Il était une fois le loup du Gévaudan

C'est à Sainte-Lucie en Lozère, que se trouve le plus grand parc à loups d'Europe. Près de 120 loups vivent à nouveau sur la terre de légendes du Gévaudan dans un parc de 35 hectares.

Tout a commencé en 1961 lorsque Gérard MENATORY se rend en Pologne pour un reportage sur les Bisons. Il en reviendra avec l'amour des loups, poussant celui-ci jusqu'à en introduire dans sa maison pour partager son existence. Cela servit à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'un loup n'est pas né pour vivre dans un foyer humain, mais pour partager l'existence de ses frères.

Il installe donc ses loups dans le petit village de Ste-Lucie près de Marvejols, profitant des installations d'un parc zoologique qui était appelé à fermer ses portes. Depuis, le parc n'a cessé de s'épanouir et de recueillir des pensionnaires. Après les loups du Canada, de Pologne, de Sibérie, la dernière sous-espèce qui fut reçue est celle des loups de Mongolie.

Ces derniers ont une histoire qui mérite d'être contée : La fondation Brigitte BARDOT reçoit en 1991 une information selon laquelle des loups de Mongolie, agés d'environ 2 mois avaient été capturés et se trouvaient emprisonnés près de Budapest, dans l'attente d'un acheteur pour leurs peaux. La pratique habituelle étant de les tuer par pendaison lorsqu'ils atteignent l'âge adulte afin de leur prendre leur fourrure.

Brigitte BARDOT se démena pour les récupérer et elle obtint gain de cause. En définitive, sur les 109 loups qui arrivèrent en Hongrie, 80 furent sauvés alors qu'ils avaient près de 6 mois.

Maintenant, ces loups de Mongolie sont bien adaptés à leur nouveau milieu et ont largement dépassé leurs frayeurs et leur stress de départ.

Après Gérard MENATORY, c'est sa fille Anne qui a pris la relève, afin que le parc du Gévaudan demeure un espace de vie pour une espèce qui risque de bientôt disparaître.

Les visiteurs sont de plus en plus nombreux et viennent de tous les pays du monde; chaque année le parc enregistre entre 100.000 et 120.000 visiteurs, avec des records pendant Juillet et Août. Sylvain (le guide) est un passionné qui sait commenter avec un langage averti la vie des pensionnaires, n'hésitant pas à introduire les visiteurs dans les parcs au milieu des loups, pour leur faire connaître le grand frisson. Il tente de contribuer à détruire les légendes qui courent sur ce soi-disant animal sanguinaire.

Un lieu mythique
Il ne faut pas oublier que cette région qu'on appelait la Margeride et qui comprend Lozère, Cantal et haute Loire, a connu la fameuse bête du Gévaudan : ce monstre qui, entre 1764 et 1767, aurait massacré une centaine de personnes et en aurait mutilé une trentaine. On qualifiera cette bête, qui jette l'effroi dans la population, d'animal << surnaturel>> ou << extraordinaire>>.

On enverra pour la supprimer les chasseurs ainsi que les troupes de Louis XV, et c'est un nommé Jean CHASTEL qui fut sensé l'avoir tuée. Il faut noter qu'une bête fut abattue par un nommé BEAUTERNE le 21 Octobre 1765, elle pesait 130 livres pour une taille de 86 cm et une longueur de 1,90 m. (le record en poids revient à un loup des Carpathes abattu le 31 Décembre 1942 qui pesait 96 kg pour une longueur de 213 cm.). En réalité rien n'est sûr, car il faut se reporter au contexte de l'époque. Avec la grande peste qui venait de se terminer et le fait que la région était une zone particulièrement isolée et retardée à tous les niveaux. Avec des pratiques qui n'avaient rien de "catholiques", les gens réglant leurs comptes à l'aide de la magie ou du couteau.

On sait maintenant seulement, alors que le loup a été exterminé par le plomb ou la strychnine, qu'en aucun cas, il n'attaque l'homme. Mais la peur ancestrale se perpétue : ne raconte-t-on pas toujours aux enfants l'histoire du Petit Chaperon Rouge ? L'origine de ce conte absurde, vient en réalité du fait qu'il fallait mettre en garde les enfants contre les mauvaises "rencontres" qu'on pouvait faire dans les bois.

Rappelons que depuis le 19 Septembre 1979, le loup est une espèce "strictement protégée" par la convention de Berne, dans tous les pays de la CEE. Ce qui signifie que les dégâts éventuels commis sur les troupeaux sont remboursés. Depuis, comme par hasard, il apparaît de plus en plus de loups sauvages en France. Vous avez dit bizarre ?

Un réservoir génétique
Au parc du Gévaudan, les loups sont constitués en meute. Seuls les dominants reproduisent. Ce qui donne, avec les décès ou les accidents, environ 20 nouveaux loups par an. Il faut y aller au printemps pour avoir la chance d'apercevoir 4 à 6 petits par tanière, qui, sous l'œil vigilant de la mère et des membres du groupe, apprennent les règles ancestrales du clan.

La moyenne de vie possible étant de 10 à 14 ans en captivité, le nombre de sujets dans le parc demeure à peu près fixe. Il est important de signaler que le parc ne vend pas de louveteaux et qu'il n'accepte pas de loups adultes venant par exemple, de particuliers qui ont voulu jouer à "Jack LONDON" au détriment de l'animal.

La longue histoire des loups
Le premier ancêtre des loups, le Miacis, vivait il y a 40 millions d'années. Ensuite, vient l'Hesperocyon, puis le Tomarctus, il y a 10 millions d'années. Le loup (Canis lupus) apparaissant il y a environ 2 à 5 millions d'années. Actuellement on trouve encore des loups un peu partout dans le monde. Les plus grandes populations étant recensées en Asie du Nord (Sibérie) et en Amérique du Nord (Alaska, Canada). On estime à une trentaine les sous-espèces ou races géographiques de loups, les plus proches de nous étant situées en Espagne, au Portugal, et en Italie. Depuis son extermination (le dernier loup a été tué en France en 1939), on commence à le revoir dans notre pays et une dizaine d'individus ont été signalés dans le parc national du Mercantour dans les alpes maritimes, en provenance d'Italie. La bête qui vient du fond des âges a-t-elle une chance de survie chez nous? Cela reste à prouver. Pourtant les études scientifiques menées partout où le loup existe, prouvent que sa présence en tant que prédateur naturel, permet de conserver le gibier en bonne santé,car il élimine les sujets malades ou dégénérés, (contrairement aux hommes); et de limiter son expansion pour éviter les dégâts aux cultures.

En Allemagne, des loups venant de Pologne ont commencé à revenir dans la région du Brandebourg, après avoir traversé l'Oder à la nage.

En réalité, le loup est infiniment moins préjudiciable pour nos troupeaux que les 70.000 chiens errants qu'on trouve en France. S'il s'attaque à des bêtes d'élevage de manière épisodique, il prélève un animal et le dévore, alors que les chiens en blessent et en détruisent un très grand nombre, comme pris de "folie"; et on comprend les bergers qui se dotent à nouveau de chiens de protection pour la garde. D'autre part, il ne faut pas oublier que l'éleveur peut se faire rembourser en cas d'attaque d'un loup, jusqu'à trois fois le prix qu'il obtiendrait de ses bêtes sur le marché. On comprend mieux pourquoi on met sur le dos du loup toutes les attaques dont les troupeaux font l'objet...

Les bergers qui sont confrontés depuis toujours avec les loups comme en Italie ou en Espagne, savent bien qu'ils ne sont jamais dangereux pour les troupeaux et que l'agression d'une brebis isolée reste exceptionnelle.

Un ancêtre lointain
Il existe un consensus de la part de tous les scientifiques pour admettre que le loup est l'ancêtre de nos chiens. La domestication a pourtant éloigné les deux individus à plus d'un titre, malgré la filiation directe.

Morphologiquement, l'homme a sélectionné le chien selon des convenances esthétiques ou utilitaires; pourtant il conserve le même psychisme que son aïeul, avec le sens de la meute et les règles de société. On trouve des différences portant sur le cerveau, 69% moins lourd que celui du loup. Dans les mimiques faciales, le loup est très expressif avec 60 expressions différentes. Les chiens nordiques par exemple, n'en ont que 18 ( que penser alors de ceux qui ont subis de grandes transformations de la tête, des couleurs, des oreilles).

Quelques titres de romans et d'ouvrages sur les loups
KAZAN - James Oliver CURWOOD. Livre de poche

Grand - Loup Sauvage - René ESCUDIE. Pocket

La bête du Gévaudan - José FERON. Hachette.

Père loup - Michel GRIMAUD. Flammarion.

Le passage des loups - James HOUSTON. Flammarion.

Le livre de la jungle - Rudyard KIPLING. Gallimard.

L'Appel de la forêt - Jack LONDON. Gallimard.

Croc - blanc - Jack LONDON. Gallimard.

Le dernier loup d'Irlande - Elona MALTERRE. G.P. Rouge et Or.

Mes amis les loups - Farley MOWAT. Flammarion (Castor-poche)

La pourpre du guerrier - Rosemary SUTCLIFF. Gallimard (Lecture-junior)

Le sorcier aux loups - Paul THIES. Rageot.

Les loups du Gévaudan Sainte-lucie - 48100 MARVEJOLS

Renseignements : 04/66.32.09.22.

Horaires d'ouverture :

Du 3 Février au 31 Mai et du 1er Octobre au 31 Décembre, de 10h00 à 16h30

Du 1er Juin au 30 Septembre, de 10h00 à 18h30.

Les personnes interessées poar l’observation des loups sauvages peuvent se rendre selon leurs moyens :

- En Italie, au Parc National des Abruzzes. Une reserve naturelle de 40.000 ha fondée en 1921 qui abrite 50 à 100 loups ainsi que quelques ours bruns. Itinéraire : A partir de Rome, prendre l’autoroute A 25 en direction de Pescara - Sortir à Pescina et emprunter la RN 83.

Office de tourisme à Paris Tél. 01/64.87.05.05.

Au Canada, au Parc National de Banff. Réserve de 17.000 km2 dans les Rocheurs entre l’Alberte et la Colombie - Britannique. Park de Banff Information Office Tél. (00) 1 403 762 15 50.

Ambassade du Canada à Paris Tél. 01/44.43.25.07.

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