La vie édifiante de Gaston Phoebus :
Né en 1331, il est le fils de Gaston II, Comte de Foix et Vicomte de Béarn et de Eléonore de Rabat. Tout jeune il s'affirme déjà comme quelqu'un faisant preuve d'un caractère peu commun. Il dit lui-même : " quand je naquis, j'étais pervers et frivole au point que mes parents avaient honte de moi ; et tout le monde disait : celui-ci ne pourra jamais rien valoir. Malheur au pays dont il sera le Seigneur ".
C'est sa chevelure abondante qui lui vaudra le surnom de Phoebus, d'autant plus qu'il ne portait jamais de chapeau. Il a 12 ans lorsque son père meurt en croisade contre les arabes afin de soutenir le roi Alphonse de Castille. Sa mère sera sa tutrice, le jeune Gaston se fait remarquer pour sa culture et bientôt pour sa science des armes.
En 1345 il aidera la Guyenne a se libérer des Anglais, il sera nommé lieutenant général du roi pour toute la Langue-d'Oc. Il aura fort affaire malgré ses 16 ans pour lutter contre la peste qui envahit la Provence et le Languedoc.
Le 4 Août 1349 il épouse Agnès, fille de Jeanne de France et de Philippe le Noble de Navarre. Gaston lors d'un conflit apposant le roi de Navarre au Roi de France fut emprisonné.
Il sera libéré et on le retrouve en Prusse afin d'aider les chevaliers teutoniques à combattre. Il chassera le sanglier (le Renne) sur les bords de la Baltique et en 1358 il est de retour en France Il tombe en pleine Jacquerie où les gens de la campagne se révolte contre les nobles, assassinant et brûlant les châteaux, avec le Duc d'Orléans et le Captal de Buz, il les décimera devant Meaux.
Revenu chez lui il fut défié par le Comte d'armagnac et une bataille eut lieu près de Launac le 5 Décembre 1362, grâce à son habileté il remporta la victoire.
Il tenait sa cour à Orthez, elle était réputée pour les grands cerveaux qui la fréquentaient tout en restant très sobre de richesse. Comme il était riche et puissant, tout le monde le respectait, y compris le roi de France ou celui d'Angleterre. Une guerre éclata pourtant entre le comte de Foix et celui d'Armagnac à nouveau, la paix ne fut signée qu'en 1379.
Un autre conflit l'opposa au Duc de Berri qui avait reçu du roi de manière arbitraire des pouvoirs sur le Languedoc. Les habitants confièrent leurs doléances à Gaston afin qu'il les défende, une première bataille a lieu à Rabastens et juillet 1381 près de Revel il battra l'armée Royale, affirmant que personne ne viendrait troubler le Languedoc.
Son fils aidé de jeunes nobles allait tenter de l'emprisonner poussé pas Charles le Mauvais, Gaston sera sans pitié.*
En 1382 il retourne faire la guerre en Flandres sur la demande de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne.
Lorsqu'il retourne chez lui, il décide de se reposer et d'écrire son livre de la chasse. Il le commencera le 1e Mai 1387 à Orthez, l'année même où il reçoit le poète et chroniqueur Jean Froissart qui sera son biographe. Gaston Phoebus va mourir en mai 1391, lors d'une partie de chasse à l'ours en Navarre, il a 60 ans. Froissart écrira : " Je vous diray pas quelle incidence. Vérité est que tous esbats de ce monde souverainement, il aimoit le déduit des chiens et de ce il était très bien pourveu, car tousjours il en avoit à sa plaisance plus de seize cents..."
Le livre de la chasse :
Gaston Phoebus envoya un manuscrit de son ouvrage à Philippe le Hardi, fils du roi Jean et premier Duc de la deuxième Maison de Bourgogne, à qui il le dédia. On pense qu'il existe des copies réalisées surtout au Xve siècle au nombre d'une quarantaine. La Bibliothèque Nationale de Paris en détient deux.
C' est dans son Château de Moncade à Orthez que le seigneur de Béarn va rédiger son traité de la chasse qui sera un véritable hommage rendu aux chiens.
Le 1e mai 1387, il commence à dicter : " Je Gaston, par la grâce de Dieu Comte de Foix, seigneur de Béarn… Tout mon temps fut délecté en trois choses, l'une aux armes, l'autre en amour et l'autre en chasse ".
" Jamais je n'ai vu un homme aimant les chiens, leur comportement, le divertissement qu'ils procurent, n'ayant en lui de bonnes qualités, car cela lui devient une étroite noblesse et gentillesse de cœur, quelque soit son état, seigneur ou homme de peu, pauvre ou riche ".
" Je voudrais maintenant traiter des types de chiens…ainsi que de leur noblesse, de leurs qualités si remarquables et extraordinaires chez certains qu'aucun homme ne pourrait le croire, s'il n'était lui même un bon meneur, les connaissant bien et ayant vécu longtemps avec eux. C'est l'animal le plus noble, le plus raisonnable, le plus intelligent que Dieu fit, sans excepter l'homme ou toute autre bête ".
" Chien est loyal envers son maître, lui donne bon et véritable amour. Chien a grande sagacité, grande intelligence et grand jugement. Chien a force et bonté. Chien a sagesse, est une bête excellente. Chien a grande mémoire et grand sens. Chien est plein de zèle et a grande puissance. Il a grande agilité et perspicacité. Chien est docile car il apprendra tout ce que l'homme lui enseignera. Tous les plaisirs sont dans les chiens. Ils sont si pleins de bonnes qualités qu'à peine peut-il y avoir un homme qui n'en veuille avoir pour une chose ou une autre ".
Il distingue cinq sortes de chiens de chasse : l'Alan, le Lévrier, les chiens courants, l'Epagneul, le Mâtin.
Les Alans sont divisés en catégories : nobles, vautres, de boucherie.
Il ne sera pas très tendre dans leur description :
" La stature des Alans nobles doit être exactement semblable à celle d'un Lévrier dans tous les domaines, à l'exception de la tête, qui doit être grosse et courte. Bien qu'il y en ait de tout pelage, le meilleur est le plus courant est blanc avec quelques tâches noires près de l'oreille. Les yeux doivent être très petits et blancs, les narines blanches, les oreilles droites et pointues, aussi pour ce faire en les leur coupe…. Les Alans ne sont pas des chiens agréables et présentent dans tous les domaines des graves défauts ; ils sont plus fous et étourdis que les autres, et je n'en ai jamais vu plus de trois ayant des qualités parfaites et qui soient excellents ".
Les Alans vautres, ont quelque peu l'allure d'un vilain Lévrier mais avec une grosse tête, de rosses lèvres et de grandes oreilles…. Ils sont pesants et lourds. S'ils meurent à cause d'un sanglier ou d'un ours, ce n'est pas grande perte "
" Les Alans de boucherie, vous pouvez les voir tous les jours dans les villes, car les bouchers les utilisent pour se faire aider à y conduire le bétail acheté à la campagne…. Ils ne nécessitent pas beaucoup de dépenses car ils se nourrissent avec les déchets de boucherie. Ils gardent également la maison de leur maître "
Les maîtres sont des chiens redoutables, ils portent des colliers aux longues pointes acérées.
" Les Mâtins ont pour office et il est dans leur nature de garder le bétail et la demeure de leur seigneur ; et sont des chiens de bonne nature : car ils défendent et gardent tout ce qui est à leur seigneur ".
Les écrits cynégétiques :
En France le plus ancien ouvrage est l'œuvre de Henri de Fervières, il a été écrit entre 1360 et 1370 et se nomme " Les livres du roy Modus et de la reine Ratino ". Le roy Modus va décrire les chiens de chasse, il parlera des Limiers et des autres chiens courants : " Les chiens bauds chassent jusqu'à la mort toute bête qui leur a été trouvée par le limier…. Le chien Ferbaud ne chasse guère d'autre bête que le cerf, et si la bête qu'il chasse donne le change, il pourrait sans crier jusqu'à ce que la bête se soit départie du change. Le chien baud - rétif ne chasse point d'autre bête que le cerf, et quand le cerf donne le change, le chien s'arrête et demeure tout coi ".
En 1561 Jacques du Fouilloux va publier à Poitiers et à Paris " LA VENERIE ET L'Adolescence ". Il écrira par exemple des conseils pour se faire obéir des chiens : " un bon valet de chien doit être gracieux, fort courtois et doux, aimant les chiens… muni d'une gibecière en toile où il doit avoir des friandises (…) Chacun doit tenir son limier en sa chambre, car plus ils seront ensemble, mieux ils se connaîtront (…) C'est une mauvaise chose et une mauvaise vénerie que de trop crier, de trop parler à ses chiens, car ils n'accordent pas autant leur confiance à ceux qui parlent trop qu'à ceux qui parlent peu…. Par ma foi, je parle à mes chiens comme je parle à mes hommes en disant : " va en avant " ou " va en arrière ", ou " viens là ou je suis ".