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C’est un molossoïde solide et réfléchi, alliant la puissance à l’interprétation intelligente des événements.
Le Rott possède sans conteste beaucoup de personnalité. Des épaules de débardeur avec une musculature impressionnante un aspect dissuasif évident, ce Bouvier Allemand a pourtant ce regard tranquille et franc, de ceux qui portent sur le monde qui les entoure, une assurance que peut seule donnée la conscience de sa force.
Sous cette apparence, nous avons affaire à un monsieur de la gente canine avec un caractère trempé dans l’acier. Le fait que la race soit à la mode n’est pas une très bonne chose, car certains élevages produisent des sujets dans le seul but de la vente, sans se préoccuper des exigences du standard, tant du point de vue physique que psychique. Il ne faudrait pas que ce magnifique chien perde ses qualités d’équilibre caractériel, de prouesses physiques, de chien d’utilité, où le beau devrait toujours être allié au bon. D’autre part, il faut dire de manière claire, à ceux qui seraient tentés d’en faire leur compagnon dans la famille, qu’il n’est pas fait pour les maîtres sans expérience, il n’est pas qu’une apparence agréable pour son aspect imposant le respect, il est également une somme de puissance contenue qu’il faut savoir diriger.
La progression de la race depuis une dizaine d’années est en passe de la faire devenir très populaire dans le monde entier, mais tous les pays maîtrisent-ils aussi bien son développement que le Club de la race en Allemagne ?
Son histoire :
Il est le descendant des très puissants molosses de guerre et de combat, venus d’Assyrie et d’Epire. Ce « Canis pugnaces » a été le favori des légions de la Rome antique qu’il accompagnera dans leurs conquêtes. On a pu retracer son périple, en suivant la progression des armées romaines, en particulier par la Suisse, où au passage il servit à créer des Bouviers comme le Grand Bouvier Suisse, l’Entlebuch, l’Appenzell, le Bernois. A partir de Schaffhouse, il pénétra en Allemagne dans le Lander du Bad Wurtemberg pour établir à Rottweil, nommée alors, Area Flaviae, ou ville rouge. En arrivant son rôle était de conduire et de maîtriser les troupeaux de bœufs, servant à nourrir les armées, à garder les campements des soldats contre toute surprise des attaques ennemis, à servir d’éclaireur pour pénétrer dans les territoires inconnus, à surveiller les prisonniers, à combattre en première ligne pour effrayer et défaire la cavalerie…. Sur place, des croisements furent opérés à partir de Dogues, descendants des envahisseurs barbares, comme les Alains.
La région de Rottweil a toujours été un important carrefour pour les marchés aux bestiaux et, du rôle de combattant, le Rott passa à celui de Bouvier, presque exclusivement. Pour avoir plus de maniabilité et d’endurance, en allégea sa silhouette, en mélangeant plusieurs races qu’on trouvait alors autour des troupeaux, peut importe si celles-ci venaient de Suisse, de France ou d’Allemagne même, le seul critère de sélection demeurant les qualités à la fonction.
Il prit le nom qui qualifiait celle-ci et, comme il était utilisé par les bouchers, on le nomma « chien de boucher » (Metzgerhund). Déjà à l’époque on louait son calme et son assurance pour conduire et s’imposer face aux bovins les plus récalcitrants, sans abîmer les gigots, de même qu’on lui attribuait un sens aigu de la garde pour tout ce qui appartenait au maître, à tel point que les maquignons qui rentraient du marché après une vente fructueuse, n’hésitaient pas à lui attacher au cou, dans une bourse de cuir le produit de celle-ci, dans le cas où ils se seraient fait attaqués par des malandrins. En 1860, la route sera interdite à la circulation des troupeaux qu’on obligea à emprunter le chemin de fer, ce qui allait sonner le glas de ces bouviers et bergers à quatre pattes réduits au chômage.
La race est alors bien connue, elle prend d’ailleurs le nom de son lieu de création, puisqu’on l’appelle chien de Rottweiler. La cynophilie était en route sur le modèle des anglais et le premier sujet portant le nom de Rottweiler, sera présenté en 1892, à l’exposition canine de Heibronn. L’artiste peintre Albert Kull, passionné par la race, va rédiger un premier standard en 1893 qui sera publié en 1901. Il réunira les amateurs régionaux pour fonder un Club de race, en 1899, et promouvoir la race en particulier, comme chien de police. C’est l’époque des premiers concours pour chiens de garde et de police, et le Rott occupe une place de choix dans ces prestations. Une réunion des races canines est organisée par Karl Knauf à Heidelberg en 1905, c’est un Rottweiler qui remporte le premier prix, il s’agit de Russ vom Bruckenbuckel appartenant à un éleveur de Teckel, nommé Albert Graf, qui défendit si bien la race plus tard. Il créera en 1907 le DRK ( Deutsches Rottweiler Klub, mais déjà des dissensions apparaissent entre amateurs et, la même année, un nouveau Club apparaît, le SDRK (Süden Deutscher Rottweiler Klub) présidé par un commissaire de la police criminelle, Jacques Ackerknecht. Des éleveurs vont d’ailleurs faire la promotion de la race comme chien de police, en 1908, il s’agit de Walter Schnader et de Otto Kell (élevage von Holstein).
En 1913, le SDRK va devenir l’IRK ( International Rottweiler Klub, ce qui prouve que la réputation du Rott a déjà dépassé les frontières allemandes.
La guerre de 14-18, va trouver dans la race un chien apte à toutes les missions, aussi bien pour porter les munitions, pour tirer les mitrailleuses, pour le transport des médicaments, pour la garde et la patrouille.
Après le conflit armé, le Rott a beaucoup diminué en effectif et les éleveurs s’attachèrent à reconstituer le cheptel, d’autre part il fallait cesser ces querelles entre amateur de la race qui pouvaient lui porter préjudice, une union sacrée aura lieu le 14 août 1921, du DRK, presidé par O. Hell, et de l’IRK, présidé par R. Schrader. C’est la création de l’ADRK, l’association qui réunira tous les éleveurs (Allgemeine Deutsches Rottweiler Klub). Cette démarche sera bénéfique puisque dès 1925, le livre des origines de la race (zuchtbuch) compte environ 13600 sujets. Comme le Club du Berger Allemand qui sert de modèle, l’ADRK va se structurer en délégations représentant les landers du pays et veillant à l’application des directives afin de conserver l’unité. L’ADRK commence à instaurer des épreuves de sélection, car un chien ne peut prétendre au titre de Champion que s’il est également chien de police. La cynophilie allemande va commencer à se réunir, toutes races confondues, en 1933 dans la constitution du Reichsverband. Hélas, la seconde guerre mondiale va porter un rude coup aux effectifs des chiens d’utilité, qui vont être employés sur tous les fronts, le Rott aura la spécialité, entre autre, de garde-frontière, afin de pister et de retrouver les évadés où pour ramener ceux qui essayaient de franchir le Rhin à la nage.
La paix revenu, l’ADRK fit son possible pour reconstituer la base d’élevage et en 1960 la livre des origines comptabilise depuis la création, 40.000 sujets inscrits. La race va s’épanouir et en 1968, le contrôle systématique des hanches pour la détection de la dysplasie coxo-fémorale est obligatoire.
Le 26 Mai 1969 un organisme international de la race est créé, c’est l’IFR ( Internationale Federation für Rottxweiler Freunde). La croissance de la race va se faire doucement mais sûrement, car si on compte 942 adhérents à l’ADRK en 1950, en 1982 ils sont 3800. C’est alors le coup de foudre pour la race et des sujets sont exportés dans plusieurs pays, en 1989 le club compte 5400 membres. Être à la mode, c’est être en danger pour une race et peut-être devenir le cible de ceux qui ne connaissent rien aux chiens mais sont prêts à mettre en application un « délit de Sale Gueule », aussi en 1990 le test de sociabilité (BH) va devenir obligatoire pour démontrer l’équilibre caractériel. La sélection, au vu de la base très large d’élevage va se faire plus sévère, tant du point de vue des tares génétiques que du caractère.
L’ADRK instaure un ZTP, examen pour être autorisé à la reproduction, qui prend en compte tous les paramètres physiques et psychiques, ainsi que, pour ceux qui réussissent le ZTP, la körung. Une sélection draconienne qui exige tout d’abord que les mâles possède un titre de travail Schutzhund III ou IPO III ( qualificatif TB ou EXC) et pour les femelles le Schutzhund I ou IPO I, ensuite d’excellente radio des hanches et des coudes, un examen de caractère avec épreuves de mordant….
En France, la race est connue depuis les années 20, le premier Rott à avoir été inscrit au LOF se nommait Barry d’Oberhausbergen et appartenait au premier éleveur français, M. Hetterich qui cessera son élevage en 1939. Le Club Français du Rottweiler est créé en 1977, il sera affilié en 1983 et va regrouper les éleveurs qui comprennent que la race va prendre son essor. La progression va être éloquente ; en 1994 on compte 2053 inscriptions au LOF, en 1996 : 3446, en 1999 : 5351…
Vie Sociale et Education :
Il faut noter une caractéristique de la race, c’est la différence quelquefois énorme qui existe entre les sujets mâles et femelles. Si les premiers sont de vrais durs ayant presque toujours besoin d’un maître ayant de la poigne et sachant s’imposer en fixant des limites, très mordeurs à l’entraînement pour la préparation au mordant sportif de la compétition, pisteurs acharnés, mais peu enclins à l’obéissance (ce qui signifie pour eux soumission »), les secondes sont douces et aimables, très près de la famille avec une soumission naturelle au chef de meute, bonnes pisteuse, avec une obéissance facilement acquise mais peu de goût pour l’attaque malgré un excellent mordant.
On peut résumer son caractère en disant, que c’est un individu très sûr de lui et de sa force, ce qui engendre un calme olympien, et il lui faut un moment avant qu’il ne se mette en colère. Face à des situations nouvelles, là où beaucoup d’autres races manifestent de la crainte, lui se contente d’observer et d’analyser, allant si possible au contact pour tester ce qu’il ne connaît pas. En ville il porte un regard tranquille sur ce qui l’entoure, quels que soient les bruits ou les mouvements et s’adapte facilement à toutes les situations, que ce soit dans un hall de gare surpeuplé ou pour se coucher au pied du maître au restaurant.
Bien-entendu, il faut avoir conscience qu’il est de tempérament dominant (surtout le mâle) et que la hiérarchie au maître et à la famille doivent se préparer en profondeur depuis le plus jeune âge. Ce qui signifie des interdits dans la maison et des exercices de soumission, où il doit reconnaître l’autorité du chef de meute. Parallèlement à cela, son éducation en obéissance doit être assez souple, pour ne pas casser son caractère et lui conserver sa personnalité, tout en le soumettant aux ordres. Il faut se souvenir que comme beaucoup de molossoïdes, sa maturité sera assez tardive (vers 3 ans) et qu’il est inutile de vouloir l’obliger par des méthodes brutales. Il apprend lentement mais il retient bien, surtout si les ordres qui incitent à l’exercice sont associés avec de l’agréable.
Dans la maison il sait garder sagement sa place et il n’est pas du genre pot-de-colle, toujours « scotché » au maître, l’essentiel pour lui c’est d’être là et d’observer ce qui se passe.
Les enfants trouveront en lui un grand frère à quatre pattes, calme et patient, qui rassure, et il adorera jouer avec les plus grands tout en mesurant sa force. Les maîtres doivent faire la leçon aux plus petits, afin qu’ils ne le dérangent pas lorsqu’il dort ou mange sa gamelle et qu’ils ne lui fassent pas de mal avec un bâton ou en lui lançant des cailloux.
C’est un excellent gardien qui a fait depuis longtemps ses preuves, avec cet avantage indéniable, c’est que ce n’est pas un excité et qu’il n’interviendra pas pour rien, simplement par crainte, comme beaucoup de roquets.
Avec les autres chiens il faudra entretenir une socialisation depuis le plus jeune âge, surtout entre mâles, en le condrontant régulièrement à des chiens calmes et soumis qui ne cherchent pas à tester leur autorité, car c’est là un gros défaut de la race, c’est que les mâles n’aiment pas se soumettre.
Dans son éducation de base, on intégrera le port de la muselière qui est obligatoire pour les chiens de seconde catégorie, en associant celle-ci à une friandise ou à un jeu afin qu’il s’y accoutume sans réticences.
Le Rott est une race soumise au travail et comme telle peut pratiquer la compétition aussi bien en obéissance qu’en pistage ou au mordant sportif. Certains sports canins lui vont mieux que d’autres, c’est ainsi que s’il ne correspond pas au profil que l’on recherche en programme Ring Français, où il faut de la légèreté, de la vitesse, de la nervosité, il est par contre très à l’aise dans le programme de son pays le « Schutzhund ». Celui-ci a été adopté par tous les pays du monde et est devenu international, c’est le RCI ou IPO, qui a gardé l’esprit du programme originel, c’est-à-dire être capable de sélectionner les chiens qui présentent les meilleurs qualités dans tous les domaines. Il y a d’abord la piste, où le Rott est très à l’aise car c’est un acharné, avec le sens de la traque. Lorsqu’il suit les molécules odorantes, le nez collé au sol, avançant avec lenteur et puissance sur tous les terrains (labours, herbe, sable, etc.) comme un véritable 4X4, ce n’est pas vraiment pour le maître qu’il le fait mais pour son propre plaisir. En classe 3 du RCI, il aura à pister une heure après que le tracé soit fait et retrouver 3 objets minuscules déposés sur celui-ci. Lorsque j'ai lancé la Recherche Utilitaire en 83 (Revue Chiens Sans Laisse), lors du lancement de cette discipline, le premier concours jugé par Jacques Bouteloup dans mon club Cercle Canin Provençal, le seul qui a réussit était un Rott que j'avais formé…
Contrairement au pistage français, la tenue de piste du chien est très importante, il faut qu’il soit calme et assuré, ne s’écarte jamais et ne relève pas la tête pendant le travail.
Ensuite il y a l’obéissance où le chien doit être rapide et joyeux, tout en formant une équipe soudée et harmonieuse avec son maître pour chaque exercice. C’est là où les méthodes d’éducation vont être très importantes. Soit on utilise la contrainte, comme pour certaines races bergères, et alors on obtient des exécutions lentes et sans âme, car le Rott n’aime pas être écrasé comme un esclave ; Soit on travaille dans la joie et on se sert de motivation pour l’inciter à obéir, en allant doucement et en répétant souvent et peu de choses à la fois, et alors vous le verrez réagir avec l’œil brillant donnant toute son énergie pour pratiquer chaque exercice.
Enfin il y a le mordant sportif qui est sans doute la partie qu’il préfère entre toutes, on peut dire qu’il a un mordant naturel et puissant avec un sens du combat particulier de gladiateur. Là où un Malinois rentrera comme un bolide dans la toile sans réfléchir, dérapant souvent au moment de l’impact, le Rott va arriver à la vitesse d’un cheval au galop mais analysera en un dixième de seconde la situation pour ne pas rater sa prise et saisir de manière ferme. Sa combativité n’est plus à démontrer, et les hommes d’attaque ont du mal à gérer tant de puissance, ce n’est plus l’homme qui entraîne le chien mais le contraire…. Lors d'un premier sélectif pour le Championnat de France RCI, qui s’était déroulé à Bergerac, il y avait 4 Rotts qui participaient.
Pour pratiquer les sports canins il faut se rendre dans un des Clubs de France, le Club de race ou la Société Centrale Canine en détiennent la liste.
Son entretien :
Nous avons affaire à un chien d’utilisation, c’est à dire qu’il a été sélectionné pour vivre à l’extérieur par tous les temps, son entretien va se résumer à un brossage deux fois par semaine, que l’on termine par un lustrage du poil à l’aide d’un chiffon de flanelle.
Son avenir sera celui que les vrais amateurs de la race vont lui faire ; la demande de chiots est très importants, ce qui engendre une production quelque fois anarchique, le fait qu’il soit en seconde catégorie le fait choisir par les individus louches des cités (avec d’autres races comme le Dogue Argentin) qui se débarrassent de leur Pit-Bulls à l’avenir très sombre, dans certains pays il devient une bête de show ce qui entraîne l’exagération des caractères du standard pour produire de véritables veaux aux masses musculaires suspectes….
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on le voit très à la mode et même souvent numéro 1 dans des pays qui le connaissent depuis peu ( Argentine, Brésil, Espagne) alors que dans son pays il serait plutôt en baisse.
En résumé :
On peut dire que le Rott est vraiment ce qu’il paraît, un chien d’utilité avec un caractère bien trempé. Il n’est pas à conseiller pour les maîtres néophytes, surtout le mâle. Enfin méfiez-vous de certains élevages dont vous pourrez lire les annonces un peu partout dans les journaux locaux, demandez des renseignements à la SCC ou au Club de race. Si vous désirez avoir un chien bien dans sa tête et sa peau, faites du sport avec lui et inscrivez vous dans un Club.
Dans son pays L’ADRK est un exemple pour les Clubs de race de chiens d’utilité.
Pour reproduire il faut passer des tests et divers examens.
Le ZTP :
C’est l’autorisation pour la reproduction, l’équivalent de notre confirmation mais beaucoup plus poussée.
Il sera jugé sur sa morphologie ainsi que sur son caractère.
Le BH :
C’est un Brevet de chien de compagnie avec des épreuves de résistance au stress, d’obéissance et de sociabilité aux humains et aux autres chiens.
L’AD :
Une épreuve d’endurance sur 20 Km.
La Körung :
Un examen très pointilleux pour estimer la construction anatomique, le caractère, les performances et déterminer les aptitudes particulière à conserver et à améliorer la race.
Le KS Klubsiegerzuchtschau :
Championnat d’élevage.
Le ES Europasiegerausstellung :
Exposition toutes races
Le BS Bundessiegerzuchtschau:
Championnat de la Société Canine Allemande, le VDH. Le DM-Sch Deutsche Meisterschaft für Sport und Schutzhund
Championnat de travail
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Photo Rott 1906!
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