Le loup de Tasmanie va ressusciter ?

Le loup de Tasmanie va ressusciter ?
J. ORTEGA
Après avoir été massacré au nom de l’élevage et de l’agriculture, le loup de Tasmanie ou Thylacine, va peut-être revivre l’aventure des dinosaures dans Jurassic Park, des scientifiques de l’Australian Museum de Sydney vont tenter à partir de l’ADN d’un spécimen naturalisé de faire un clone en le croisant avec un tigre. Ce projet qui ne pourra aboutir que dans vingt ans devrait coûter 60 millions de dollars.
Phénomène de convergence :
Le continent australien est peuplé d’un groupe de mammifères qui diffèrent profondément de ceux habitant le reste du globe, à l’exception de ceux de l’Amérique du Sud et de la Sarigue américaine répandue jusqu'en Amérique du Nord.
Un exemple remarquable est le Thylacine, également appelé : loup de Tasmanie, Tigre de Tasmanie, loup-tigre, loup zébré, Hyène de Tasmanie, selon les auteurs. Son nom scientifique attribué par Linné : Thylacinus Cynocephalus, signifiait “ chiens marsupial à tête de loup ”, en Allemand Beutelwolf.
Le vrai loup qui présente une grande variabilité géographique et individuelle (plus de 35 sous-espèces) serait apparu en Eurasie et en Amérique du Nord, en même temps que le loup Marsupial en Amérique du Sud et en Australie. D'origine génétique différente, la nature se devait pourtant de créer un prédateur, pour l’équilibre écologique. C’est l’absence de compétition avec un carnivore mammifère placentaire qui permit au Thylacine d’évoluer jusqu’à ressembler aux prédateurs occupant le reste de la terre comme le loup.
On pense que les mammifères marsupiaux ont envahi l’Australie il y a environ 150 Millions d’années, avant que l’Amérique du Sud, l’Antarctique et l’Australie ne se séparent.
Il a été découvert des fossiles de Prothylacinus vivant au Miocène et ancêtre présumé de notre thylacine, en Patagonie, près de Santa-Cruz. Mais après les tests de protéines, les biologistes, qui peuvent ainsi établir des filiations, ont démontrés qu’ils n’étaient pas apparentés malgré la ressemblance. Le loup de Tasmanie se rapproche plutôt des marsupiaux australiens comme le Diable de Tasmanie, le Wombat ou le Dasyre.
C’est en fait un phénomène de convergence qui a favorisé la ressemblance avec le loup, on appelle “ radiation ” ce type d’évolution dont les marsupiaux donnent l’exemple, grâce à leur isolement géographique, sans concurrence des placentaires.
Portrait robot :
Classe : mammifères
Ordre : Marsupiaux
Famille : Dasyuridés
Sous-Famille : Thylacinés ( 1 seule espèce)
Genre et espèce : Thylacinus Cynocephalus
La forme générale nous l’avons vu, est proche de celle des canidés. La tête est assez carrée avec un crâne large, des oreilles arrondies et dressées, des yeux très noirs et surtout une gueule fendue qui s’ouvre à 120° ! ce qui n’est pas commun. Il porte quatre incisives sur chaque demi-mâchoire, tandis que le loup ou le chien n’en ont que trois.
Le pelage est court, dense, d’un marron jaunâtre avec des rayures brun foncé d’un nombre variant entre 16 et 18.
La queue est longue et épaisse, épaisse à la racine et rigide comme chez les Kangourous, elle est comprimée latéralement. Si on le prend par la queue, il ne peut se retourner.
La partie postérieure du corps avec un tronc épais, des cuisses larges, le torse plus court que chez les canidés lui donne une démarche sautillante, certains observateurs ont signalés qu’il était capable de sauter sur les pattes postérieures comme les Kangourous pour s’enfuir en cas de danger. C’est un pentadactyle qui ne court pas très vite, mais avec une grande résistance. Les femelles ont une poche marsupiale ou Marsupium, ouverte vers l’arrière et possédant à l’intérieur 4 mamelons. Les larves quittent l’utérus passent par les voies génitales pour se fixer à une mamelle (elles ont alors 2cm et pèsent 1 gramme mais sont pourvus de fine griffe embryonnaires qui permettent d’avancer sur le “ chemin de salive ” fait par la mère).
C’est le stimulus de la succion qui fait gonfler la tétine et le petit reste suspendu.
Enfin, pour finir ce portrait, il faut parler de son expression orale plutôt discrète, si on se fie aux descriptions, ses cris étaient très particuliers, des hurlements rauques et déchirants, mi- feulés, mi- grognés.
Longueur du corps : 1-1,3m
Longueur de la queue : 50 à 65cm
Hauteur au garrot : 40 à 50cm
Poids : 35 à 40kg

Porté disparu :

Son équipement biologique devait en faire un chasseur remarquable sur la faune variée de l’Australie, il avait le choix du gibier, si on compte les 55 espèces et 90 variétés de Kangourous qui vont de la taille d’un rat à 100 kg et 2 mètres de hauteur. Il devait plutôt s’attaquer aux rats kangourous ou au Wallabies des rochers mais également à la souris marsupiale, au Phalanger, au Rat Castor, au Rat Batisseur, au Bandicoot. Par la suite, les colons anglais introduisirent le bétail en 1788 et, en 1859, 24 lapins de garenne furent lâchés par Thomas Austin, au bout de 6 mois ils étaient 22 millions.
Comme concurrent il eut le chien, introduit par les navigateurs primitifs Melanesiens ou Malais, un chien qui est sans doute issu de Cuon d’Asie tropicale, le Dingo. Celui-ci était beaucoup mieux adapté à la survie par ses mœurs grégaires et par son mode de reproduction (mammifère placentaire), une adaptabilité exceptionnelle propre à tous les canidés.
Pour les colons, le Thylacine ressemblait étrangement aux loups qui avait si mauvaise réputation dans leur pays, en fait un seul cas d’agression sur humain a été répertorié, et c’était un individu borgne, malade et affamé qui a mordu le bras d’une femme. On l’accusa bien sûr de détruire le cheptel et on le déclara l’ennemi à abattre avec des incitations à la tuerie (comme en Europe pour le loup) sous forme de primes. En 1840 le chasseur avait droit à 6 shillings la tête pour un lot de 1 à 10 têtes payés par la Van Diemen’s Land Company. En 1888 le gouvernement offre une récompense de 1 livre par adulte et 10 shillings pour un jeune. Par le piège, le fusil, le poison, jusqu’en 1914 on atteint le chiffre de 2268 individus abattus. D’autre part une autre catastrophe allait s’abattre sur le loup de Tasmanie, sous forme d’epizooties transmises par les animaux importés, des maladies inconnues sur ce continent jusqu’en 1910.
Jusqu’en 1930 plusieurs zoos d’Europe et des Etats-Unis possédaient des spécimens et le dernier sujet captif (qui avait été capturé vivant dans Florentine Valley) va mourir au zoo de Hobart (Tasmanie) en 1933.
On a abattu encore un jeune mâle au Cap Sandy sur la Côte occidentale de l’Ile en 1961.
Lorsque l’homme prit conscience, enfin, de ses responsabilité vis-à-vis de cette espèce vivante, une réserve de 640.000 hectares fut créée sur la Côte Ouest en 1966, pour tenter de sauver les rescapés, avec interdiction d’introduire chiens ou chats (actuellement c’est en Australie que l’on trouve les parcs nationaux les plus importants après ceux de l’Amérique du Nord).
Dans les années 70 on signale des Thylacines dans les Blue Mountains, dans le parc National de Craddle Mountains, dans la région du lac Tooms. Il y a quelques années John Weasey ancien membre des services de protection de la nature Australiens en aurait repéré un sur une piste de Tasmanie.
A l’heure actuelle, il n’est plus qu’un fantôme qui hante le pays et il a totalement été rayé de la carte, un trésor de l’humanité que l’homme a détruit comme bien d’autres et qu’il va tenter de ressusciter par la science, mais y croyez-vous vraiment ?
Les personnes qui voudraient voir le loup de Tasmanie peuvent se rendre au Muséum d’histoire Naturelle de Marseille qui possède un sujet naturalisé en bon état.

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