LES PERCEPTIONS DU FŒTUS DANS LE VENTRE DE SA MERE

Copyright Joseph ORTEGA
La vie embryonnaire correspond à la formation des principaux organes. Les embryons s’immobilisent entre le 18e et 20e jour et s’implantent définitivement au sein de l’endomètre entre le 20e et 22e jour. Cette période s’achève lorsque l’embryon évoque par sa morphologie l’individu qui sera formé à la fin de la gestation, ce qui correspond environ au 35e jour de gestation chez la chienne.

L’embryon devient alors un fœtus. Le liquide amniotique (univers aqueux) entoure le fœtus. Il sert à sa protection contre les agressions physiques extérieures et les agressions liées à l’activité physique de la mère (courir, sauter, etc.), au maintien d’une température constante, au maintien d’une liberté de mouvement, à la nutrition et à l’élimination des déchets fœtaux.

Chez le chiot, la croissance est maximale entre la deuxième et la quatrième semaines de vie, puis se ralentit brutalement après la sixième ou la septième semaine. Le sang de la mère lui apporte eau, sels minéraux, glucides, lipides, protides, vitamines, hormones, anticorps, oxygène. Le placenta assure les échanges métaboliques avec la mère, il protège contre les bactéries et
les substances toxiques.

Il synthétise abondamment des hormones, des neuromédiateurs et des facteurs de croissance indispensables à l’équilibre hormonal de la gestation et à la régulation de la croissance de l’utérus, du placenta et du fœtus.

C'est la barrière placentaire qui filtre les éléments nécessaires au développement. Le fœtus est très sensible à toute modification de son environnement, et aux agents tératogènes et médicaments pouvant interférer avec son développement, la fonction utérine ou le fonctionnement normal du corps jaune (aucun médicament ne doit être administré durant cette période).

Il faut penser que chez la chienne la durée de gestation est courte

Durée de gestation selon Kutzler:
- 63,8 ± 2,0 jours pour les races dites géantes

- 63,5 ± 1,8 jours pour les grandes races
- 63,0 ± 1,9 jours pour les races moyennes

- 61,8 ± 2,1 jours pours les petites races

Le chiot commence à acquérir des compétences tactiles et émotionnelles. Le vécu du fœtus va se répercuter sur le comportement du futur chiot.

On parle de " programmation fœtale " qui stipule qu'être bien portant, ou bien, de santé précaire, pourrait découler directement des conditions environnementales dans lesquelles le fœtus s'est développé. Avant la naissance la mère doit déjà être un centre de plaisir.

Le stress prénatal a des effets sur l’émotivité et l’aptitude à l’apprentissage des chiots. Le degré de stimulation sensorielle, sociale et physique du milieu de vie d’un jeune animal va également déterminer les capacités d’apprentissage de l’animal. Le degré émotionnel est un facteur d’influence majeur des capacités cognitives.

Le tempérament est un phénomène qui commence à l'état fœtal, qui se manifeste dès la naissance et qui représente les fondements de la personnalité future. Si la mère stresse, plus tard ces chiots seront toujours plus timides et plus émotifs, même si, à la naissance, on les fait élever par une autre mère qui n’a jamais eu de problème. Pour une chienne de travail on pourra la laisser poursuivre ses activités, du moins pendant le premier mois de gestation (en évitant, bien entendu les sauts et autres activités engendrant des chocs), cela ne peut être que bénéfique pour les chiots qui sont déjà baignés par les stimulations auxquelles ils seront confrontés plus tard. Si l'on prend l'exemple d'une chienne de chasse ou une chienne de ring, pour elles, les coups de feu sont associés à quelque chose d'agréable (rapport du gibier ou mordant sportif), donc lorsqu'ils retentissent elles envoient aux fœtus des messages positifs...

- Lors du « programme génétique de croissance », dès l’état fœtal, il y a multiplication des cellules nerveuses à l’intérieur du cerveau. Ces cellules se multiplient, grandissent et envoient des prolongations ramifiées vers les autres cellules nerveuses. Les contacts entre les cellules nerveuses, appelés synapses, se multiplient jusqu’à dépasser un nombre de 10.000 vers l’âge de 35 jours. Le cerveau est alors composé de réseaux très complexes.

- On reconnait que le chiot est capable à l'étape de fœtus de percevoir les sensations tactiles, par exemple, mais beaucoup le nient, qu'il soit apte à entendre avant même la formation du système auditif, pourtant il est en mesure de percevoir les vibrations des différents sons, notamment grâce aux os de son crâne (conduction osseuse) et au bassin maternel qui agissent comme des résonateurs.

En fait il baigne dans un milieu liquide où les paramètres physiques de la transmission sonore ne sont pas ceux aériens, d'autre part ses conduits auditifs sont fermés (pavillons fermés) et remplis de mucus. les stimuli sonores doivent être plus intenses que ceux inhérents aux activités cardio-vasculaires et digestifs de la mère.
La perception va se faire selon l’intensité (fort ou faible) qui est liée à l’amplitude de la vibration (mesuré par décibels), la hauteur (grave ou aiguë), la fréquence de la vibration (mesuré par Hertz ou cycle par sec.) et la durée du temps. Selon Wells (2002),
la musique classique induit un comportement calme alors que la musique de type « Heavy Metal » déclenche les vocalisations. Le son des conversations humaines et la « pop music » ne modifient pas le comportement…

- Il peut réagir vers 40 jours au moment ou l'on palpe les cornes utérines, de même lorsque l'on caresse le ventre de la mère car il reçoit des informations en direct ainsi que via sa mère.

De même qu'il possède déjà une capacité olfactive et gustative de détection et de discrimination des saveurs fondamentales (acide, amère, salée, sucrée) et qu'il peut se conditionner à l'alimentation que prend la mère, ce qui engendrera au moment du sevrage une préférence alimentaire. Selon Graham (2005), la lavande et la camomille ont un effet calmant sur les chiens (donc la mère) et diminuent leurs vocalisations, tandis que le romarin et la menthe poivrée favorisent leur comportement locomoteur et augmentent leurs vocalisations.
Les goûts appris durant la gestation par le fœtus peuvent aussi être des marqueurs de l’être d’attachement que va constituer la mère. Ce système de communication est très important dans la mesure où se noue un lien bilatéral responsable de la dépendance, des comportements de soin et de l’apaisement.

- Les systèmes sensoriels vestibulaires et somesthésiques dès l'état fœtal donnent une sensibilité à la douleur, la chaleur, le froid, la pression... Un état d'alerte, une évaluation en termes d'attraction ou d'aversion. Il faut veiller de manière impérative à ce que la mère ne subisse pas un traumatisme car elle est reliée aux fœtus à plusieurs niveaux, pas seulement au niveau neuroendocrinien:

-1) Contractions utérines

2) Hormones du stress qui passent par le placenta (hormones glucocorticoïdes et les catécholamines: action physique sur le diamètre des vaisseaux sanguins utérins menant à une asphyxie du fœtus.)

3) Course ou choc physique

- Le système nerveux est mis en place lors de la vie intra-utérine. Les neuroblastes migrent au sein du cerveau en développement. Il vont se différencier selon la région du cerveau. Des axones et des dendrites se développent ensuite à partir de leur corps cellulaire. Des cônes de croissance se forment à l’extrémité de ces prolongements.
A la naissance, le système nerveux du chiot n’est pas myélinisé, à l’exception des connexions des nerfs trijumeaux, du nerf facial et de la portion vestibulaire du nerf auditif . Il va s’effectuer dans le sens cephalo-caudal (de la tête vers la queue). Par exemple les canaux semi-circulaires de l'oreille vont entrer en fonction, à chaque changement de position de la mère, ce qui va provoquer une adaptation, la recherche de l'équilibre dans la bulle amniotique.

A l'étape de fœtus, les chiots dépendent donc principalement de la mère, aussi bien pour la survie grâce au cordon ombilical qui contient artères et veines, au liquide amniotique qui l'entoure, que pour l'équilibre psychologique.

Une mère qui subit la brutalité du maître par tractions sur le collier, ou le choc du collier électrique; une mère angoissée, stressée, des tensions qui se répercutent sur les fœtus.

Un stress maternel, via l'activation de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et la production de glucocorticoïdes, peut provoquer une augmentation des niveaux d'anxiété et de la réactivité au stress chez la descendance.

Le comportement moteur du fœtus se limite à des mouvements réflexes, décelables par examen échographique ou l'enregistrement des battements cardiaques, si on veut tester les réactions aux stimulations, par exemple le coup de feu, le coup de sonnette, les sons aigus surtout: mouvements du corps et des membres, accélération ou décélération des battements cardiaques, mouvements respiratoires, hoquets, déglutition ou succion…

Bien entendu, on est déjà dans les lois d'apprentissage, et la répétition entraîne une habituation avec des réactions atténuées, par exemple, lors de la palpation des cornes utérines, on peut sentir des mouvements des fœtus, mais au bout de 4 jours ils disparaissent.

Selon Fox, une mère placée en conditions de stress, donne naissance à de jeunes animaux très émotifs et moins performants que ceux d’un groupe contrôle.

Une mère manipulée, aura une descendance plus docile, en raison d’une activation du système parasympathique, plus précisément le système cholinergique, qui facilite la relaxation et l’attachement émotionnel, et donc la socialisation.

Un état de stress ou un défaut de stimulations de la mère (isolement en chenil), peut jouer sur le développement et l’équilibre du chiot, notamment sur l’orientation de son état émotionnel, limitant ses performances futures et pouvant mener à des états de stress chronique avec un niveau d'anxiété élevé ou à de l'hyperactivité plus tard.

S’il avait à choisir, le fœtus réclamerait les caresses sur le ventre de sa mère, qui lui font accélérer son rythme cardiaque et augmenter le taux d’oxygène dans le sang, diminuer ses inquiétudes et le rendent plus fort pour affronter les excitations du monde extérieur.
Depuis qu’il a pris du poids (les ¾ du poids sont acquis dans le deuxième mois) et qu’il occupe presque complètement sa bulle, il sait qu’il n’est pas seul dans le ventre de sa mère, et il a ressenti des coups de pattes de ses frères et sœurs, qui se trouvent autour de lui. Il a de plus en plus de mal à se mouvoir dans son petit univers, et il bouge de plus en plus pour tenter de se dégager de cette prison, tout en restant très attentif aux stimulations qui lui viennent de l’extérieur.
Il existe un diagnostic par palpation abdominale : palpation souple de la région abdominale de la chienne, afin de détecter des ampoules fœtales (environ 1 cm) à 21 jours . Palpation douce afin de ne pas provoquer de résorption embryonnaire entre 21 et 35 jours, puis au-delà de 45 jours : entre ces deux périodes, les ampoules fœtales ne sont plus individualisées et les fœtus ne sont pas encore ossifiés, ne permettant pas de les sentir.

L'HAPTONOMIE
Frans Veldman, né le 9 septembre 1921 à Flessingue (Pays-Bas), décédé le 25 janvier 2010. En 1968, l’haptonomie est reconnue officiellement par le ministère de la Santé des Pays-Bas. Dix ans plus tard, il s’établit en France, à Oms dans les Pyrénées Orientales où il finira ses jours. C'est en 1942 qu'il invente cette technique de toucher "Haptonomie" du grec Hapsis (tact, sentiment) et Nomos (loi, règle). Il s'agit d'entrer en relation par le toucher, le contact affectivo-psycho-tactile.
Cela permet de préparer l'accouchement, d'entrer en contact avec le bébé avant la naissance, ce qui lui offrira un toucher et des sensations qui engendrent des réactions.
Plus tard ces enfants auront davantage confiance en eux, ils auront plus d'affection pour les parents, seront plus ouverts, plus autonomes, plus chaleureux, plus éveillés.

Pour en savoir plus, le livre de Joseph Ortéga: "Elevage et Comportement", préface du Prof. Denis. Dans le site!

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