Déjà, au cours de la guerre sud-africaine, l’armée anglaise utilisa le chien, principalement comme avertisseur, auxiliaire des sentinelles, et pour retrouver les blessés.
C’est un officier de l’armée coloniale, le major Richardson, qui avait offert, préparé et dressé ces chiens, de races airedale-terrier ou bloodhound. Les résultats avaient été assez concluants pour qu’au cours de diverses campagnes (première guerre des Balkans, campagne russo-japonaise, guerre d’Egypte ou de Tripolitaine) le major Richardson se mît à la disposition des Grecs, des Russes, des Italiens, et de l’armée anglaise, pour organiser un service de chiens de guerre. Mais, malheureusement, ce service ne prit pas une grande extension, le major Richardson étant seul pour préparer et dresser les chiens, et n’ayant obtenu aucun appui officiel.
Dès le début de la guerre, en septembre 1914, le même major Richardson, qui n’avait pas cessé de s’occuper de chiens de guerre, et de faire de la propagande pour ces utiles auxiliaires du soldat, mit à la disposition de la première armée anglaise qui vint combattre sur le continent cent vingt-quatre airedales-terriers dressés comme chiens avertisseurs ; la réussite ne répondit pas aux espérances du dévoué major, car les chiens, confiés à des mains inexpertes, ne conservèrent pas leur dressage, et devinrent plus dangereux qu’utiles.
Le major Richardson, tenu au courant des résultats obtenus en France dans l’armée d’Alsace et des Vosges, sollicita le War Office, et du ministère de la guerre français une mission pour étudier notre organisation ; il visita nos chenils de l’intérieur, et nos chenils du front, put se rendre compte des méthodes d’utilisation des chiens de sentinelle et de liaison jusque dans nos premières lignes.
Quelques mois après, une mission militaire anglaise fut envoyée en France pour étudier le service des chiens de guerre qui venait d’être réorganisé, et, l’armée anglaise reconnut et adopta le chien de guerre.
En Angleterre, le major Richardson fut chargé officiellement du recrutement et de la préparation des chiens destinés à l’armée. En France, à proximité du front anglais, fut créé un chenil central militaire qui achevait le dressage des chiens, lesquels étaient ensuite envoyés, sous la conduite de spécialistes, dans les divers secteurs occupés par nos alliés. Le Service des chiens de guerre de l’armée anglaise rattaché au service des liaisons du Grand Quartier Général, était placé sous la direction du major Alec Waley.
L’armée anglaise n’utilisa pas le chien auxiliaire de sentinelle, mais exclusivement le chien estafette, le chien de liaison, et le chien porteur qui ravitaillait seul les unités combattantes : il était donc en même temps chien de liaison et chien porteur.
Il y eut, entre les deux services de chiens de guerre, français et anglais, unité de vues, et entente très cordiale ; les deux services se vinrent en aide, aussi bien pour le ravitaillement des chiens, que pour le matériel. Les résultats obtenus dans l’armée anglaise furent excellents, et le service se développa tous les jours.
Les Anglais n’utilisaient que des chiens à l’exclusion des chiennes ; comme nous, ils employaient les chiens de berger, ou ayant beaucoup de ce sang ; des airedales-terriers, des retrievers, des terre-neuve, puis des croisés de bull-dogs et de mastiffs et également une race bâtarde appelée « lurcher », croisement du lévrier et du chien de berger, type très répandu en Angleterre, et dont se servent les braconniers. Les chiens porteurs étaient choisis parmi les foxhounds ou les bloodhounds.
Paul Megnin