maître, alors il se jetait à l'eau pour aller à sa rencontre et lui faisait traverser la rivière sur son dos. C'est pour cela que les gens élevaient des chiens."
A Bombay, les parsis installent un chien près du moribond afin qu'ils se regardent dans les yeux. En Sibérie, chez les Gold, le mort est enterré avec son chien. Les indiens Lacandon, au Guatemala, placent quatre figurines de chien en feuilles de palme aux quatre coins de leurs tombes.
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