Un chien sauveteur qui recherche les blessés et accompagne son maître jusqu’à eux pour qu’ils puissent être secourus. Tous les pays les ont utilisés pendant les guerres, à l’heure actuelle seule la Suisse possède un programme de concours de ce type.
C’est en Egypte que furent utilisés les premiers chiens à cet emploi, pour secourir les blessés après une bataille. A cette époque on pensait que le fait que le chien lèche les plaies était bénéfique pour la guérison.
La véritable utilisation commencera en Allemagne et en Belgique.
En Belgique c’est le Professeur Reul de l’école vétérinaire de Cureghem et deux journalistes : Van der Stick et Sodenkampf, qui mettent en place des démonstrations prés de la ville d’Ostende en 1895. Un militaire, le lieutenant Van de Putte, qui constate l’efficacité de ces chiens de recherche, va fonder la « Société des chiens sanitaires ».
A peu près à la même époque, en Allemagne, Von Stefanitz, le véritable créateur de la race du Berger Allemand, comprend que la race va perdre son emploi de chien de berger par l’industrialisation et l’interdiction pour les troupeaux de se déplacer sur les routes. Il incite les utilisateurs de l’armée à le prendre pour retrouver les blessés, et en 1890 ils sont déjà bien intégrés au bataillon des chasseurs de la garde, puis dans presque tous les régiments. Dans l’ouvrage que Von Stefanitz publiera en 1921 sur le Berger Allemand, il dira que 4000 chiens sanitaires furent employés pendant la guerre sauvant de nombreuses vies.
Leur chenil de formation situé à Oberdollendorf va être un modèle pour les autres pays. L’ouvrage de référence sur le sujet ne sera publié qu’en 1933 à Berlin par Konrad Most (dont tous les spécialistes du pistage connaissent la fameuse « croix ») et Paul Böttger (un harnais de pistage porte son nom).
En Suisse le cynologue et peintre animalier J. Bungartz va fonder en 1893 « l’association pour les chiens sanitaires », et en 1903 va paraître le premier ouvrage sur le sujet « Guide pour le dressage et l’utilisation du chien sanitaire » sous la plume du capitaine A. Berdez, originaire de Berne. Il créera l’année suivante « l’association Suisse pour les chiens sanitaires et chiens de guerre » à Zurich. Le 14 aout de cette même année eut lieu le premier examen pour chien de guerre et de police à Berne sous la direction du capitaine Studer. On voit surtout des Airedales et des Colleys mais c’est le Berger Allemand qui sera définitivement choisi pour ses qualités de nez et ses aptitudes. La renommée de ces formations va dépasser les frontières et plusieurs pays viendront acheter des chiens dressés, à tel point que le Conseil Fédéral va interdire ces exportations le 7 aout 1914. C’est le groupe Soleurois du club de chien de berger qui organisera les premières épreuves publiques de chiens sanitaires.
Le colonel Henri Guisan va organiser ces utilisations pour l’armée et un centre va se créer en 1934 à Bex. En Octobre 1937 une grande épreuve va voir s’affronter 38 gardes frontières, 65 policiers municipaux et cantonaux et 40 conducteurs militaires. Monsieur Gutknecht , juge multi disciplines, dira : « En 1938 commença véritablement l’instruction des chiens sanitaires. La guerre 1939-1945 allait donner une grande extension aux chiens militaires. Le président de la CTUS( Commission d’Utilisation), Ernest Peyer, fut chargé d’organiser ce service. Il établit son quartier au lac Noir, dans le Canton de Fribourg, où un nouveau centre de dressage fut créé . Des compagnies de chiens sanitaires, des détachements de défense, liaison, avalanche, traction avec de grand bouviers Suisses, furent constitués. Les instructeurs de ces centres étaient des membres de nos sociétés cynologiques et j’eus le plaisir d’y fonctionner. C’est en 1943 que le nouveau règlement de concours de la SCS 5Société Canine Suisse) mentionne une discipline pour chiens sanitaires. Depuis elle s’est constamment développée. Actuellement des chiens de défense, sanitaires, avalanches et catastrophes sont incorporés dans notre armée. ».
En France, le chien n’est pas une priorité pour l’armée, la première « Société du chien sanitaire » ne va apparaître qu’en 1908, et encore grâce à des civils comme M. Lepel-Cointet et le docteur Granjeux. Ils seront rejoint par le capitaine Tolet qui a été se former en Allemagne. En mars 1911, enfin, le Ministère de la guerre admet la nécessité d’un chenil militaire pour la formation des chiens sanitaires qui sera dirigé par le capitaine Tolet. La Société Nationale du chien sanitaire, faites de civil va couvrir tous les frais de fonctionnement, il sera implanté à Avon-Fontainebleu. Les chiens sont conduits par des infirmiers-instructeurs et des brancardiers. Au début du conflit l’armée dispose de seulement 250 chiens sanitaires, qui sauveront pourtant des vies, comme « Truc », un beauceron qui permit de récupérer 148 blessés sur le champ de bataille.
Le rôle du chien sanitaire
C’est un travail de recherche sur un terrain boisé ou découvert, accidenté ou non.
Le chien peut être laissé libre de prendre toutes initiatives (brouillard, fumées).
Il peut également être dirigé selon le principe de la quête croisée, c’est-à-dire être envoyé de gauche à droite sur une distance variable pendant que son maître avance sur une ligne centrale théorique, ceci afin de battre la totalité de la surface à explorée.
Lorsqu’il découvre le corps d’une personne, il peut la signaler à son maître de deux manières différentes :
1) Prendre un objet personnel de celle-ci (gants, foulard, casquette) et le rapporter à son maître, qui le mettra en laisse pour se faire conduire jusqu’au blessé.
2) Le chien a sous son collier un gros pendentif (10 cm) fait de cuir ou de corde tressé que l’on nomme un « témoin » ou « Bringsel ». Lorsqu’il découvre le blessé il saisit le témoin dans la gueule et revient vers son maître, celui-ci met la laisse et se fait conduire jusqu’à la personne.
Le chien sanitaire est équipé d’un harnais spécial fait d’un tissu blanc sur lequel il y a une croix rouge, ceci afin que les tireurs ennemis puissent l’identifier, comme les ambulances ou les brancardiers. On nomme celui-ci une « chabraque », un mot qui vient du Turc et qui était employé pour désigner la couverture généralement en peau de mouton qui protégeait le dos du cheval de la selle, par exemple chez les hussards de Napoléon (parmi les variétés de chacals, le chacal à chabraque est appelé ainsi car il a le dos noir).
Actuellement, la Suisse est le seul pays qui a conservé les chiens sanitaires, les concours sont très prisés par les utilisateurs. Ils comprennent des épreuves d’obéissance, un test au coup de feu, et sont classés en trois catégories progressives
VOIR LE LIVRE "FLAIR DU CHIEN" Joseph ORTEGA
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