Qu’est-ce que le mordant ?

Qu’est-ce que le mordant ?

Joseph ORTEGA

Un instinct :

Tous les canidés ont dans leurs gènes l’aptitude au mordant de leur ancêtre le loup, n’importe quelle race, de la plus énorme à la plus petite.

Le chien est un prédateur dans son mental, même si l’homme a transformé son apparence extérieure.

L’instinct de survie est basé sur l’aptitude à capturer des proies, c’est-à-dire repérer, poursuivre, attaquer et mettre à mort. Observez un chiot allongé dans votre jardin, lorsqu’il voit une feuille d’arbre tomber et glisser sur l’herbe, poussée par le vent, il va se lever et tenter de l’attaquer.

Prenez un petit bout de chiffon attachez-le au bout d’une ficelle et faites passez ça au milieu d’une portée de chiot, automatiquement les plus hardis vont se mettre en quête pour le saisir.

L’instinct de proie devra donc servir de base à cette initiation.

Une sélection génétique :

Certaines races ont été sélectionnées par l’homme pour que cet instinct soit sublimé, soit dans le but de la poursuite, ce qui sera le cas du Lévrier qui chasse à vue, soit dans le but de combattre, comme pour les Terriers qui doivent être aptes à affronter dans une galerie sous terre, un Renard ou un Blaireau, soit dans le but de défendre un lieu, une personne, un autre animal, un objet, ce qui sera le cas des chiens de protection de troupeaux comme les bergers ou les bouviers.

Un apprentissage :

Dans la nature, les canidés doivent apprendre dès le plus jeune âge quelles sont les techniques de prédation les plus efficaces par rapport aux proies qui se trouvent dans leur biotope. Chez les loups on trouve des meutes spécialisées dans la chasse aux rennes, d’autres aux lapins, d’autres aux bœufs musqués, etc.

C’est avec les parents et le groupe qu’ils vont apprendre, d’abord en observant, puis en imitant jusqu’à la maîtrise parfaite du bon comportement.

Chez nos chiens domestiques, c’est l’homme qui va orienter cet instinct par rapport au contenu d’un règlement de concours ou celui d‘un test mis en place par le Club de race

Quels sont les critères d’un bon mordant ?

Toujours par rapport à une activité uniquement sportive, comme dans tous les sports de combat, on va travailler la technique.

Le jeune chien doit être, dès le départ de l’apprentissage, préparé afin d’avoir plus tard la meilleure maîtrise possible des comportements recherchés dans le règlement de la compétition.

On aura donc à lui inculquer dans l’ordre :

La rentrée dans la toile (selon le programme, en haut, en bas, bras armé, par derrière, etc.)

La prise en gueule (la manière de saisir : bout de gueule, pleine mâchoire, sur le côté, etc.)

La combativité (montrer que l’on veut abattre la proie)

La résistance au stress (coup de feu ou coups de baguette, cris)

Le courage (affrontement)

La cessation à l’ordre du maître (contrôle en toute circonstance y compris pour arrêter l’attaque)

La vigilance pour surveiller l’homme (il ne doit pas menacer ou fuir)

La sagesse et l’attention pour la conduite de l’homme (sûr de lui et prêt à agir)

L’aboiement à la découverte de l’homme (signaler et attendre l’arrivée du maître)

Le rôle de l’homme assistant :

C’est le véritable artisan de la qualité de mordant du futur chien de concours, un bon homme assistant fait le bon chien de mordant.

Nous avons vu qu’il était appelé autrefois Apache, puis malfaiteur, agitateur (au Canada), Piqueur (en Suisse), Homme d’attaque, Figurant (Pays de l’Est), mannequin, etc.

Jusqu’en 1999, où suite à la loi sur les chiens dangereux, il a été nécessaire de supprimer, sur la recommandation de la Société Centrale Canine, le mot « attaque », d’où la nouvelle appellation « d’homme assistant. »

Il faut savoir que n’importe qui ne peut pas faire un bon homme assistant. Cela exige des qualités sportives d’endurance, de rapidité, de maîtrise des gestes, une bonne résistance musculaire, avec également une intelligence de l’action pour tenter de penser comme le chien, savoir anticiper une dérobade, motiver les plus jeunes en leur faisant croire qu’ils sont des lions.

Il y a l’homme assistant de concours qui applique à la lettre sous les directives du juge le règlement de la compétition dans laquelle il exerce. Son but, c’est de tenter de travailler de manière homogène pour chaque chien qui passe, afin que le meilleur d’entre eux ressorte, cela se ressent particulièrement dans le programme RCI créé au départ pour la sélection des reproducteurs.

En Concours :

Pour être homme-assistant de concours, il faut se former dans un Club d’éducation canine sans but lucratif (environ 1000 en France) auprès des moniteurs expérimentés. On commence à apprendre à tenir debout dans le costume malgré le mordant d’un chien aguerri (en général, on utilise au début un chien qui a été mis à la retraite de la compétition mais qui possède toujours un excellent mordant, tout en ne risquant pas d’être « cassé » par un comportement maladroit de l’homme). Ensuite, on doit savoir endurer le port du costume malgré la chaleur ou les mouvements rapides, pour cela, il faut faire du footing ou des exercices physiques malgré la toile qui enserre le corps. Il faut dire qu’à l’heure actuelle, c’est presque un survêtement un peu épais, ce qui n’a rien à voir avec l’épaisseur de cuir couvert d’une épaisseur de toile, d’un poids de 30 kg environ qui nous faisaient ressembler à des chevaliers en armure.

On l’initiera aux subtilités du règlement et au respect du chien, à l’écoute des ordres du juge, etc. Enfin après 1 ou 2 ans de formation, les responsables du Club vont lui demander de se présenter à une sélection officielle organisée par la commission d’utilisation Nationale de la Société Centrale Canine.

En cas de réussite, il pourra officier en concours dans la discipline pour laquelle il a été sélectionné.

L’homme assistant pour l’entraînement

C’est là un rôle beaucoup plus difficile, certains hommes-assistants préfèrent de beaucoup préparer les jeunes chiens, aider à améliorer les prestations des chiens de concours plutôt que de servir en compétition. A l’entraînement, il faut faire preuve d’énormément de psychologie et s’adapter au chien que l’on a en face, dans tous les cas il doit sortir vainqueur de la confrontation si on veut qu’il s’améliore. Un travail très gratifiant qui permet de voir évoluer, grâce à la technique employée, le jeune chiot de 2 mois jusqu’au moment où il sera peut-être, finaliste du Championnat de France ou du Championnat du Monde.

Pour en savoir plus, le livre de Joseph ORTEGA "Le Guide de l'éducation canine par la Méthode Naturelle" dans ce site!

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