TROUBLES DU COMPORTEMENT DUS A UN MAUVAIS ELEVAGE

Le trouble du comportement peut avoir différentes origines :

- une anomalie d’origine héréditaire (le choix des parents par l’éleveur)
- une anomalie dans le développement comportemental du chiot (depuis la gestation jusqu’à la cession à l’acheteur)
- c’est chez l’éleveur principalement que le chiot va acquérir (ou non) quatre éléments importants dans ses relations aux autres dans sa vie d’adulte : les autocontrôles, la communication, la hiérarchie, le détachement.

Attention aux poursuites possibles par les acheteurs vis-à-vis de l’éleveur, si les troubles du comportement ont une origine antérieure à la vente.
Le vice caché :
- l’animal était déjà atteint par le défaut le jour de la vente
- le défaut n’était pas connu de l’acheteur et ne pouvait être décelé à ce moment là
- le défaut est d’une gravité telle que si l’acheteur l’avait connu, il n’aurait pas acheté l’animal ou en aurait donné un prix moindre.

Les problèmes engendrés

La dépression de détachement précoce
La privation sensorielle
La dyssocialisation
Hypersensibilité-Hyperactivité

1) Dépression de détachement précoce

Chiot abandonné par la mère
Pas d’imprégnation

Absence totale de comportement de communication
Face immobile (pas de mimiques faciales émotionnelles), bouge peu, aucune émotion n’est apparente
Refus du contact visuel (détourne les yeux)
Refus du contact physique (il hurle si on le prend)
Hypersensibilité aux bruits
Refuse de manger
Ne peut développer des liens d’attachement avec son espèce ou l’humain, se déplace en détournant la tête, se cache sous les meubles
Activités de substitutions centrées sur le corps (se ronger les ongles, se lécher, etc.)
Vers l’âge de 6 mois refuse de sortir de la maison

Chez le chiot cette période va 2 à 12 semaines, au-delà de 14 semaines le comportement social ultérieur sera anormal. Il doit apprendre à reconnaître son espèce, le partenaire social.

L’imprégnation est le premier lien affectif qui va déterminer tous les autres liens établis entre le jeune et l’environnement, en particulier les autres individus de son espèce.

Il y a également empreinte sexuelle pour pouvoir reproduire plus tard (pouvoir reconnaître l’espèce avec laquelle il peut reproduire)

2) la dyssocialisation

Une mère trop permissive donnera des chiots à problème, il est intéressant de les mettre avec des chiens adultes pour qu’ils apprennent les comportements d’apaisement.
Plus il s’agit d’espèces prédatrices puissantes, plus les comportements d’apaisement sont développés. Un comportement qui est issu du comportement sexuel et bien sûr du comportement infantile.

La mauvaise socialisation aux congénères donne plus tard :

- Comportement de reproduction : les femelles en œstrus se montrent très agressives envers les mâles et les attaquent. Les mâles, également. Ce comportement est tout à fait anormal car il empêche l’acte de reproduction.
- Comportement maternel : après insémination certaines chiennes, même en ayant beaucoup de lait, refusent d’allaiter les jeunes, et tentent de les éloigner en grognant et en les mordant, parfois sans inhibition, allant parfois jusqu’à les tuer. Elles ont également tendance à répondre par des morsures aux cris de douleur des chiots.
- Comportement de jeu mère-chiot: la mère est incapable d’avoir un comportement de jeu correct, elle peut être dangereuse. Elle provoque des agressions entre chiots par son comportement. Certaines femelles peuvent solliciter les jeux trop tôt (avant même l’ouverture des yeux des chiots), elles peuvent se montrer très brutales, attraper les chiots et les jeter en l’air comme s’il s’agissait d’un jouet, les mordre, les frapper avec ses pattes.
- Comportement social: certains sujets sont incapables d’avoir des relations sociales à l’âge adulte car ils n’ont acquis aucune inhibition de la morsure. Les attitudes de soumission du congénère n’ont aucun effet inhibiteur, ils vont jusqu’à tuer. Si le congénère est plus fort et les retourne sur le dos, ils ne savent pas se soumettre et continuent de mordre.

3) Privation sensorielle

Trouble de l’homéostasie sensorielle (milieu hypo stimulant de la 3 e à 12 e semaines qui entraîne un défaut de développement des connexions inter neuronales). Le sujet est dans l’incapacité de gérer les informations sensorielles qu’il reçoit du milieu, il est en état de retrait permanent. Elles ne sont pas dans la base de données, mises en mémoire au bon moment, pour établir un seuil de tolérances émotionnelles.

Tout ce que le chiot voit avant ses 3-4 mois ne sera pas source de stress. Tout ce qu’il n’aura pas été habitué à voir sera source de stress, voire de peur, et donc potentiellement d’agressivité. C’est à l’éleveur de fournir les stimulations nécessaires. Ils ont été élevés dans milieu moins riche que celui où ils vont vivre chez le maître: réactions émotionnelles croissantes qui vont donner de l’anxiété.
- Ils partent de l’élevage après 3 mois sans jamais être sortis.
- Une mère affectée de ce trouble va le transmettre à ses chiots.
- Elevage « industriel » où les chiots ne sont pas stimulés et ne voyant des humains que pour la distribution de nourriture.

Signes
- Ils surviennent en général entre le 4ème et le 6ème mois
- Absence ou insuffisance des comportements exploratoires et sociaux
- Inhibition
- Destruction d’objets dans la maison, le jardin, la voiture
- Réaction vive à un stimulus qui parait normal à un chien correctement stimulé, tout ce qui est nouveau est un facteur d’alerte qui altère son état émotionnel jusqu’à l’inhibition totale (hyper vigilance)
- Refus de sortir, peur de ce qui est nouveau (en trois phases : blocage, exploration olfactive, retrait), inhibition, évitement du contact visuel avec un étranger, mange la nuit, destruction, trous dans le jardin…
- Activités substitutives (léchage, mutilations), anxiété permanente
- Ne dort pas le jour, brutal, fait mal, détruit, hyperactif
- Phobies multiples
- Stéréotypies: tourner, sauter, gratter, aboyer, chasser mouches, pica, chevauchements…
- S’attache au maître mais anxiété face à de nombreux stimuli: bruits, lumière, objet insolite ou nouveau, voiture…
A l’aise à la campagne, en forêt, à la maison

4) Hypersensibilité-Hyperactivité

Causes :

- Manque de stimulations sensorielles durant les premières semaines de vie
- Trop de stimulations nuit également, le chiot a besoin de période de repos, on ne devrait pas dépasser une heure par jour de sollicitations
- Une mère anxieuse qui bouge sans arrêt (ou elle-même ayant un syndrome HS-HA), transmettant par mimétisme une hypervigilance chez ses chiots

- Etc.

Signes apparents :

- Hypervigilance : il est toujours sur le « qui-vive », démarrant au quart de tour
- Anxiété dans des situations nouvelles
- Malpropreté
- Troubles du sommeil (moins de 8h par jour)
- Manque de contrôle des comportements : activité motrice exagérée, il ne tient pas en place,
- Aboiements, stéréotypies (tourner en rond, léchage, etc.)
- Souvent des problèmes de communication avec les congénères
- Comportements de substitution : creuser, détruire, coprophagie
- Boulimie mange souvent
- Mordillements d’excitation sur le maître, ses vêtements, la laisse
- Ne répond pas aux ordres : rappel, incitation au calme
- Incapacité de s’arrêter
- Tendance à poursuivre les objets en mouvements (véhicules ou animaux)
- Saute sur les gens (risque de chute pour les enfants et les personnes âgées)
- Troubles de l’apprentissage, très distrait, ne peut se concentrer
- Risque de troubles hiérarchiques

Pour en savoir plus, le livre de Joseph ORTEGA, préfacé par le Professeur Denis « Elevage et comportement ». En vente dans ce site.

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