Reproduction chez le loup, un chien naturel!

Dans la famille des canidés, le genre Canis comprend des espèces qui peuvent reproduire entre elles et dont les hybrides sont féconds : Chacal, coyote, loup. Le nom scientifique du chien à l’heure actuelle est « Canis lupus familiaris ».

Le plus intéressant est celui qui est actuellement considéré comme l’ancêtre de notre chien domestique, le loup gris (Canis lupus). Un animal social par excellence (du latin socius : compagnon), une association d’individus qui se caractérise par une organisation en vue d’intérêts communs. La chienne ou la louve ont le même cycle de reproduction et le même profil hormonal.

l Maturité sexuelle louve: 22 mois (plus tôt en captivité)
l Chaleurs: janvier, février, 1 œstrus/an
l Mise-bas: tanière, liteau, chaudière
l Nombre: 5,13 louveteaux
l Poids: 400 à 450g
l Croissance: 75g/jour, les 2 premiers mois
l Adulte: Mâle 35,8 kg-Femelle 28,1 kg
l Taux de femelles reproductrices: 41,93%
l Couple pour la vie!

Il faut d’abord faire remarquer que beaucoup d’études sur le comportement du loup ont été réalisées en parc zoologique, ce qui fausse de manière importante les observations qui sont faites, la seule réalité objective, c’est l’étude dans son biotope naturel.

Ce n’est pas dans les livres ou lors d’observations en milieu artificiel que l’on peut apprendre à connaître l’éthologie d’une espèce, mais en partageant ses conditions naturelles d’existence.
Comme disait Georges Leroy, lieutenant des chasses du roi en 1770, précurseur de l’éthologie moderne : « le naturaliste doit s’enfoncer dans les bois pour suivre les allures de ses êtres sentant, juger des développements et des effets de leur faculté de sentir et voir comment, par l’action répétée de la sensation et de l’exercice de la mémoire, leur instinct s’élève jusqu’à l’intelligence ».

Chez le loup la période de reproduction se situe entre janvier et avril selon les latitudes. Chez le chien c’est souvent au printemps et à l’automne. Elle va dépendre de la photopériode (heures de lumière par jour) qui agit sur la production d’hormones (mélatonine, prolactine, hormones sexuelles), ainsi que selon des facteurs de climat (température, humidité…) ou les possibilités alimentaires (proies). Des chiens qui vivent dans des chenils, à l’intérieur de bâtiments, avec peu d’exposition à la lumière du jour (certains éleveurs pensent que le fait de tenir à l’intérieur, avec peu de lumière, donne une meilleure qualité de poils avec des coloris bien marqués), peuvent voir leurs performances reproductrices diminuées.

La prolactine est secrétée par l’hypophyse chez le mâle comme chez la femelle, elle va favoriser la lactation de la mère et provoquer le comportement parental de soins chez elle comme chez le père.

Si le chacal ou le coyote vit en couple ou en groupe familiaux le loup vit le plus souvent en meute (sauf si le biotope exerce une contrainte : chasse), ce qui permet d’obtenir des proies plus grandes.

Les techniques de chasse sont très élaborées, la coopération jouant un grand rôle. Une meute est un groupe fermé qui rejette les étrangers, il peut comprendre plusieurs familles, seuls les dominants (les leaders) reproduisent dans 95% des cas (perpétuer les meilleurs gènes pour la survie).

Le couple dominant peut agresser les autres membres du groupe qui auraient un comportement de cour (attaque, placage au sol). Chez les chiens, c’est l’homme qui décide, quelquefois en faisant reproduire des chiens craintifs et hyper soumis, les clubs de race eux-mêmes ne tenant pas compte des résultats des tests de comportement (dits « de caractère » ou « d’aptitudes naturelles ».
En exposition, la confirmation du pédigrée étant accordée sur des critères esthétiques, souvent en négligeant l’équilibre caractériel et les qualités de travail.

Chez les canidés le mâle doit conquérir la femelle, souvent en se battant contre les congénères (la production des hormones androgènes augmente l’agressivité entre mâles), ensuite il doit être apte à faire la cour, une parade nuptiale qui sert de préliminaires.

Les plus combatifs sont ceux qui sont les plus actifs sexuellement. Le dominant a un plus grand accès aux ressources, d’autre part ses gènes sont les plus représentés dans la population. Le chien domestique a son maître qui décide pour lui, ce qui a permis d’orienter souvent la sélection vers les sujets les plus dociles …

Même chez le couple dominant la femelle aborde souvent le mâle dans une posture de soumission, par contre après la mise-bas des louveteaux le mâle s’approchera de la tanière en agitant son corps et sa queue comme s’il avait affaire à un dominant, respectant la femelle qui lui interdit l’approche durant une dizaine de jours.

La mère ne quitte la tanière que pour des courts instants, ignorant les appels de la meute pour le départ de la chasse, avant que ses jeunes aient atteint au moins 3 semaines, il apporte néanmoins des proies ou régurgite devant la femelle et les louveteaux dès qu’ils sortent de la tanière.
Les femelles en pseudo-gestation (grossesse nerveuse) ont un comportement maternel et peuvent aider à l’allaitement. Le père va participer au nettoyage des louveteaux en léchant l’urine et les selles jusqu’à 8 semaines.

Ensuite il faudra attendre qu’ils aient environ 8 semaines (période sensible où la nature a prévu pour leur survie qu’ils aient peur de ce qu’ils ne connaissent pas) pour qu’elle s’absente jusqu’à 8 heures pour aller chasser (observation dans un groupe de 3 individus : père, mère, jeune femelle née l’année précédente), il peut y avoir du baby-sitting par des individus âgés, mâle ou femelle.

Au retour de la chasse, les adultes émettent des gémissements sourds qui font accourir les louveteaux, les louveteaux sollicitent par des coups de pattes sur leur museau qu’ils lèchent.
Il peut y avoir des régurgitations (jusqu’à 1 kg) sans sollicitation. La notion de communauté est un principe essentiel, ce qui est bénéfique au groupe est bénéfique à l’individu et le contraire.
Contrairement au chiot qui arrive dans une maison où les propriétaires travaillent, les louveteaux sont rarement seuls, on leur apporte à manger, on les surveille lorsqu’ils dorment, on joue avec eux.

Les jeunes ne commençant à suivre les adultes que vers 12 semaines sur des chasses à proximité, car un parcours peut compter jusqu’à 60 km dans la journée en cas de disette. Le groupe va leur apprendre à choisir les aliments nécessaires, à abattre une proie, à épier un danger, à trouver de l’eau ou un abri contre les intempéries.

Les jeunes trop excités sont réprimandés par les parents et les adultes du groupe : grognements, faire rouler, placage au sol sans mordre (la morsure inhibée étant caractérisée par le fait de mettre ses mâchoires ouvertes sur une zone du corps de son congénère sans les fermer complètement).

On différenciera la soumission passive (se coucher sur le dos et montrer la zone anogénitale avec quelquefois quelques gouttes d’urine) et la soumission active (s’approcher en étant accroupi, la queue entre les pattes, avec parfois tentative de léchage du museau).

Dans les grandes meutes où exceptionnellement, il peut y avoir plusieurs portées, les louveteaux du couple dominant ont plus de chance d’être dominants à leur tour, ils vont comprendre qu’ils sont des princes issus du couple royal en voyant les membres faire allégeance à leurs parents.
Les jeunes resteront avec les parents jusqu’à la puberté, ils peuvent partir plus tôt en fonction des ressources du biotope.

La domestication a orienté la sélection vers le pédomorphisme qui consiste à la persistance de caractères juvéniles, phénotypiques et comportementaux, chez les adultes. Cette néoténie a engendré un goût du jeu important de même que la propension à aboyer.

Les expériences de métissage chien/loup

« L’appel de la nature est parfois plus fort que la raison et peut entrainer entre chien et loup, ennemis d’ordinaire, à des concessions mutuelles… La bête sauvage s’est mésalliée. Elle s’en va portant dans ses flancs les germes d’un cousin, très proche, mais asservi par l’homme qui en a fait un gardien ennemi de sa race » R. Rollinat- 1927

Nous avons vu qu’un louveteau, enlevé à la mère avant l’ouverture des yeux, peut facilement être élevé et apprivoisé.
En dehors des expériences récentes que nous réalisons en éthologie, l’histoire ne manque pas d’exemple. Au moyen-âge on croyait que les produits de l’union entre loup et chien étaient très féroces, on les appelait « Crocotte » ou « lycisius » (Fougeyrollas), pourtant Gaston Phébus qui connaissait mieux que quiconque les animaux n’hésita pas en 1387 à adjoindre à ses équipages des métis de chien et loup.

En 1863 : « Victor Roux de Reilhac avait apprivoisé une belle louve. Elle le suivait docilement et partageait sa chambre ».

En 1887, Burger de Leonberg présente à Stuttgart des « métis de chien-loup », sous le nom de Wolfhunds.

Les chasseurs de loups accouplaient avec des chiennes afin de donner du mordant et de la résistance à leur meute, on peut citer cette chienne de bâtard poitevin qui donna en 1907, cinq métis pour la chasse à courre : « splendides comme venu, d’un beau gris, grands, intelligents et caressants au possible ».

Le Comte le Couteulx de Canteleu, a possédait de nombreux loups comme limiers.

Le chien-loup de Saarloos

En Hollande, Leendert Saarloos a croisé un berger allemand avec une louve d’Europe du zoo de Rotterdam, le standard de cette race (N° 311) a été reconnu par la FCI en 1977.

Le chien-loup tchèque (Cesky Vicak)

L'origine de cet hybride a obéit à des motivations différentes de celles du chien-loup de Saarloos, en fait il s'agit d'une expérience menée par des militaires pour créer un chien de travail exceptionnel, une sorte de "super chien" qui devait être supérieur au berger allemand .

En particulier pour la garde des frontières en association avec le Berger Allemand (l'un attaquant par devant et le chien-loup par derrière).
J'ai eu la chance lors d'un de mes voyages pour l'observation des loups sauvages, de rencontrer à la frontière entre la Pologne et la Slovaquie, un des participants de cette expérience. En 1994, la race a été reconnue par la FCI.
(voir l'article dans la rubrique "races canines"

Les autres tentatives de croisements

Au début des années 60 le Dr Messi, en Italie, va créer le loup italien, mélange de louve des Abruzzes avec le Berger Allemand.

L'armée américaine va essayer de faire un hybride à partir de la louve du Canada, il sera nommé American Tundra Shepherd.

En chine, les chinois feront dans la province du Yunnan, le Kunming Wolfdog.

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