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« Pinning is winning »: attraper, c’est vaincre.
Il avait fait son chemin de son côté et le premier club de race au monde, le Bull Dog Club Incorporated, fut le sien, créé en 1875 (un autre club, le London Bulldog Society est fondé en 1891, puis ce fut le British Bulldog Club). Au départ, c'est un chien de boucher ou "butcher's dog".
En 1559, la reine Elizabeth 1ère va inviter l'ambassadeur de France à assister à des séances de bull-baiting (combat contre les taureaux) et de bear-baiting (combat contre les ours). Selon Robert Laneham "les ours étaient amenés dans la cour, les chiens placés devant eux(...) Une grande débauche de sang et de cuir se faisait entre eux..."
Le nom de Bulldog est cité par le Dr john Caius en 1570 dans son « traité des races de chiens », il dira : « c’est un grand chien, obstiné, laid, colère, pesant de corps et lent d’allure, effrayant à voir, souvent féroce et cruel plus qu’aucune sale bête arcadienne ou corse. Les anglais, par artifice et habitude le dressent à se battre contre le taureau, l’ours, le lion, sans collier pour protéger sa gorge. Souvent ils le dressent à se battre contre un homme armé d’un bâton, revêtu de vêtements ordinaires, afin de le rendre plus cruel avec les étrangers ».
Les écrits de W. Harrisson en 1586 mentionnent que le nom de Bonddogge signale un chien à l’attache (bond), d’autres parlent de Bold-dog (bold=audace). Créé pour les combats contre les taureaux « bullbaiting », avec un centre de gravité très bas, du muscle, de la souplesse et une forte mâchoire, avec une silhouette plus légère que celui d’aujourd’hui, la queue est préférée courte mais droite car ainsi le propriétaire du chien peut mordre dedans pour le faire lâcher. Au 17e siècle, c'est le comte William de Warenne qui admira le travail des chiens de boucher et leur offrit un pré afin que chaque année leurs chiens affrontent les taureaux.
Le taureau est attaché à un piquet avec une corde de 9 mètres, ses cornes protégées par un étui de bois, on va lui mettre du poivre dans les naseaux pour l'affoler et on lâche le chien...
Le principe est simple, il doit saisir le museau du taureau et ne plus lâcher prise, chose peu aisée étant donné la puissance du cou du bovidé qui peut le projeter en l’air à plus de 8 mètres.
A Londres également deux fois par semaine, l'arène de Hockley-in-the-hole voit s'affronter les chiens et les taureaux. On trouve également aux Etats-Unis à New-York, une arène de 2000 places où les chiens importés d'Angleterre combattent des taureaux et des bisons.
Des voix commencent à s'élever contre cette barbarie, John Evelyn écrira en 1670: "J'ai été forcé d'accompagner des amis au Bear Garden. C'était le jour des sports de bouchers et autres cruauté barbares."
Selon Gayot : « le Bulldog est une mâchoire vivante construite pour mordre et ne pas lâcher ». Les combats contre les taureaux est un vieux mythe qu’on retrouve en Inde ou la déesse Devi va tuer le buffle. Thomas Bewik écrira en 1800 que le propriétaire d'un Bulldog, suite à un pari, coupa les quatre pieds de son chien, sans qu'il lâche sa prise.
Dans le culte de Mithra le taureau est égorgé et le chien boit le sang. En Angleterre le taureau ne sera mangé que s’il a été combattu par les chiens.
Un journal écrira en 1818 que ce chien est « consacré uniquement aux fins les plus barbares et les plus détestables, qu’il est la honte de son espèce, que l’on ne peut invoquer son utilité, son humanité, en un mot que la disparition de la race est à souhaiter ».