L’ENFANT ET SON CHIEN

Le chien n’est pas un objet, ce n'est pas non plus un être humain. C’est un canidé domestique, et même s’il est doué de grandes facultés d’adaptation, cela ne l’empêche pas de conserver des instincts ni d’éprouver des besoins qui ne vont pas toujours de pair avec les nôtres. Aussi, avant de prendre un compagnon à quatre pattes qui partagera notre existence pendant dix ou quinze ans, mieux vaux s’interroger. Votre enfant exprime l’envie d’en avoir un. S’agit-il d’un désir profond ou d’un caprice ? En outre, est-il assez grand pour l’assumer ?

a grande psychologue pour enfants Françoise Dolto disait qu’un enfant n’est pas capable d’assumer complètement un chien avant l’âge de 10 ans. Evidemment, tous les enfants ne «mûrissent» pas de la même manière, mais ces «10 ans» semblent être un minimum... C’est qu’un chien créé des contraintes.

Voici donc quelques questions que vous pourriez vous poser en famille afin de responsabiliser votre enfant, tout en sachant que bien souvent vous devrez l’assister, plus ou moins, mais toutefois, en principe, de moins en moins, au fur et à mesure qu’il grandit.

Quel chien choisir?

Votre enfant a peut-être jeté son dévolu sur un chien rencontré pendant les vacances. Mais ce chien «vadrouilleur» a un maître qui vaque à ses occupations dans la journée. En tout état de cause, il n’est pas à adopter. D’une façon générale, il faut éviter le chien adulte qui risque de garder au fond de lui l’amour, les habitudes, ou au contraire les conflits qu’il avait avec son précédent propriétaire. Il ne faut pas non plus acheter un chien dans un marché, une foire, ou dans certaines boutiques vitrées: il y est vendu comme de la marchandise. On y rencontre souvent des vendeurs peu scrupuleux et le chiot se révèlera être malade, n’être qu’un bâtard qu’on fait passer pour un chien de race, ou n’être qu’un chien volé dont on cherche à tirer profit.

Chien de race, chien bâtard?
Il est vrai qu’en prenant un chien sans race définie, à la S.P.A., on fait une bonne action. Pourtant, il vaut mieux prendre un chien inscrit au Livre des Origines Française (L.O.F.). Le prix s’oublie, dit-on, seule la qualité reste. Or, une fois ce prix d’achat oublié, les frais d’entretien, de vaccination, de soins, seront les mêmes qu’il s’agisse d’un Berger Allemand ou d’un bâtard.

En outre, le chien de race permettra à l’enfant de participer à des concours de beauté ou de travail. Il pourra le marier (ou la marier) pour avoir plus tard un chiot tout jeune de la même lignée.

Faut-il choisir un mâle ou une femelle?

Le mâle pose, en général, moins de problèmes. Il a beaucoup d’énergie et un sens du territoire développé: il faudra donc savoir s’imposer à lui avec douceur mais fermeté, comme des et la liberté.

Es-tu apte à donner une éducation à ton chien?

Cette question-là, vous devez vraiment en débattre avec votre enfant, car tous les chiens doivent être éduqués peu ou prou, quelle que soit leur race. L’enfant aime-t-il se faire obéir? Et jusqu’où est-il prêt à aller dans cette éducation. A la limite, si on a un chien doué, on peut faire de la compétition, mais pas à 10 ans. A 10 ans, on peut inculquer l’obéissance minimum et observer éventuellement son père (ou sa mère) sur le terrain d’un club. Quoi qu’il en soit, les qualités d’un bon éducateur sont la patience, la fermeté, la douceur.

Il pourra se rendre avec son chiot à l’Ecole des chiots, la «Maternelle».

La patience : quand le chien n'a pas compris ce qu'on attend de lui, c'est au maître de réfléchir avant d'exiger l'exécution d'un exercice. Ceci suppose réflexion (pour ne pas hésiter au moment où on commande), et quelquefois une remise en cause de soi-même.

La fermeté : le chef, c'est celui qui dirige, qui sait ce qu'il veut, qui ne change pas d'avis d'un jour à l'autre.

La douceur : pour aider, soutenir, récompenser avec tact les bons comportements. La véritable éducation se fait en utilisant l'intelligence et la bonne volonté du chien, la brutalité est la méthode des incompétents. Vive la Méthode Naturelle!

Tout ceci sera très enrichissant pour votre enfant : cela l'aidera à comprendre les rouages de la véritable autorité, et, peut-être, à devenir un « leader » plus tard, ou tout au moins quelqu'un qui sait se faire respecter.

Auras-tu le courage de le punir (ou le faire punir) s'il a fait quelque chose d'interdit ?

Grave question : lorsque le chiot aura grandi et compris qu'il existe quelques interdits, tels que manger les chaussures, faire ses besoins dans la maison, creuser des trous dans les massifs de fleurs, menacer de mordre, etc., l'enfant ne sera-t-il pas un témoin complice qui répugne a « dénoncer » son chien ? Il faudra lui expliquer qu'il doit personnellement veiller à ce que ces règles ne soient pas transgressées, car, souvent, chez le chien de 10 à 15 mois, c'est un moyen de tester l'autorité du maître. Dans ces cas-là, il faudra peut être passer au chien le collier et la laisse, l'isoler dans une pièce malgré ses cris de désespoir, lui jeter des gravillons sur la tête sans se faire voir, etc.

Sauras-tu le nourrir chaque jour ?

C'est la principale contrainte : peu gratifiante, horriblement quotidienne, voire plus car chez les jeunes, il faut préparer plusieurs repas par jour, selon l'âge. Chez les adultes, un ou deux repas suffisent, mais on ne peut pas s'y soustraire même si un bon film passe à la télé.

Pourras-tu entretenir son pelage régulièrement ?

Très amusant au début de brosser, peigner un chien, mais ensuite, c'est la routine. Il est vrai que selon la race, le pelage nécessitera plus ou moins de soins. Cependant, à la période où les tiques ou les puces apparaissent, il faudra « l'inspecter », traiter son poil et sa peau, sans oublier de surveiller les oreilles et les dents. Tout ceci peut être l'occasion d'apprendre à manipuler son chien avec fermeté, douceur et patience.

S'il est malade, sauras-tu jouer à l'infirmier ?

Un chien bien entretenu est rarement malade. Mais il a besoin d'être soigné, il faudra avoir le courage de lui appliquer les petits soins nécessaires, avec les précautions d'hygiène qui s'imposent, comme le vétérinaire aura expliqué à le faire.

Assureras-tu ses sorties promenade ?

La réponse doit fuser, c'est le « oui » d'emblée, parce que ça paraît être le plus amusant. Et ça l'est. Mais là aussi, c'est tous les jours, surtout pour les chiens qui vivent en appartement, la promenade est une obligation, et de façon régulière, par exemple une heure le matin, une heure le soir. En assurant sa détente, c'est-à-dire en jouant avec lui alors qu'il est détaché, ou bien en courant à son côté. Sans oublier le devoir civique qui veut qu'en ville, le maître éduque son chien à faire ses besoins dans le caniveau ou, quand ce n'est pas possible, qu'il ramasse ses crottes. D'autre part, le chien ne devra pas être agressif envers ses congénères ou envers les êtres humains. Pendant les vacances, la responsabilité du chien incombera également à l'enfant, surtout dans les endroits surpeuplés, comme les plages (si toutefois les chiens y sont autorisés).

Lui interdiras-tu de venir se coucher dans ton lit ?

Dur, dur, car là, l'enfant et le chien sont complices. Néanmoins le chien le plus sympa et le plus soigné transporte avec lui des germes qui peuvent être nocifs aux êtres humains, que ce soit sur sa langue ou dans son pelage. Les brossages, les produits antiparasitaires, une vermifugation bien conduite limitent les risques en majeure partie, bien sûr, et il ne faut pas exagérer le danger encouru, ni l'ignorer complètement non plus.

Es-tu apte à résister à ses demandes de nourriture à table ?

Ces demandes ne devraient pas exister. Ici, c'est une question d'organisation qui vous incombe. Les bonnes manières s'enseignent dès le plus jeune âge, en faisant manger le chien à part, toujours à la même heure, avant vous, et en lui interdisant de venir quémander à table. Si on n'a jamais toléré cette attitude, ne serait-ce qu'une fois, il ne sera pas tenté.

Es-tu prêt à l'accoutumer aux sorties en voiture ?

En fait, dans un premier temps, cette tâche incombe plutôt aux parents. On connaît la technique : d'abord de courts trajets, avec son maître près de lui, sur la banquette arrière. Lors des grands parcours, il faudra qu'il soit à jeun et qu'il demeure calme, et là l'enfant peut, et doit prendre le relais : c'est à lui de veiller à ce que son petit compagnon n'occasionne pas de gêne au conducteur ; si on ne dispose pas d'un break, le chien se couchera sur une couverture près de l'enfant.

Veilleras-tu à ce que son carnet de vaccination soit à jour ?

Grosse responsabilité, en principe du moins, car certains vétérinaires envoient ; une note de rappel lorsqu'arrive le moment de faire les injections annuelles. Dans le cas contraire, il faudra s'en souvenir pour que le chien demeure immunisé contre certaines maladies infectieuses graves, dont notamment la rage qui sévit dans certaines régions.

Si tu as une chienne, sauras-tu l'isoler des mâles pendant ses chaleurs ?

La femelle en chaleurs est agitée, nerveuse. Cette période embarrassante dure de dix à vingt jours, durant lesquels il faudra avoir l'œil sur elle, continuellement. Elle émet alors une odeur particulière qui attire tous les mâles du quartier, lesquels n'hésiteront pas à sauter la clôture pour venir la courtiser. Aussi toutes 1es sorties, que ce soit dans la rue, ou même dans le jardin, doivent se faire avec le petit maître à proximité. Bien fastidieux d 'au tant plus qu’il aimerait peut-être que, sa chienne ait des chiot! Mais quoi il faut ce qu'il faut. On ne peut pas tout avoir. A moins que vous n'envisagiez une portée (mais avec une saillie en bonne et due forme), pour lui faire connaître « les choses de la vie ».

Par ces contraintes nécessaires à la bonne éducation et à la bonne tenue du chien, l'enfant apprendra à se discipliner.

Pour savoir commander il faut savoir obéir...

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