Les Schnauzers

Les Schnauzers :
J. ORTEGA

Des barbus et moustachus germaniques
On trouvait des sujets aussi poilus et hirsutes dans tous les pays alors que les races n’étaient pas encore définies. On a bien voulu reconnaître ces “ Griffons ” comme on les nommaient autrefois dans un tableau de Dürer (1471-1528) ou chez Bruegel (1568-1625). C’est ce qu’on nommait “ un chien d’écurie ”, qui avait surtout fonction de ratier, pour défendre l’avoine des chevaux contre les rongeurs, mais qui savait à l’occasion garder les lieux contre les humains mal intentionnés. En Angleterre ces spécialistes à quatre pattes sont devenus des Terriers, en Europe ils ont disparus sauf en Allemagne. On commence à trouver un type assez moderne de notre barbu dans un tableau de Moritz von Schwind, daté de 1828 et, en 1836, une description est faites de lui par un nommé Reichenbach. Originaire du Wurtemberg, le Terrier allemand va devenir le chien de ferme par excellence, mais en 1850, le Prince régent Luitpold le fait rentrer dans la maison royale de Bavière. A l’époque, on connaît surtout le Pinscher à poil dur ou Rauhaariger-Pinscher dont le nom serait d’origine anglaise (To pinch = pincer). Notre Griffon d'écurie ou Terrier d’écurie allemand, est alors de taille moyenne, portant une robe rouge jaunâtre ou anthracite ou bien –gris-fer, il est réputé pour son dynamisme et sa hargne. Sa tête est caractéristique, portant barbiche et moustache épaisse, ainsi que d’épais sourcils, sa dénomination coulait de source on le nommera “ Die Schnauze ”, ce qui signifie, la gueule ou le museau. Ce nom ne lui sera attribué d’une manière générale qu’en 1904, mais déjà dans les premières expositions de la cynophilie toute récente, on retrouve des sujets Pinscher à poil dur appelés Schnauzer, par exemple à Hanovre en 1879. En 1880 est publié le premier standard et en 1895 le premier Club de la race va s’établir à Cologne. Le livre des origines sera ouvert en 1902. Un autre Club de la race est créé en 1907 à Munich c’est le “ Bavarian Schnauzer Klub ” qui va tenter de créer un type homogène à partir des nombreux chiens de ferme à poils durs qu’on trouve à l’époque dans toute l’Allemagne. C’est un chien très rustique préférant dormir dans les écuries plutôt que dans les maisons, selon Théodore Götz (1834). Il est capable d’accompagner les cavaliers sur de grandes distances avec une énergie peu commune.

On commence à distinguer les variétés qui mèneront au Nain et au Géant, avec en commun avec le moyen, le port de la barbe. Les deux associations qui s’occupent de la race vont fusionner en 1918, sous le nom de Pinscher-Schnauzer Club. La variété naine est surtout sélectionnée à partir de sujets qui naissent avec cette anomalie génétique (qui est le nanisme) dans la région du bassin de la Souabe. Le miniature est admis en 1913 grâce au peintre animalier Richard Strebel et le premier sujet sera de couleur jaune-noir et porte le nom de Jeco Fulda Liliput. Le géant, quant à lui est déjà présent dans les expositions en 1909, sous le nom de Riesenschnauzer. On pense que sa création est due à un apport d’autres races comme l’Owtcharka Russe du Caucase ou le Bouvier belge de Roulers. D’ailleurs un cynophile belge, Théo Meunier écrira en 1923 : “ En examinant le Riesenschanuzer de la Haye, je lui ai trouvé une énorme ressemblance avec nos Bouviers, excepté que la tête beaucoup plus élégante et un crâne plus large ressemble vraiment à celle du Pinscher ”. Un cynologue allemand Von Otto affirmera lui l’ancienneté de la race à Munich. “ Le grand Schnauzer de Munich, que je connais depuis quarante ans (document daté de 1926), est originaire de Munich. De temps à autre on rencontrait des spécimens généralement noirs ou gris, d’un type très proche du Bouvier ou du Berger, comme le Dobermann d’autrefois qui ne devint que bien plus tard le petit et élégant “ Pinscher ”. Les propriétaires de ces chiens étaient souvent des bouchers ou des marchands de bestiaux ”.
En 1925, le Club va publier le premier livre d’élevage et un standard révisé où seront recensés : 567 Géants, 7.037 Moyens et 1.505 Nains. On peut dire que c’est à la fin de la guerre de 1914-1918 que la race prit véritablement son essor.

Le professeur Robin enseignant à Maison Alfort écrira : “ Avant la guerre, ce chien n’était pas connu, en dehors de certaines régions de l’Europe Centrale. Depuis plus d’un siècle, en Allemagne on employait un chien excellent pour la chasse aux rongeurs, connu d’abord sous le nom de Pinscher à poil dur (souche Pinscher ou sous le nom de “ rattler ” (rattfänger). Certains spécimens portaient le nom de Schnauz (littéralement : museau, groin) ou de Schnauzer, compte tenu de l’aspect broussailleux et moustachu de leur face. Cette appellation servira bien vite à désigner toute la race qui, à partir de 1910, fera l’objet d’une sélection rigoureuse, l’armée d’occupation allemande l’introduisit en France, où il fut appelé “ Griffon d’écurie allemand ”, “ bouvier du tyrol ”, etc. Il eut tout de suite un grand succès auprès des étrangers résidents à Paris. En raison de son mode de vie rustique, le Schnauzer n’était pas difficile à élever ; la grande régularité de la race, sa grande homogénéité ont fait que la production du Schnauzer a été conforme aux normes du standard ”.
En France, on trouvait pourtant des Terriers-Griffons, comme ceux qui furent présentés à l’Exposition universelle en 1863. Le premier “ Terrier d’écurie à poil ras ” qui fut inscrit au L.O.F. est la femelle “ Batt ” née en 1889. Des sujets à poil dur appartenant à un éleveur parisien seront inscrits au L.O.F. en 1903.
On prétend que les éleveurs qui obtinrent la couleur poivre et sel se refusèrent a donner leur secret. Il ne faut pas oublier que le Schnauzer de l’époque était sensiblement différent comme l’écrit Max Kamp en 1959 qui fut le premier Président du Club Allemand : “ Leur belle couleur brillante poivre et sel n’était pas encore leur prérogative ; elle était encore à créer. La plupart étaient rouge jaunâtre, noirs, anthracite et gris fer. Le premier objectif que se fixa le Pinscher Klub fut de dicter une directive pour l’élevage, et de fixer les critères de la forme anoblie ”.

En France, c’est en 1928 que le Club Français du Pinscher-Schnauzer est créé il tiendra son propre livre d’élevage, jusqu’au moment où comme pour les autres races, la SCC prendra le relais, en 1934. En 1929 il était devenu Club Français du Schnauzer, mais en 1967 il s’unit à nouveau avec le club du Pinscher. C’est surtout le moyen et le nain qui eurent la faveur du public et il fallut attendre 1932 pour voir quelques géants. A cette époque, la plupart des sujets sont poivre et sel et proviennent de Suisse où la race a évoluée de la même manière qu’en Allemagne. Après la seconde guerre mondiale cette couleur de robe avait pratiquement disparue et c’est grâce à des retrempes avec des moyens qu’on peut retrouver des géants poivre et sel. De nos jours on notera que dans les années 60 les américains lancèrent la mode du Schnauzer nain (qu’ils appellent “ miniature ”), à la robe noir et argent, qu’ils avaient obtenu grâce à un gène récessif chez le poivre et sel, ne se gênant pas pour croiser avec des Terriers pour fixer le type. En 1965 le standard remanié, va interdire désormais, le rouge-jaune et le gris-jaune ainsi que les taches jaunes ou marron. Il ne restait que le jaune et sel avec masque foncé et le noir zain. En 1976 ils obtinrent la reconnaissance officielle de cette couleur de robe, alors que le noir et argent avait longtemps été jugé indésirable. Récemment c’est la variété Schnauzer nain blanc qui a été reconnue, mais qui demeure exceptionnelle. Actuellement, la race semble en baisse, puisqu’en 1984 par exemple, le plus apprécié en France, le Géant, comptait 624 naissances, en 1989, 632 enregistrements au LOF et en 1997, seulement 162.
Son allure :
Il faut dire que les amateurs ont de la chance d’avoir un si grand choix de variétés, et si leur aspect général est ressemblant, en fait, chacun a ses caractéristiques propres, nous verrons qu’il en va de même en ce qui concerne le tempérament et le caractère.

Le Géant :
C’est un grand bonhomme qui peut avoir une taille au garrot de 60 à 70 cm. Son poil est dur, rude et serré avec un sous-poil épais. Les oreilles attachées haut peuvent être dressées si elles sont coupées, ou en forme de V s’il les porte naturellement. La tête est caractéristique avec ses sourcils broussailleux, sa barbe et ses moustaches. Il a un aspect compact avec un dos court, qui allie la puissance à l’élégance. Malgré sa taille,  on peut l’emmener partout avec soi, du moment que l’éducation de base est en place. Des trois variétés c’est celui qui a sans doute conservé le tempérament le plus près de ses ancêtres, les Griffons d’écurie. Ce solide gaillard au physique comme en psychologie, a besoin de libérer son trop plein d’ardeur, dans le sport ou les longues promenades, pour être bien dans sa peau. Son maître doit savoir s’imposer avec une main ferme et lui fixer des limites, s’il ne veut pas se laisser rapidement débordé.
Le Nain :
Le plus connu est de couleur noir, on trouve également le poivre et sel, le noir et argent ou le blanc. C’est un petit bonhomme plein de vie qui sait prendre l’existence du bon côté, avec la philosophie d’un Nietzsche dont il a les moustaches. Il n’a pas la nervosité d’un Terrier, il n’a pas la fragilité de certaines races naines, il n’est ni précieux ni sensible, c’est un bon vivant. Petit par la taille, grand par le regard qu’il porte sur le monde et l’assurance qu’il démontre, il peut faire un chien de compagnie idéal. On peut lui faire confiance pour alerter la maison en cas de besoin ou, pour faire face à un chien de grande taille qui cherche à le soumettre. On regrettera que la sélection est menée chez certains sujets à quelques dermatoses spécifiques, comme le symptôme des comédons ou a des affections rénales ou ophtalmiques.

Le choix du chiot :
On veillera à bien se renseigner sur un élevage sérieux et si possible à se faire accompagner d’un spécialiste de la race. Il faut savoir dépister chez la mère des anomalies comme, un crâne trop lourd, des yeux clairs, une denture peu conforme au standard, une couleur ou un poil indésirable, etc. Ensuite, on vérifiera le caractère des parents si c’est possible, en tous les cas celui de la mère qui doit être particulièrement stable. S’il s’agit d’un Géant on peut éventuellement demander les titres de travail, car cette variété appartient au 2e groupe et est sur la liste des chiens d’utilité soumis au travail.
Dans ce test des chiots on choisira celui qui démontre le meilleur équilibre, en évitant les craintifs, les hypernerveux ou les agressifs (qui son rares dans la race mais qui peuvent exister).

Son éducation :
Nous avons vu qu’il y avait quelques petites différences dans la psychologie de chaque variété. On s’appliquera pourtant à sociabiliser très tôt aux humains ainsi qu’aux autres chiens, afin de ne pas avoir des problèmes plus tard. Dans la maison, les interdits doivent être bien fixés, même chez le Nain, qui n’est pas du tout un chien de manchon malgré sa taille. Le plus rapide à mémoriser des apprentissages et à les restituer correctement pour l’obéissance est sans doute le Moyen. Avec le Géant on ne brûle pas les étapes et on ne brusque pas, c’est par le calme et la répétition méthodique qu’il apprend le mieux.
Le Nain fait souvent le distrait, si on ne sait pas comment le prendre, et il faut avoir pour objectif de lui faire comprendre les exercices comme un jeu. Si on veut obtenir tout ce qu’on veut avec lui, il ne faut pas voir les choses comme un humain mais tenter de les percevoir de son point de vue canin.

Les sports où il excelle :
Le Géant :
Il peut être l’égal de n’importe quelle race d’utilité et il est regrettable, que les lignées de travail soient si peu nombreuses en France, alors qu’à l’étranger, notamment dans son pays d’origine, beaucoup de sujets font de la compétition avec d’excellents résultats.
En obéissance :
Il lui faut de nombreuses séances de courte durée, toujours récompensâtes, pour lui inculquer les bases de chaque phase bien décomposée. Il ne faut pas oublier qu’il a une maturité tardive (vers 2 ou 3 ans) où il atteindra son équilibre caractériel. On doit toujours faire preuve d’un douce autorité, une fermeté non répressive, en harmonie avec son élève moustachu.
Le mordant :
Il possède une mâchoire redoutable et mord à pleine gueule en se servant de la musculature bien développée de son cou. Pour le mordant sportif il faudra commencer assez tôt sous forme de jeu combatif et lui faire comprendre en souplesse, le début et la fin de l’engagement.
En pistage :
En pistage libre c’est un fonceur doué d’énergie et de persévérance, n’hésitant pas à refaire le tracé plusieurs fois, si, comme il lui arrive souvent à cause de sa vitesse, il passe sur l’objet à rechercher sans le repérer.
Au trait de limier, c’est le chien idéal pour le pistage, pratique (identique à celui de la police ou de la gendarmerie), capable de parcourir des kilomètres, obstiné, jusqu’à la découverte de la personnes disparue.
C’est dans le programme RCI, équivalent du programme allemand “ Schutzhund ” qu’il s’exprime le mieux car il peut démontrer ses qualités de flair, de courage et d’obéissance.
Au Championnat du Monde toutes races RCI, en 1990, 2 Géants étaient présents : Casar v.d. Walkmuhle conduit par W. Hirschfeld représentant l’Allemagne et La – Riesens Mirco conduit par R.I. Jensen représentant le Danemark.
En 1998 au Championnat du Monde à Meppen, en Allemagne, le Schnauzer Zar vom Hatz Bachtal obtenait la seconde place avec 190 points représentant l’Allemagne.
On peut citer au passage, Prinz du Village Gothique, finaliste en 1983 de la coupe de France RCI et du Championnat de France de pistage. En 1993 c’est Castant de Velmariesen qui était finaliste en Pistage.
On retrouve quelques sujets en Agility où ils savent se servir de leur grande taille pour avaler les obstacles.
Le Moyen et le Nain :
On les voit en Agility où ils font le bonheur des spectateurs, surtout le nain pour sa grâce aérienne et son énergie.
Le maître qu’il leur faudrait :
Pour le Géant il faut un maître calme, mais qui soit capable de patience et de cohérence dans l’éducation qu’il donnera à son chien. S’il veut faire de la compétition, il doit veiller à bien choisir son Club car on ne travaille pas un Schnauzer Géant comme un Malinois, il faut faire preuve de psychologie.
Le Moyen doit avoir un maître avec de la poigne qui sache s’imposer en souplesse. Le maître doit être sûr de lui en toute circonstance et si possible, sportif, pour permettre à son chien de prendre de l’exercice tous les jours, durant une ou deux heures.
Le Nain s’adaptera facilement à n’importe quel maître, pourvu qu’on lui témoigne de l’affection et qu’on s’intéresse à lui. Il aime les sorties et les promenades dans des lieux variés mais en prenant le temps de bien lire toutes les odeurs qui défilent sur son passage.

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