Shiba-Inu

Shiba-Inu :
J. ORTEGA

Oreilles pointées, yeux en amande et queue enroulée. Le charme discret d’un philosophe asiatique :
C’est un chien de type Spitz incontestablement, qui se rapproche du chien primitif comme le chien Pariah d’Asie. On pense qu’il est originaire du Sud de la Chine et qu’il a suivi les envahisseurs chinois ou coréens au Japon. Il est fort possible que ce chien soit celui des Aïnus qui occupèrent dès le néolithique, les régions comprises entre l’île de Sakaline et l’archipel du Japon, et qui en furent chassés vers 700 après J.C.
La race se serait développée dans les montagnes de la plus grande île de l’archipel, Honshu, selon les régions, elle porte le nom de Sanin-Shiba, Mino-Shiba ou Shinshuh-Shiba, Shiba-Inu voulant dire « petit chien », si l’on en croit le Dr Kotora Baba qui dirigeait la Baba Zoological Foundation. Longtemps avant l’ère chrétienne, ils étaient déjà très populaire et diffèrent écrits ou gravures le présentent comme le chien de chasse idéal, une race qui a conservé les caractéristiques primitives, en particulier grâce au fait que l’empire du soleil levant s’est tenu volontairement à l’écart du monde occidental.
Son rôle dans les montagnes était principalement celui de rabatteur pour le gibier à plumes ou pour le lièvre, mais on l’employait également, grâce à sa taille modeste, pour déterrer sous les racines le blaireau ou le renard ou, comme traqueur pour tenir au ferme avec courage, le sanglier, l’ours ou le chevreuil. Une polyvalence extrême allant de celle de chien de compagnie pour les enfants, à celle de chien de garde à l’époque où le banditisme était monnaie courante à la campagne.
Douglas Howard décrira le mode de pêche dans les îles à l’aide de ces chiens : « Les pêcheurs, accompagnés d’une trentaine de chiens, se séparent en deux groupes distants d’environ 200m. au signal, les chiens se précipitent dans l’eau de part et d’autre d’un banc de poissons et le chassent vers la rive en établissant un barrage qu’ils resserrent. Dès que les chiens prennent pied, il se jettent sur les poissons et les apportent à leurs maîtres. Ceux-ci leurs abandonnent la tête des poissons, les chiens qui n’ont rien ramené, ne reçoivent rien ». Avec l’arrivée des premiers occidentaux accompagnés de leurs chiens totalement différents, la race commença à perdre ses caractères typiques et à s’abâtardir. Quelques passionnés en prirent conscience et dès les années 1900, ils se réunirent en association afin de tenter de sauver la race et de retrouver les spécimens les plus purs dans les montagnes, loin de tout contact avec la civilisation et les visiteurs étrangers. Le Shiba, le plus petit Spitz, fut reconnu comme « trésor national » à protéger en 1936 et des familles d’éleveurs se vouèrent à sa sélection de génération en génération. Si en 1942 on pouvait recenser d’après les spécialistes, seulement cinq sujets homogènes répondant à un standard, après la guerre il fut difficile d’en retrouver et lorsqu’on ouvrit le nouveau registre le seul à y être inscrit fut un mâle nommé Tako de couleur rouge et mesurant 36,40cm qu’on découvrit dans la ville de Toyama. Des personnes furent expédiées à nouveau dans tout le pays afin de tenter d’en retrouver d’autres et petit à petit la race fut reconstituée, à partir de Tako, Matsu ( fils de Tako), Naka, Ishi-Shimaru. Elles furent aidées par l’association japonaise de protection des chiens japonais appelée Nippo et créée en 1952. Une association plus puissante que le Japan Kennel Club qui surveille de très près les standards des races nationales et a ses propres pedigrees et qui organise des sélections et des épreuves afin de conserver les qualités de travail.
Le Shiba a depuis conquis tout le pays et, en 1990, on pouvait déjà compter 80.000 sujets enregistrés au Japon. A l’heure actuelle, il est depuis en plus intégré, malheureusement pour lui, à l’intérieur des grandes villes et on le trouve plus souvent dans les appartements qu’à la campagne. Certains chasseurs continuent à l’utiliser comme Retriever, y compris dans les marais pour rapporter le gibier car il adore l’eau.

En France le premier sujet est importé par Florence Pailleron en 1978, il s’agit d’un mâle nommé Meiseigo, dit Yamato qui allait devenir le premier champion de la race en 1984. Une femelle, Akabeni, lui sera offerte comme compagne en 1979.
On peut trouver de très bons sujets en Hollande, en Belgique, en Suisse, etc.
La silhouette :
Le Shiba Inu a été décrit dans le standard japonais par Hajima Watanabe avec un langage plein de poésie qui manque souvent aux standards européens : « Le Shiba-Inu doit être plein de dignité. Courage, capacité de concentration et rapidité font partie de la dignité.
Un chien plein de dignité a un regard clair, vif et calme, il peut regarder son vis-à-vis sans hésitation. Il doit donner une impression modeste, ne doit être ni pompeux, ni irréfléchi ou rude.
La dignité du Shiba-Inu résulte de sa modestie. La modestie d’un digne paysan ».
La hauteur au garrot tourne autour de 40 cm pour un poids d’environ 12 kg. C’est donc un chien de petite taille avec une tête large et triangulaire comme ses petites oreilles, grâce à ses joues bien saillantes. Il a des petits yeux foncés, obliques et triangulaires également, le corps est bien proportionné et campé sur des pattes fermes et solides. La queue peut être enroulée ou dessiner une demi-lune ( en faucille) sur le dos. Ses couleurs de pelage sont le rouge, le noir et feu, le sésame, le sésame noir, le sésame rouge ( gris fauve tirant sur le rouge). Il faut savoir que le « sésame » est un peu ce que nous appelons « bringé » un mélange égal de poils blancs et de poils noirs. Enfin n’oublions pas la notion essentielle au Japon de l’ »Urajiro », toutes les couleurs doivent avoir du blanc sur les faces latérales du museau et des joues, sous le museau et le cou, sur la poitrine, sous la queue et à la face interne des membres.
La démarche du Shiba est légère, fluide et élastique avec des mouvements rapides.

Vie sociale et éducation :
On peut dire d’une manière générale qu’il se dégage de la personnalité du Shiba Inu une grande docilité, un calme imperturbable, une certaine indépendance.
Pour le choisir on demandera la liste, pas si nombreuses que cela, des éleveurs recommandés par la Club de race, puis on visitera ceux-ci afin de déterminer qui sera votre futur compagnon. La mère doit être avenante et, en aucun cas montrer un signe d’appréhension, en présence des personnes étrangères. Si vous n’avez pas beaucoup d’expérience avec les chiens ou si vous devez vous lancer dans un petit élevage familial, il vaut mieux opter pour une femelle. En général elles sont beaucoup plus calmes, d’autres part comme la plupart des races de type primitif elles n’ont pas beaucoup de problèmes pour reproduire et savent fort bien se débrouiller toute seule, de manière instinctive pour la mise-bas et l’élevage de leur progéniture. D’un point de vue esthétique on évitera les robes toutes blanches qui, si elles sont considérées au Japon comme porte-bonheur, ne sont pas conformes au standard de race. L’éducation de votre élève doit commencer très tôt en mobilisant son attention et en récompensant les bonnes initiatives, en tout état de cause il faut tenir compte de sa psychologie qui s’apparente pour beaucoup à celle du chat. Ce qui signifie qu’il faut faire des efforts pour penser à sa manière et qu’il n’est pas le chien de tout le monde. Il faudra le sortir souvent et partout, afin qu’il fasse le plein de stimulations et soit à l’aise en toutes circonstances. Son goût pour l’indépendance et la tranquillité sera préservé, surtout si l’on a des enfants très tapageurs qui le sollicite sans arrêt. S’il aime à être autonome comme un félidé, cet asiatique bon teint aime son maître et sa famille et à ses instants de bonheur béat où il ira rechercher la compagnie et les caresses avec sollicitude.
Une autres caractéristique de la race, c’est que les chiots ont un développement psychomoteur rapide et que par rapport à beaucoup d’autres races, ils sont très précoces.
Sa faculté d’adaptation est grande, c’est ce qui a fait son succès dans son pays et on peut le voir, aussi bien accompagner son maître chasseur en montagne, que se contenter d’une promenade hygiénique en ville. Qu’il soit en liberté dans une ferme isolée, dans un jardin ou en appartement, il ne faudra pas pour autant négliger son goût de la nouveauté et de l’exercice, en l’emmenant dans d’autres milieux que le sien lorsque cela est possible.
Avec les personnes qu’il ne connaît pas, il est plutôt distant et ne recherche pas systématiquement le contact, il a tendance à se faire discret et à observer ce qui se passe, en véritable philosophe oriental. Cet intuitif n’est pas ce que l’on peut appeler un gardien de premier ordre, il aboie peu mais sait très bien deviner lorsque la situation l’exige.
Avec les autres chiens il ne reste pas indifférent mais il n’est pas celui qui fait le premier pas, dédaigneux des tentatives de rapprochement, par contre il ne supportera pas qu’on l’importune gardant jusqu’au bout sa maîtrise de soi la tête relevée et les yeux plissés, avant de se déclencher.
Il lui faut un maître d’une grande douceur et d’un calme olympien qui ne soit pas trop exigeant, car il peut lui arriver de préférer somnoler perdu dans ses rêveries sans fin, au moment où on cherche à le faire sortir pour la promenade, de même que lorsqu’on désire se plonger dans la lecture d’un livre passionnant, il peut lui prendre des envies de jeu déposant sa balle sur les genoux de son maître et étirant ses babines comme pour sourire.
Lors des promenades à la campagne il faudra avoir l’œil du Shiba, car s’il aperçoit un gibier il partira comme une flèche et fera la sourde oreille pour revenir à l’ordre.
Si vous désirez faire du sport avec votre compagnon, il faut savoir que malgré sa taille vous disposez d’une excellente réserve d’influx nerveux, que ce soit pour sauter ou pour grimper.
On pourra pratiquer l’Agility, où il étonnera les propriétaires des autres races, par la sûreté de ses déplacements de montagnard et la vivacité de ses bonds. Il reste bien sûr à maîtriser cet athlète et à le diriger, pour qu’il respecte les zones et s’oriente vers le bon obstacle, mais ça c’est une autre histoire et dépendra du « feeling » entre le maître et son chien.
En Obéissance, il peut être à l’écoute et obéir aux injonctions pour les exercices, à condition que l’on sache bien faire passer le message et que l’on emploie pas des méthodes trop stéréotypés. Il vous prouvera d’ailleurs son intelligence en refusant d’exécuter le jour du concours, alors qu’à l’entraînement, il « consentait » à se prêter au jeu.
Si le pistage vous attire, vous n’aurez pas de problème à lui en inculquer les règles, car s’il pose le nez au sol et suit jusqu’au bout les effluves odorantes de la personne qui a tracé la piste, ce n’est pas pour son maître, mais pour son propre plaisir, afin de satisfaire son goût instinctif pour la traque du gibier.

Entretien et santé :
C’est un chien très robuste qui est peu sujet aux maladies et qui a rarement des tares génétiques, il faudra néanmoins contrôler les yeux ainsi que l’état fonctionnel des hanches (dysplasie coxo-fémorale) et dépister une éventuelle luxation du ménisque.
Son entretien sera réalisé de manière assez simple car son poil est double avec un poil de couverture abondant et dense, mi-dur, légèrement écarté du corps et un sous-poil serré et doux, un bon brossage hebdomadaire et, un peu plus souvent en cas de mue. Bien-entendu, le chien qui est présenté en exposition de conformité au standard, pourra être lavé de temps en temps avec un shampooing spécial pour chien qui ravive les couleurs.

Le Club de race et sa situation en France :
Comme ses cousins japonais il appartient au 5e groupe avec les chiens de type Spitz et de type primitif, son Club de race et comme pour l’Akita le Club Français des chiens Nordiques.

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