Savez-vous jouer avec votre chien ?
Le jeu c’est la meilleure des choses car cela stimule l’intelligence et améliore les capacités d’apprentissage, cela peut être aussi la pire des choses quand il rend le chien fou et incontrôlable !
Le chien comme son ancêtre le loup a une énorme capacité d’adaptation, c’est la principale condition de la survie, cela signifie qu'il est capable de mémoriser des apprentissages très complexes surtout s’ils sont associés à de l’agréable.
Le jeu doit répondre à des règles simples que l’on a tout intérêt à observer. Il y va de la crédibilité de la Méthode Naturelle !
- Faire preuve d’empathie : une méthode éthologique nécessite de comprendre les choses du point de vue de l’élève, toujours se poser la question : « Si j’étais le chiot là (ce chien là) qu'est-ce qui m’inciterait à bouger ? »
- Savoir quelles sont les préférences de son chien. Selon son âge, sa race, l’individu, il existe toutes sortes de jeux : physiques, de réflexion, d’équilibre, de stimulations (sollicitant un ou plusieurs sens), d’imitation, éducatifs, d’adresse, collectifs, compétitifs…
- Connaître ses objectifs. Cette passion du jeu chez les canidés a des fonctions importantes, cela ne sert pas qu'à éprouver du plaisir :
développer les qualités de perception et la confiance en soi (le chien stressé ne joue pas !), tester ses capacités et assouvir son besoin d’action (un chien de berger qui fait 50 km dans la journée n’a pas de problème de comportement. Combien de kilomètres fait votre chien ?), améliorer la motricité et la coordination des mouvements, rendre sociable et équilibré, resserrer les liens avec le maître et encourager à la coopération, enfin aider à se muscler harmonieusement le corps et à lutter contre la surcharge pondérale.
- Savoir rester le « maître du jeu ». Il faut être progressif, agréable, participant, adaptatif, mais surtout demeurer l’organisateur. Celui qui débute et met fin au jeu. Respecter l’autre mais aussi se faire respecter (ne pas admettre les débordements : excitation, mordillements. Chez les loups le chef de meute peut jouer et même aller jusqu’à se coucher sur le dos, il reste néanmoins le leader !)
- Ne jamais provoquer de douleur. On peut fournir les stimulations les plus spectaculaires en apparence (les spectateurs sont surpris de tout ce que l’on peut faire avec un chiot de deux mois), la règle c’est de ne jamais aller jusqu’à la douleur.
- Faire preuve d’imagination. On doit varier les jeux de rôle, donc l’approche des exercices, à l’infini… La plupart des maîtres ne savent pas jouer avec leur chien, il est parfois nécessaire de les faire répéter « à vide », c’est-à-dire sans le chien. Comment tenir la ficelle de la balle, comment la faire bouger pour qu'elle devienne « une proie », comment lui donner une apparence de vie lorsqu’elle est dans la gueule du chien, etc.
Dans tous les cas la séance d’éducation doit être récréative, le chien a horreur de la monotonie qui consiste à répéter les mêmes exercices.
- S’arranger pour qu'il réussisse. Chaque victoire augmente la qualité de l’exécution.
Préparez-vous à faire face à un éventuel dérapage, par exemple le chiot parvient à s’emparer de votre jouet et à partir (alors qu'il ne fait pas encore le rapport d’objet correct. Cela signifie que ce n’est plus l’éducation par le jeu, mais le jeu, tout court !). il faut donc que le maître ait dans sa poche ou dans son sac-banane, un autre jouet. Ce qui permettra de récupérer le premier en attirant le chiot.
- Savoir s’arrêter au bon moment. Pour rester dans le positif il faut demeurer en deçà de ses aptitudes physiques et mentales. Une fois de trop c’est peut-être basculer dans la saturation ou dans l’excitation !
- Soyez détendu et souriant. Cette méthode est synonyme de plaisir et de détente aussi bien pour le maître que pour le chien. Comme avec un congénère, le chien imite votre comportement.
- Ne pas oubliez que le but du jeu c’est l’apprentissage. Si pour le chien chaque séance est une partie d’amusement, pour le maître c’est la possibilité de mettre en place des apprentissages de plus en plus complexes selon des lois scientifiques. Phase systématique, phase intermittente, phase aléatoire, renforcement des approximations successives…
L'école du chiot, un jeu permanent avec éducation
Les qualités d’un bon jouet
- Il doit fuir, bouger, être vivant
- Il n’apparaît qu’exceptionnellement, il n’est pas à disposition afin que le chiot ne se satisfasse lui-même.
- Il est associé à la joie et au plaisir du maître (voix et gestuelle)
- Si le chiot ne rapporte pas, l’objet doit être contrôlé par le maître (relié à une ficelle)
- Il ne doit pas être dangereux pour le chiot et il ne doit pas être associé à une douleur (attention lors du changement de dents)
- le meilleur jouet, c’est celui qui plaît au chiot et non au maître !
- Les balles de tennis : On peut les récupérer dans les clubs de tennis lorsqu’elles sont usées. La taille est bonne pour un chien de taille moyenne et elles sont assez solides. Il existe un danger d’ingestion par les chiens nerveux. Pour les chiots, on perce et on y attache une ficelle, cela permettra de stimuler l’instinct de proie sans se faire traverser les doigts. La ficelle permettra la récompense par le jeu avec les chiots qui ne rapportent pas encore.
- La corde à nœuds, en coton, elle est moins agressive pour les dents du chien qu'elle permet de nettoyer par action mécanique.
Il existe des tailles différentes en fonction de la race. Elle a tendance à inciter à la traction et à la combativité, à éviter avec les chiens très excités.
- Le Kong. Sa forme particulière et la matière dont il est fait (en général du caoutchouc), permet de sacrés rebondissements lorsqu’on le jette. Une corde permet de contrôler le rapport sans se faire mordre les doigts.
Pour le faire apprécier ou pour fournir des stimulations à un chien qui s’ennuie. Il suffit de le farcir avec une boîte de pâté pour un chien (remettre en moment du départ pour le chien qui ne supporte par l’absence du maître)
- Les os en nylon. Ils sont appelés nylabone et sont appréciés pour le mâchonnement mais sont difficiles à utiliser en éducation. On a du mal à les récupérer une fois qui sont en gueule.
- les jouets en caoutchouc qui couinent. On trouve toutes les formes, le plus commun est le hérisson. Ils sont faits surtout pour attirer les maîtres et ne peuvent convenir qu'aux petites gueules. Un York de 2 à 4 mois très bien, après c’est la destruction assurée et l’ingestion dangereuse. On peut conserver le côté stimulation acoustique mais jeter plutôt une balle de tennis ou un kong.
- Les boudins. Il y en a de toutes les tailles et en différentes matières, de la toile de jute au kevlar inusable.
On les réserve en général aux futurs chiens de mordant sportif car ils permettent aux chiots d’apprendre à saisir à fond de gueule et à combattre.
Pour les chiots qui ne font pas encore le rapport d’objet, je rajoute une ficelle solide car cela permet de stimuler l’instinct de proie comme pour le dressage des faucons en faisant tournoyer le boudin. Lorsqu’il mord cela nous donne la possibilité de l’amener en contact puis de le laisser partir, on travaille également la résistance au stress et la tenue de prise en tenant l’extrémité du boudin d’une main et en soulevant le chiot sous le ventre de l’autre main.
Lorsqu’il sera devenu adulte, ce boudin sera pratique à utiliser à l’entraînement pour rectifier sans brutalité les défauts. Par exemple le rappel après le mordant pour le chien de Ring, le en-avant avec couché en RCI, l’aboiement du bout en piste française si le traceur dissimule le boudin, etc. Le genre de technique que j’employais il y a 30 ans et que l’on qualifiait de « bizarre » mais qui sont devenus courantes de nos jours.
- les ballons de foot. Certains chiens ont jeté leur dévolu sur ce type de motivation et baladent partout un vieux ballon de cuir qui n’a plus de forme.
Dans l’esprit de la Méthode naturelle, il n’y a aucune obligation et il vaut mieux une motivation choisie par le chien qui fonctionne que celle que le maître veut imposer mais qui n’a aucune valeur.
A ce propos je peux citer deux anecdotes.
Une éleveuse de Tervuerens qui voulait réussir son RCI 1 avec sa chienne pour être bien classée en beauté (championne internationale). Une chienne de petit caractère que l’on pouvait « fabriquer » en obéissance et au mordant pour le minimum de points nécessaires, le problème c’était le pistage où absolument aucune motivation ne permettait de l’inciter à coller son nez au sol. Aucun intérêt pour rechercher la maîtresse, aucun intérêt pour la nourriture, aucun intérêt pour les jouets ! En interrogeant la maîtresse j’apprends que cette chienne affectionnait particulièrement un bout de chiffon qu'elle promenait partout depuis son plus jeune âge. La solution était trouvée, c’est lui qui permit la motivation à la piste en y attachant une ficelle et en demandant à la maîtresse de le tirer derrière elle. Tout ce qui attire peut devenir pédagogique !
Dans le second exemple, il s’agit d’une personne qui vient au club pour la première fois avec un Dobermann de 8 mois environ. Lors du test je demande à la personne de lâcher son chien. Elle répond « vous êtes sûr ? » ce qui n’augurait rien de bon. En effet aussitôt détaché le jeune chien commence ses cavalcades de plus en plus loin du maître. Je demande un rappel. Rien évidemment ! Je demande au maître si son chien est attiré par les friandises, s’il a un jouet favori, afin d’établir les bases de la Méthode Naturelle. Selon son maître rien ne l’intéresse sauf l’exploration active. Je lui indique que l’on va avancer et nous rendre près de la forêt afin qu'il suive. Le maître me demande alors l’autorisation de sortir son second chien. Je ne pouvais pas le voir car c’est un minuscule York pourtant âgé de 3 ans qui se met à aboyer et à faire la fête, immédiatement le Dobermann surgit et se met à lécher son copain. La solution dans l’esprit de la Méthode Naturelle venait d’apparaître. J’ai demandé au maître de prendre son York dans les bras et de marcher en attirant son Dob sur le côté gauche et en répétant « au pied ». Ensuite c’est l’application de la Méthode Naturelle avec comme récompense la permission de jouer quelques secondes avec le York, puis on recommence…
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