LE CHIEN ET LE SAUT !

Le Saut et son esprit.
Le saut n'est pas une spécialité canine, pourtant dans la nature, les canidés sauvages savent utiliser leur puissance musculaire pour attraper au vol une perdrix ou sauter par-dessus une haie, toujours dans un but de survie. Parmi les races de chiens domestiques, certains sont plus douées que d'autres, du fait de leur morphologie mais également de l'éducation que leur a donné leur maître. Un chien en bonne condition physique est capable de véritables exploits, pour faire plaisir au maître et aussi éprouver des sensations agréables grâce aux mouvements musculaires.

Pour initier votre compagnon au saut d'obstacles, il faut d'abord l'entraîner, pour ne pas risquer d'accident cardio-vasculaire ou musculaire.

Un chien avec un excès de poids aura des tissus additionnels à nourrir et à approvisionner en oxygène, de même que le coeur. On peut citer des chiffres éloquents; par exemple, le nombre de pulsations qui est de 90-100 par minute au repos, peut passer au moment de l'effort jusqu'à 180 par minute. La température va monter de 38°5 à 39° et 40°, au même moment.

L'effort physique peut augmenter jusqu'à cinquante fois le métabolisme musculaire de base.

L'entraînement va donc viser à améliorer la capacité circulatoire et musculaire, à adapter le métabolisme de l'organisme, à augmenter la capacité d'oxygénation, à abaisser la valeur de la fréquence cardiaque de repos et d'effort (qui améliore ainsi l'effort de la pompe cardiaque), et à augmenter la proportion des fibres musculaires striées. De cette façon, on aura un meilleur seuil de fatigue et cela permettra des efforts plus importants avec une meilleure récupération. L'échauffement est également obligatoire pour l'irrigation musculaire, qui prépare l'appareil neuromusculaire et articulaire, et facilite l'influx nerveux et l'amplitude des mouvements.

Le chien qui saute doit être léger, court, avec beaucoup d'influx nerveux. Chez le chien, le centre de gravité se situe généralement à l'intersection de la verticale passant en arrière du sternum et de la ligne horizontale, coupant la poitrine au niveau de l'union du tiers inférieur.

Les membres postérieurs bien musclés, servent de propulseurs, l'articulation du bassin transmet le mouvement aux articulations lombo-sacrées et inter-lombaires, avec la force et la tonicité voulues pour pousser le corps. Au moment de l'impulsion qui lance le corps en hauteur et en avant, les muscles doivent posséder assez de puissance pour vaincre la force d'inertie constituée par le poids du corps. Le saut est soumis aux lois de la mécanique. Une puce, proportionnellement à son corps, saute 30 fois la hauteur de son corps (pour un humain cela représente un terrain de foot) une grenouille 18 fois et un kangourou pourtant bien équipé avec ses membres postérieurs surdéveloppés et sa queue comme balancier, 2,5 fois seulement. Chez les chiens, un berger belge malinois battra aisément un dogue allemand, un Rottweiler ou même un berger Allemand.

La hauteur du saut est toujours proportionnelle à la vitesse de décollage, quelle que soit la masse du sauteur, et l'influx nerveux aura un rôle à jouer. Il a été déterminé que pour sauter aussi haut qu'un sujet deux fois plus petit que lui, le travail d'un chien va être huit fois plus considérable.

En compétition canine, on trouve les obstacles les plus variés. Dans le programme Ring, il y a le saut en longueur, le saut de haie, l'escalade de la palissade droite. Dans le programme Campagne, les sauts sont dits naturels; il peut s'agir d'un mur de pierre, d'une haie naturelle, d'un ruisseau, etc... En programme international R.C.I. le saut se fait avec rapport d'objet; on trouve la haie de branchage et l'escalade de la palissade penchée. Pour l'agility, les obstacles imitent ceux du jumping pour chevaux avec en plus, la palissade, la poutre, le pneu, etc...

En concours, le chien s'amuse à exercer ses muscles en passant les obstacles dont la hauteur, la longueur, la composition sont réglementées. Mais on peut aussi bien faire plaisir à son chien en l'éduquant à sauter les obstacles les plus variés, comme un banc public, une clôture, un cerceau...

Des planches de plus en plus hautes!
On peut commencer à éduquer un chien dès l'âge de six mois, à condition ne pas demander d'effort particulier qui risque de blesser ou de déformer le squelette.

Il suffit de placer une planche au sol et de mettre le jeune chien en laisse. On franchit avec lui l'obstacle, en disant "saute !" ou "hop! afin de créer le conditionnement, ordre et comportement particulier qui s'y rattache. Ensuite, on redresse la planche qui fait environ 20 cm, ce qui l'oblige à soulever les pattes pour ne pas se cogner. On rajoute progressivement des planches, jusqu'à obtenir une hauteur d'environ 50 cm à 1m. A ce moment là, le chien a près d'un an et il connaît l'ordre qui déclenche le saut. En le laissant en laisse, le maître lui fait faire ensuite l'aller et le retour, sans l'accompagner.

LES MUSCLES EN JOIE!
Utiliser ses muscles, est quelque chose de très agréable. Pavlov a parlé de "joie musculaire". Harvey a évoqué "la musique silencieuse du corps". En faisant des exercices, le chien reçoit un message de bien-être, il exprime son énergie, il partage avec son maître un plaisir qui est plus que fonctionnel.

UNE VISITE DE CONTRÔLE
Attention, avant de pratiquer un sport assez violent comme le saut, une visite chez le vétérinaire s'impose afin de dépister; les troubles articulaires (dysplasie), des affections organiques, un déséquilibre hydro-électrolytique ou une inadaptation cardiaque.

Le conditionnement étant en place, on peut commencer à varier les obstacles, dans le jardin, la maison ou au cours de la promenade.

Pour que le saut devienne tout à fait naturel, on peut utiliser des moyens dont on dispose facilement. Par exemple, si le chien vit en appartement on va placer plusieurs obstacles: un balai entre deux chaises, une caisse en carton, un cerceau placé entre deux fauteuils. Il suffit alors de le faire tenir à un bout de couloir et de l'appeler; on peut même renforcer la motivation en présentant une récompense ou une balle. Il est possible d'utiliser ce procédé dans le jardin entre deux clôtures; l'essentiel est de ne pas lui permettre de fauter en évitant l'obstacle ou en passant dessous. Pour transposer le conditionnement saut à n'importe quel obstacle, on peut se servir d'une couverture. A l'apprentissage en laisse, dès qu'il a bien compris, on place une couverture sur la haie de planches, sur un banc public ou tout autre obstacle.

On peut commencer l'apprentissage du saut chez un chiot de 2 mois à l'école du chiot, on prépare un couloir fermé à un bout, on place une petite planche (hauteur symbolique), on jette la balle, au moment où il saute on donne le signal qui servira de conditionnement plus tard: "saute", dès qu'il attrape sa balle il n'a pas d'autre choix que de sauter à nouveau vers son maître. On peut éventuellement accélérer le retour en exhibant une friandise ou un autre jouet. On augmentera progressivement la hauteur jusqu'à 50 cm lorsqu'il aura au moins 15 mois. On a donc le rapport d'objet par-dessus la haie qui pourra servir ensuite en programme obéissance ou RCI.

Pour les chiens qui commencent assez tard l'éducation au saut ou qui ont une mauvaise expérience (blessure, douleur), on va se servir d'un moteur pour le motiver, en jetant une balle par-dessus l'obstacle ou en le faisant suivre un autre chien qui sert d'exemple (imitation).

Attention aux méthodes coercitives basées sur la brutalité, celui qui a eu mal va tenter d'éviter le franchissement, comme certains chevaux il fait un refus, passe à côté, se sauve la queue entre les jambes.
On a vu également des chiens associer les soins pratiqués par le maître après une blessure sur un obstacle, en continuant à boiter longtemps après être guéris, dès qu'on les présente devant cet obstacle en particulier!
Le but de la rééducation de cette phobie sera, vous l'avez compris, de créer le conditionnement inverse, c'est-à-dire que chaque saut soit associé avec quelque chose d'agréable. Il est bien entendu que la hauteur de l'obstacle doit être baissée, même pour un chien adulte qui était très performant en saut auparavant. Pour créer une motivation, augmenter le besoin, il suffit de ne pas donner la gamelle la veille, et le lendemain, s'exercer dans le couloir en attirant de l'autre côté avec sa friandise préférée. Pour d'autres se sera le jouet présenté de l'autre côté alors que le chien est retenu par une personne étrangère dans le couloir, dès qu'il franchit la hauteur on jette le jouet. Si le chien pratique le mordant sportif, l'homme assistant l'excite de l'autre côté avec la manche ou le boudin, c'est le subterfuge que j'avais utilisé avec une de mes chiennes qui s'était arraché un ongle sur la haie en Ring et qui, trop traumatisé, ne voulait plus de la haie alors qu'elle était à l'aise sur la palissade ou le saut en longueur.
Pour l'apprentissage du saut en série, de type agility, il faut d'abord lui apprendre le franchissement, puis conditionner à chaque obstacle, faire exécuter les sauts en ligne, pour finir par varier les emplacements. Pour les chiens qui aiment sauter, on peut éventuellement exercer leur talents physiques grâce au Frisbee (on jette un disque que le chien doit attraper au vol) ou au Flyball (le chien franchit les obstacles, pose la patte sur un mécanisme qui lance une balle, il doit l'attraper et la ramener à son maître en sautant à nouveau).
Peu importe, en fait, que votre chien ne devienne pas un superchampion, l'essentiel est que cela permette d'améliorer vos bonnes relations, votre complicité, et que tous les deux, vous vous amusiez ensemble.

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