REFLEXES CHEZ LE CHIOT NOUVEAU-NE! Copyright Joseph ORTEGA

L'élevage moderne doit tenir compte de l'éthologie du chien et non pas se contenter simplement de mettre une femelle et un mâle ensemble pour les faire reproduire, pour cela on doit prendre en compte avant même la naissance, le développement psychomoteur des chiots, ensuite dès qu'ils sont là on doit être apte à détecter des anomalies. A leur naissance ils ont des réflexes naturels que l'on peut contrôler comme on le fait chez l'enfant.
A la naissance le chiot possède une large gamme de comportements potentiels (répertoire comportemental spécifique de l’espèce établi au cours de l’évolution par les processus d’adaptation à l’environnement). Le comportement moteur du fœtus est limité à de simples mouvements réflexes à partir de 32-34 jours de gestation et est décelable par examen échographique. Il est caractérisé par des mouvements du corps et des membres.
Les reflexes sont des comportements innés automatiques en réponse a certaines stimulations internes ou externes spécifiques. On peut les nommer réflexes archaïques ou mouvements automatiques involontaires. Ces mouvements de réflexes primitifs aident à développer le cerveau (réseaux neurologiques et myélinisation), des effets importants pour l’apprentissage, le comportement, la communication, les relations et le bien être émotionnel.

Les réflexes primaires sont essentiellement contrôlés par le tronc cérébral puisqu’à la naissance, la maturation du système nerveux central demeure inachevée et la myélinisation présente se fait par les voies sous-corticales. Plus tard, cette myélinisation atteindra les voies cortico-spinales (cortex cérébral) pour la mise en place des réflexes primaires et le contrôle volontaire des mouvements. A mesure que les voies corticales se développent, ils sont remplacés par la motricité volontaire.
Lors du développement psychomoteur les influx nerveux seront d’abord le sujet de réponses autonomes réflexes. Les systèmes sensoriels vestibulaires et somesthésiques (douleur, chaleur, froid, pression) sont en place. Certains soutiennent qu’il est insensible à la douleur les premiers jours, ce qui est faux, si on assiste à l’amputation de la queue à 2 ou 3 jours on l’entendra crier. Si on pince un membre, il fléchit la patte et crie. Les zones sensibles qui le resteront plus tard sont situées où il y a les vibrisses, ces poils sensoriels qui sont utilisés pour déterminer la forme et la texture des objets, l’orientation de l’air, le type d’herbe, etc., un avantage certain pour la chasse de nuit. Il nait avec un cerveau à construire, les fibres nerveuses sont comme des câbles électriques qui vont s’entourer d’une gaine (la myéline) qui favorise le passage de l’influx nerveux. Du cerveau, via la moelle épinière, partent ces réseaux d’information et de réaction. Le système cérébro-spinal est utilisé: activités réflexes de la vie de nutrition et de relation. Les centres du cerveau coordonnent l’activité réflexe d’ensemble. La période néonatale est une période sensible.
A la naissance : il existe donc un stock de réflexes, des comportements involontaires et automatiques pour survivre. Le développement psychomoteur du chiot se fera dans le sens céphalo-caudal (de la tête vers la queue). Chez l’humain le réseau nerveux se complète jusque vers 7 ans alors que chez le chiot il le sera vers 7 semaines. On a longtemps pensé que tout était terminé à ce moment là, on a découvert, dans les années 80, que de nouveaux neurones peuvent apparaître, hélas en faible nombre, dans deux régions du cerveau : le bulbe olfactif d’une part, l’hippocampe de l’autre selon P.S. Eriksson (1998).

On peut résumer la mise en place de la locomotion de la tête vers la queue; museau, pattes antérieures, corps, pattes postérieures, queue, ainsi :
- Naissance: réflexes pour se nourrir, se réchauffer
- 5 à 6 jours, tonus des pattes antérieures
- 7 à 10 jours, tonus des postérieurs
- 10 jours, posture debout
- Déplacements, 3 semaines
Ces conduites motrices archaïques (actes pré adaptés plus ou moins complexes) apparaissent donc pendant la vie fœtale. Leur présence est le signe du bon développement du système nerveux et du tonus musculaire du chiot. Il peut être utile de les expérimenter pour vérifier un bon développement psychomoteur et éventuellement constater un retard neurologique
La période néonatale, de la naissance à 14 jours environ, au moment de l’ouverture des yeux!
- le réflexe de fouissement qui permet au chiot, par thermotactisme positif, de trouver la mamelle. Le chiot n’étant pas capable de maintenir sa température interne, car 80% de ses cellules ne sont pas kératinisées, ce réflexe lui permet de capter la chaleur et de conserver une température de survie. Ce « rooting reflex » peut être déclenché en plaçant le museau du chiot dans le creux de la main, il peut avancer ainsi sur une bonne distance s'il est sur une surface antidérapante.
- le réflexe de pétrissement, qui correspond à un pédalage des antérieurs sur le ventre de la mère et qui stimule la sécrétion des mamelles.
- le réflexe labial qui est déclenché lors d’une stimulation tactile de la bouche (lèvres, joues, langue) du chiot. Celui-ci répond en un mouvement des lèvres et de la langue vers la zone stimulée. Ce réflexe est associé au réflexe de succion déclenché lorsqu’un objet, une tétine ou un doigt, entre en contact avec le palais ou la langue, et au réflexe de déglutition, lié à la présence de liquide et d’aliments au niveau du palais. Ce dernier passe progressivement sous contrôle volontaire. Il disparaîtra vers 21 jours, à moins que les chiots soient sous-alimentés.
- le réflexe de détresse: S’il s’éloigne du nid et lance le cri de détresse, la mère le saisit par le dos et le ramène durant la première semaine. Durant cette période il est totalement dépendant de sa mère qui le nourrit, le protège, le nettoie, stimule l’élimination
- le réflexe périnéal qui permet l’élimination après léchage maternel du ventre et de la zone périnéale. Le très faible développement du système nerveux à la naissance explique que le nouveau-né soit incapable d’assurer seul le transit alimentaire et l’élimination des urines. Dans le cas des chiots orphelins, il devra être renouvelé toutes les 3 ou 4 heures par l'éleveur.
- le réflexe de soutien qui donne au chiot la capacité de soulever son corps. Il apparaît entre le sixième et le dixième jour au niveau des membres antérieurs, comme si le chiot tractait son train arrière. Puis, il apparaît entre le onzième et le quinzième jour au niveau des membres postérieurs. Le réflexe de soutien consiste à ce que le chiot mette les pattes en extension lorsque les coussinets sont en contact avec le sol.
- le réflexe de clignement à la lumière, de nature sous corticale, lié aux nerfs optique et facial, peut être observé entre le deuxième et le quatrième jour. Une lumière vive placée en face provoque une contraction lente de la paupière. L’ouverture des yeux se produit, normalement, entre le dixième et le seizième jour.

- Réflexe de succion : Il est obligatoire pour se nourrir. Si on présente un doigt il va le téter. Il est présent dés la naissance, disparaît avec le sevrage. Son sens gustatif existe dés la naissance, on peut tester on présentant sur le doigt une substance salée ou sucrée. Persiste jusqu‘au 15ème jour environ. L’instinct de téter peut disparaître si la température interne du
chiot descend à moins de 39°C, ils deviennent léthargiques, sont négligés par la mère et tombent en hypoglycémie
- Réflexe de déglutition : la présence d’aliment ou de liquide près du voile du palais le déclenche

- Réflexe olfactif: Contrairement à ce que certains avancent, il a l’olfaction, même si ses compétences ne sont pas celles d’un adulte. On sait même qu'elle commence à l'état fœtal, Wells et Hepper ont donné récemment à 14 mères durant leur gestation un régime enrichi en substance odorante à base d’anis. Les chiots testés15 minutes après leur naissance ont immédiatement fait le bon choix. Il est capable de différencier un téton artificiel (dépourvu d’odeurs) de celui de la mère.
Il peut déjà être conditionné à une odeur, ce que faisaient les anciens, sans pour autant connaître l’éthologie, en badigeonnant de lait de truffe les mamelles de la mère pour les futurs chiens de cavage. Fox à enduit les mamelles de la mère d’une crème à l’anis, plus tard les chiots auront une préférence pour ce type d’odeur. On pense également que les mamelons sont entourés de glandes qui n’ont rien à voir avec les mamelles et qui produisent une odeur.
Son sens gustatif est lui aussi effectif dés la naissance, il réagira (réactions faciales) en fonction des substances qu’on lui fera goûter : sucrée, amère, acide, salée. On sait selon Coopersmith et Léon, qu’un chiot exposé à une odeur pendant la stimulation tactile (léchage par la mère ou caresses de l’éleveur) va subir des modifications dans le bulbe olfactif (changements métaboliques et structuraux durables et acquisition d’une préférence pour cette odeur). Une expérience aux odeurs multiples est donc indiquée dans cette phase du développement du cerveau, par exemple par les boites à odeurs que je préconise dans les écoles de chiots (concept que j’ai inventé) et chez l’éleveur. Avec les substances sucrées il y a en général, léchage, déglutition, tétée ; avec les substances amères on trouve, le museau qui se plisse, salivation, régurgitation. Cette période correspond également à l’imprégnation, la période sensible pour reconnaître son espèce, les caractéristiques pour la reproduction du partenaire, où l’odorat va jouer un grand rôle. Les odeurs et leur contexte (expérience) vont être particulièrement mémorisés jusqu’à l’adolescence. Ensuite c’est l’hérédité, l’intelligence, et un entraînement continu et varié, qui feront la différence d’un sujet à l’autre.
- Réflexe d’extension croisé (jusqu’à 18 jours): on met le chiot sur le dos, on pince un des membres postérieurs au niveau des doigts. La patte stimulée fléchit, l’autre s’étend. On pince un doigt du membre postérieur ce qui provoque : la flexion de la patte pincée, l'extension de l'autre. Entre 0 et 5 jours, la flexion est plus importante que l'extension
- Reflexe de placement: Le réflexe de placement consiste à poser la partie supérieure (dorsale) de l'extrémité de la patte au contact avec le bord inférieure d'une surface plane (une table par exemple). Le chiot lève la patte pour la poser sur la table: pour les pattes antérieures à 3 jours, pour les pattes postérieur à 8 jours
- Le placer des membres antérieurs : Si on le penche en avant, comme s'il plongeait, vers une surface horizontale (table), il tend ses antérieurs, entre 2 et 4 jours.
- Réflexe de Magnus ou réflexe tonique du cou: chiot sur le dos, on tourne sa tête d’un côté avec l’autre main, on observe l’extension des membres du côté ou elle est tournée et flexion des membres du côté opposé. Complet jusqu’au 14e jour, ensuite il n’y a que les membres postérieurs qui réagissent jusqu’au 21e jour.
On reconnaît trois phases successives :
une phase de flexion, entre la naissance et 5 jours, pendant laquelle le tonus des fléchisseurs est supérieur à celui des extenseurs. Le chiot se recroqueville, les membres et le dos fléchis ;une phase d'extension, entre 5 et 18 jours, pendant laquelle le tonus des extenseurs est supérieur à celui des fléchisseurs. Le chiot s'étend au maximum;
une phase de normotonie, au delà de 18 jours, où le tonus des deux groupes de muscles s'équilibre : les pattes sont pendantes et le dos droit.
- Posture du phoque : Lorsque le chiot est soulevé par le thorax, il y a extension des membres antérieurs et de la queue, avec les yeux fixes et l’arrêt des cris et des mouvements vers le 21ème jour (on utilisera cette manœuvre pour les chiots agressifs).
- Réflexe de frisson: à partir de 6 jours (conditions thermiques du milieu). A la naissance, la température interne du chiot n’est que de 28-30 °C, le lendemain, 34 °C environ, elle va augmenter durant les trois premières semaines. Contre sa mère, sa température est de 37 à 38°C. Si la température de la pièce descend et en absence de la mère, il stresse, gémit et bouge car son cerveau est incapable de la moindre activité régulatrice. La thermorégulation n'existera que vers 3 semaines au moment de la maturation du cerveau.
- Righting reflex: mis sur le dos, il se retourne spontanément. La position de la tête joue un rôle dans le sens de l’équilibre
- Réflexe géotactique négatif: on le met sur une surface antidérapante sur un plan incliné, tête vers le bas. Il se retourne vers le haut, répondant à la gravité terrestre.
- Réflexe périnéal de miction et de défécation : Il n’a pas d’autonomie neurovégétative à la naissance, c’est la mère qui va le déclencher en léchant la zone périanale. Elle ingère les déjections pour garder le nid propre. On doit le déclencher par massage chez le chiot orphelin. Il sera autonome vers la 3ème semaine.
- Réflexe de contact : Il balance la tête et rampe en cercle pour retrouver la mamelle, s’il touche un autre chiot il reste en contact. A l’état fœtal il était isolé des autres, les relations de contact avec les autres commencent. Au début la mère ne représente rien d’autre que quelque chose d’agréable, d’une douce chaleur et qui nourrit de bon lait, l’attachement n’est pas fixé et on peut mettre les chiots avec une autre nourrice, ce qui n’est pas le cas pour la mère qui a enregistré les caractéristiques de ses petits. Les chiots dorment les uns sur les autres la première semaine, puis parallèles ou en tête à queue la seconde semaine.
La période d’éveil pour la tétée est de 5% du temps (7 à 8 par jour), le reste du temps est pour un sommeil calme ou activé (tremblements, mouvements résiduels de la face, polypnée et apnée). Les cris de contentement pendant la tétée est au maximum vers 9 jours.
Les vocalisations commencent le premier jour par des gémissements, des cris aigus, grognements, miaulement. A une semaine on a des jappements. Vers 10 jours, les aboiements.
- Réflexe palpébral: Le chien naît aveugle ses paupières sont collées. Il existe pourtant une activité de l'œil dès stimulation de l’angle palpébral, un réflexe sensitif de contraction, ainsi qu' un réflexe des vibrisses dès qu'on les touche qui donne un clignement des paupières. Entre 2 et 4 jours si on place une source lumineuse il y a une contraction lente des paupières. Ouverture des yeux à partir de 10 à 15 jours
- Réflexe auditif de sursautement vers 20 jours: En cas de bruit soudain, il écarte les pattes, il fléchit la tête et cligne des yeux, vers 3 semaines. (dépistage des chiens sourds). Orientation vers la source de bruit. Le système auditif débute entre le dixième et le quatorzième jour, il ne réagit au bruit qu’à partir du dix-huitième jour.
Le réflexe de sursautement coïncide avec l’audition et donc la fin de la corticalisation.
un chiot non materné par sa mère, qui pourrait présenter, plus tard, des troubles de la socialisation, ou une dépression de détachement précoce, va se soulever puis retomber sur le côté en tremblant pendant quelques minutes

Pour en savoir plus, le stage "ELEVAGE ET COMPORTEMENT" ou le livre "ELEVAGE ET COMPORTEMENT", préface du Prof. Denis, dans ce site!

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