La condition canine au Sénégal !

L’Association Internationale d’étude du Comportement animal ANIMONDE (sans but lucratif) que j'avais créé et qui comprennait 7 pays représentés sous forme de secrétariats. J'avais demandé à ses représentants au Sénégal Messieurs : MAMADOU AFIS DIENG et CHEIKH N’DIAYE de brosser un bilan succinct de la condition canine dans leur pays. Nous livrons ici leurs commentaires sur des contrées qui nous semblent bien lointaines...

La république du Sénégal, entourée de la Mauritanie, du Mali et de la Guinée, dont la capitale Dakar est restée celle de l’Afrique occidentale Française. Le chien et les animaux en général, ont pour le moment trouvés peu d’intérêt car la préoccupation première demeure l’amélioration des conditions de vie de la population. Gageons que l’œuvre passionnée accomplie par nos amis, fasse mieux comprendre l’animal, ce qui lui permettrait de passer du statut d’outil à celui de compagnon pour la famille.

BILAN DE LA CONDITION CANINE AU SENEGAL

« ANIMONDE »Secrétariat Sénégal : MAMADOU AFIS DIENG et CHEIKH N’DIAYE

Faire le bilan de la condition canine au Sénégal, revient en d’autres termes à effectuer l’évaluation à mi - parcours de la situation où se trouve l’espèce animale appelée le chien, à travers les âges.

Ce dernier faut-il le rappeler, est l’animal le plus sensé à avoir vocation à entretenir avec l’être humain, des relations privilégiées de complicité voire de cohabitation harmonieuse.

Dès lors, on peut dire sans risque de se tromper que la condition canine dépend en grande partie de l’homme, de l’éducation de celui-ci, de ses croyances.

Jaugé à l’aune des contextes géographiques et des civilisations, l’assertion précédente se vérifie à bien des égards.

Si en Occident il est consacré que prendre un chien, c’est lui apporter tous les soins d’un bon père de famille, c’est-à-dire, s’engager pendant une bonne dizaine d’années à, le protéger, l’éduquer, le soigner, l’aimer, tel n’est pas encore le cas en Afrique.

DU CHIEN DANS LA SOCIETE AFRICAINE TRADITIONNELLE

Dans la société africaine traditionnelle, le chien a toujours entretenu avec l’homme, des relations utilitaires disproportionnées.

Ainsi, c’est le chien qui assure le service d’aide à la chasse, le service de garde du patrimoine en général (troupeaux, champs, greniers etc...)

En revanche du point de vue du traitement qui lui est réservé, l’espèce canine ne saurait s’estimer heureuse.

Pas de gîte spécialement aménagé pour abriter son temps de repos, ni de nourriture propre à lui assurer une alimentation saine et suffisante, encore moins de soins de santé quelconque qui lui soit apportés. Le chien est juste une bête de service, qui se nourrit des restes de la famille et dont on se débarrasse quand il ne sert plus à rien, c’est- à -dire, quand il devient vieux ou malade.

Cette conception traditionnelle de la vie du chien dans la cité persiste encore dans notre époque moderne, du moins en ce qui concerne la race locale (chien bâtard).

DU SORT PEU ENVIABLE DE LA RACE LOCALE

Celle-ci à quelques exceptions prés reste le parent pauvre, errant, porteur de maladies que le service d’hygiène essaye de juguler par une vaccination massive périodique ou alors par une campagne d’éradication en cas de menace au niveau des populations.

Cette race locale dont on ne peut pas déterminer le nombre exact, est délaissée et n’entre pas dans le lot des chiens choisis pour subir des séances de dressage ou d’éducation.

Du côté des dresseurs, on lui reproche son petit gabarit (il n’attaque pas de haut), son manque de tonus, de caractère, d’allure, de personnalité.

Il est également établi que cette race locale a un problème d’origine, elle est de la famille chacal auquel on attribue un caractère trop libertin.

Cependant malgré ses multiples manquements ces chiens ont l’avantage de bien résister aux divers aléas d’un environnement très hostile.

Hormis du point de vue du dresseur, on relève celui tiré de la religion islamique qui marque une indisposition totale du musulman à l’endroit de l’espèce canine en général.

DU CHIEN DANS LA SOCIETE ISLAMIQUE

Dans l’imaginaire populaire des milieux islamiques, le chien est synonyme de souillure.

Pour justifier une telle argumentation, toutes sortes d’idées aussi réfractaires les unes que les autres, colportées, entretenues depuis toujours contribuent à enfoncer le chien dans sa misère.

A titre d’exemple, il serait interdit à un musulman de toucher à un chien après avoir accompli ses ablutions.

Un tel acte l’obligerait ipso facto à renouveler ses ablutions avant de s’adonner à la prière.

Par voie de conséquences, pour un musulman, la garde et l’entretien d’un chien chez soi devient non recommandable.

De même, s’il est d’usage chez un musulman de prier sur la peau de l’espèce bovine ou ovine, la prière sur une peau de chien est formellement interdite dans le Coran.

Suite à ce qui précède, on voit bien que les à-priori religieux contribuent à creuser l’écart entre le chien et l’homme, mieux à amenuiser la considération et l’attachement de celui-ci envers celui-là.

Aussi, n’est-il pas étonnant, jusqu’à une époque récente, de voir à l’apparition soudaine de chiens, des enfants organiser une course poursuite, armés de projectiles (cailloux).

De même un chien qui oserait franchir le seuil d’une mosquée, commettrait un sacrilège souvent puni par une peine de mort.

De ce point de vue, le chien n’a pas la chance du cheval vu dans l’Islam comme un animal très noble. Convenons-en, il faudrait prendre des mesures pour débarrasser le chien de cette image d’Epinal qui le suit dans un pays à majorité musulmane.

Pourtant, la législation nationale incrimine tous ceux qui se rendent coupables envers les animaux de mauvais traitements, sans nécessité, publiquement ou non.

DE LA PROTECTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES SELON LA LOI

Ainsi le Code Pénal Sénégalais dans son chapitre intitulé Dommages aux Animaux, en son Article 12 prévoit ce qui suit.

<< Seront punis des peines prévues aux articles 2 et 3 ou de l’une de ces deux peines seulement :

1) Ceux qui, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, auront involontairement causé la mort ou la blessure des animaux ou bestiaux appartenant à autrui;

2 ) Ceux qui auront exercé sans nécessité, publiquement ou non, de mauvais traitements envers un animal domestique ou apprivoisé, ou tenu en captivité; en cas de condamnation du propriétaire de l’animal ou si le propriétaire est inconnu, le tribunal pourra décider que l’animal sera remis à une œuvre de protection animale reconnue d’utilité publique ou déclarée, laquelle pourra en disposer.

DE LA CAPACITE A ENTRETENIR UN CHIEN

Les étrangers (occidentaux) établis au Sénégal sont les plus nombreux et les plus habiles à assurer une juste et loyale cohabitation avec le chien qui trouve chez eux une importance affective. Mais notons bien là qu’il s’agit d’une espèce importée de l’étranger et qui jouit d’une protection totale par leurs maîtres qui disposent d’assez de moyens, pour les entretenir décemment.

Ainsi beaucoup de vétérinaires et vendeurs spécialisés pour nourriture de chiens que nous avons interrogés, s’accordent pour dire qu’ils tirent le plus gros de leurs abonnés à leurs soins, chez les occidentaux vivants au Sénégal.

Ce constat trouverait également à s’expliquer dans la situation de pauvreté, de conjoncture difficile qui se fait sentir jusque dans les foyers.

Il est évident qu’un père de famille qui arrive à peine à assurer une alimentation saine ainsi que des soins de santé primaires à ses propres enfants, ne pourra jamais s’offrir une telle préoccupation qui passe forcément pour être un luxe insolent aux yeux de la communauté.

Il s’y ajoute que ces chiens importés coûtent excessivement chers, compte tenu du pouvoir d’achat faible au Sénégal. Leurs prix varient entre 80.000 CFA (800FF) à 250.000 CFA (2.500FF).

DE L’INTERET NOUVEAU QUE SUSCITE L’ESPECE CANINE

On dénote pourtant un nouvel intérêt porté vers l’espèce canine importée de l’étranger chez les classes montantes qui se sont surtout frottées aux civilisations occidentales.

Cet intérêt nouveau pour ces dits -chiens, peut donc se comprendre par le mimétisme culturel; mais il s’expliquerait davantage par le phénomène d’insécurité et de terreur qui se développe crescendo dans les milieux urbains surtout à Dakar et dans les différentes capitales de l’Afrique occidentale.

De fait, les familles aisées trouvent désormais la nécessité de s’assurer de la présence à leurs côtés de chiens de garde spécialement entraînés, pour le service de protection du maître et de ses biens.

Pour les familles pauvres le recours à la race locale devient une alternative incontournable pour un minimum de sécurité.

Il est à espérer qu’avec ce nouvel intérêt qui lui est porté, la race locale puisse voir sa condition s’améliorer sensiblement.

DU MANQUE DE STRUCTURE D’ACCUEIL PERFORMANTE

Il faut enfin souligner qu’il n’existe pas encore au Sénégal, un espace de dressage ou d’éducation de chiens digne de ce nom. Le Cyno Club qui est une structure recevant les chiens de particuliers, est l’initiative d’un amoureux inconditionnel de l’espèce canine qui s’active depuis plus d’une décennie dans le métier de dresseur.

D’une superficie de sept cent mètre carré, le Cyno Club s’illustre par la vétusté de ses installations d’un autre âge. Les propriétaires arrivent et repartent avec leurs chiens, à la fin de chaque séance de dressage.

C’est dire que de manière générale notre pays manque de structures d’accueils canines performantes dotées d’équipements modernes.

Vous le voyez, il ressort de l’analyse, des enquêtes et de l’observation, que la condition canine est à parfaire dans notre pays.

Osons espérer qu’avec les multiples efforts à consentir, il s’opère à terme, un changement radical des mentalités, se traduisant au point de vue résultat, par une meilleure prise en compte de la condition canine au Sénégal et partant en Afrique.

Dans la série de mesures à prendre, il y a certes, celle qui devra consister à vulgariser auprès des populations par le biais des mass media, de Séminaires, Conférences publiques, Projections de films, Expositions, les multiples effets favorables de l’espèce canine.

Il faut arriver à démontrer comme mentionné dans le dossier de presse Animonde que << le bénéfice que retire l’homme de la cohabitation avec le chien ne se réduit pas à l’aide qu’il peut lui apporter dans son travail, ils sont surtout psychologiques...>> et sociales.

Ainsi des exemples comme celui des chiens d’aide aux handicapés, les visiteurs d’amitié auprès des personnes seules, hospitalisées, âgées, les chiens de décombres sont à expérimenter chez nous, ceci, à des fins promotionnelles.

Cette découverte des multiples possibilités et vertus du chien, fera gagner ce dernier en importance auprès des populations qui lui porteront plus de sympathie, de respect, en même temps qu’elles lui trouveront des qualités sublimes d’un compagnon qui sait donner sans compter.

Ils permettront de ne plus en rester à des idées reçues qui sont aussi stérilisantes dans un sens que dans l’autre.

Questions :

- Existe-t-il des Clubs d’éducation canine ?

- Nous n’avons pu à ce jour, découvrir que trois Clubs : Le Cyno Club, Les chiens de la Société de gardiennage EAGLE, Les chiens de la Gendarmerie.

- Il reste que nous avons rencontré beaucoup de particuliers qui s’activent à dresser des chiens sans être organisés en Club.

-Nombre de races présentées ?

Berger Allemand

Dogue Allemand

Dobermann

Malinois

Boxer

Beaucoup de croisements, ex : croisement Berger Grindal

- Quels programmes pratiquent-ils ?

Agility

Education

Défense

- Structures en place comme société canine ?

Nous n’avons pas pu à ce jour en déceler une seule, néanmoins, sans désespérer, nous continuons toujours les investigations.

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