Calme et Dissuasion
On pense que ce molosse est comme tous ses cousins descendant du Dogue du Tibet qui serait apparu environ 3.000 ans avant Jesus-Christ sur les hauts plateaux de l’Himalaya. Il sera utilisé comme combattant dans les armées des Assyriens, des Chaldéens, des Perses et des Médes. Vers 500 ans avant Jesus-Christ il arrive en Grèce et il sera le fameux molosse d’Epire. En 50 avant Jesus-Christ il est dans la Rome de Jules César et on le nomme Canis Pugnatis, un chien de combat qu’on laisse affronter dans les arènes, les fauves, les autres chiens ou les gladiateurs. Les Alains, qui envahissent l’empire romain jusqu’en Espagne, amènent avec eux leur propres molosses asiatiques. Les croisements avec les Dogues romains vont donner des types différents selon les régions : Dogue Allemand, St. Bernard, Mâtin de Naples ou le Dogue d’Aquitaine qui deviendra le Dogue de Bordeaux, etc. Au moyen-âge on le trouve comme bouvier et protecteur auprès des bouchers comme le Rottweiler en Allemagne. Au XIIe siècle on utilise le Dogue d’Aquitaine pour bouter les anglais hors de France. Elevé principalement dans le Sud-Ouest de la France il devait affronter ses congénères dans des combats acharnés. On dit même que les Espagnols l’utilisèrent pour créer leur “ Perro de Presa ” (chien de prise) ou chien de combat Mallorquin. A l’époque celui qui allait devenir le Dogue de Bordeaux devait également combattre un ours des Pyrénées jusqu’à ce que mort s’en suive. Au XIX e siècle on distingue une variété parisienne, une variété de Toulouse, une variété de Bordeaux. On désigne sous le nom de Doguin les chiens issus du croisement entre Bull-Dog et Dogue de Bordeaux (les chiots des Dogues de Bordeaux sont également appelés ainsi).
L’expression “ être d’une humeur de Dogue ” rapporte bien le tempérament que pouvaient avoir ces chiens destinés surtout au combat. De 1884 à 1895, le célèbre Dogue Caporal va détenir le record dans les combats contre les taureaux. En 1863 lors de la réunion des cynologues au jardin d’Acclimatisation à Paris, pour ce qu’on peut nommer la première exposition, on peut admirer de magnifiques spécimens de Dogues d’Aquitaine dont le fameux Magenta toisant 70 cm au garrot. Des éleveurs s’amusent alors à croiser le Dogue d’Aquitaine avec le Mastiff et en 1880 Pierre Megnin et le Marquis de Cherville vont mettre fin à ces pratiques et attribuer au Dogue de Bordeaux son vrai nom et lui donner un type assez homogène. Le Professeur Kunstler de l’université de Bordeaux va rédiger un standard et il faut attendre 1913 pour voir apparaître deux Clubs de race : La Société Centrale du Dogue de Bordeaux et le Club Bordelais du Dogue de Bordeaux. Ces deux Clubs rédigeront, après bien des disputes, un standard commun. Les partisans des grandes tailles avaient croisés les Dogues avec des molosses anglais ce qui donnaient des sujets à masques noirs ou rouge. Ces deux caractéristiques furent acceptées dans les standard.
Pendant la Guerre l’élevage allait énormément souffrir, on comprend que de telles animaux ont bon appétit et avec la disette qui existait déjà pour les humains ! En 1966 le Club ne comptait qu’une dizaine de membre mais des passionnés comme Raymond Triquet ou le Docteur Luquet allaient rédiger un standard en 1970 et faire admettre la race à la F.C.I. (Fédération Cynologique Internationale).
En 1978 la présidente de la S.A.D.B. (Société des Amateurs de Dogues de Bordeaux) Mme Colette Lepage fit définir la liste de points de non-confirmation pour compléter le standard. En 1984 le Club mettait en place des Tests d’Aptitudes Naturelles lors des Nationales d’élevage, tests comprenant une épreuve d’endurance ainsi qu’une épreuve de sociabilité et de courage.
Le Dogue de Bordeaux est classé dans le 2 e groupe avec les molossoïdes non soumis au travail.
C’est un brachycéphale, c’est-à-dire qu’il a une tête courte et massive avec un crâne large, il a une mâchoire prognathe inférieure par raccourcissement de la face. Cette tête volumineuse est sillonnée de rides profondes et est marquée d’un stop bien accusé. Sa taille est impressionnante mais sans exagération le mâle pouvant faire de 60 à 68 cm au garrot et la femelle de 58 à 66 cm, le poids étant de 50 kg au moins pour le mâle et 45 kg pour la femelle. C’est un physique imposant mais qui demeure harmonieux avec des muscles bien dessinés sous la robe acajou ou fauve.
Ce colosse est doté d’un tempérament qu’on ne s’attend pas à trouver sous une telle masse, il est d’ordinaire très calme et paisible mais lorsqu’on le provoque au jeu il démontre agilité et rapidité, avec une grande précision dans les mouvements, ce qui n’est pas toujours le cas avec les molossoïdes.
Pour la garde, il n’est pas nécessaire de le dresser, il sait se servir de sa taille et surtout de l’impression qu’il lit dans le regard des étrangers pour en imposer. En cas de rôdeur sa voix caverneuse suffit en général, s'il le faut il s'avancera d'un pas majestueux en grognant comme un chien à humeur de Dogue sait le faire.
Dans son éducation, qui doit commencer très tôt, on mettra en place la hiérarchie ainsi que des règles de vie avec des interdits. L’obéissance peut se pratiquer à l’aide de récompense jamais par la brutalité.
Ce grand costaud adore les enfants et il sait doser sa force pour jouer avec eux pendant des heures.
Les personnes attirées par cette vieille race française assez peu répandue doivent prendre conscience qu’un tel chien est assez volumineux et qu’il prend de la place dans une voiture ( ce sera peut-être l’occasion de voir plus grand), d’autre part il a bon appétit et ne refuse pas ses 2 kilos de viande journalière (plus les légumes, les céréales, les vitamines) si on le nourrit en traditionnel.
En ce qui concerne l’habitat, il vaut mieux éviter de le choisir si on vit en appartement, par contre les personnes ayant un grand jardin peuvent le laisser y séjourner pendant des heures. Dans tous les cas on n’omettra pas de le faire marcher ou trotter au moins une à deux heures par jour à l’extérieur afin qu’il entretienne sa musculature et fasse le plein de stimulations.
Sur les Blasons du 15 e siècle on retrouve la tête du Dogue d’Aquitaine avec la devise “ c’est un loyal batailleur, qui ne veult point laisser son seigneur, ne en vie, ne en mort, mais s’appareille à souffrir mort pour son seigneur ”.
Pline enjolive la réalité en décrivant dans Naturalis historia les molosses ou chiens d’Epire, surtout utilisés comme chien de ferme pour la garde : “ Lorsque Alexandre le Grand voulut aller en Inde, le roi d’Albanie (L’Epire) lui avait donné un chien de taille extraordinaire ; ravi, Alexandre ordonna de lâcher les ours, des sangliers et finalement des daims, mais le chien reste couché sans faire le moindre mouvement. Cette paresse du grand animal agaça tant le fier prince, qu’il le fit abattre.
Ceci fut rapporté par la rumeur au roi. Il en fit envoyer un deuxième, en conseillant d’essayer cette fois non pas avec des animaux de taille réduite, mais avec un lion et un éléphant : il n’avait que deux de ces chiens, si celui-ci aussi était tué, il n’en aurait plus. Alexandre n’hésita pas, et aussitôt vit un lion se soumettre. Puis il fit apporter un éléphant et pu se régaler d’un spectacle dépassant tout. D’abord, le chien commença à aboyer fortement, tandis que toute sa fourrure se hérissa, il sauta au cou de l’animal et s’acharna sur lui, combattant d’un côté, tantôt de l’autre avec une grande habileté, allant et se repliant tour à tour lorsqu’il le fallait, jusqu’à ce que ses changements incessants fassent tituber l’éléphant, et sa chute fit trembler le sol violemment ”.
Les combats des dogues de Bordeaux, des "spectacles", dirigés par des "combattiers", en région Pyrénées et Midi de la France, contre ours, taureau, tigre, loup, chien, âne, etc. Du "dressage" (de la souffrance pour se faire plaisir ou gagner de l'argent, indifférent à la souffrance animale!) les chiens enfermés pendant quelques jours avant les épreuves de combat avec peu de nourriture et pas de viande. Puis excitation et attaque sur pantins recouverts de cuir avec viande à l'intérieur, avec formes de l'animal à combattre; ensuite, vrai combat. Le Dogue "Caporal", appelé "L'imbattable", années 1889, combat contre les taureaux dans les Pyrénées. Son maître propriétaire de l'hôtel de la Gare de Tarbes, fier de montrer les cicatrices des blessures de son chien… Ces combats vont cesser vers 1914.
En 1850, il sert également de chien de trait à Bordeaux, on le dit aussi puissant qu'un cheval mais moins difficile à nourrir.
En 1863, première exposition en France au jardin d'acclimatation à Paris, on va voir un type "Bordelais": trapu, nez court, tête énorme, un type "Toulousain": ressemblant au Dogue Allemand, un type "Parisien": proche du Mastiff, très lourd.
Premier standard par le Dr Pierre Mégnin en 1896 qui prône la couleur rouge même pour le masque.
Selon J. Kunstler auteur du deuxième standard de la race en 1910 : « On l’a toujours vu à Bordeaux et sur les frontières d’Espagne pour combattre loup et ours en pays montagneux ».
En 1924, création du club "Société des Amateurs de Dogue de Bordeaux" (SADB) par MM. Bares, Roullet, Deland.
Classification FCI, au groupe 2 (Chiens de type Pinscher et Schnauzer, molossoïdes et chiens de montagne et de bouvier suisses), section 2.1. (Molossoïdes de type Dogue).
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