Les chiens de race aujourd’hui et leur problème

Les chiens de race sont le fruit d'une sélection qui a commencé par la domestication, d'abord il y a 100 000 ans puis il y a environ 18.000 ans, ensuite elle s'est pratiquée en vue d'une adaptation utilitaire. Depuis une centaine d'années environ, nous sommes parvenus à une standardisation avec des critères qui sont de plus en plus esthétiques, ce qui risque de mener à de graves problèmes.

L'inconvénient avec l'homme, c'est qu'en jouant les apprentis sorciers, il éloigne toujours plus le chien du naturel et crée un défaut de sélection naturelle, souvent préjudiciable aux qualités physiques mais surtout psychiques.

L'animal domestique

Nous savons que les races pures d'animaux domestiques ont tendance à disparaître, car c'est la productivité qui prime. Dans les races bovines par exemple, au train où l'on va il ne restera bientôt plus que la Frisonne blanche et noire et la Hollstein qui sont de vraies usines à lait. Pour la viande, il nous restera le Charolais et la Limousine. C'est quand même malheureux de voir disparaître les races locales rustiques (mais qui ne correspondent plus aux critères recherchés). On peut citer : la Lourdaise aux cornes en lyre, la Bordelaise, la Villard de Lans, la Mezine, la Ferrandaise, etc.

Chez nos chiens, l'objectif est encore plus difficile et il ne s'agit pas seulement de qualités morphologiques et physiologiques, mais encore de celles qui sont liées à l'équilibre caractériel et à l'intelligence.

Le danger est réel lorsqu'on exagère jusqu'à l'aberration certaines caractéristiques esthétiques, cela signifie fragiliser le potentiel génétique.

Dans les races, dites de travail, cela va se concrétiser en deux types distincts. Celui de travail, apte à être utilisé et présentant le moins d'handicaps pour l'action, mais quelquefois très éloigné du standard à la mode (en réalité, ils sont en général les plus près de leurs ancêtres ayant servis à créer la race). Celui de beauté, chez qui au contraire, on va exagérer les caractères du standard, jusqu'à mener à un hypertype, mais qui sera incapable de performances physiques (très éloigné du type originel).

On peut citer pour exemple le Berger Allemand, le Malinois, le Briard, le Berger des Pyrénées.

L'avantage avec ces races, c'est qu'il est toujours possible pour les responsables de l'élevage de prendre conscience de cet état de chose et d'y remédier en sélectionnant à partir des deux souches, pour autant que celle de travail perdure. Ce qui ne sera pas le cas avec les races dites de beauté, où le choix d'un potentiel génétique est limité. Surtout par l'utilisation exagérée pour la reproduction, d'un petit nombre d'animaux d'élevage, sur plusieurs générations.

Lorsqu'il s'agit des races de Beauté, le problème va s'avérer catastrophique car l'hypertype est devenu réellement une mode (qui nous vient des pays Anglo - Saxons surtout). Le principe de base c'est d'exagérer chaque point du standard, jusqu'à en faire des anomalies anatomiques. D'autre part, certains éleveurs abusent de la consanguinité dans ce but, fixant les caractères souhaités mais amplifiant les défauts. Si le degré de pureté d'une race peut être mesuré par le degré d'homozygotie (fait de porter le même gène sur les deux chromosomes d'une même paire), on s'aperçoit qu'il varie de zéro chez le chien bâtard, jusqu'à 100% chez le chien de race. Les individus homozygotes sont dangereux, car chacun porte de nombreux gènes négatifs ou non souhaités. Lorsqu'on sait que les maladies génétiques du chien sont au nombre de 350 environ et qu'elles touchent toutes les races, on se pose des questions (en 1928 on recensait 5 maladies héréditaires. En 1988 on en trouvait 281 et en 1955 plus de 350).

Si on prend le cas du taux de mortalité néonatale, on s'aperçoit qu'il augmente avec le niveau de consanguinité et il demeure plus élevé chez les chiens de race (qui forment un tiers de la population canine) : 15 à 30 %, que chez les corniauds, avec 3 à 4% (pourtant deux tiers de la population canine).

Il existe près de 600 races dans le monde, le F.C.I. (Fédération Cynologique Internationale) qui regroupe 72 pays en reconnaît 341. A ne pas confondre avec la Fédération of International Canines qui aux Etats - Unis admet 417 races (le States Kennel Club recense 400 races. Le World Wide Kennel Club, 246 races. L'International All Breed Kennel Club of America, ,350 races. L'United Kennel Club, 286 races. L'American Kennel Club, 140 races).

http://www.fci.be/fr/Nomenclature/

Quelques anomalies:

- La cardiomyopathie des Dobermans :

Elle se manifeste par de la toux, une faiblesse générale, des troubles du rythme cardiaque et survient chez les sujets âgés de 4 à 6 ans, avec un temps de survie de quelques jours à quinze mois.

- L'héméralopie

C'est l'incapacité de voir à la lumière vive, on la rencontre chez le caniche nain et l'Alaskan Malamute âgé de 8 semaines (se cogne aux obstacles). Il existe également des maladies de la cornée, des paupières, des cataractes héréditaires, etc. chez diverses races à la mode.

- Les calculs urinaires

Ce défaut héréditaire ne surviendrait que chez les mâles, surtout chez les teckels, par hyperproduction dans l'urine, de cystine.

- Les uretères eutociques

Cette malformation fait communiquer les reins à la vessie et provoque une incontinence urinaire. Certaines races sont plus atteintes : Sibérian Huskies, Bouledogues, West Highland White terrier, Caniches.

- Hypertrophie gingivale

Avec apparition de kystes et de tissus fibreux sur les gencives, elle est décrite surtout chez le Boxer et les Fox - terriers.

- Syndrome d'Ehlers Danlos

Une maladie héréditaire monogénétique à caractère dominant qui fragilise la peau.

- L'Atrophie rétinienne

Cette maladie progressive touche les sujets entre 2 et 5 ans, elle mène à la cécité. Actuellement, elle touche plus de 50 races.

- La Dysplasie coxo - fémorale

C'est une anomalie de conformation de l'articulation, elle est répandue chez plus de 100 races canines, surtout chez les races de grand et moyen format. D'origine héréditaire, d'autres facteurs comme le milieu ou l'alimentation peuvent rentrer en ligne de compte. Même en utilisant un nombre limité de chiens peu atteints, on ne peut complètement l'éradiquée.

Mais jusqu'où ira-t-on ?

Les exagération du standard mènent souvent à des monstruosités qui seront appréciées et même primées. C'est ainsi qu'on verra dans le standard du Bulldog Anglais, la définition suivante : << une tête aussi grosse que possible>>, ce qui a entraîné des excès qui se manifestent par une impossibilité pour les mères de mettre au monde leurs petits sans césarienne et par la création de sujets avec des têtes presque plus lourde que le corps avec ,des museaux si écrasés qui les empêchent de respirer correctement et même quelquefois de conserver leur langue à l'intérieur des mâchoires déformées. Chez d'autres, les plis de la peau vont être si multipliés qu'ils vont empêcher l'animal de voir correctement, on peut citer : le Shar-Pei, le Saint-Bernard, le Bloodhound, le Basset-hound, par exemple.

On trouve des races avec la face épatée, et chez certaines races de chiens nains, comme le Carlin, les yeux vont avoir tendance à sortir de leur cavité (la sélection ne peut modifier les yeux aussi bien que les autres parties du corps).

Le pelage peut être également touché et on peut voir aussi bien des chiens nus, donc dépourvus de poils et de protection, dont la peau doit recevoir des soins en permanence (par exemple pour l'exposition au soleil); que des chiens à poils très longs, si longs qu'on doit leur faire des mises en plis ou les mettre en "pyjama" pour éviter que la fourrure ne s'emmêle.

Une prise de conscience européenne

La convention européenne, à l'appel de diverses association de protection animales ainsi que de certains vétérinaires et éleveurs dignes de ce nom (qui sont confrontés de plus en plus à cette fragilisation), a décidé une révision des standards "extrémistes". Que ce soit sur la taille (actuellement les extrêmes sont représentés par l'Irish Wolfhound et le Chihuahua), sur la forme de la tête ou de la mâchoire, sur la position des pattes (inclinées vers l'arrière ou arquées), sur la limite des plis de la peau, sur la taille et la forme des yeux, sur la suppression des sujets porteur de facteurs dangereux, etc.

Il sera probablement très difficile de réajuster ces tendances générales vers l'hypertype, d'autant plus qu'au bout de quelque temps, on considère ces exagérations comme normales (mis à part les utilisateurs qui sont confrontés sur le terrain aux capacités physiques et psychiques des sujets). D'autre part, il ne faut pas oublier que les standards sont établis par le pays d'origine de la race et que notre Société Centrale Canine avec la meilleure volonté possible a peu d'influence sur leurs exigences.

On pourrait éventuellement obliger les responsables des races et les éleveurs à une meilleure formation qui signe leur compétence, avec comme leitmotiv, le fait que l'esthétique doit toujours correspondre à une amélioration de l'intégrité physique et du caractère. Pour les conducteurs de chiens de travail les résultats en beauté ont moins d'importance que l'adaptation à la fonction, ce qui n'est pas souvent le critère recherché pour les clubs de ces races...
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