LE TOSA

Le Tosa est le chien des samouraïs mais également celui des Yakusas, une race qui ne peut laisser indifférent même si son usage de chien de combat pose polémique...

Le véritable chien des samouraïs
Il porte plusieurs noms : Tosa-Ken, Tosa-Token, Tosa-Inu, Mastiff japonais. La race débute au 14 ème siècle à Kochi, capitale de la préfecture du même nom qui était appelée Tosa autrefois (le fief des Tokugawa), on l’appelle Shikoku Inu (Ile de la préfecture de Kochi). Au début il avait une taille moyenne de 55 cm au garrot pour un poids de 25 kg environ, il était nommé Nihon-Inu et servait à la chasse au sanglier, tant était appréciée sa combativité. A l’origine l’Akita Matagi, chasseur d’ours sera croisé avec des molosses du Tibet, le Japon n’ayant que des chiens de chasse. Le Shogun (général) des Tokugawa, Ieyasu possédait le Tôken, un chien à oreille tombantes, dans sa meute de 60 chiens, vers 1580. Les combats entre chiens existaient déjà (dans la période Kamakusa (1185-1333), le Shogun Hojo Takatori pratiquait les combats de chiens) et les samouraïs avaient comme instruction de les observer pour apprendre les règles de base du combat : fidélité et obéissance au maître (seigneur), audace, ténacité, courage. Par exemple le fameux Choz-O-Gabe qui établit les règles du combat. Dans la période Muromachi (1333-1568) et la période Azuchi Momoyama (1573-1602), des molosses européens arrivent au Japon avec les négociants espagnols et portugais. Fruit de différents mélanges de races le Tosa va naître vers 1848. A partir de 1854, le Japon va s’ouvrir au monde en abrogent la politique nationale d’isolement. Durant l’ère Meiji (1868-1912), les étrangers arrivent en touriste ou pour commercer, ils ont avec eux, pour certains, des molosses habitués aux combats qui sont à la mode en Europe, ils vont les opposer au Nihon-Inu, qui a du mal à se mesurer à de tels adversaires. Pour les japonais c’est un affront, ils vont améliorer les qualités de combattant de leur chien national en le croisant avec des races européennes ; Le Pointer ou le Braque Allemand (1876), le Mastiff (1874), le Dogue Allemand (1924), le Bulldog (1872).
Après la seconde guerre mondiale, les effectifs sont minces, la race est en voie d’extinction, il reste quelques sujets à Tohoku et Kyushu ainsi qu’en Corée et à Taiwan. Les passionnés vont faire renaître le chien des samouraïs et reprendre les combats. Ils seront officiellement interdits en 1908, mais seront perpétués par les Yakusas (mafia japonaise) dans des combats clandestins organisés par exemple par le très puissant syndicat d’Osaka, le Yamaguoshi Gumi.
Le Tosa doit combattre selon les règles du Sumo, un type de lutte qui existe depuis 1500 ans, à l’origine il avait une orientation religieuse, selon les rites de la cour dans la période Nara, il prendra l’orientation du combat pour les guerriers lors de la dictature militaire de la période Kamakura. Au Sumo l’engagement dure 5 à 7 secondes pendant lesquelles les combattants ne respirent pas, il faut faire sortir l’autre du cercle ou lui faire toucher terre, c’est la coiffure qui indique le grade (elle sert aussi à amortir les chutes pour le crâne) : du plus haut au plus bas on trouve : Yokosuma, Oseki, Skiwake, Komusubi, Maegashira. L’objectif est d’abord de montrer la maîtrise de soi avant la puissance et la technique, selon la devise du champion de Sumo Kirishima « Jishin wa doryoku » (la sûreté de soi se gagne par l’effort). C’est la recherche du Shibumi, un pouvoir subtil, la maîtrise et la sagesse que tout pratiquant de Bugei (arts martiaux) recherche.
Pour les Tosas, le gagnant est celui qui maintient l’adversaire au sol, une prise prolongée qui s’apparente aux étranglements ou Shimewaza. Parmi les 250 règles du Tosa Ken, certaines sont claires et peu compréhensibles pour des européens pour qui le sang et la mort font partie intégrante des « dog-fightings » : Un combattant peut grogner faiblement pendant les deux premières minutes, après il doit rester silencieux. S’il aboie(Seri), se plaint ou grogne, il perd le combat. S’il recule, tente de sortir (naki) ou passe son nez à travers les barreaux du cercle de combat et démontre de la peur (kobe), il est éliminé. S’il se soumet, il est éliminé. S’il mord après l’arrêt du combat, il est éliminé. En cas de blessure le combat est arrêté. En fait, l’objectif c’est de démontrer des qualités similaires à celles que l’on recherche au Sumo : le combat doit être silencieux, il faut montrer du courage, de la puissance, de l’agilité, de l’endurance. On peut citer Miyamoto Musashi : « Quand l’épée rencontre celle de l’ennemi, il ne faut pas hésiter, il faut attaquer avec toute la volonté dont le corps est capable ». Le combattant qui gagnerait en moins de 20 minutes (été) à 30 minutes (hiver), sera moins bien classé que celui qui maintient l’adversaire pendant ce laps de temps, on parlera de Gaifu Taisho (meilleur technique de combat). Si les deux chiens semblent de force égale et tiennent le temps imparti, le combat est arrêté et on détermine le gagnant par tirage au sort. Même mortellement blessé, le vaincu ne doit poussé aucun cri ou gémissement. Les femelles sont interdites de combat au Japon. Les blessés seront recousus sur place sans anesthésie. Ce qui est gênant et en même temps original, c’est que les chiens sont dressés à combattre selon un mode qui va à l’encontre de l’éthologie habituelle chez les canidés, du combat normal avec prise à la gorge et arrêt par inhibition naturelle dés que l’autre se soumet. Les élevages sont regroupés par région et restent très secrets avec une organisation ou chaque groupe est conduit par un responsable. Au Tosa Ken de Kochi un chiot d’excellente origine issue de champion peut se monnayer 20 000 dollars. On verra que même ceux qui gagnent les championnats peuvent refuser de donner le véritable nom de leur chien, car chaque éleveur a ses recettes pour sélectionner et préparer les chiens, certains commençant dés l’âge de 5 semaines. Les entraîneurs de ces chiens (maître d’armes), comme pour les chevaux de course, les exercent physiquement tous les jours, en les faisant courir près d’un vélo sur des dizaines de kilomètres ou sur un tapis roulant, ils les sortent en ville pour les sociabiliser aux humains et les habituer aux voitures.
Le ring fait 10 pieds de diamètre (un peu plus de trois mètres), il est fermé par des barreaux, en Europe on la appelé « Pit » (d’où le non de Pit Bull), au Jaon c’est le « Dohyo ». Il y a trois juges au-dessus et deux juges au niveau de l’affrontement. Les conducteurs des chiens peuvent encourager mais les chiens ne doivent pas être excités, la devise restant « Seiryo Ku Zenyo » (l’énergie doit être utilisée efficacement). Le cérémonial est très poussé avec une véritable mise en scène et les gagnants vont recevoir de très riches tabliers (jusqu’à 30 000 dollars), ils portent des cordes de chanvre ou de soie, des houppes de couleur. Il y a des combats locaux très nombreux et deux au niveau national avec un faste inégalé en cynophilie (des centaines de milliers de dollars). Comme pour les combats humains, il y a des catégories : kogata (léger : 30 à 40 kg), Chugata (poids-moyen : 40à 45 kg), Oogata (poids lourd : 45 à 55kg), Cho-Oogata (Super-lourd : à partir de 55kg. Certains sujets dépassent les 100 kg !). Les plus recherchés sont dans cette dernière catégorie. Le pelage peut être du rouge au noir, c’est le rouge qui est préféré.
Les combattants sont classés en :
Maegashira: amateur
Komosubi: professionnel, 4 combats
Sekiwake:
Ozoki: 10 combats
Yokozuma: champion
Yushoken: champion du tournoi, peu importe la catégorie, celui qui tient le plus prés des 30 minutes
Senshuken: Vainqueur du prix national
Meiken Yokozuma : trois combats comme Senshuken avec au moins deux victoires et un match nul. Seulement 32 chiens sur 450 ont été classés à ce titre.
Des associations encadrent ses combats et nomment les juges pour le Tosa ken, on peut citer : Fukyukai, Kyokai, Hasshiyu, Yu-Kokai…
Les Tosas sont encore peu connus en Europe (les lois sur les chiens dangereux l’évoquent pourtant, comme elles évoquent le Boerbull (Afrique du Sud)), Aux Etat-Unis de riches japonais qui s’y sont installés ont quelques sujets comme chien de compagnie, la race a connu une certaine notoriété suite à une émission organisée par l’acteur Jack Pallance. On a pu tester la puissance du Tosa dans une épreuve de weight pulling (traction de lourde charge) très prisée aux USA, un sujet ayant tiré 1585 kg !

Je dois tout de même signaler que le fait d’écrire sur ce type de combat cruel de chiens propre aux japonais ne signifie pas que je les approuve, il s’agit d’une tradition comme celle qui consiste à tuer un taureau pour faire plaisir aux spectateurs d’une arène. On doit se contenter de décrire sans juger tout en étant conscient que ce genre d’affrontement a été créé par les humains pour satisfaire des pulsions de lutte ou de destruction anthropomorphique ( à travers l’animal) . Les matchs de Foot ou de Rugby n’ont-ils pas également cette fonction de défoulement à travers un combat réglementé qui empêche les vraies guerres meurtrières entre groupes ou pays ?

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