On nomme le stress naturel, « syndrome général d’adaptation », en fait c’est la réponse normale de l’organisme devant une situation nouvelle. L’objectif c’est de mobiliser les ressources énergétiques pour faire face avec le plus de chance de succès. Nous savons que l’animal sauvage comme le loup doit se méfier de tout ce qu’il ne connait pas, c’est une question de survie. Le mauvais stress correspond à une sous-estimation ou à une surestimation dans l’évaluation de la situation.
Selon Hans Seyle (l’inventeur du concept en 1936), il y a 3 phases d’adaptation :
1) Réaction d’alarme du corps
2) Situation de résistance
3) Epuisement par exposition continue au stimulus
Le chien qui a peur est facilement identifiable par son attitude (oreilles et queues rabattues, regard affolé…), sa conduite d’apaisement de ce qu’il craint (imitation chiot), inhibition ou fuite selon le sujet, recherche de contact et de protection sur le maître, vocalisation, conduites de substitution (léchage, tourner en rond, creuser …), pour certains, agression par peur.
L’apprentissage le plus simple c’est ce qu’on nomme l’habituation, l’animal confronté à une présentation répétée d’une stimulation, va diminuer progressivement ses réponses comportementales si cette présentation n’a aucune conséquence désagréable pour lui.
Un chien présentant des signes de phobie sociale intra ou interspécifique, de phobie au bruit, etc. aura du mal à s’intégrer dans le milieu humain, à moins de vivre à la campagne dans un endroit isolé avec ses maîtres.
L’influence de la génétique
On ne peut la nier et certaines races sont plus sensibles que d’autres, l’exemple le plus flagrant est l’hybridation entre chien et loup qui donne des sujets avec une distance de fuite héritée du loup (il y a la distance de fuite, la distance critique, le périmètre corporel), on peut également évoquer la consanguinité dans certaines races, d’autre part les races de type berger par rapport au type molossoïde.
L’influence du milieu
Un milieu de développement trop pauvre en stimulation chez l’éleveur ne permet pas une bonne homéostasie sensorielle (cadre de référence), il donne une sensibilité plus tard à tout ce qui dépasse ce seuil connu dans l’enfance avant 3 mois. Milieu d’élevage isolé, calme, il ne voit toujours que les mêmes personnes…
Il faut également préciser qu’un chien peut avoir vécu dans un milieu enrichi et être parfaitement équilibré et subir brusquement un traumatisme qui va quelquefois le marquer à vie (accident, attaque, explosion, pétard dans les pattes…)
L’influence de la mère
Les parents apportent chacun leur part de génétique mais la mère reste prépondérante dans le sens où elle est celle que l’on doit imiter, que ce soit pour l’exploration, la sociabilité, la résistance au stress.
L’influence des maîtres
Si l’humain a lui-même une appréhension, une phobie de quelque chose ou d’une situation, il transmet sa crainte.
Identification de l’origine de la peur
Le stimulus déclencheur peut être :
- Un congénère (mâle, femelle, chiot, autre race)
- Un humain (homme, femme, enfant, ado)
- Un autre animal (cheval, chat, mouton)
- Un bruit (feux d’artifice, pétard, orage)
- Une situation (vétérinaire, voiture, ville)
Les degrés de la peur
La peur se manifeste par l’émotion et la réaction face à ce que l’individu considère comme un danger réel ou imaginaire. Elle passe par la surprise, l’inquiétude, l’alarme, la crainte, la peur, la panique, la détresse…
Un état émotionnel désagréable avec des symptômes psychologiques (nervosité, indécision, peur diffuse) et physiques ‘tremblements, nausée, essoufflement, tension musculaire, palpitations).
Le chien anxieux perd ses capacités d’adaptation à l’environnement, il réagit de manière excessive aux variations du milieu extérieur. Par exemple une tentative de contact par une personne étrangère provoque menace, fuite ou tentative de morsure.
On le reconnait en promenade ou lors d’un test de comportement car il bouge peu, il ne joue pas, il regarde derrière lui, il sursaute, il évite, il peut tenter de fuir
Devant un événement soudain, le système nerveux sympathique commandé par le cerveau, active la glande surrénale qui libère adrénaline et noradrénaline.
Le cortisol, une hormone secrétée par les glandes surrénales pour favoriser l’adaptation émotionnelle, physique et psychologique. Pour cela des messages vont être envoyés :
- Rythme cardiaque accéléré
- Pression artérielle augmentée
- Irrigation en priorité du cœur, du cerveau et des muscles
- Augmentation de la tension musculaire
- Dilatation des bronches pour oxygéner davantage
- Augmentation du taux de glucose pour l’énergie
- Inhibition d’une éventuelle douleur en inhibant certaines molécules
- Mobilisation des cellules immunitaires vers les organes avec action anti-inflammatoire
- Blocage de la douleur pour favoriser l’action (fuite, autodéfense)
Lorsqu’il s’agit d’un phénomène physiologique normal où le sujet peut se contrôler et faire cesser l’appréhension, on peut dire que le stress est bénéfique dans la mesure où il mobilise l’attention, ce qui est nécessaire durant l’apprentissage. Par contre celui qui subit un traumatisme important ou qui vit dans un stress permanent va souffrir.
Le cortisol va rester élevé et engendrer alors des effets négatifs :
- Insomnies
- Angoisse
- Phobie ou peur devant un stimulus non dangereux lors de présentations répétées
- Troubles de l’appétit
- Troubles des fonctions digestives (diarrhée, vomissements, nausées)
- Troubles de la concentration, du comportement
- Fatigue générale
- Tachycardie et hypertension
- Réduction des défenses immunitaires
- Dépression et anxiété généralisée avec anticipation
- Troubles musculo-squelettiques
- Troubles de la motricité
- Détresse acquise avec inhibition de l’action (immobilisation)
- Syndrome post-traumatique (peur persistante avec troubles du sommeil, de l’appétit, hyperactivité, etc.)
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