Le Cavalier King Charles

Ce petit aristo a une histoire passionnante, avant de fréquenter les concours d’obéissance ou d’Agility, il a été le compagnon des rois et les reines.

La première mention de petits épagneuls selon Lady Wentworth qui a été historienne de la race, se situe en 1570 dans le livre « De Camilus Britannius » du Dr Johannes Caïus, médecin d’Edouard VI, de Marie Tudor et d’Elisabeth 1er « Cette sorte de chien noble dans notre style anglais que l’on nomme Spaniel gentle or conforter ». Des « gentils épagneuls » et des « consolateurs » dont les dames de la cour usaient pour se réchauffer ou pour calmer les maux d’estomac en les plaçant sur leur ventre. Toujours selon Caïus : « plus ces poupées sont petites, plus elles provoquent de plaisir comme compagnon de jeux à des maîtresses maniérées ; ils sont portés sur leur poitrine, leur tiennent compagnie dans leur chambre, dorment avec elles au lit, sont nourris de viande à table, lèchent leurs lèvres et voyagent dans leurs chariots ».

A la décapitation de Marie Stuart en 1587 au Château de Fotheringay, on trouva sous le corps de celle-ci, caché sous ses robes un minuscule épagneul inondé de sang qui ne voulut pas quitter le cadavre.

C’est sous le règne de Charles 1er que la mode du petit spaniel allait se développer et se perpétuer chez son fils Charles II (1630-1685) qui depuis l’enfance avait joué avec eux.

Charles 1er condamné à mort par Cromwell fera sa dernière promenade en compagnie de son épagneul nain « Roque » le 30 janvier 1649.

Ce petit chien doit la première partie de son nom aux partisans du roi Charles 1er que l’on appelait « Cavaliers » opposés au « têtes rondes », le groupe mené par les parlementaires.

La seconde moitié de son nom vient du fait que Charles II raffolait de ses miniatures vivantes dont il était servi dans toutes ces pièces de son palais royal de Whitehall.

Samuel Pepys, écrivain et secrétaire de l’Amirauté mentionne dans son journal : « tout ce que je vois me confirme la puérilité du roi, qui joue avec ses chiens sans arrêt, en ne se préoccupant guère de ses devoirs ». Le roi installait ses chiens partout, les chiennes mettaient bas dans son lit, une cour qui devenait « répugnante et puante » y compris le parlement où il les avait fait admettre, ou lors de ses promenades dans le parc de St. James ; « Le roi peut être vu dans sa promenade, suivi par ses rouge et blanc, noir et blanc et ses petits noir et bouclé »

Jacques II qui succède à son frère Charles va continuer à les admettre partout. Un jour qu’il naviguait il fut pris dans la tempête, il demanda qu’on sauve en priorité son fils et ses épagneuls.

John Churchill, duc de Malborough (1650-1722) utilisait des sujets aptes à chasser à robe blanche et orange, la légende veut que lorsqu’il livra la bataille de Blenheim en Bavière en 1704 contre l »armée française il était accompagné d’un petit épagneul noir orange et blanc. Son épouse Sarah qui attendait de ses nouvelles avec une de ses chiennes sur les genoux, appuya nerveusement sur le front de celle-ci et une marque orange apparut. Depuis cette variété de Cavalier se nomme « Blenheim » et porte la marque sur le front appelée « lozenge » ou « spot ».

C’est alors qu’une nouvelle race originale fit son apparition en Angleterre, ce fut le carlin au nez plat, puis l’épagneul japonais (Tchin) et le Pékinois. Le cavalier allait être accouplé à ces nouveaux venus, ce qui allait transformer sa physionomie. Une première mention de nez court est faite en 1845 concernant le cavalier, et en 1859, le journal « The Field » écrit : « les épagneuls King Charles et Blenheim sont des animaux au nez court à la tête ronde comme des carlins, avec des oreilles et des pelages soyeux, mais ce sont des bêtes vraiment gracieuses »

Une popularité qui allait presque faire disparaître l’ancien type, malgré les mises en garde alarmante de certains, comme William Youatt dans son livre The Dog en 1846 : « La race King Charles actuelle est réellement altérée pour le pire. Le museau est presque aussi court, et le front est aussi laid et proéminent que le plus authentique Bulldog. La taille de l’œil est doublé, et a une expression de stupidité qui correspond trop fidèlement au caractère du chien ».

Cela ne l’empêchera pas de garder sa popularité auprès des grands du royaume. Lorsque le petit épagneul de la reine Victoria meurt le 20 Décembre 1840, elle fait inscrire sur sa tombe : « ci gît Dash, le Spaniel favori de Sa Majesté la reine Victoria, par le commandement de laquelle ce mémorial fut érigé . Son affection était sans égoïsme, son espièglerie sans malice, sa fidélité sans duperie. Lecteur, si vous voulez vivre aimé et mourir regretté, faites profit de l’exemple de Dash ».

Il faudra attendre 1926 pour que des passionnés de la race originelle se mobilisent pour retrouver l’ancien type. Un

américain de Long Island M. Roswell Elridge qui visitait l’Angleterre trouva la solution, en offrant aux éleveurs un prix de 25 livres ( environ 1000 dollars) à la fabuleuse exposition de la Crufts pendant 5 ans, pour « le meilleur mâle et la meilleure femelle présentés en classe Epagneul Blenheim de l’ancien type, tels que les montraient les gravures de l’époque de Charles II : face longue, pas de stop, crâne plat sans aucune tendance à être bombé, avec une tache au centre du crâne ».

En 1928, un standard allait être rédigé en s’inspirant des tableaux anciens, le modèle idéal fut Ann’s Son (vainqueur de la Crufts durant 3 ans) qui appartenait à Miss Mosty Walker. C’est elle qui va fonder un Club des « Epagneuls Cavaliers King-Charles », cette même année il fut admis au Kennel Club anglais. Le terme Cavalier permettait la distinction par rapport au type à nez plat qui s’appelait « Epagneul King Charles » (un club avait déjà été créé en 1885 pour eux sous la dénomination de toy Spaniel).

L’inscription séparée des deux types définis sera accordée par le Kennel Club en 1945, et à partir de 1946 ils ont le droit d’avoir des titres de Champion distincts.

En 1960 c’est la Princesse Margaret et son mari Lord Snowdon qui perpétue la tradition d’avoir des Spaniels à la cour avec un cavalier nommé « Rowley ».

Le Club du Cavalier King Charles Spaniel est créé en 1952 aux Etats-Unis, la race ayant été admise au Kennel Club en 1961.

Le groupe des Toys à la Crufts sera remporté en 1963 par Amelia of Loguna à Mrs Cryer. C’est en 1969 qu’on verra deux sujets King Charles Spaniels participer au Championnat de France, c’est le moment où la race sera vraiment connu chez nous grâce surtout à Eliane Chevallereau de l’élevage « Des Wirkalines » qui importe des sujets de qualités d’Angleterre. Elle fondra le Club de race des Epagneuls nains Anglais en 1983.

En Angleterre la consécration viendra en 1973, lorsque le Cavalier King Charles de l’élevage de M.M Hall et Evans de Bristol nommé « Alansmere Aquarius » âgé seulement de 17 mois sera consacré meilleur sujet des races naines à la Crufts et surtout, meilleur sujet de l’exposition !

Des couleurs au choix : Tricolore, Blenheim, Ruby, Noir et feu.

Black and Tan (noir et feu) : un noir riche et lustré avec des marques d’un feu acajou brillant sur le marron, les pattes, la poitrine, l’intérieur des oreilles, sous la queue et au-dessus des yeux.

Tricolore : Noir et blanc avec marques feu au-dessus des yeux, les joues, sous les oreilles, les membres et la queue.

Blenheim : couleur noisette divisée sur du blanc perle. Les marques sont symétriques sur la tête avec au milieu le « lozenge ».

Ruby : couleur rouge unie, sans tache blanche.

Aspect

Un petit format, robuste, avec une poitrine longue, un dos court, la tête se caractérise par un crâne rond, de grands yeux foncés écartés et des oreilles larges à la racine pendantes le long des joues.

Le comportement

Il est de coutume d’encenser les races que l’on doit décrire, pour le Cavalier il suffit de dire la vérité. Malgré sa taille peu gênante il ne faut pas le prendre pour un « Toy » et le promener dans les bras en permanence, c’est un véritable sportif dans le mental comme dans le physique. Son esprit sportif apparaît dans sa sociabilité et son goût de l’action, tout en restant le toutou agréable à l’intérieur. Avec les chiens il a l’abord facile et aime communiquer, avec les gens il ne dédaigne pas les caresses tout en préférant les échanges avec son maître. Il peut s’adapter à la compagnie d’une personne âgée, de celle d’un sportif qui pratique l’obéissance ou l’Agility de haut niveau, être utilisé comme chien visiteur dans les hôpitaux, ou devenir le copain des enfants de la famille.

En 2006, le Cavalier King Charles est au 4 ème rang des chiens préférés des français avec 6319 naissances.

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