Le travail à l’eau
Copyright Joseph ORTEGA
Les chiens sauveteurs peuvent également avoir le rôle d’auxiliaire dans tous les lieux aquatiques afin de sauver des vies humaines. C’est surtout le Terre – Neuve qui est utilisé pour ses qualités appropriées à ce travail. Il est calme, résistant au froid, endurant et surtout par rapport à d’autres races, il possède la puissance nécessaire.
Comme le bébé humain, le chien sait nager d’instinct et ceux qui sont réfractaire à l’eau ont été le plus souvent victimes de moyen pédagogiques brutaux ou de mauvaises expériences.
Dans la nature, lors des premiers contacts avec l’élément liquide, les canidés sauvages savent imiter les plus anciens. La première fois les jeunes approchent l’eau pour aller se désaltérer, trempent leurs pattes, et, s’il fait trop chaud, se couchent dans le ruisseau ou le point d’eau. La seconde fois ils suivent les aînés en action de chasse à la poursuite du gibier. Ils traversent le courant sans s’en apercevoir, car la motivation est forte : il y a imitation et effet de meute.
Dans cette description schématique des contacts avec l’eau et de l’apprentissage de la natation, nous avons tous les éléments qui peuvent être appliqués de manière naturelle chez nos chiens domestiques.
Il ne faut surtout pas jeter le jeune chien au milieu d’une mare pour lui apprendre à nager. Avec de telles méthodes on risque d’établir un conditionnement négatif brutal, une aversion pour l’élément liquide qui durera toute la vie.
Il ne faut pas croire que parce qu’une race est dite spécialisée à l’eau, qu’elle nage automatiquement et aime ça à l’âge adulte. Comme toujours il faut un apprentissage progressif et on peut rappeler la mésaventure du Préfet de Police de Paris, le fameux Lépine, en 1820. Il acheta onze Terre –Neuve dans leur pays d’origine pour surveiller les quais de la reine, hors ils provenaient de l’intérieur et non pas de la côte et n’avaient donc aucune expérience de l’eau. Ils furent incapables d’assurer leur fonction, faisant même preuve d’une certaine appréhension de l’élément liquide.
Aussi est – il préférable de commencer chez le jeune par des promenades au bord de l’eau en marchant, puis progressivement au pas de course. Le chiot est bien entendu, côté terre, et se fait éclabousser par les pieds de son maître. En été on peut commencer à “ travailler ” à la maison en plaçant une bassine assez large dans le jardin que l’on remplira d’eau et dans laquelle on jettera un jouet.
Dans un second temps, le maître avance doucement sur un plan d’eau en pente douce, le chiot en laisse, afin de le contrôler sans le forcer. Il peut s’asseoir dans l’eau et prendre le chiot dans les bras tout en laissant son corps tremper dans l’eau. Les mains du maître le soutiennent légèrement en le laissant progressivement prendre son autonomie. Il s’agit ensuite de motiver le chiot. La balle de jeu sera lancée parallèlement au rivage, puis de plus en plus sur la plage. Le maître fait également un excellent aimant pour attirer le chiot qui se sent perdu sans lui. Il le fera tenir par un étranger et s’éloignera, par exemple de l’autre côté d’un ruisseau où il aura tout juste pied en son milieu. Le fait d’être tenu par un étranger va multiplier l’angoisse du chien. Au rappel du maître, l’étranger relâche.
La vie n’est que conditionnement et les meilleurs nageurs sont ceux qui vivent au bord de l’eau, qui ont appris tout jeune à imiter les adultes.
Pour inciter son chien, on peut se servir d’un ou de plusieurs chiens adultes qui jouent et nagent. Le jeune se trouvera rapidement dans leur sillage sans s’apercevoir qu’il nage aussi.
Sauf de rares exceptions, tous les chiens nagent avec la même allure que le trot, la tête dépassant de la ligne de flottaison pour pouvoir respirer. Les meilleurs sont les races de format moyen avec des pieds arrondis, pourvu chez certains (Terre – Neuve, Labrador) d’une membrane digitale au niveau de la 2e phalange.
Les tissus doivent être riches en graisse pour résister au froid (chien de marais), dotés d’un poil huileux (sébum) qui imperméabilise en partie le corps et d’un sous poil fourni (ce qui permet de conserver des bulles d’air formant matelas pour isoler du froid et aider à la flottaison). Chez le Terre – Neuve le corps est large et puissant avec une cage thoracique développée qui permet de bien ventiler et aide à la flottaison, sa queue de bonne épaisseur peut faire office de gouvernail dans ses évolutions en milieu aquatique.
Et de plonger :
Le plongeon est une des fonctions du chien d’eau.
Celle du chien de marais qui sautera du canot du maître ou de la berge pour rapporter le gibier abattu qui flotte à quelques distances. Celle du chien de sauvetage, qui lui, pourra plonger d’une jetée de 3 m de hauteur ou d’un bateau. On peut apprendre à tous les chiens à plonger, il suffit de leur fournir une motivation suffisante.
On ne commence l’éducation que lorsque le jeune est bien à son aise dans l’eau, il faudra procéder comme pour l’apprentissage de la natation : progressivement. D’abord d’un plan à hauteur d’eau, puis de plus en plus haut avec toujours les mêmes procédés : balle que l’on jette, le maître qui appelle alors que le chiot est retenu sur la berge par un étranger, l’exemple du chien adulte enjoué qui raffole des plongeons...
Le rapport d’objet
C’est l’exercice de base qui sert à tout apprentissage du sauvetage.
On commence à terre, sous forme de jeux avec le jeune. Puis, progressivement, on précise le rapport avant de passer dans l’élément liquide. On fera ensuite exécuter le rapport d’objet avec des étrangers pour préparer le chien à son rôle de sauveteur.
Le rapport se fait sous plusieurs formes :
- Objet jeté par le maître à terre ;
- Objet caché par le maître et recherche à terre ;
- Objet jeté à l’eau, le chien partant de la plage ;
- Objet plombé à demi immergé ;
- Objets jetés à la suite les uns des autres dans plusieurs directions et successivement désignés par le maître pour le rapport ;
- Objet jeté avec départ du canot pour le rapport ;
- Objet jeté, avec rapport en sautant d’un quai ;
- Traction sur l’objet relié à une bouée ;
- Traction sur l’objet relié à un canot ;
- Objet attaché sur le mannequin pour préparer au sauvetage proprement dit quand le chien doit saisir le bras de la personne en danger ;
- Rapport d’une balise, d’un bout de corde, d’une bouée, etc.
L’obéissance
La marche au pied est essentielle, elle permet des déplacements rapides, en n’importe quel lieu et sert à imposer délicatement des mouvements dans le sens homme – chien. Ce n’est que lorsque le chien sera facilement à l’écoute du maître à terre qu’il le sera dans l’eau. Au bout de quelques temps on peut se passer de la laisse, le chien marchant avec son épaule à la hauteur du genou du maître (penser aux plages surpeuplées).
Il doit également savoir demeurer à une place désignée par son maître alors que celui – ci s’éloigne. Plus tard cela servira à placer le chien à l’écart pendant que les sauveteurs préparent le matériel au bord de l’eau.
Autre exercice important : le “ en avant ” puisqu’il sert à diriger le chien dans une direction donnée alors que le maître supervise le travail depuis le canot ou la jetée. Le chien qui nage parmi les vagues ne voit pas la personne en difficulté, il doit donc faire confiance à son maître. On doit pouvoir donner des ordres directionnels ; droit devant le maître, à gauche (par un geste de la main gauche), ou à droite (geste de la main droite).
Un remorqueur au poil
On exerce la traction dans l’eau au moyen d’un objet relié au canot et qu’on lui demande de rapporter en tirant sur le “ bout ” (filin). C’est un exercice assez aisé pour un Terre – Neuve adulte, en pleine forme physique. Il est d’ailleurs capable, à la limite, de tirer deux canots pneumatiques avec une dizaine de personnes à bord. Il peut aussi tracter, à l’aide de son harnais spécial équipé de deux anneaux, deux personnes qui s’y accrochent.
Pour qu’il soit apte à de tels exploits, on entraîne cet athlète qu’est le Terre – Neuve en le faisant courir au trot allongé (jamais au galop) et en le faisant nager régulièrement pour qu’il acquiert souffle, puissance, résistance.
Après une bonne formation menée en douceur et en conformité avec sa psychologie, si l’équipe chien – maître est bien soudée, il sera apte à intervenir dans tous les circonstances où l’élément liquide met en jeu la vie de personnes.
Sur les plages ou dans les criques où la mer empêche les secours maritimes d’accéder. Dans les plans d’eau ou les lacs, le long des fleuves et rivières, durant une inondations où des personnes demeurent inaccessibles aux canots.
A l’image de l’emploi qu’il tenait dans son Ile à l’embouchure du Saint – Laurent en plongeant pour ramasser le poisson tombé du filet ou pour aider un pêcheur en difficulté, dès 1876 un nommé M.C Marshall décida de l’utiliser en Angleterre. Les exercices qu’il devait effectuer étaient les suivants : plonger pour ramener des mannequins ou des objets, tirer une barque, nager à contre – courant, apporter un cordage de la berge à un canot en péril, etc.
Il existe des concours de travail à l’eau.
Ils ont pour but de conserver les aptitudes naturelles de la race, ils sont composés de 3 degrés de difficulté avant de pouvoir accéder au Brevet de sauvetage proprement dit.