“La sentinelle du pauvre, le compagnon du fermier, le favori du noble”
Proverbe Irlandais
Il a un peu l’apparence du Fox-Terrier mais avec une robe bien plus opulente et sombre, avec un ton de bleu qui lui vaut son nom.
Son origine est assez nébuleuse et plus que dans d’autres races, il court différentes légendes irlandaises, l’une d’entre elles le fait remonter à l’époque du déluge et à l’arche de Noé, une autre veut qu’il serait le seul survivant d’un naufrage qui se produisit près des côtes de la baie de Tralee, dans le comté de Kerry. Il a une parenté indéniable avec les autres Terriers d’Irlande, comme l’Irish Terrier, le Soft-Coated-Weater Terrier et le Glen-of-Imaal-Terrier, en particulier pour la nature du pelage qui est doux, abondant, ainsi que pour le caractère combatif. L’Irlande est un pays rude très venteux, on a retrouvé dans des fouilles faites au tumulus de Newgrange, différents types de chiens, datant de 3.000 ans avant notre ère.
Après plusieurs invasions, comme celle des Celtes entre le 8e et le 2e siècle avant notre ère, de nombreuses races se sont formées avec des fonctions différentes. Il existe de nombreux récits héroïques de chiens comme celui du fameux Cu Chullain ( le chien de Cullan) à qui on a prêté des pouvoirs magiques. Dans les plus anciennes lois écrites de l’Ile verte les « Brehon Laws », le chien occupe une place privilégiée, les grandes races étant réservées aux nobles et à la chasse, les autres aux petites gens, qui devaient se contenter d’un « dog of the dungheap », c’est-à-dire d’un chien du tas de fumier. On raconte que les irlandais réussirent à vaincre les Vikings à la bataille de Clontarf en 1014, grâce à l’appui de leurs chiens très combatifs.
On retrouve en pays de Galles au Xe siècle des « House curs », aptes à chasser dans les Terriers les bêtes poursuivies par les chiens courants, comme le renard, la loutre, la martre, la belette, le blaireau ou le lapin. C’est donc au milieu des hounds qu’il a commencé à être employé, sous le nom générique d’Irish Blue Terrier. A ce moment là on trouvait différentes couleurs et diverses tailles, le rouge se trouvait dans le nord de l’Irlande, ailleurs on avait des robes bleues, grises, noir et feu.
Celle qui fit reconnaître la race est Mrs Carey Hewit du Comté de Kerry, en particulier à l’exposition de Limerick en 1887 où cinq sujets furent présentés avec cette belle teinte bleu ardoise. Un prix spécial fut créé pour les chiens exposés avec les oreilles non coupées et en 1890, le Kennel Club Irlandais va interdire l’amputation de celles-ci pour le Terrier avant de l’étendre à d’autres races.
La race commence à être connue pour son originalité en Angleterre et en Ecosse, on retrouve plusieurs Kerry-Blue exposés à Cork en 1913 et à l’exposition de Willarney ils sont vingt, tous parfaitement homogènes.
Sous l’impulsion de plusieurs éleveurs conduits par Mrs Casey Hewitt, un Club sera créé en Irlande en 1920, c’est le moment où l’aspect extérieur va devenir la préoccupation des présentateurs « handlers » et que le toilettage débute, pour devenir un véritable art de la sculpture du pelage. Il faut dire que jusque là toute la sélection, ou du moins l’essentiel, se faisait sur des critères d’utilisation ; l’aptitude au travail dans plusieurs domaines cynégétiques.
On le trouvait, nous l’avons dit, dans les équipages de chasse à courre, mais également comme gardien, conducteur de bétail ou tout simplement dans le rôle de destructeur des rats et des souris dans les granges et les écuries, toujours sur le qui-vive, prêt à jouer des dents de manière efficace. Ces sujets là avait le poil plutôt hirsute et emmêlé, ce qui leur permettait de rentrer sans dommage dans les broussailles pour déloger le gibier à l’occasion.
Les anglais, comme Stonehange (1887), s’étaient assez moqués de ces « bâtards irlandais » sans homogénéité, mais qui pourtant avaient des qualités indéniables, à tel point que les allemands viennent les acheter pour les utiliser, dès 1900.
On le retrouve donc, correctement toiletté et présenté au mieux à la manière anglaise à la fameuse exposition de la Cruft en 1922, année où le Club de race fut créé en Angleterre, ce qui entraîna son admission officielle au Kennel Club.
La race était devenue à la mode et en 1923 lors du rassemblement de tous les Terriers, c’est Martell’s Sapphire Beaty, un Kerry Blue, qui gagne.
Le fait d’avoir une esthétique qui plait est comme toujours préjudiciable, et pour pallier à ce dérapage les Irlandais en vinrent à exiger une épreuve de travail pour les Champions en 1926, afin qu’ils démontrent la conservation de leur aptitude.
Les épreuves consistaient à affronter un blaireau, un rat ou un lapin et à le mettre à mort le plus rapidement possible.
Sa silhouette est facilement identifiable, c’est un individu de taille moyenne de 46 à 49,5 cm au garrot ( 18 à 19,5 pouces). Le corps a un dos de longueur moyenne mais ferme et une poitrine bien descendue avec un poil doux abondant et ondulé qui peut avoir plusieurs ton de bleu avec ou sans extrémité noire (il faut savoir que chez le jeune la couleur est plus sombre, elle s’éclaircira avec l’âge), ou avec le ton fauve.
La tête est très typée avec le regard caché sous d’épais sourcils, les moustaches et la barbiche abondante, la queue est portée dressée et gaie.
Son caractère est fait d’une pièce, avec lui c’est tout ou rien, on peut même dire que l’on peut le classer dans la catégorie des cabochards, têtus et indépendants. S’il apprécie la compagnie des maîtres, il n’est pas de ceux qui viennent quémander les caresses à tous instant, il lui faut son coin, ses jouets, sa gamelle et ses sorties. Si on veut le faire obéir et lui apprendre les bases d’une bonne éducation, il faudra commencer tôt et s’en tenir à des exercices simples qu’il apprécie parce qu’il les prend pour du jeu. Il est d’un tempérament fort et supporte très bien le stress de la ville, déambulant au bout de sa laisse, le regard fier et tranquille, avec un air de dédain un peu snob. Son équilibre caractériel fait qu’il est rarement agressif avec les humains et supporte avec calme les contacts avec les personnes étrangères. Lorsqu’il est décidé, il peut être un compagnon de jeu infatigable qui épuise vite les ressources de son maître.
On peut s’amuser avec lui dans le programme d’Agility où il démontrera les possibilités sportives qu’il possède, en survolant les obstacles, contrôler sa fougue à distance pour le diriger s’avérera plus difficile. Pour qu’il soit bien dans sa tête il n’est nul besoin de le faire courir pendant des heures, une promenade rapide ou un jeu avec la balle pendant une demi-heure lui suffisent.
Avec les autres chiens, il est assez aimable et accepte volontiers les salutations ou le jeu, si par contre il a affaire à un grincheux qui lui cherche noise il aura vite fait de le remettre à sa place sans agressivité exagérée. Avec les autres animaux, il faudra commencer dès le plus jeune âge la socialisation, que ce soit les chats ou la volaille, pour le chien de la campagne, l’on est Terrier ou l’on ne l’est pas !
Sa santé est solide et il supporte bien les longues promenades sous la pluie ou les séjours prolongé dans le jardin en hiver. Son toilettage demande une connaissance parfaite du standard et de l’habilité, d’autre part il faut qu’il soit fait régulièrement c’est ce qui freine les maîtres qui voudraient s’enquérir d’un tel original. Il faudra avoir recours aux opérations anglaises comme le stripping (qui est une épilation avec un peigne dentelé spécial ou à la main) ou le trimming ( préparation spéciale à la brosse ou au peigne dentelé), les ciseaux permettront de couper les poils trop longs, et la tondeuse égalisera les oreilles et le cou. Il faut considérer qu’un Kerry Blue doit être toiletté environ toutes les 5 semaines, dès l’âge de 2 mois pour l’habituer à supporter ces séances.
Le Kerry Blue Terrier est dans le grand groupe des Terriers qui est le troisième selon la classification de la FCI, la race est peu représentée en France si l’on se fie au nombre des inscriptions au livre des origines Français.
Voir mon livre " ÉLEVAGE ET COMPORTEMENT ", préface du Professeur Denis. Dans mon site!
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