L’odeur du traceur

DE QUOI EST COMPOSEE L’ODEUR HUMAINE ?

Copyright Joseph ORTEGA

ll faut tout de suite détruire des idées fausses concernant celle-ci, sur le tracé odorant que le chien doit suivre il n’y a pas que l’odeur émanant de la personne, mais également de la modification chimique en écrasant l’herbe que chaque pas entraîne.

L’odeur de la personne :

Elle est composée des odeurs corporelles : la peau, les poils, la sueur, l’odeur d’un cosmétique, de tabac ou d’alcool.

Des odeurs des vêtements et des chaussures.

L’odeur du terrain modifié par la marche : A chaque pas la terre ou l’herbe sont écrasés, ce qui entraîne une destruction ou une modification des cellules végétales. Plus le traceur est lourd plus celle-ci sera importante. On comprend aisément pourquoi à l’entraînement, il est nécessaire de faire des pas très courts ou mieux de piétiner tous le long du trajet pour aider les chiens débutants.

Variations ethniques

Selon la race, la distribution et le fonctionnement des glandes vont changer. Les japonais ont très peu de glandes apocrines (sueur), les blancs en ont plus, et chez les noirs elles sont si concentrées qu’elles forment une masse de ganglions sous les bras. L’alimentation, liée au pays, aux traditions ou quelquefois à la religion, va aussi jouer un rôle dans l’individualisation, par la dégradation des substances qui parviennent à s’échapper par les orifices naturels, que ce soit la bouche, la peau, etc.
Il s’agit d’émanations combinées influencées par l’état émotionnel (stress, peur), la fatigue, l’effort physique

Les glandes

Surtout grâce aux odeurs des glandes exocrines : salivaires, sudoripares, sébacées. Le corps humain possède Soixante mille milliards de cellules et environ trois millions de glandes sudoripares.

On peut différencier la transpiration physiologique due au sport ou à la marche où on trouve beaucoup d’eau et de sel, très peu odorante, de la transpiration due à une émotion qui est riche en matière grasse (acides caproïques, valériques, butyriques), lipides et protéines avec beaucoup de bactéries saprophytes qui se nourrissent des cellules mortes qui se renouvellent continuellement, de l’ordre de 40 000/mn ce qui donne 50 millions par jour (les cellules de la peau ou squames ont une durée de vie de 36 heures) et des déchets de la peau, ce qui donne une mauvaise odeur.

Les bactéries et sécrétions corporelles donnent un mélange de gaz et de particules qui émanent de la personne, un courant d’air (selon Lewis) qui débute aux pieds et remontent le long du corps pour finir par tourbillonner au-dessus de la tête (il l’a évalué à 2,3 km/h). Bien-entendu, le port de vêtement imperméable ne permet à cette émanation gazeuse que de s’échapper par les ouvertures (col, manches).
Des particules qui tombent au sol au fur et à mesure que la personne avance (à une allure de 5km/h), au rythme de 500 par mètre. Une photographie infrarouge permet de démontrer l’existence de ce courant d’air corporel.

La sueur sert à rafraichir le corps, à évacuer les toxines, son pH se situe entre 3,8 et 6,5, normalement nous évacuons 0,7 litres de sueur par jour, par forte chaleur jusqu’à 4 litres, et un sportif jusqu’à 10 litres.

Il y a des glandes sudoripares exocrines utilisées pour le maintien de la température du corps (elles peuvent être déclenchées par une émotion) et des glandes sudoripares apocrines situées à la base des follicules pileux comme les aisselles (une sécrétion plus huileuse).

Les glandes sébacées sont sur tout le corps mais principalement sur le cuir chevelu et le visage (transpiration), leur fonctionnement peut varier d’un individu à l’autre en fonction du patrimoine génétique. Les bactéries, qui sont dans les cellules mortes cutanées, se nourrissent de leurs éléments constitutifs. La dégradation qui en découle s’accompagne de déchets gazeux, formant un nuage de vapeur odorant autour de la cellule morte.

On trouve le plus grand nombre de glandes sudoripares : au pied 600/cm, au front 360/cm, à l’avant-bras 225/cm, les follicules pileux produisent la sueur par les glandes sudoripares et le sébum par les glandes sébacées. La vaporisation d’un litre de sueur dans la lutte contre la chaleur, va absorber 580 calories.

N’oublions pas que l’homme est une espèce homéotherme dont la température doit se maintenir autour de 37°C. S’il fait trop chaud, l’hypothalamus envoie un message aux vaisseaux sanguins pour qu’ils se dilatent et irriguent en conduisant la chaleur à l’extérieur du corps, la sueur salée aide au refroidissement.

Sa composition va varier d’un individu à l’autre, c’est surtout les bactéries pour détruire les tissus morts qu’elle contient, qui donnent l’odeur, elles vont proliférer là où les vêtements sont serrés, chauds et humides comme dans la région pubienne et les pieds. Les glandes sudoripares apocrines sont sensibles au stress, les glandes sudoripares exocrines ont pour rôle principal la régulation thermique.

La sueur avec son sel et son urée, en combinaison avec le sébum (qui assouplit la peau et lubrifie les poils par les cires et acides gras qu’il contient) fourni par les glandes sébacées, va construire un manteau acide sur le corps qui détruira les germes tels que les staphylocoques. La décomposition de la sueur produit de l’hydrogène sulfuré, du méthane, de l’ammoniac, de l’azote…

Où trouve-t-on ces glandes ?

- la peau
- l’haleine
- les aisselles
- les mamelons
- les pieds
- les fesses et l’anus
- la région périnéale
- La production d’hormones joue un rôle important selon l’âge (pubère ou adulte)
- chez l’homme le smegma prepucial
- chez la femme le smegma vulvaire, le mucus vaginal, l’odeur menstruelle, la grossesse, la lactation. Le chien piste mieux sur une femme si elle a ses règles.

Un problème de santé peut amplifier l’odeur (autrefois les médecins reniflaient le malade pour compléter leur diagnostic) : problème gastro-intestinal, acné (accumulation de sébum et kératine dans le follicule pilo-sébacé), kératose folliculaire, dermatoses parasitaires comme la gale, constipation, carence en vitamines ou oligo-éléments, diabète, infections, maladies chroniques …

Le manque d’hygiène de la personne augmente l’odeur sui generis...

Certains produits ingérés par la personne à rechercher, également : drogues, tabac, alcool, boissons avec caféine, antibiotiques, anti-inflammatoire, médicaments antipsychotiques, médicaments cardio-vasculaires, menthol, strychnine, sulfate de zinc, aliments épicés, oignon, ail, fromages, viandes (les végétariens ont moins d’odeurs).

Des produits chimiques peuvent entraîner une paralysie du sens de l’olfaction, nous ne les citerons pas ici car ils peuvent être utilisés par des malfaiteurs pour brouiller la piste et empêcher la détection par masquage de l’odeur (drogues, explosifs).

En médecine humaine on a longtemps utilisé le nez pour compléter un diagnostic de maladie (actuellement le chien peut détecter les crises d'hypoglycémie ou d'épilepsie, par exemple), alors on comprend que le chien puisse si facilement découvrir une anormalité. Un malade produit des odeurs dans la sueur, le sébum, les voies nasales, la gorge, les poumons, les urines, les selles…

Par exemple :

- Désordre métabolique comme la Triméthylamine : odeur de poisson pourri
- Typhoïde : pain frais
- Maladie du foie : musc
- Leucinose : odeur d’érable
- Diphtérie : effluves douceâtres
- Rougeole : plumes fraîches
- Diabétiques : acétone
- Goutteux : petit lait
- Scarlatine : pain cuit
- Rhumatisant : aigrelette
- Teigne : chat
- Variole : bête fauve
- Schizophrénie : paille pourrie

Les autres odeurs

Les cheveux qui poussent d’un centimètre par mois, composés de 85 % de protéines, 10 % d’eau, 5 % de lipides et éléments minéraux.

Les poils qui poussent sur l’épaississement conique de la couche de Malpighi, un héritage de la fourrure de nos ancêtres. Nous en possédons dix par cm2 de peau, ils commencent à apparaître vers le 3e mois de la vie fœtale pour continuer à pousser à raison de 0,37mm par jour. Le blanchissement des cheveux est dû à la destruction des pigments par des phagocytes et à la pénétration de bulles d’air microscopiques. A la base du poil on trouve un muscle horripilateur qui agit lorsqu’on a la « chair de poule » en relevant les poils.

Les cellules mortes de la peau qui est composée de trois minces couches : un millimètre d’épiderme, un à deux millimètres de derme, et un hypoderme plus épais où se trouve la graisse qui sert d’isolant thermique. On trouve 2 milliards de cellules qui se renouvellent en permanence, l’homme en perd 50 000 à chaque minute, la couche extérieure sera renouveler routes les 3 semaines environ. La peau peut abriter des hôtes qui ne sont pas toujours les bienvenus comme les parasites : poux, teigne, acariens, levures…

L’eau, le corps humain contient de 47 à 48 litres d’eau, soit une teneur de 65 à 70 %. Les structures biologiques sont faites de cellules humides pour les membranes, ce sont les lipides (acides gras) qui maintiennent le fluide interstitiel qui imbibe les tissus et représentent 15 % du poids corporel, d’autre part, il ya le sang (plus exactement le plasma sanguin) qui en représente 5 %. Une humidité utile dans la recherche de l’odeur d’une personne.

Le tabac et l’alcool, un individu très imbibé d’alcool accélère la perte des molécules odorantes. Un gros fumeur exhale, même lorsqu’il ne fume pas, des particules de nicotine, et de plus, ses habits et son corps sont fortement imprégnés. Pour celui qui fume en marchant, la fumée va constituer un aérosol de particules solides et de gaz (7000 composants environ). On y trouve de la nicotine, des goudrons, du gaz carbonique, des alcools et polyols, etc.

Les parfums, shampoings, savons et produits de beauté, l’humain se couvre de plus en plus d’odeurs artificielles (le premier parfum composé est l’eau de Hongrie, en 1390. l’eau de Cologne est inventée par Farina en 1776). Les loups sont sensibles au Chanel n° 5, composé de : jasmin de Grasse, rose de mai, ylang-ylang, néroli, santal, vétiver, vanille. La parfumerie n’utilise pas que des plantes il y a aussi des produits animaux comme la civette, le castoréum, l’ambre, le musc ; des odeurs très puissantes.

Les vêtements qui agissent en modifiant les odeurs, selon leur composition : nylon (favorise la sécrétion d’odeurs), laine (peut absorber l’odeur), toile… Un corps avec des habits légers en été va dégager d’avantage d’odeurs que si les vêtements sont imperméables en hiver.

Portrait théorique du traceur idéal
- Il doit être lourd et avoir de grands pieds pour écraser le sol, en particulier les végétaux qui vont être sujets à une décomposition sous forme d’essences végétales et de bactéries. S’il est pied nu, c’est encore mieux.
- Son corps doit être très chaud, en transpiration si possible.
- Il doit être nu, ou mettre des vêtements très aérés, pour accentuer la diffusion d’odeur.
- Il doit avoir une odeur très caractéristique qui permet de la lire même mêlée à celle d’autres humains : stress, tabac, alcool, parfum rare, médicaments, maladie de la peau, consommation d’ail, etc.

"Vous n'avez pas vu un traceur qui a marché dans une bouse de vache?"

Pour en savoir plus, le livre de joseph ORTEGA "Le flair du chien, Pistage et détection" en vente dans le site

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